Breath of life (Pv So')

Voilà pourquoi je ne pouvais pas lui en vouloir. Je savais que Sofia s'était inquiétée pour moi et j'aurais sûrement agi de la même façon si les rôles avaient été inversés. Je savais tout ça. Elle me questionnait ensuite sur les fiançailles et la raison de leur rupture. Je n'avais franchement pas envie d'aborder ce sujet, surtout parce qu'il était encore très douloureux. Mais je savais que Sofia n'allait pas lâcher avant d'avoir des réponses. « Après la soirée du bal des Kasmarov, on s'est disputé avec Dmitri... » Je marquais une pause en me remémorant tout ça. « Je pensais qu'il plaisantait... enfin c'était un jeu entre nous. Mais pas ce soir là. » Je n'avais jamais vu Dmitri comme cette nuit. J'avais l'impression que c'était un autre homme. « Il n'a pas apprécié de me voir passer du temps avec le jeune officier de la garde. » Cette histoire était tellement idiote. « Je lui ai alors dis que je ne lui appartenait pas. » Ma voix dérailla un peu et je m'arrêtais dans mes paroles. Je ne voulais pas craquer. Non. J'avais réussi à tenir jusque là. « Et... il m'a frappé. Je me suis défendue et ça été pire... »

Les confessions d’Oxana me bouleversaient, mais je tentais de ne rien montrer. Dans ma vie, il y a une chose qui est plus importante que toute autre : Mes proches. Alors, c’est difficile pour moi d’entendre que Dmitri a osé lever la main sur elle. Ça me révolte ! Quel genre d’homme ose frapper sur celle qui est censé devenir sa femme ? Je n’avais jamais apprécié Dmitri, j’avais toujours eu de mauvaises vibrations par rapport à lui. J’avais eu raison et j’aurais préféré avoir tort. Ce qui me bouleversait aussi, c’est de voir Oxana ainsi. Elle avait toujours été la plus forte de nous deux et là, face à moi, elle me semblait si fragile. J’avais envie de la serrer dans mes bras, mais je m’abstenais de tout geste. Blondie n’a jamais été très tactile. Je pense que ce geste la gênerait. En plus, il l’a frappé. Je me souviens qu’après mon agression, je me suis cloîtrée chez moi, je ne voulais que personne ne me voie, que personne ne me touche – « Comment est-ce qu’il à osé... » - Il me dégoûtait. En tout cas, je comprenais mieux le comportement d’Ox de ces dernières semaines – « Ça a dû être horrible et j’imagine qu’en parler n’a rien de facile. Est-ce… » - Je marquais une courte pause – « Est-ce que tu as contacté la police après ce qu’il t'a fait ? »

Je me doutais de la réaction de Sofia, voilà pourquoi j'avais hésité à tout lui dire quant à cette fameuse soirée. Elle avait exactement la réaction à laquelle j'avais songé quand je pensais à cette conversation. Mais rien qu'à parler de tout ça, j'avais des frissons sur tout le corps. Je n'avais jamais vu Dmitri dans cet état de colère. Bien sûr, nous avions déjà eu des disputes mais rien comparé à celle-ci. Est-ce que pendant ces deux ans, j'avais eu affaire à un autre homme? Je me posais la question. Je savais qu'il avait toujours été jaloux et je jouais parfois avec ça... Peut-être que tout était de ma faute finalement, si je n'avais pas aguiché cet officier ce soir là, rien ne se serait passé et je ne serais pas dans cette situation... Ce soir là, j'avais vraiment eu peur. Peur qu'il aille plus loin et me tue dans cet excès de fureur. Je fermais les yeux un instant aux paroles de Sofia. Elle ne savait pas tout. « Bien sûr que non... Ma famille serait effondrée... » Et je n'étais même pas sure d'échapper à la vindicte ou au scandale. Ce genre de chose ne se disait pas. C'étaient des secrets qui étaient censées restés dans l'ombre. Je soufflais avant de reporter mon regard sur ma meilleure amie. « Il n'a pas fait que me frapper... » Je fermais les yeux. Non non je ne craquerai pas. Pas pour lui en tout cas, je repris alors: « ...et j'ai cru que ça ne finirai jamais... » Je chassais rapidement une larme qui menacer de couler sur ma joue. « Je ne le laisserai plus jamais me toucher. »

Et le pire, c’est que malgré tout, Oxana pensait encore à sa famille. Elle n’avait pas été voir la police, ni parlé à qui que ce soit de ce qu’avait fait Dmitri pour pas que sa famille soit effondrée. Enfin, je pouvais aussi comprendre qu’elle ne veuille pas en parler, que sa se sache. C’est une expérience déjà assez traumatisante comme ça, pas besoin que tout le monde soit au courant. J’étais loin de m’imaginer l’enfer qu’elle avait dû vivre quand l’homme qu’elle devait l’épouser l’avait frappé. Mais le plus atroce fut ce qu’elle m’annonçait ensuite. Je compris de quoi elle parlait sans qu’elle ait besoin d’être plus explicite. Je sentais que mes yeux commençaient à s’humidifier, mais j’interdisais les larmes de tomber. Je ne voulais pas pleurer, ce n’était pas à moi de pleurer. Seulement, ce que je venais d’entendre me rendais malade. Je crois que si j’avais ce connard en face de moi, j’aurais envie de le tuer. Je n’ai jamais eu de pulsion comme celle-ci avant, mais là…

Je ne pouvais pas admettre que ce salop s’en tire comme ça. Oxana serait marquée à vie par ce qu’il lui avait fait et lui, il allait continuer sa vie d’abruti comme si de rien était ? Il ne payerait jamais pour ça. Inacceptable !

« Et il ne te touchera plus jamais, parce que moi non plus, je ne le laisserai pas te toucher, même ne serais-ce que t’approcher. » - Je me sentais impuissante face à la souffrance de ma meilleure amie et je déteste avoir ce genre de sensation. Je sais que sa reconstruction sera difficile. Il y’a des choses qu’on oublie jamais…

Je ne pouvais même pas dire que je me sentais mieux maintenant que Sofia connaissait tout, enfin presque tout. Je ne me sentais pas mieux et je crois que j'allais mettre du temps à me retrouver et à être à nouveau celle que j'étais avant... Je voyais que les mots que je prononçais, étaient douloureux pour ma meilleure amie et j'aurais voulu lui éviter toute cette peine. Mais je savais qu'elle n'allait pas s'arrêter de poser des questions avant d'avoir une réponse quant à mon changement d'attitude. Je ne voulais pas que tout cela se sache. J'essayais de préserver ma famille, malgré ce qui s'était passé... Je pensais à mes parents et à mon frère. Je levais mes yeux sur Sofia, la voir si...combattante m'aurait fait presque sourire si ce n'était pas dans ces circonstances. Je savais qu'elle voulait m'aider. Je ne laissera pas Dmitri me toucher à nouveau de toute façon. Il était même hors de question que je le revois. Puis je finis par ajouter: « Voilà pourquoi j'aurais préféré que tu n'en parles pas à Calvin... » Je soupirais avant de poursuivre. « Je n'ai pas envie qu'il sache... Il serait capable du pire... » Je le connaissais et je ne voulais pas qu'il lui arrive des ennuis. Un nouveau silence s'installa entre nous. J'avais songé des tas de fois à ce que je pourrais lui dire mais les mots ne venaient pas. « Je l'ai dis à ma mère... quand nous sommes rentrés à Londres. » Je souriais tristement à ce souvenir. « Elle m'a dit de me taire.Que j'avais du dépasser les limites pour que Dmitri se comporte ainsi... » Jusque là, j'ai toujours cru que ma mère m'aurait soutenu. Cela avait toujours été le cas... Elle avait été un modèle pour moi, la plus merveilleuse de toutes les mamans.

Oui, je comprenais mieux maintenant pourquoi j’aurais mieux fait de ne pas appeler Calvin. On le connaît bien toutes les deux et je suis aussi bien qu’elle qu’il serait capable du pire. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il ferait à Dmitri si il apprenait ce qu’il avait osé faire à sa petite sœur. Dmitri mérite d’être puni, mais comme Ox, je ne veux pas que Calvin s’attire des ennuis – « Ouais… je pense qu’il vaut mieux que Cal’ ne connaisse pas toute l’histoire, sinon il va vraiment péter les plombs. » - Mais maintenant il allait falloir trouver une histoire. J’avais inquiété Calvin en lui disant que je trouvais Oxana différente, il allait vouloir qu’elle lui parle. C’était à cause de mon appel qu’il était allé parler à sa sœur. Et puis, lorsque Ox reprit la parole, j’eus du mal à croire ce que j’entendais là – « Quoi ? Mais… c’est insensé de dire ça. Je ne comprends pas comment est-ce qu’elle à pu te dire ça, comment est-ce qu’elle peut le défendre. » - J’avais toujours apprécié la mère d’Oxana. C’était une femme respectable. Je croisais le regard d’Oxana et ajoutait : « Ox, dis toi bien que tu n’y est pour rien. Ce qui est arrivé, ce n’est pas de ta faute. Je ne veux pas que tu te sentes coupable de ça. Le seul fautif dans l’histoire, c’est Dmitri. Ce type est un monstre. » - Et franchement, j’espérai qu’il finisse par payer.

Je ne comprenais pas non plus pourquoi ma mère avait agi de cette façon. Je me sentais terriblement mal à ce moment et je lui avais confié ces choses intimes. Elle m'avait regardé avec un visage livide avant d'afficher une moue ennuyée. Je m'étais attendue à tout, sauf à ce qu'elle m'a dit. Alors j'avais fini par garder le silence. Et puis je n'avais pas non plus envie d'ébruiter ce qui s'était passé. Je savais de toute façon que même si j'en parlais, ça ne changerai rien. Les Golitsyne étaient une famille influente avec pas mal d'appui dans l'état et notamment la police. J'aurais plutôt toutes raisons de ne rien dire. Et dieu sait pourtant que j'avais envie de lui faire payer ce qui s'était passé entre nous. Mais je n'allais pas agir de façon précipitée, surtout maintenant. Puis je reportais mon attention sur Sofia après avoir observer un moment, le mouvement des vagues qui s'écrasaient sur le sable. Je finis par esquisser un léger sourire triste aux paroles de mon amie. « Je sais que ce n'est pas de ma faute...enfin pas totalement. » Je sais que j'avais joué avec le feu avec lui. J'aimais le chatouiller sur sa jalousie quasi maladive. Et ce soir là, j'avais fais exprès de passer du temps avec cet officier. Je ne sais pas pourquoi j'avais fais ça... C'était devenue une habitude entre nous. Je soupirais. « Je croyais vraiment qu'il tenait à moi. » Maintenant je ne savais plus. J'avais cru l'aimer aussi. Et c'était peut-être ce qui était le plus douloureux dans tout ça, en dehors de l'aspect physique de cette agression.

« Peut importe ce que tu as fait et ce qui l’a mit dans cet état. Il n’avait pas à agir comme il l’a fait. » - Lui répondis-je. Il n’y avait rien qui justifiait la violence dont il avait fait preuve. Cet homme était vraiment un malade. Il était bien pire que ce que je le pensais. Je n’avais jamais supporté sa façon de considérer Oxana comme « sa chose ». C’est une attitude qui me déplaisait. Dmitri avait tendance à croire qu’elle devait faire ce qu’il voulait qu’elle fasse. Il est le genre de personne qui pense que tout lui ait due et je l’ai toujours trouvé prétentieux. En un mot : Détestable. Mais bon, Oxana est ma meilleure amie, alors j’ai toujours fait l’effort de le supporter sans ne faire aucune remarque. Dmitri et moi nous tolérions, mais il est clair que ni l’un, ni l’autre ne s’appréciait. Il vient d’une famille très puissante en Russie et évidement, le fait que mon aristocrate de père est épousé une « lambda » n’a pas beaucoup plût aux gens du milieu. Puis, mon père était jugé comme un peu trop libérale, pas assez à cheval sur les traditions – « Je sais. » - Ce que Dmitri avait fait vivre à Oxana était dur et j’imagine que c’est pire venant d’un homme en qui elle avait une certaine confiance. Je marquais un silence et repris la parole quelques minutes plus tard : « Je sais que ça n’a pas été facile pour toi et que ça sera sûrement encore difficile, mais je suis là maintenant et tu n’as pas à traverser ça toute seule. » - Je voulais qu’elle sache que j’étais là pour la soutenir, n’importe quand. Normalement, elle le savait déjà. J’avais toujours répondu présente pour elle.

Je regardais Sofia. Je n'en savais rien. Je me sentais quand même un peu coupable. Mon petit-jeu s'était retourné contre moi. J'avais fini par le pousser à bout... Je me sentais fautive. Et cela n'allait pas changer avant un bon moment. J'avais devoir vivre avec ça. Mais je trouvais que c'était un nouveau départ qui m'attendait. Il était hors de question que je devienne sa femme. Je ne voulais plus le voir, ni lui parler, ni le laisser me toucher. Je savais que grand-père n'allait pas comprendre. Et qu'il allait me couper les vives. Je n'avais d'importance à ses yeux que grâce à cet arrangement matrimonial. Maintenant qu'il n'existait plus, c'était un peu pareil pour moi. La seule inconnue dans cette équation que représentait à présent ma vie, était mes parents et Calvin. Ma mère savait déjà ce qui s'était passé mais je doutais qu'elle allait en parler à qui que ce soit. Donc mon père et mon frère ne seront pas au courant. Tant mieux. Même si je doutais que Calvin reste tranquille, sans qu'il ne cherche trop de réponses à ses questions. Je soupirais. Le silence s'était installé entre nous. J'avais gardé tout ça secret pendant deux semaines. Et j'aurais pu continuer si mon comportement n'avait pas éveillé quelques soupçons chez ma meilleure amie. Je relevais mes yeux bleus sur elle à ses propos. Je lui souriais pour la rassurer. Je sais qu'elle aurait été là pour moi. D'ailleurs je crois que Sofia me connaissait mieux que quiconque. Je me confiais rarement. Et là je savais que je pouvais plus rien lui cacher. « Je sais que tu seras là, merci... » Je restais silencieuse à nouveau quelques secondes, avant de reprendre: « Et que je ne serais pas seule... » Je levais mes yeux sur elle avant de rajouter: « Je suis enceinte. »

Bien sûr qu’elle savait que je serais là pour elle. Nous avions toujours été là l’une pour l’autre et ce depuis des années. Ce n’est pas pour rien que nous sommes des meilleures amies. J’ai toujours su que je pouvais avoir confiance en elle. Tout comme je sais que si j’ai un problème, elle répondra présente. Oxana ne me laissera jamais tomber tout comme je ne l’abandonnerai jamais. C’est mon amie la plus ancienne, mais aussi la plus proche et je suis convaincue que notre amitié a de longues années devant elle. En y réfléchissant, je considère Ox comme un membre de ma famille et elle sait très bien que je ferai n’importe quoi pour elle. Je reposais mon regard sur elle lorsqu’elle m’annonça qu’elle était enceinte […] Quoi ? Comme si elle n’avait pas vécut assez de choses, maintenant, elle se retrouvait enceinte. Mais finalement, cette révélation n’était pas si étonnante que ça. Je partage la même suite qu’elle depuis qu’on est en Thaïlande et j’ai bien remarqué qu’elle n’était pas très en forme le matin…

« Je comprends mieux pourquoi tu es malade le matin, maintenant… » - Je marquais une courte pause avant de reprendre : « Et… qu’est-ce que tu as l’intention de faire ? »