Breath of life (Pv So')

J'acquiesçais aux paroles de Sofia. Nous quittions le stand artisanal pour reprendre notre petite balade. Et je commençais à avoir réellement chaud. En même temps, nous étions dans le moment de la journée où il faisait le plus chaud. Ça devenait suffoquant. Je n'aimais pas trop le soleil, à petite dose. Je préférais le temps de ma Russie natale. Ici, c'était tout l'inverse. Je passais une main sur mon front avant de sortir ma bouteille d'eau et d'en boire une gorgée. Sofia et moi sommes ensuite allées voir les Temples des environs. Il y avait pas mal de singes qui venaient voir les touristes. C'était amusant à voir. Je sortais mon appareil photo et je prenais quelques clichés des lieux. Certains enfants s'amusaient avec les singes et leur donnait à manger, alors qu'une pancarte en anglais, interdisait qu'on leur donne de la nourriture. Puis un peu plus loin des temples, se trouvait un marchand de petits bouddhas. J'avais toujours aimé ça. J'en prenais un en main. Un Bouddha assis en tailleur avec un collier de fleur autour du cou. Le marchand, dans un anglais approximatif, disait qu'il portait chance. J'en avais bien besoin de la chance. Je me décidais à l'acheter. Et je prenais un second pour l'offrir à Sofia. Je lui donnais en disant: « Mon premier cadeau en tant que colocataire.»

Je reprenais donc ma marche avec Ox, prenant soin de ranger mes petits achats dans mon sac. J’avais quelque chose pour Oxana, mais je préférais attendre plus tard pour le lui donner. C’est vrai qu’il faisait encore très chaud cet après midi et c’était trop pour deux filles comme nous. On vient du froid. On se décidait donc ensuite à aller visiter quelques temples des environs. J’appréciais particulièrement le moment avec les singes. D’ailleurs, l’un d’eux s’approcha de moi. Je crois que l’appareil photo d’Ox n’avait pas loupé cet instant-là. On passait aussi par une petite boutique souvenir du temple. Il y avait pleins de petits bouddha. A Bangkok, j’en avais acheté un pour mes parents. Il fallait quand même que je fasse attention à ne pas acheter trop de truc histoire que mes valises ne deviennent pas trop lourdes. Ox achetait deux bouddha et m’en offrait un. Je lui adressais un sourire en prenant le bouddha dans ma main – « Merci. Je suis sûre que ça portera chance à notre vie en collocation. » - Mon sourire s’agrandissait alors qu’on poursuivait notre petite promenade. Après un petit silence, je reprenais la parole : « Tu sais si il y’a quelque chose de prévu ce soir ? Une fête, une soirée ? »

Oh ça non je ne l'avais pas loupé. Cette photo était tellement marrante. Je pense qu'elle allait trôner sur une place de choix dans notre appartement. Après avoir offert le Buddha à Sofia, nous reprenions tranquillement notre balade. C'était agréable d'être parfois à l'ombre des arbres. La chaleur était vraiment étouffante et il était difficile de respirer correctement. Je crois que je ne m'habituerai jamais à ce genre de climat humide. A la question de Sofia, je secouais doucement la tête. « Oh si, il doit sûrement y avoir une soirée. C'est la fête tous les jours ici. » Et ce n'était pas peu dire. Tous les soirs, les couloirs de l'hôtel étaient bruyants. Et même la nuit, il m'arrivait de me réveiller à cause du bruit des autres. Déjà que je dormais mal, ce vacarme incessant n'arrangeait pas les choses. « Mais je ne compte pas sortir. Je suis crevée. Je vais regarder un peu la télé. En espérant que le câble fonctionne correctement. » Puis alors que nous prenions un autre sentier, je demandais: « Tu comptes te déhancher ce soir? D'ailleurs, tu ne m'as pas dit si tu avais rencontrer un mec sympa? »

Ma question me paraissait idiote. Comme le soulignait Ox, c’était tout le temps la fiesta ici – « Oh, non, je demandais juste comme ça en fait. Je pense que je serais bien trop épuisée de notre balade pour aller faire la fête toute la nuit. En fait, je pense que je vais rester avec toi devant un bon film… ou un mauvais film. Tout dépend de ce qu’il y’a sur le câble. » - Lui répondis-je avec le sourire. Je préférais rester avec ma meilleure amie ce soir, plutôt que d’aller faire la fête avec une bonne moitié d’inconnu. Enfin, je suis plutôt sociable, mais c’est que je suis persuadée qu’Ox ne va pas très bien. Je n’ai pas envie de la laisser toute seule devant la télé. C’est trop déprimant. Quel genre d’amie serais-je si je l’abandonnais, hein ? Je repris la parole pour répondre à la seconde interrogation de blondie : « Si je n'ai rien dis, c’est parce que je n'en ai pas rencontré. » - Je marquais une courte pause – « Il faut croire que je suis difficile. Tu me connais... » - En fait, cela n’avait rien avoir avec le fait d’être difficile. C’est juste que la plupart des types de notre âge pensent à s’amuser et je n’ai pas envie d’être leur morceau de viande. Les coucheries d’un soir avec le premier venu, ce n’est pas du tout mon truc et je sais que la plupart des étudiants du campus sont des coureurs. Enfin, de toute façon, ce n’est pas comme si je cherchais à rencontrer quelqu’un. A vrai dire, je ne me prends pas la tête avec ça, ça viendra quand ça viendra… ou pas – « Hé ça te dis d’aller faire un tour à la plage quand il fera un peu moins chaud ? En fin d’aprem par exemple ? »

J'étais un peu surprise mais dans un sens, assez contente que Sofia décide de rester dans la suite. Je n'étais pas au meilleur de ma forme en ce moment et savoir que je pouvais compter sur elle, était rassurant... Être rassurée, était quelque chose dont j'avais perdu l'habitude depuis quelques jours. Et sa présence me faisait du bien. Je lui souriais alors avant d'ajouter: « Au pire, on achètera un dvd en ligne. On se fera à nouveau Titanic. » Je ne pouvais pas dire combien de fois, nous avions pu regarder ce film toutes les deux. Trop surement pour pouvoir les compter. Puis les mots suivants de ma meilleure amie ne m'étonnèrent pas. « Et je rajoute que tu as bien raison. Profite tant que tu le peux. » C'était un conseil, un précepte. Je voudrais pouvoir le suivre moi aussi. Je passais une nouvelle fois, une main dans mes cheveux, lasse et je me serais bien arrêté quelques minutes. Puis à la question de Sofia, j'acquiesçais de la tête. « Oui, bonne idée. Quand elle sera un peu plus déserte qu'en ce moment. » C'était une très bonne idée... et puis je devais parler à Sofia. Et je ne voulais pas d'oreilles indiscrètes. La plage, un peu à l'écart, c'était parfait. Nous reprenions ensuite notre balade entre amies. Nous allions visiter un autre temple avant d'aller dans un village et de visiter un musée sur l'histoire de l'île.

Je souris à la proposition de ma meilleure amie : « Ouais, bonne idée ! » - En effet, on avait regardé tellement de fois ce film que je ne pouvais pas les compter. D’ailleurs, c’est étrange, mais à chaque fois que je regarde le film, j’espère que la fin sera différente, c’est idiot, je sais. J’attrapais ma bouteille d’eau dans mon sac pour en boire quelques gorgées. Vivement que les températures retombent un peu tout de même - « Tu peux me faire confiance pour ça. Il est clair que je vais en profiter le plus possible. » - Derechef, je souriais. Ox approuvait mon idée d’aller sur la plage une fois qu’elle aurait été désertée. C’était le meilleur moment pour y aller. J’appréciais la plage quand tout y était calme. Je déteste la cohue et devoir slalomer entre les gens pour me trouver un emplacement. La balade se poursuivait. On visitait un autre temple, un village, puis un musée sur l’histoire de cette île. J’en profitais pour prendre quelques cadeaux souvenirs dans la boutique du musée. Les heures avaient finalement défilées assez vite et la soirée approchait à grand pas. Comme prévu, on se dirigeait vers la plage à la fin d’après-midi. Il faisait moins chaud et la plupart des gens avaient déserté les lieux – « Je comprends pas. Pourquoi est-ce que les gens préfèrent aller sur la plage aux heures où on rôti au soleil. C’est plus agréable quand il fait plus doux quand même. Enfin, je ne vais pas m’en plaindre, on a presque la plage pour nous. » - On s’asseyait dans le sable dans un coin à l’écart du reste du monde afin d’être tranquilles. Je peux dire qu’après toute cette marche, cela faisait plutôt du bien !

La journée était vite passée. Je me sentais crevée et j'avais mal aux jambes. Ma bouteille d'eau était quasiment vide. J'avais mangé les fruits de mon sac et pourtant j'étais affamée. Sofia et moi, avions donc été jusqu'à la plage, comme convenu. Et j'étais soulagée de voir qu'il y avait moins de monde dans les parages. Je posais mon sac sur le sable alors que Sofia prenait la parole. « C'est pour leur magnifique bronzage et pour avoir un superbe cancer de la peau. » Je sortais ma serviette de plage que je posais sur le sable. Et je venais m'asseoir dessus. Je soupirais. En plus, il faisait encore bon, sans que la chaleur soit trop suffocante. Il y avait quelques nageurs dans l'eau, des couples, des amies et même quelques surfeurs. Puis je pris une petite inspiration et je posais mon regard sur Sofia qui venait de s'installer à son tour. « Ça tombe bien qu'on soit seules, je voulais te parler... » Je soupirais la seconde d'après. « Enfin tu dois t'en douter, sinon tu n'aurais pas appelé Calvin. » Oui parce que j'étais au courant. Sofia avait voulu me parler à plusieurs reprises et j'avais toujours éludé la conversation. « Même si j'aurais voulu que tu ne le mêles pas à tout ça... » Calvin au courant, c'était beaucoup plus compliqué à gérer.

Je me contentais de sourire aux paroles d’Ox. Les effets néfastes des rayons du soleil étaient prouvés, mais cela n’empêchait pas les gens de s’exposer à forte dose. Le pire, c’est ceux qui vont en plus faire des séances d’uv. Bonjour le cancer et la vieillesse prématurée de la peau. Bref. Une fois installée, Ox reprenait la parole et je portais mes yeux bleus sur elle. Oui, je me doutais bien qu’elle avait quelque chose à me dire. Je ne la trouvais pas dans son assiette dernièrement – « Donc Calvin t’a parlé ? » - Demandais-je. Oui, qui d’autre aurait pu lui parler de notre conversation au téléphone ? – « Je l’ai fait parce que je me fais du souci pour toi. Ox, je vois bien qu’il y’a quelque chose depuis qu’on est rentrées de Russie. Et le fait que tu ne veuille jamais en parler m’inquiète davantage. Alors oui, j’ai appelé Cal. »

Je soupirais un peu aux paroles de Sofia. Je sais que son appel à mon frère ne partait pas d'une mauvaise intention. Mais elle m'avait grandement compliqué les choses sans le vouloir. « Oui je sais... Mais je ne voulais pas qu'il soit au courant. » Je ne voulais rien lui dire, ou tout au moins, pas maintenant. Je ne savais toujours pas quoi faire et je ne voulais pas que mon frère tente de m'influencer, d'une façon ou d'une autre. Je reportais mon attention sur ma meilleure amie. Elle avait remarqué que tout avait changé depuis notre retour de Russie. J'avais replié mes jambes sur ma poitrine. Ma robe était remontée mais j'avais mon bikini en dessous. « Je ne repartirai pas en Russie.. enfin pas avant quelques années. » Je coupais les ponts même si je savais que ça allait être dur de me débrouiller seule, je voulais le faire. Je jetais ensuite un oeil sur l'océan. « Et je n'épouserai pas Dmitri. »

« Désolée. Je ne savais plus quoi faire, alors je l’ai appelé en pensant qu’il pourrait faire quelque chose. » - Répondis-je. Ox ne voulait pas que son frère soit au courant. Cela me confirmait bien en tout cas qu’il y avait un problème. Mais pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas que Cal le sache ? Il était tout de même son grand frère. Toute mon attention était portée sur blondie alors qu’elle reprenait la parole. Elle ne reviendrait pas en Russie, elle n’épouserait pas Dmitri. J’étais surprise. La famille d’Ox l’avait fiancé par obligation à Dmitri et la jeune femme n’avait pas été contre cela – « Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu décides de rompre tes fiançailles maintenant ? »