red line, wagon n°2 ► impact moyen

Assis sur le bord, Veia était avec son copain, qui tentait de la garder éveillée. Et c’était normal, il avait raison. Elle avait subi un choc assez intense et il est possible que l’adrénaline soit ce qui la tenait encore debout, mais que les dommages soient bien plus graves qu’il n’y parait. Alors il fallait qu’elle reste éveillée, jusqu’au moins l’arrivée des secours pour qu’ils comprennent ce qui se passe et qu’ils lui fournissent les soins nécessaires pour être soignée au mieux. Seulement, je sentais la fatigue me gagner et je n’étais pas certain de sortir d’ici les yeux ouverts et sur mes deux pieds. J’avais mal à mon poignet, ça me lançait vraiment et je sentais que ça prenait toutes mes ressources internes. Mais j’étais vite interpellé par mon prénom. Rouvrant les yeux, je tournais la tête vers Alex et Veia qui me regardaient tous les deux. « Je suis là, je suis là » soufflais-je un sourire sur les lèvres avant de pencher la tête aux mots de mon amie. « Je t’aime aussi, sois forte ok ? On va s’en sortir » Sans promesse cependant, puisque les secours ne semblaient pas arriver. Enfin, je disais ça mais on entendait par la suite les pompiers arriver, tenir les portes pour pouvoir un accès plus facile aux blessés afin de les sortir de là. Et les médecins arrivent, le soulagement est certain. « Regardez… Les médecins » soufflais-je de façon assez audible pour les deux à côté de moi.

Tout ce que je voulais, c’était que tu t’en sortes. Toi et ton ami, qui avait été d’une grande aide pour te sortir de ta carcasse malgré ses propres blessures. Tu vois à quel point tu peux être aimée, appréciée. Je n’étais pas le seul à tenir à toi ici et ça me faisait plaisir, plus que tu ne pouvais le croire. Il s’est démené pour toi, tout comme j’ai pu le faire, et je savais que tu étais bien entourée, c’est une certitude même. Tu avais mal, ça se comprenait, mais j’essayais de faire en sorte que l’inconscience ne te prenne pas, pas tout de suite, pas quand les secours doivent arriver. Tu dois être en pleine possession de tes moyens quand ils arrivent, ne serait-ce que pour dire où tu as mal et qu’ils agissent en conséquence. J’avais mal pour toi tu sais, et ça se voyait, malgré mes mots encourageant pour que tu restes avec moi. « Alors faut continuer. Je te porterai en haut des montagnes s’il le faut… Mais m’abandonne pas » Je voulais continuer de t’embrasser encore et encore, discuter toute la nuit et te faire l’amour jusqu’au matin. Mais il fallait que tu restes avec moi pour ça, alors faut tenir bon mon amour, sois forte. Pour moi, pour tes proches, pour tous ceux qui tiennent à toi. Seulement, ton ami semblait perdre peu à peu la force de tenir et je tentais de le garder éveillé lui aussi. Tu le faisais aussi et ça semblait le booster un peu. Au moins, il n’allait pas mourir ici lui non plus, même si ça m’étonnerait qu’on puisse mourir d’une blessure au poignet. Et c’était lui qui nous indiquait que le wagon était pris en charge par les médecins, ce qui me faisait sourire. « Bébé, les médecins sont là, ils vont pouvoir t’aider » Et merde, j’étais assez soulagé pour le coup, au point que mon sourire venait s’agrandir. L’espoir était là, tu allais être soignée, prise en charge et tu allais avoir la vie devant toi.

Je regarde autour de moi, je vois l'horreur et je repense aussi aux personnes que j'ai sauvées, sortis du wagon. Mais je ne suis pas un super-héros, non-loin-delà. D'un coup, je commence à avoir une quinte de toux violente et je ressens la peur, je tente d'avancer, mais je suis ralenti par mes jambes en coton.

Je finis par m'asseoir et ma respiration change et je commence à suffoquer, comme une barre de fer sur le diaphragme. Et je sens cette odeur de brûler et je vois devant moi ma mère. Je commence à pleurer en la voyant, je veux la prendre dans mes bras, mais la peur et comme j'avais été informé, cela pourrait être fatal.

Je tombe sur le côté, mes yeux clos, je ne réponds plus. Je n'entends même pas les voix autour de moi. Je suis inconscient et je vais mettre du temps à me réveiller ou peut-être jamais.