Elle m'avait fait une de ces frayeurs, mon coeur ne s'était pas encore remis du choc de la rupture. Une rupture très brève certaine, mais rupture quand même. Si je ne l'avais pas rappelée ? Si on ne s'était pas expliqués après ça, qu'on était restés sur cet affreux quiproquo ? Je préférais ne pas y penser. Je raccrochai et pressai le pas, j'avais hâte de la retrouver et oublier ce mauvais moment, cette peur bleue qu'elle m'avait foutu. Ouais, j'avais vraiment eu la trouille de la perdre et ça me faisait halluciner à quel point je pouvais être fou amoureux d'elle, même si je ne le lui montrais pas tous les jours, c'était là et c'était dans ces moments-là que c'était plus que flagrant. Je tournai au coin de la rue et un sourire vint étirer mes lèvres lorsque je la vis à quelques mètres de moi, franchissant la distance qui nous séparait pour la serrer dans mes bras et l'embrasser longuement. Enfin, je rompis le contact, glissant mes doigts dans ses cheveux.

« Ah. Pendant un moment j'ai cru que je pourrais plus refaire ça. »

Comment est-ce que j’aurais pu faire sans lui ? Je me voyais à peine faire les courses sans lui et ce soir, j’ai cru que j’allais devoir me faire à l’idée qu’il faudrait que je fasse ma vie sans lui. Heureusement, ce n’était un mal entendu… Énorme, frustrant, mais je préférais tout de même cette grosse merde à ce que ce soit la réalité ! Maintenant il ne restait plus qu’à comprendre pourquoi Andy m’a caché qu’il avait une sœur… Après ce qu’on venait de vivre, j’étais prête à tout attendre et avec le sourire aux lèvres en plus. Y’a rien de pire que de le perdre !

J’arrive enfin face à lui et sans plus tarder, je me jette dans ses bras pour le câliner et l’embrasser. Ah. Pendant un moment j'ai cru que je pourrais plus refaire ça. Je reste contre lui, il faisait froid et puis de toute façon je n’avais pas envie de m’en détacher. Et pendant un moment j'ai cru que je n'étais plus la seule à y avoir le droit... je souris. Je me sentais tellement ridicule ! Mais au moins tout ça m’aura permis d’en tirer une leçon : Ne plus jamais douter d’Andy. Coûte que coûte.

Enfin elle était là, dans mes bras, et je pouvais oublier ces mots qu'elle avait dits. « C'est mieux qu'on s'arrête là. » J'eus un léger rire en entendant sa réponse, caressant sa joue.

« T'es con, tu le sais ça ? »

Je l'embrassai à nouveau, l'entourant de mes bras et me fichant bien du froid qu'il faisait, de la neige qui nous tombait dessus, des passants qu'on gênait parce qu'on était arrêtés en plein milieu du trottoir. J'étais soulagé, tout allait mieux et je n'avais plus non plus le poids de mon mensonge sur les épaules. Maintenant elle savait pour Reaghan, je n'avais plus à lui mentir, même s'il était encore dur pour moi d'admettre que j'avais une famille que je ne connaissais pas et de qualifier Reaghan de « soeur » alors que je ne la connaissais même pas depuis deux mois, finalement.

« On rentre ? Je t'expliquerai quand on sera au chaud. »

- T’es con, tu le sais ça ? Oui ! Je le savais. J’étais complètement folle d’y avoir cru… Je me mets à rire, Andy m’embrasse une seconde fois et je me laisse aller, tellement heureuse de le retrouver après une peur pareille. Je ne pensais ni aux passants qui devaient nous contourner, ni à la température ou la neige qui tombait. On rentre ? Je t'expliquerai quand on sera au chaud. J’hoche la tête en lui souriant. D'accord. Je lui prends la main et commence à marcher vers notre appartement qui n’était qu’à deux ou trois pas d’ici. Une fois à l’intérieur, je retire mes vêtements d’hiver et me dirige vers la cuisine dans le but de préparer deux chocolats chaud. Comment tu l'as appris ?... Elle connaissait William ?

Je rentrai à l'appartement avec Apple, main dans la main et me remettant de mes émotions. C'était fini, c'était un peu comme une mauvaise blague finalement. Une fois à l'intérieur, je retirai chaussures, veste, écharpe, balayant les alentours du regard. Il ne semblait n'y avoir ni Elia ni Matys encore. Je rejoignis Apple dans la cuisine, voyant les deux tasses dans lesquelles elle préparait un chocolat chaud, ce qui me fit sourire. Ca nous ferait le plus grand bien à tous les deux. Je me glissai derrière elle, entourant mes bras autour de sa taille et posant mon menton sur son épaule en la regardant faire.

« Oui elle le connaissait... C'est d'ailleurs en trouvant une photo d'eux deux que je lui ai tiré les vers du nez et qu'elle m'a tout expliqué. »

Ça me faisait bizarre de reparler de ce moment-là, ma relation avec Reaghan avait commencé sur les chapeaux de roue.

… Mais n’empêche, c’était peut-être difficile pour Andy de découvrir un nouveau membre de sa famille comme ça, mais en même temps, c’est tellement excitant. Il avait un jumeau qu’il ne pourra jamais connaître mais ce n’est pas complètement perdu puisqu’il retrouve sa sœur biologique. Si plus tôt dans la journée j’ai eu envie de la tuer, maintenant j’avais hâte de la rencontrer… Coraleen aura une tante du côté de son papa aussi. Oui elle le connaissait... C'est d'ailleurs en trouvant une photo d'eux deux que je lui ai tiré les vers du nez et qu'elle m'a tout expliqué. Il me serre contre lui et je ferme les yeux. Le chocolat chaud allait nous faire du bien, mais pas autant que la chaleur de son torse contre mon dos. Je vois... Ça doit te faire bizarre... J’attends que la bouilloire soit prête pour infuser le chocolat dans les tasses. Je me tourne vers lui et place mes bras autour de sa taille. Et en un mois et demi... vous avez eu le temps de faire beaucoup connaissance ?

Apple se tourna pour me faire face, entourant ses bras autour de ma taille ce qui me fit sourire. J'étais bien là, même si le sujet de conversation me laissait un peu perplexe, ça me faisait du bien de lui en parler, de ne plus lui mentir.

« Si on veut oui... Je peux affirmer qu'elle a un bon fond et que même si elle a essayé d'arrondir les bords, ses parents sont des idiots. »

Enfin, nos parents... mais ce n'était pas comme si je les considérais comme étant les miens. Je hochai la tête, entrelaçant mes doigts aux siens et regardant nos mains jointes un instant.

« Je voulais pas t'en parler, dans un premier temps parce que la pilule passait assez mal. Je voulais pas connaître ma famille biologique et Reaghan est arrivée comme un cheveu sur la soupe alors que je me cherchais un livre à lire, il m'a fallu le temps d'accepter l'idée que j'avais aucune raison de la rejeter et qu'elle était pas responsable de mon adoption... Finalement elle a vécu plus ou moins la même chose en se découvrant l'existence d'un nouveau frère. Et après ça... J'ai toujours pas voulu t'en parler parce que je voulais apprendre à la connaître, te la présenter, lui présenter Coraleen, c'était comme l'intégrer directement dans notre vie et j'étais pas sûr de le vouloir. »

- Si on veut oui... Je peux affirmer qu'elle a un bon fond et que même si elle a essayé d'arrondir les bords, ses parents sont des idiots. Par ses parents, j’ai compris qu’il parlait des siens aussi… Ça me faisait tellement étrange de penser que Ginette et Réjean (LOL) n’étaient pas ses vrais parents. Je les connais depuis l’enfance, j’avais tout comme lui grandit en pensant qu’il n’était pas adopté. Je pouvais plus ou moins comprendre ce qu’il devait vivre… Je ne voulais pas t'en parler, dans un premier temps parce que la pilule passait assez mal. Je voulais pas connaître ma famille biologique et Reaghan est arrivée comme un cheveu sur la soupe alors que je me cherchais un livre à lire, il m'a fallu le temps d'accepter l'idée que j'avais aucune raison de la rejeter et qu'elle était pas responsable de mon adoption... Finalement elle a vécu plus ou moins la même chose en se découvrant l'existence d'un nouveau frère. Et après ça... J'ai toujours pas voulu t'en parler parce que je voulais apprendre à la connaître, te la présenter, lui présenter Coraleen, c'était comme l'intégrer directement dans notre vie et j'étais pas sûr de le vouloir. Je me pince la lèvre et hoche la tête. Je comprenais beaucoup mieux le comment du pourquoi, maintenant. Il aurait voulu m’en parler mais il n’a toujours pas eu le temps de réaliser lui-même… Du coup, j’ai un peu forcé la chose en le découvrant aujourd’hui… Je caresse sa main avec mon pouce, pensive. Je comprends... Je lève la tête et lui sourit. Prend tout le temps que tu voudras. Ce qui voulait dire que la discussion pouvait s’arrêter maintenant s’il le voulait. Parce que je comprenais absolument qu’il veuille continuer d’y réfléchir avant de nous la présenter à Coraleen et moi. Mais je lui laissais également la possibilité de m’en parler plus si ça pouvait le libérer d’un poids…

Apple m'écouta attentivement, et même si ça me stressait un peu de parler de Reaghan à Apple, d'admettre ainsi avoir une famille liée par le sang... ça me soulageait aussi. Je souris à la jeune femme lorsqu'elle me dit indirectement que je ne devais pas me forcer à lui en parler et que si c'était nécessaire, elle attendrait. Je me perdis un instant dans ses yeux avant de l'embrasser, la serrant dans mes bras et fermant les yeux un moment pour m'oublier dans ses bras, quelques secondes seulement mais quelques secondes de pur bonheur. Je finis par y mettre fin, lâchant sa main pour encadrer son visage avec mes mains et caressant ses lèvres avec mon pouce, le sourire aux lèvres.

« Merci Apple. »

Je n'aurais plus besoin de lui mentir. Je n'avais pas besoin de lui en parler plus, mais plus besoin de lui mentir non plus, c'était parfait. Je redéposai un bref baiser sur ses lèvres avant de la lâcher, reportant mon attention sur les chocolats chauds qu'elle nous préparait.

« Ca va être prêt là non ? »

Je n’avais pas idée à quel point il pouvait être content de ce que je lui avais dis, mais en tout cas, j’adorais sa réaction. Mais c’est vrai ! Tout ce que je savais à l’heure actuelle, c’est qu’Andy m’aimait et ne serait pas capable de me tromper… C’est un peu tout ce qui compte. Il avait une sœur, j’étais au courant, mais je n’avais pas besoin de savoir plus pour le moment. J’ai réussi à vivre 22 ans sans elle, ce n’est pas quelques mois de plus qui m’empêcherons de vivre correctement.

Je me sentais si bien dans ses bras, je prolongeais le baiser tendrement et ce, jusqu’à ce qu’il se détache de moi. Merci Apple. il n’avait pas besoin de me remercier, mais je lui répondais que d’un sourire. Ça va être prêt là non ? Je baisse les yeux vers la machine à infuser et hoche la tête. Avec tous ces bisous, là, j'ai oubliée ! Je lui souris de nouveau, comme une gamine, puis lui donne sa tasse avant de prendre la mienne. Ouh, c'est chaud. Je souffle avant de prendre une gorgée.