Nobody will tear us apart (Bamban)

Cela faisait quelques heures maintenant qu'il se trouvait dans cette salle de travail où il assistait à une opération à cœur ouvert. Il s'agissait d'un homme d'une quarantaine d'années qui s'était retrouvé on ne sait comment avec un piquet au niveau du cœur... Pour l'heure, ses chances de survie étaient infimes mais tout comme le médecin qu'il assistait, Adrian avait de l'espoir pour que tout se passe bien. Malheureusement l'homme finit par décéder et le jeune australien fut envoyé auprès de la famille afin d'annoncer la terrible nouvelle. Cela le mit dans un état de détresse totale mais ce n'était rien comparé à ce qu'il allait apprendre une fois retourné dans la salle de repos des internes... En effet, on lui apprenait que sa petite amie avait eu de gros soucis et qu'elle se trouvait actuellement au service pédiatrique des urgences parce qu'on craignait fort pour sa grossesse. Aussitôt il s'était précipité pour la rejoindre, quitte à dévoiler à tout l'hôpital qu'il sortait avec la jolie italienne mais la discrétion du service le rassura et il put se rendre dans la chambre de Bambi facilement. Il vérifia longuement son dossier avant de s'installer sur une chaise, pour lui prendre la main. « Réveilles-toi s'il te plaît Bambi... » murmura-t-il d'une voix triste, se forçant à ne pas pleurer.

La crise de Bambi n'avait pas été aussi violente depuis très, très longtemps. L'italienne avait perdu énormément de sang, et rapidement perdu connaissance après de longues convulsions que le corps médical avait eu du mal à apaiser. On la surveillait depuis, dans une chambre en service obstétrique, et pour cause : on craignait fortement pour sa grossesse. Un monitoring fœtal fut aussitôt mis en place pour checker les vitales des deux bébés, et une infirmière ne quittait pratiquement pas son chevet, au cas où... jusqu'à ce qu'Adrian n'arrive. La jeune femme lui laissa la place, rassurée que la jolie brune soit entre deux bonnes mains, et d'un médecin prometteur, et de celui qui semblait tant tenir à elle. Si son homme la suppliait presque de se réveiller, l'écran de son propre cœur faisait des embardées, comme si de l'arythmie était à craindre. Et pourtant, malgré tout cela, une faible pression se referma sur la main d'Adrian, les yeux de Bambi s'ouvrant faiblement. Adri...

Quelle journée de merde ! Adrian avait tellement le moral à zéro depuis cette opération... Ce n'était pas la première fois qu'un patient mourrait pendant une opération à laquelle il assistait le chirurgien, mais cette fois il était très touché. Surtout que c'était lui qui fut dans l'obligation d'annoncer à la famille pour le décès... Et ce n'était pas un moment très facile à vivre, loin de là... Quand tout fut terminé, il avait cru pouvoir se reposer un peu mais il avait rapidement appris que sa petite amie était admise en obstétrique suite à une de ses crises... Et on craignait pour sa grossesse ! Le jeune homme se doutait que ça ne serait pas de tout repos pour Bambi mais il pensait que ça n'arriverait qu'un peu plus tard. Du coup, il s'était précipité jusqu'au service pour obtenir la chambre de sa petite amie. Et maintenant il était assis dans une chaise à côté de son lit et il lui tenait la main, la suppliant de se réveiller. Avant que cela n'arrive, il reçut quelque chose sur son portable et il ouvrit aussitôt le message reçu. Il s'agissait d'une vidéo mettant en scène sa petite amie avec une date, qui prouvait clairement que c'était faux... Il n'allait pas s'en préoccuper maintenant, il fallait qu'il veille sur sa brunette qui était en train de se réveiller maintenant. « Je suis là chérie... Tu m'as fait si peur. » dit-il d'une voix rauque et émue, serrant très fort sa main dans la sienne.

Bien loin de se douter quelles horreurs couraient encore derrière son dos, Bambi rassemblaient ses dernières forces afin d'ouvrir les paupières. Qu'on le croit ou non, ce simple geste lui demandait un effort surhumain à l'italienne, mais il fallait qu'elle le fasse : tout dans la voix de son homme lui indiquait son inquiétude, sa peur. Ça va... ça va aller... reprit-elle peu à peu la parole, avançant sa main libre jusqu'à la chevelure d'Adrian, qu'elle caressa doucement. La brune revenait de loin, et nulle ne le savait mieux qu'elle. Les bébés ? Les bébés vont bien ? paniqua-t-elle en ôtant son masque à oxygène, toussant par la même occasion. Son instinct maternel venait de se réveiller et de grimper en flèche, même si elle ne pouvait même pas s'asseoir sur le lit pour le moment. Ce n'était pas une crise normale... commença-t-elle dans un souffle.

Le jeune homme avait eu la peur de sa vie en apprenant que sa petite amie venait d'être admise au service obstétrique parce qu'elle avait fait une énième crise. Cela assombrissait encore plus sa journée qui était déjà merdique au possible. Comment allait-il survivre si jamais sa brunette venait à quitter ce monde... Ce serait tellement difficile donc il priait Dieu pour qu'il la sauve. Et comme pour bien couronner le tout, Adrian recevait une vidéo cherchant à discréditer sa petite amie mais cette fois, il faisait énormément attention aux détails.et il avait constaté que cette vidéo était bien un fake parce que la date ne correspondait pas du tout. Heureusement qu'elle se réveillait enfin... « Ils vont bien, mais on va devoir te garder au moins pour ce soir pour ne pas prendre de risques... Je veillerais sur toi ma chérie. » promit-il en entrelaçant ses doigts aux siens et en se disant qu'il allait échanger sa garde avec celle d'une des personnes de ce soir. « Il s'est passé quoi ? »

Bambi se moquait bien de rester admise cette nuit si cela voulait dire veiller au bien être des jumeaux. L'italienne ne jouait plus du tout les têtes brûlées depuis l'annonce de sa grossesse et mettait même un point d'honneur à tout mettre en œuvre pour qu'il n'arrive rien aux deux trésors en train de croître sans son petit ventre rebondi. Ne nous laisse pas... reprit-elle avec émotion, refusant cependant de laisser la moindre larme couler. L'heure n'était pas à la renonciation ou à la pleurnicherie mais aux explications et au fait de se serrer plus que jamais les coudes. Aussi, avant même de reprendre la parole, l'italienne lia leurs mains contre son petit ventre, tentant de prendre de longues inspirations, bien que ces dernières soient douloureuses. J'ai bu un café seule en début de journée... j'ai dû laisser mon gobelet quoi cinq minutes solo, à cause d'une nausée matinale. Quand je suis revenue, en confiance, je l'ai bu quand même... et je me suis sentie drôle vingt minutes plus tard. La crise est survenue juste après... Adrian... et si quelqu'un en avait après nos minis nous ?

Une fois la peur passée, il fallait maintenant que le jeune homme fasse de son mieux pour rassurer sa petite amie. Celle-ci venait de faire une crise assez violente, à un point que l'état de santé de leurs bébés était clairement sujet à un contrôle très sérieux. « Je vous ai promis que je veillerais sur vous... Donc je serais là ma chérie, je ne vous abandonnerais pas. » assura-t-il d'une douce, sans cesser de lui tenir la main pour bien lui témoigner de sa présence. Par la suite, il lui demandait ce qu'il s'était réellement passé et comment dire, il déglutit légèrement en apprenant tout cela. « Si c'était le cas, je ferais en sorte de le tuer de mes propres mains... Je vais voir si quelqu'un a touché à ton gobelet pour qu'on enquête dessus. ». Cette histoire ne lui disait rien qui vaille, surtout que cela coïncidait à ce qu'il venait de recevoir aussi. « Par contre, je pense que quelqu'un cherche à tout prix à nous mettre des bâtons dans les roues. » sur ces mots, l'australien montra la vidéo qu'il venait de recevoir.

La respiration de Bambi, jusqu'ici plus qu'erratique, commença à s'apaiser en reprenant conscience que plus rien ne pouvait lui arriver désormais. Au moindre pépin, toute une équipe des plus compétentes - Adrian en tête - serait aux petits soins afin de veiller sur elle... et les jumeaux. Nous sommes les plus chanceux du monde de t'avoir... admit-elle d'une voix tremblante, laissant sa main errer délicatement contre la joue de son homme alors qu'elle lui contait son récit, ses impressions sur les dernières heures. Un froncement de sourcils s'empara de son expression, et un soupir las échappa ses lèvres, alors qu'elle reprenait la parole : mais amore, mon gobelet je l'ai jeté dans la même poubelle que les autres... tu crois que l'on pourra mettre la main dessus ? Ou alors... il faut me faire une prise de sang. Maintenant. Ne pas attendre, en espérant que les résidus de quoi que ce soit n'aient pas disparus ! Mais l'affolement dont l'italienne fut la victime ne s'apaisa guère en posant ses yeux sur la vidéo immonde envoyée à son bel australien. Cette fois, ce furent des larmes de colère qui s'écoulèrent de ses prunelles turquoises. Qui que ce soit c'est... mais c'est immonde ! Tu te rends compte, c'est la date d'aujourd'hui, la même heure pendant laquelle nos petits anges auraient pu mourir !!

Adrian ne pouvait qu'être content d'apprendre qu'on allait la garder en observation pour la nuit minimum, parce que sinon il aurait carrément gueulé auprès du Patron de l'hôpital. Ce serait inadmissible de la laisser sortir aussi tôt alors qu'elle venait de vivre un sérieux traumatisme... « C'est moi qui suis chanceux de vous avoir... Donc je dois tout faire pour vous protéger mes amours. » répondit-il tendrement, alors qu'elle venait lui caresser délicatement la joue tandis qu'il la couvait clairement du regard. Comme il était en train de dire qu'il comptait faire une petite vérification du gobelet, elle répondait qu'elle avait jeté celui-ci, ce qui serait un peu problématique puisque les poubelles avaient dû être débarrassées déjà. « Je ne pense pas qu'on puisse le récupérer mais on t'a déjà effectuée une prise de sang. Les résultats devraient arriver bientôt. Tu sais à quel point c'est long ici ce genre de trucs... » dit-il d'un ton légèrement peiné avant de se dire qu'il devrait peut-être contacter le service des analyses sanguins. Par la suite, il lui dévoila la vidéo qu'il venait de recevoir afin de confirmer ses dires comme quoi une personne cherchait à les nuire à tout prix dernièrement. « Vu que c'est une vidéo envoyée par sms, on va pouvoir retracer son chemin et découvrir qui est l'instigateur de tout ça... Il ne perd rien pour attendre. »

Bambi hocha positivement la tête, amenant la main d'Adrian à ses lèvres pour y déposer un frêle baiser. La conversation se trouvait un brin entrecoupée pour le moment, l'italienne ayant encore du mal à respirer sans masque. Cela lui faisait toujours cet effet là après une telle crise, ses poumons mettant particulièrement du temps à s'en remettre. Tant que la brune n'aurait pas de greffe, hélas, ce genre de crise pouvait survenir à tout instant et fragiliser son corps, mettant ainsi les deux fœtus en danger... Je n'ai pas peur quand tu es à mes côtés expliqua-t-elle en esquissant un frêle sourire. Certes, la jeune femme était faible à l'heure actuelle, mais sa combattivité n'avait rien perdu de sa superbe pour l'heure. On va attendre sagement les résultats, je ne suis plus à quelques heures près et je sais que je ne risque plus rien désormais... mais s'il s'avère que l'on connait toi ou moi l'auteur de ses horreurs... je ne suis pas sûre de me contenir ! Ce n'est pas seulement à notre couple que cette personne s'en prend... mais à deux petites vies innocentes et sans défense. Et ça... je ne peux pas le supporter. Ça me tue...