(demi) i'll hold you through the night to make everything alright

Je t’emmène prendre un bain et je m’occupe de te retirer tes vêtements pendant que l’eau coule pour remplir la baignoire. Je t’aide à y entrer et commence à te laver délicatement, surtout quand je passe sur tes plaies et tes bleus. T’as sacrément été amochée quand même, ça me serre un peu le coeur. J’aime pas la violence. Et pour avoir vécu la même situation y’a quelques mois, je sais comment on se sent. Vidé, impuissant. Et j’le vois que tu pleures à chaudes larmes. Mais je garde le silence. T’as sûrement pas envie que j’te pose des questions, tu relâches juste la pression et moi, j’suis là si besoin. Je continue simplement de te savonner le corps, comme si ça allait un peu faire partir la douleur que tu peux ressentir à ce moment-là. Tu essuies toi-même tes larmes et je te rince le corps et les cheveux que j’avais savonné également. Je me relève pour aller chercher une grande serviette propre et quand tu sors du bain, j’entoure ton corps de celle-ci. Je tapote doucement le tissu pour t’essuyer et prends une autre serviette pour essorer tes cheveux. J’crois que j’me suis jamais occupé de quelqu’un comme ça. "Viens…" Je te prends par les épaules pour te guider à nouveau jusque ma chambre et je te lâche pour me diriger vers mon dressing. Je te sors un t-shirt assez ample et long pour qu’il t’arrive quasiment à mi-cuisses et retire la serviette qui entoure ton corps pour te l’enfiler, tes cheveux ébènes mouillés retombant dans ton dos par-dessus. "J’vais pas avoir de bas à ta taille par contre…" Donc je retourne chercher ton bas de sous-vêtement et te fais t’asseoir sur le bord du lit pour te passer les jambes dedans et le remonter jusqu’à te le remettre. Ça fera l’affaire pour cette nuit, on fait avec les moyens du bord. "Ça va?" J’ai l’impression de répéter quinze fois la même chose et j’en suis pas désolé parce que c’est important quand même. "J’ai plusieurs chambres de libres, je vis en coloc mais y’a personne d’autre que moi pour l’été." Donc t’as pas à t’inquiéter, y’a que toi et moi là. J’me dis juste que tu préfèreras avoir ta chambre tranquillement plutôt que de dormir avec moi. Peut-être que ça serait trop bizarre, j’sais pas?

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crédit/tumblr → w/@demetria o'meara

je me sens sali, c’est horrible. j’ai l’impression qu’on vient de péter quelque chose chez moi et je déteste sincèrement cette sensation. parce que ouais, j’ai l’impression que je vais juste m’effondrer et je crois que quand les larmes commencent à rouler le long de mes joues, c’est ce que je fais. m’effondrer soudainement devant ce qui a pu se passer au cours de cette nuit. et les larmes coulent jusqu’à la fin, jusqu’à que je sorte du bain et que tu enroules une serviette autour de mon corps trempé. tu fais ça bien en plus.. me sécher l’épiderme, les cheveux, m’entraîner une nouvelle fois dans ta chambre, récupérer un tee shirt et venir toi même me l’enfiler. « t’inquiète » j’suis assise et tu enfiles mon propre sous vêtement le long de mes jambes. j’ai l’impression d’avoir du mal à respirer et.. ouais, non, ça va pas du tout en fait. mais je te regarde sans rien dire me contentant d’hausser les épaules à ta question. j’crois pas que y ait vraiment de réponse adéquate là en fait. « je peux rester là ? » que je demande en relevant les yeux vers toi. j’suis déjà dans un endroit que je connais pas spécialement, j’ai jamais mis les pieds ici alors.. ouais, je crois que je préfèrerais rester avec toi plutôt qu’aller dans la chambre d’une personne que je ne connais pas et me sentir un peu trop paumée. « sauf si ça te dérange mais.. je crois que je préfèrerais vraiment rester là » et j’sais pas.. peut être que tu vas trouver ça trop bizarre, que t’as pas spécialement envie de passer ta nuit à dormir avec moi. j’suis supposée être ton plan cul, pas la meuf de qui tu prends soin alors.. ouais, j’sais pas.

Je te lave, je t’essuie, je t’habille. C’est pas habituel chez moi. En même temps, j’ai jamais fait face à ce genre de situation. J’ai jamais ramassé une meuf dans la rue après qu’elle se soit fait taper dessus. Si ça avait été une inconnu, j’aurais sûrement juste appelé les secours. J’aurais pas pris la peine de la ramener chez moi et encore moins de m’occuper d’elle. J’peux juste pas quand c’est quelqu’un que je connais. Et on se connait pas vraiment finalement, mais c’est pas grave. Je te dis que j’ai des chambres de libres pour que tu passes la nuit ici et ta réponse me surprend. Tu dois le voir à ma tête parce que tu reprends la parole, comme pour te justifier. Alors je secoue la tête "Oui, tu peux si tu veux." C’est pas moi qui vais m’en plaindre en fait. L’angoisse de passer mes nuits seul, remember? Je me lève, défais la couette et reviens te chercher par la main pour t’amener de ton côté du lit. "Allonge-toi… Tu dois être fatiguée…" Avec tout ce qui s’est passé, tout ça. Moi, je replace la couette sur toi et je me lève pour aller à nouveau vers mon dressing, où je retire ma chemise et mon jean pour rester en boxer. Je te rejoins dans le lit, de mon côté habituel. Un peu relevé, en appui sur mon coude, je te regarde. J’aime pas voir les gens tristes et perdus. Et j’ai encore envie de te demander comment tu vas mais j’me retiens. Parce que ça fera un peu beaucoup. Et peut-être que t’en auras marre. J’ai pas pitié hein, loin de là. J’fais juste… attention à toi, bizarrement.

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est-ce que tu me trouves soudainement invasive ? j’me pose la question. d’un autre côté, je me dis que c’est rien de bien grave. juste toi et moi dans le même lit jusqu’à ce que tu me reposes chez moi le lendemain. pas de quoi en faire une histoire et puisque t’acceptes, ça me soulage. sincèrement. j’prends ta main et te laisse m’entraîner de mon côté du lit ou je m’installe non sans difficulté, alors que tu remontes la couverture sur ma peau abîmée. et je reste là, allongée, les yeux rivés sur le plafond à chercher des réponses qui ne reviennent pas. tu me rejoins et je ne sens rien d’autres que ton regard sur moi. tu ne me quittes pas des yeux et ça a quelque chose de.. déstabilisant ? alors doucement, je me tournais vers toi, te fixant à mon tour. « qu’est-ce qu’il y a ? » que je finissais par demander dans un murmure. pourquoi tu me regardes comme ça ? pourquoi tu me fais sentir comme si j’étais importante à tes yeux alors que je ne suis qu’une fille de passage ? pourquoi est-ce que t’as autant pris soin de moi ce soir ? t’aurais pu.. faire le strict minimum. appeler les urgences ou au pire me raccompagner chez moi et peut être désinfecter mes plaies mais.. toi, t’es allé plus loin que ça. à faire chaque étape et à continuer maintenant alors que rien ne t’y obliges. qu’avec un peu d’effort je pourrais probablement faire tout ça de moi même. « pourquoi tu me regardes comme ça ? »

J’accepte avec plaisir en réalité que tu restes dormir ici, dans mon lit. Peut-être que c’est mieux pour nous deux. De ne pas rester seuls, chacun de notre côté. Pas cette nuit en tout cas. Alors je t’installe, puis je vais me déshabiller avant de m’installer à mon tour à tes côtés. Tu fixes le plafond sans un mot, t’as la respiration plus calme que tout à l’heure et ça me rassure un peu. Mais ouais, moi je te fixe, et j’ai peut-être l’air bizarre là tout de suite mais j’m’en fiche. Tu finis par te tourner vers moi, plantant tes yeux dans les miens. Je secoue doucement la tête et chuchote à mon tour : "Rien…" Pourquoi? J’te surveille juste. Je surveille que tu ne te brises pas en mille morceaux d’une seconde à l’autre. Et tu me poses une nouvelle question à laquelle je n’ai pas de réponse. "Je te regarde comment?" J’suis pas sûr de comprendre en fait. Y’a mes yeux qui se posent sur les égratignures visibles sur ton visage avant de revenir te regarder dans les yeux. "T’as pas trop mal…?" Ouais, j’m’inquiète un petit peu. J’ai le droit non? J’suis ton médecin personnel ce soir, c’est comme si je faisais un check-up.

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« je sais pas » que je souffle doucement. je sais pas, tu me regardes juste.. différemment. je ne sais pas comment expliquer les choses. y a juste.. quelque chose. « laisse tomber » je trouve pas les mots là, ce sera peut être pour une autre fois. « c’est supportable » je vais y survivre, c’est le plus important. t’en fais pas pour moi, ça passera, c’est comme tout. les blessures physiques guérissent plus facilement que les mentales, je ne me fais pas trop de souci. « merci pour ce soir elliot.. vraiment » d’avoir été juste là sans pour autant être invasif. de ne pas avoir posé trop de question et d’avoir juste agis comme quelqu’un de bien. t’es quelqu’un de bien, je n’en doute pas maintenant. c’est d’ailleurs ma main qui vient se poser doucement sur ton visage, caressant ta peau de mon pouce. « au pire des cas, je raconterais juste que tu t’es découvert des talents en boxe et que tu m’as mis ko » un peu d’humour dans tout ça ne peut pas faire de mal même si j’espère sincèrement que tu ne me mettras jamais dans cet état.

Je te regarde toujours, sans flancher, sans broncher, même si j’suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire. J’hausse les épaules quand tu me dis de laisser tomber. "Dis-moi. Qu’est-ce qui te passe par la tête?" À moins que tu préfères ne pas parler et aller dormir. J’sais pas trop dans quel état tu te trouves en ce moment en fait. "D’accord." Ça va alors si c’est supportable. Après, tu m’as l’air assez badass aussi, tu m’as l’air de bien savoir encaisser les coups et la douleur. Et t’as pas l’air d’une drama queen qui cherche l’attention, donc je sais que tu vas pas dire que t’as mal si c’est pas vrai. Tu me remercies et je secoue la tête. "Y’a pas besoin de me remercier." Vraiment. C’est juste normal d’avoir pris soin de toi alors que t’en avais besoin. J’suis pas un connard malgré mes airs de bourreau. Ta main vient se poser sur ma joue, ton pouce me caressant délicatement la peau. Et je ferme les yeux pour un peu mieux apprécier ce contact. Un quart de seconde, une demi-seconde, avant que tu ne reprennes la parole et m’arrache un petit rire. "Non, tu sais très bien que c’est pas crédible, personne ne croira à cette histoire." Moi, des talents en boxe? Blague à part, j’suis content que tu retrouves un peu de bonne humeur et que tu arrives un peu plus à parler.

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« je sais pas.. c’est juste que tu me regardais.. différemment ? » je cherche mes mots, je cherche comment expliquer mais c’est pas facile. c’est juste.. je sais pas. dans tes yeux y avait un truc et j’arrive pas à mettre le doigt sur quoi. puis peut être que je me fais que des films aussi, je me dis que c’est possible en soit. « si, j’y tiens. » peu importe la raison pour laquelle tu as agis comme tu l’as fait. t’étais pas obligé et tu m’es venu en aide alors je te remercie, c’est comme ça. et je sais pas pourquoi je te caresse la joue comme ça mais je le fais. « oh, je t’assure qu’on pourrait y croire. t’as pas l’air du mec qui se fait emmerder. » je retire finalement ma main la ramenant vers moi. faudrait pas que tu crois que je te fais des avances ou que j’attends des choses. après tout, depuis le début, j’agis avec toi comme ce roc incassable. cette fille que rien ne peut atteindre. et ouais, t’es en train de découvrir une part de moi probablement plus fragile même si j’aurais largement préférée que tu ne me vois pas dans cette position là. j’inspire lentement avant de me rendre compte que j’ai même pas vu mon reflet dans un miroir. j’ai aucune idée des dégâts en fait. « j’dois être laide à regarder non ? »

J’hausse les épaules parce qu’au final, j’sais pas trop quoi te dire. Peut-être que j’te regardais différemment, j’en sais rien. "J’ai pas l’habitude de te voir comme ça." Bon, j’ai pas vraiment l’habitude de te voir tout court mais t’as compris quoi. "T’es cette meuf qui m’a mis ko au sol en trois secondes la première fois qu’on s’est rencontrés alors… ouais, c’est une autre toi que j’ai l’impression de découvrir là." Je roule des yeux pour tes remerciements parce que vraiment, selon moi, c’est pas nécessaire, ma réaction était juste normale. Un peu plus normal que ta main qui me caresse la joue. Mais j’vais pas m’en plaindre. J’ai pas connu de moments de tendresse récemment. Faut dire que j’en ai pas cherché non plus, mais ouais, parfois, ça fait un peu de bien. Je soulève la couette et prends ta main pour la guider au niveau de mes abdos, sur  les cicatrices des coups de couteau que je me suis pris pendant ma propre bataille. "Pourtant ça arrive parfois." Et j’fais pas toucher ça à tout le monde, loin de là, parce que ça me laisse une sensation bizarre, c’est vraiment désagréable. Je ris doucement et secoue la tête, lâchant ta main pour que tu la laisses où tu veux qu’elle soit — où que ce soit. "J’crois que tu pourras jamais être laide à regarder Demi…" T’es pas très rationnelle sur ce coup.

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crédit/tumblr → w/@demetria o'meara

je sais pas à quoi je ressemble là tout de suite mais si je prends en compte le nombre de compresse que t’as pu mettre sur mon visage, je me doute que ça doit pas être très glorieux. « j’espère que tu me verras pas comme ça souvent » parce que je préfèrerais largement ne pas être dans cet état et ne pas revivre ça par la suite à vrai dire. « pourtant j’peux être douce et sympa, promis » que je réponds d’un léger sourire. je sais que j’ai cet air de fille.. froide, un peu trop badass, qui botterait le cul de n’importe qui et qui ne se laisse pas du tout marcher sur les pieds mais en réalité, j’suis bien plus abordable que ce qu’il n’y paraît. et j’aime prendre soin des gens autour de moi. et toi, t’attrapes ma main que tu guides sur tes abdos pour finalement la poser dessus. et je sens les vestiges de ta vie, les douleurs que t’as du toi même affronter. je laisse mes doigts tracer les lignes irrégulières de tes cicatrices fermant les yeux. alors même quand tu me lâches, ma main reste posée sur toi, caressant doucement ta peau. « mh, tu m’as pas vu après une gueule de bois, tu peux pas dire ça » et puis j’sais pas si tu cherches à me faire plaisir ou quoi mais je sais qu’au fond, ça doit pas être spécialement agréable de me regarder là maintenant. « mais c’est gentil, je note quand même le compliment. »