when it's us (A&L)

C'est ça en fait. Tu me poses un ultimatum... Et même pas un facile. Mon cœur vacille entre l'envie de rester avec toi et l'envie de calme dans ma tête. Être avec toi sera plus compliqué que j'le pensais, mais j'suis visiblement trop attachée déjà pour baisser les bras. Ce n'est qu'un mariage blanc, non ? Il n'y a rien entre toi et elle, à part une amitié et un gros mensonge. Je finis par hocher la tête et donc, prendre ma décision finale. Je te laisse une chance, Lauri. Ne la gâche pas. Tu t'approches de moi et relève mon visage à l'aide d'un de tes doigts. Je ne remarque que maintenant à quel point tu es sale... J'avais vraiment pas la tête à ça, avant. Tu t'excuses et je déglutis en oscillant mon regard entre tes deux yeux. Est-ce qu'on vient tout juste de surmonter notre première épreuve ? Elle est quand même vachement grosse... J'aurais préférée qu'on se dispute pour ce qu'on va bouffer ce soir, ou pour une chaîne de télévision, que ça. Si les rôles étaient inversés, est-ce que tu m'aurais laissé une chance, toi ? Tu te penches pour m'embrasser et je te laisse faire, en répondant tendrement à l'appel de tes lèvres. Je t'attends ici ? Murmurai-je, en gardant mon visage près du tien. J'ai deviné avec la cambouis que tu te dirigeais vers la douche... Douche qui est assez grande pour nous deux. Ça a été prouvé.

Je ne faisais vraiment pas le fier dans la situation actuelle, j'avais conscience d'avoir merdé et qui sait, peut-être même flingué cette confiance qui naissait à peine entre nous. J'aurais dû trouver un moment pour t'en parler au Portugal, au moins ça, à défaut de te laisser ton mot à dire dans nos choix... mais j'étais persuadé d'avoir un peu plus de temps, j'étais persuadé que ça pouvait au moins attendre mon retour de vacances. C'était sans compter que madite femme était ta colocataire, ce qui avait considérablement réduit le temps que j'avais pour te prévenir, et je n'avais pas su le faire dans les temps... Je t'embrassais doucement et tu te laissais faire, les yeux fermer avant que nos lèvres ne se séparent. J'acquiesçai d'un signe de tête quand tu me prévenais que tu m'attendais dans la pièce principale, alors que j'allais dans la salle de bain pour m'enlever toute la crasse que j'avais accumulée à force de trifouiller les entrailles de ma voiture. Une fois douché et changé pour des vêtements propres, je ressortis de la salle de bain, pour te rejoindre alors que tu m'attendais assise dans le séjour de mon petit chalet. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? demandai-je en revenant m'asseoir face à toi. Parce que c'était un changement d'avis. Tu avais eu une semaine pour réfléchir et il t'avait fallu cinq jours supplémentaires avant de toquer à ma porte alors que tu savais que j'étais ici... c'était forcément qu'à un moment donné tu avais voulu abandonner, et tu t'étais ravisée. Pourquoi ?

Je t'attends dans la pièce principale pendant que tu me laisse derrière toi pour aller te doucher. T'as fait vite... Ça m'a à peine laissé le temps de réfléchir. Je relève la tête en te voyant sortir avec des vêtements propre, puis t'asseoir en face de moi. Ta question ne m'étonne pas trop... mais à vrai dire, je ne sais pas exactement quoi te dire. J'hausse les épaules et avale ma salive. Ce que je ressens pour toi et le feeling que j'ai, je suppose. Je me suis attachée à toi, depuis le temps. Amoureuse ? C'est encore trop fort comme mot, mais je sais que le sentiment s'en rapproche. J'ai pas l'impression que t'es une mauvaise personne, ni qu'on a tout fait ça pour rien... j'ai le feeling que cette histoire en vaut la peine, si je décide de rester. Tu as autre chose, que t'aimerais me dire, pendant qu'on y est...? Si t'as d'autres aveux à faire... c'est le moment.

Je voulais savoir ce qui avait pu peser dans la balance en ma faveur, qu'est-ce qui t'avait fait penser que peut-être il ne fallait pas que tu abandonnes si tôt en dépit de la situation compliquée. Je ne réagis pas à la réponse que tu me donnais... du moins pas physiquement, mais intérieurement, tu venais de causer un tel black out que pendant quelques secondes, je n'arrivais plus à réfléchir. Je n'en pensais pas moins, alors pourquoi j'étais surpris ? Peut-être parce que jusqu'à maintenant nous n'avions pas mis de mots dessus, pas véritablement... on tournait autour du pot sans jamais s'avouer qu'on "ressentait" quelque chose, c'était encore quelque chose d'un peu nouveau pour notre relation. Je vois... dis-je simplement, parce que je ne trouvais pas les mots, le cœur battant. Je baissai les yeux pour réfléchir un court instant, voir si j'avais effectivement autre chose à te dire. Il y avait bien quelque chose, oui... Je me relevai pour récupérer mon carnet à dessins et fouillai un peu dedans, jusqu'à retrouver le dessin qui nous avait menés à nous revoir. Celui de Loïs. Je le regardai un court instant avant de me retourner pour te le tendre. Elle m'a dit que vous vous étiez rencontrées mais que tu ne te rappelais plus où tu l'avais vue... ajoutai-je sans trop savoir à quoi m'attendre. T'avais rencontré mon ex, avec qui je parlais encore de toute évidence. A part sur ce dessin je ne t'avais encore jamais parlé d'elle, mais il était évident que ça finirait par arriver. Tu étais en droit de savoir après tout.

"Je vois", c'est tout ce que tu as répondu... À te regarder, on te croirait inébranlable, comme si ce que je venais de te dire ne te faisais ni chaud ni froid. Ou est-ce que t'es tellement stupide que t'as tout simplement pas pigé ? Il y a aussi la possibilité que tu ne ressentes rien du tout et dans ces cas-là, j'me sentirais bien faible pour le coup. J'suis déçue de ton manque de réaction, ça va de soi. J'sais vraiment pas à quoi tu penses et normalement, pour moi du moins, les rôles sont inversés. On me reproche souvent de ne pas parler assez, de ne pas dire ce que je pense... J'ai beau être une personne honnête quand mon avis est demandé, j'ai encore du mal à exprimer mes pensées spontanément. Avec toi, depuis le début c'est différent. Bref, je change complètement de sujet en te donnant l'occasion de mettre toutes tes cartes sur la table... Et du coup, tu sors ton carnet de dessin et tourne les pages jusqu'au dessin de la jeune femme que j'avais vu quelques semaines plus tôt. Ta révélation me choque et me rapporte un paquet de questions. C'était ton ex ? Tu m'as dis que la fille sur le dessin, c'était ton ex, je n'ai fais que le rapprochement. Mais là, tout de suite, ce qui m'intéresse à savoir c'est comment ça se fait qu'elle, elle m'ait reconnue ? Vous vous parlez encore ? ... Vous étiez ensemble à Boston, ou bien elle t'a suivi ? Tellement de questions et je ne sais même pas par laquelle commencer... Loïs. Elle a plaisantée sur le fait qu'on se ressemble. Cheveux clairs, yeux clairs... T'as un type. Et pour la peine... j'sais toujours pas comment me sentir, avec cette nouvelle information. J'vais finir par croire que t'as un harem.

Dans quoi je m'embarquais ? A tout moment tu pouvais être le genre à me demander de rompre tout contact avec mon ex, alors que j'avais promis à Loïs de ne plus disparaître de sa vie, et je me retrouverais à nouveau comme un con. Mais en même temps... Savoir que tu avais rencontrée mon ex que je fréquentais encore, c'était probablement le genre d'information que tu ne voulais pas découvrir par le plus grand des hasards comme ça l'avait fait pour le mariage avec Daya. Je cherchais donc le dessin et je finis par te le montrer, je vis rapidement à tes yeux que tu faisais le rapprochement, que t'avais le déclic. Oui... commençai-je, puis tu annonças de toi-même son prénom. Je pinçai les lèvres en revenant m'asseoir face à toi alors que tu détaillais le dessin comme pour être sûre que c'était bien elle. Ah ? Elle savait pas encore qu'on se voyait... Elle n'avait donc pas dit ça dans l'optique de te comparer à elle, en tout cas pas vis-a-vis de notre relation. Quoiqu'il en soit, le "encore" signifiait bien que maintenant, c'était le cas. Je suis resté un peu plus de quatre ans avec, on a rompu quand ma mère est décédée, donc peu avant que je finisse dans ma voiture, c'était lié. Ça fait quelques semaines qu'on se reparle. Comme ça tu savais l'essentiel... Je me demandais si t'allais me poser davantage de questions, ou te contenter de ces quelques informations. Comme j'ignorais si tu voulais du détail ou non, je préférais ne pas trop en dire... surtout que je ne savais toujours pas sur quel pied danser, tu ne montrais pas trop tes sentiments face à la nouvelle, alors je me mouillais pas trop.

Oui, c'était ton ex. La blonde aux yeux clairs qui a dit qu'on se ressemblait, c'est ton ex. Tu confirmes que c'est bien elle mais qu'elle ne savait pas encore qu'on se voyait quand elle l'a dit... Euh ok ? Bon maintenant elle le sait. J'me demande bien comment t'as pu m'glisser dans une conversation avec ton ex. Ton ex avec qui t'as une histoire de quatre ans et des poussières, qui a déjà rencontrée ta mère sans doute avant qu'elle meurt, qui était là pour toi avant que tu te retrouves sans toit. Il y a juste deux options en fait : soit elle t'a abandonnée comme une grosse merde et je tue la bitch, soit elle voulait être là pour toi et c'est toi qui a rompu... Et si c'est le cas, j'suis pas à l’abri du tout, surtout si vous vous reparlez en fait. J'suis pas le genre de fille à empêcher son mec de parler à qui que ce soit, parce que j'n'aimerais pas qu'on m'le fasse... Mais j'dois avouer que le fait que tu choisisses de me parler d'elle pile au moment où je t'avoue avoir des sentiments à ton égard -que tu n'as pas retourné btw- et que je te demande si tu avais d'autres trucs caché et important à me dire... Ça m'apporte plus de questions dont je ne suis pas sure d'avoir envie d'entendre les réponses. "Reparle" ? ... C'est tout ? ... Mais j'ai pas dis que je n'allais pas les poser quand même. Si tu penses que j'suis l'genre à rester là et esquiver la vérité parce que j'ai trop peur, tu te trompes. La technique du pansement. Tu tires dessus un coup sec : ça fait mal mais après, c'est fini.

Je te sentais crispée et j'imaginais pourquoi. Enfin, je pensais imaginer pourquoi. Je n'était pas certain de t'en parler, mais tu m'avais demandé si j'avais autre chose à te dire... probablement du même acabit que le mariage, pour savoir dans quoi tu te lançais, pour ne pas avoir d'autre mauvaise surprise. Et si j'étais sûr d'une chose, c'était que même si je te cachais pas Loïs, je voulais pas que tu apprennes que je lui parlais encore d'une autre manière que par mes aveux, même si c'était pas un moment spécialement agréable... et probablement encore moins pour toi. Je t'expliquai les grandes lignes, sans m'étaler sur le détail de notre relation, guettant tes réactions. J'étais mal à l'aise avec ta question, parce que j'ignorais comment choisir les bons mots. L'annonce serait la même, mais le taux de maladresse serait plus ou moins élevé. Et j'étais un mec maladroit. Très maladroit. Ça a dérapé qu'une fois y a deux mois. Mais aujourd'hui les choses sont claires. J'pouvais pas dire qu'on n'avait que parlé depuis qu'on s'était retrouvés. On avait bel et bien couché ensemble une fois... mais ça ne s'était pas reproduit alors j'espérais que tu me croirais. Je t'ai tout dit Andy, tu n'auras plus de mauvaise surprise comme pour le mariage, dis-je en te prenant la main. Personne a dit que ce serait facile ; ni pour toi, ni pour moi. Et ça ne l'était clairement pas.

La réponse est tout aussi douloureuse que ma question. Ça a dérapé qu'une fois, il y a deux mois... Il y a deux mois, on ne se connaissait même pas encore, techniquement je ne devrais pas être concernée. Mais t'as quand même couché avec une fille avec qui tu as eu une longue histoire... T'aurais été en couple avec elle pendant 4 semaines ou même 4 mois, ça ne m'aurait pas bouleversée autant que 4 ans... J'ai jamais eu de relation pendant 4 ans. Jamais. Même que parfois, j'me dis que 5 mois c'est trop long ! J'hoche la tête. J't'ai posée la question, j'devrais pas te bouder ou te faire culpabiliser, alors que tu m'assures que c'est terminé. Non en fait, tu m'assures que les choses sont "claires"... Claire ? Désolée je te pose beaucoup de questions mais j'ai besoin de savoir à quoi m'attendre. Vous avez rompus pourquoi... ? Je déglutis et baisse les yeux vers ta main qui prend la mienne. J'humecte mes lèvres. Ok... je te fais confiance. Comme tu dis... ce n'est pas facile. Surtout après ces deux grandes révélations. Je me demande si ça va changer des choses entre nous, si ça va me bloquer, ce genre d'information...

Je marchais franchement sur des œufs. Si je m'exprimais mal, l'effet boule de neige était quasiment assuré derrière. J'acquiesçai quand tu répétas "claires", avant de t'adresser un léger sourire. Sois pas désolée Andy. T'avais aucune raison de l'être en fait, je préférais que tu me poses toutes les questions qui te venaient pour que je puisse y répondre... plutôt que te laisser ruminer dans un coin, seule. Je pris le dessin de tes mains pour le poser sur le bureau non loin de nous avant de reporter mon attention sur toi, posant une main sur ta joue et glissant mes doigts dans tes cheveux. On avait rompu parce qu'elle n'arrivait pas à comprendre comment je me sentais, de voir ma mère mourante. Je pense que j'ai eu besoin de tout perdre pour pouvoir me reconstruire... Et oui les choses sont claires, je me suis réengagé dans une relation alors que je pensais ne pas le refaire avant un long moment... Parce que je sens que tu es différente, en tout cas pour moi. Tu pouvais me faire confiance... J'étais pas un mec infidèle. Séducteur, joueur, c'était vrai... mais je franchissais pas les limites, parce que pour rien au monde je ne voudrais te perdre. Encore moins maintenant alors que ça avait failli arriver pour cette histoire de mariage.