(A&L) I should use my heart less

Tu pourrais m'embrasser et fumer... tu pourrais faire les deux, mais tu décides de te contenter de ta clope. Tu me caresses le nez avec le tien avant de t'éloigner et de t'installer près d'une fenêtre. En vrai, moi ça me fait rien que tu fumes à l'intérieure, parce que j'fume la clope aussi par moment. La fumée me dérange pas. Mais bon par respect pour le lieu publique, vaut mieux pas enfumer la chambre. Je te demande alors de me renvoyer la balle, si t'en a envie. Pose-moi une question, n'importe quoi. Si tu veux choisir ta question, même la plus intime qui soit, j'y répondrai. Je suis consciente que tu viens de dévoiler un démon, bien que je ne pousse pas pour en parler plus. Je me dis au final, que si ce couple fonctionne vraiment, la communication va se faire toute seule au fil du temps. Il faut pas que je me presse, ou te presse. Je ne veux pas rendre les choses trop lourdes entre nous... Bref, tu me laisses carte blanche, à condition que je t'apprenne quelque chose que je ne dis pas à n'importe qui. J'humecte mes lèvres d'un coup de langue et fixe le plafond un millième de seconde avant de te regarder à nouveau. Hum... Pour être bien honnête, je ne dis pas grand chose sur moi à qui que ce soit, de base. Alors peu importe ce que je vais décider de te dire, ça passe. Mais je comprends que tu me demandes de te dire quelque chose d'au moins aussi douloureux que ton propre aveux... Quelque chose qui a le même poids. Je t'ai menti, l'autre jour... quand tu me dessinais. Je me pince les lèvres et me racle la gorge, en baissant les yeux vers mes côtes. La cicatrice... j'ai eu un accident quand j'avais environ 6 ans. Je relève les yeux et me mord la lèvre supérieure, en faisant mine de réfléchir. À vrai dire, je repense à comment ça s'est passé et comment je peux te l'expliquer sans aller dans les détails trop douloureux. La voiture a plongée dans une rivière, je crois que je me suis coupée lors du choc. Je me rappelle pas exactement comment... parce que j'essayais de sortir de là. Je prend une pause, puis au bout de quelques secondes, je rajoute. J'suis morte environ 20 à 25 minutes, je me suis noyé. Mon cerveau a manqué d'oxygène mais pour une raison que tout le monde ignore, plutôt qu'avoir des séquelles, j'ai en quelques sortes développée des super-pouvoirs ! La note d'humour, c'est pour essayer de rendre l'info un peu plus ridicule qu'elle l'était déjà. Après tout, ce qui m'est arrivé est hyper rare... même scientifiquement impossible. Au début j'ai dû me réadapter à tout, mais on s'est rendu compte que j'apprenais plus vite, que j'avais une mémoire photographique... J'suis passé de la petite fille ordinaire à celle qui intègre Harvard à 15 ans, grâce à cette accident.

J'apprenais à te connaître mais il y avait encore beaucoup de choses que j'ignorais sur toi, tout comme tu en ignorais encore beaucoup sur moi. Mais je venais de te livrer une des parties les plus importantes de ma vie, alors quitte à pouvoir te renvoyer la balle, je voulais que ce que tu me révèles soit aussi important que mon propre aveu. Tu me déclarais ne pas avoir dit la vérité au sujet de la cicatrice sur tes côtes lorsque je te dessinais, alors je relevai les yeux vers toi après avoir soufflé à l'extérieur. Alors tu avais eu un accident de voiture et tu avais failli te noyer... non, tu t'étais noyée. Tu m'expliquais que tu avais été en état de mort cérébrale pendant un certain temps, mais t'étais revenue à toi, t'étais une miraculée. Je comprenais soudainement mieux cet intérêt, cette passion même pour la neurochirurgie, pour comprendre le fonctionnement du cerveau... tu ne comprenais pas toi-même comment tu pouvais être encore en vie. C'était un mystère que personne ne pouvait éclaircir et que tu espérais pouvoir percer à jour tôt ou tard, par tes recherches. Il était évident que ça avait forgé une grande partie de qui tu étais aujourd'hui. Alors tu utilises ces nouvelles "capacités" pour essayer de comprendre ce qui t'es arrivé ? terminai-je, après un court silence. Il fallait avouer que c'était gros. Tellement de choses peuvent se produire dans une vie, et revenir d'entre les morts pour on ne sait quelle raison, ça arrive, et ça doit laisser de sacrées traces. Toute sa vie on doit se demander comment, pourquoi, dans quel but... est-ce qu'au moins il y en a un, de but ? Je ne pouvais pas comprendre, seulement imaginer combien il devait être compliqué par la suite de se considérer comme une personne ordinaire, comme il devait être difficile de rentrer dans un moule standard. Je terminai ma cigarette, l'écrasai et revins vers toi. J'accepte ta proposition de dormir habillé ici ce soir. Je remontais loin dans la conversation, soudainement, et un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Pas d'idées mal placées cette fois. Je n'avais seulement pas envie de partir... pas après tout ce qu'on avait pu se dire dans la soirée.

Ça y est, je l'ai dis. J'en parle que très peu, déjà parce que je ne suis pas le genre de fille à trop parler d'elle, mais aussi parce que c'est quand même surréaliste comme histoire quand même. Tu ne dis rien, du moins pour un instant. Lorsque mon récit se termine, tu me demandes si j'utilise mes capacités pour essayer de comprendre ce qui m'est arrivé... Ouais, en quelque sorte... j'ai passé beaucoup de temps à l'hôpital quand j'étais petite, le travail des médecins et des chirurgiens m'a tout de suite attiré et intriguée. Je suppose que j'ai choisi la Neurochirurgie pour mieux comprendre. Et aussi, parce que mes doigts sont fins, stable et je fais un travail minutieux et précis. L'ambiance dans une salle d'opération d'un Neuro n'est pas la même que dans celle d'un chirurgien traumatologue. Disons qu'j'apprécie le silence pour avoir toute ma concentration et le moins de gens possible autour de moi... Quand j'opère, je me perd, je suis dans ma bulle du début jusqu'à la fin. Mais ça bien sûr, c'est les peu de fois où j'ai pu opérer solo jusqu'à maintenant... Bref, tu termines ta cigarette, et m'annonce que tu restes en t'approchant de moi. Mon visage s'illumine, je me serais senti un peu bête que tu t'en ailles après tout ça... Surtout que c'est toi qui ait insisté pour rester. Si tu veux utiliser la douche avant d'aller dormir, te gêne pas... C'pas que tu pues, mais bon pour ma part, j'aime être propre quand je m'apprête à aller dormir. Je soulève d'ailleurs les fesses pour me glisser sous les draps et m'installe sur le côté, face à toi. Bien cachée, je retire mon soutien-gorge, pour être plus confortable.

Je voulais bien croire que tu avais passé beaucoup de temps à l'hôpital. Parce qu'après un tel événement, les médecins te gardent un moment, puis exigent probablement un suivi... je n'ajoutais rien, j'étais pensif. Tu n'avais que six ans... qui conduisait ? Tu n'en avais pas parlé, probablement parce que tu ne voulais pas le faire immédiatement alors je ne voulais pas trop pousser les choses non plus. Je respectais ce que tu acceptais de me dire, songeant que la suite des confessions finirait bien par arriver quand on se sentirait tous les deux prêts à les raconter... Tu me souris en retour quand je t'annonçais accepter ta proposition de rester dormir sans ambiguïté. Je n'avais clairement pas envie de partir, et pour le coup, au-delà de mon attirance sexuelle pour toi, j'avais surtout très envie de m'allonger sur ton lit en te serrant dans mes bras. Je te rejoins quand j'ai fini alors, répondis-je alors que tu te glissais sous les draps tandis que je me levais pour aller dans la salle de bain. Je n'avais pas de vêtements de rechange mais tant pis, de toute manière ce n'était que pour la nuit, au matin je pourrais me changer. Une fois douché, je retournai dans la chambre peu éclairée en posant mon short sur une chaise pas loin du lit. Je gardais mon t-shirt histoire de ne pas être qu'en boxer, mais dormir avec mon short ne serait pas très agréable alors je ne l'avais pas gardé. Je me glissais à mon tour sous les draps de l'autre côté du lit et constatant que tu ne dormais pas encore, je m'approchai pour t'enlacer en silence, les yeux fermés. Depuis combien de temps je ne m'étais pas senti aussi bien... ? Je serais incapable de le dire.

Beaucoup de choses se sont dites ce soir, j'ai l'impression qu'il s'est passé tellement de choses. Dormir contre toi cette nuit me semble être un choix logique après tout ça... Du coup je suis contente que tu restes. Je t'offre la douche de la chambre et tu décides d'aller te laver, avant de me rejoindre sous les draps. T'as fait tellement vite, que je n'ai pas eu le temps de m'endormir... De toute façon, j'ai trop de choses en tête, je n'y serais pas arrivée même si j'aurais essayé. Tu viens sous les draps, t'y étend de tout ton long à côté de moi. Puis, sans que je m'y attendes, tu enroules tes bras autour de ma taille. Je ne porte rien d'autre qu'une petite culotte et pour le coup, j'attend quelques secondes les yeux encore ouverts. Tu ne réagis pas, ne tente rien... bien déterminé à rester sage on dirait. Le sourire aux lèvres, je ferme les yeux et m'endors dans tes bras.