Entre nous, c'est comme les montagnes russes. Parfois on parle, on apprend à se connaître et parfois c'est plus physique, plus intense... On se laisse désirer, on cède parfois un peu à la tentation et on recommence... Je ne sais pas comment expliquer ce que je ressens face à toi, mais je suis sure d'une chose : c'est excitant. Dans tous les sens du terme, même. Je ne me suis pas senti en vie comme ça depuis longtemps avec quelqu'un. Je me suis toujours contenté de me sentir comme ça avec la chirurgie. C'est pas pareil, c'est même complètement différent... J'suis pas douée dans les relations, j'en ai pas eu souvent et surtout pas longtemps, mais je n'ai jamais dit non à apprendre de nouvelles choses. Nous nous échangeons des regards, nos souffles et nos envies. Là, je t'avoue ce que j'aimerais et j'espère que tu comprennes le message même si ça reste très flou. Ta question me semble normal, surtout après ce que je venais de te dire... mais d'un autre côté, elle me gêne. J'arrive pas à lire dans tes yeux si tu es entrain de te moquer de moi, ou si c'est toi aussi ce que tu attends de moi. Tu dévies tes lèvres et te penche d'avantage pour pouvoir m'embrasser le cou, puis le mordre... J'humecte mes lèvres, pendant que je cherche le courage. Les mots me manquent. Je ne m'y attends pas... Je déglutis, puis je continue, le souffle court : Mais ça fait partie de mes envies, oui... Après avoir lancé la bombe, je me rends compte que je n'ai pas bougé depuis le début de la conversation, que ça me stressait bien plus que je l'aurais cru. Si j'pouvais arrêter le temps quelques secondes pour aller fumer et revenir, ce serait bien.
Je voulais savoir. Ta réponse en était une mais elle ne me donnait pas assez d'indications sur ce que t'attendais réellement de moi... il pouvait y avoir du sexe, il pouvait y avoir des moments intimes où on apprenait à se connaître et où on révélait qui on était. Mais il y avait différentes manières de le faire, différentes façon d'aborder ces choses... le sexe n'était-il que du sexe ? De mon côté, je savais à quel point tu me plaisais, je savais que cette attirance n'était pas que physique... et je savais qu'avec le temps, je pourrais bien ressentir des sentiments pour toi. Alors je voulais savoir à quoi m'en tenir, je ne voulais pas être promu de one night à plan cul régulier et ami. C'était pas ce que j'espérais... alors j'osais croire que toi non plus. Il était bien trop tôt pour parler d'amour, peut-être même pour se considérer dans une véritable relation... mais pourquoi ? On ne se connaissait pas suffisamment mais tu me faisais vibrer comme personne et l'idée de t'imaginer fréquenter un autre homme me faisait voir complètement rouge. N'était-ce pas suffisant ? Je fermai les yeux quand tu me répondis ne pas t'attendre à être la seule... forcément, je pensais à Loïs. J'y pensais depuis des jours. Mais peut-être était-il temps pour moi d'arrêter de penser et de me lancer à pieds joints, je ne pouvais décemment pas rester le cul entre deux chaises indéfiniment. Je relevai la tête pour te regarder, tu semblais raidie par notre échange et je le comprenais... je retenais mon souffle à chacun de tes réponses. Ça fait aussi partie des miennes, répondis-je en plongeant mon regard dans le tiens. Que pouvais-je dire de plus ? Je te voulais pour moi. Je voulais continuer à te voir, apprendre à te connaître, je voulais continuer à perdre pieds, à te fréquenter... à fantasmer, te faire rêver, sans qu'un autre homme ne se glisse dans ton lit en mon absence.
Je ne peux pas te forcer dans une relation, alors qu'on vient à peine de se rencontrer, qu'on commence à peine à se découvrir... Je ne veux pas t'étouffer, mais pourtant tu ne me donnes pas d'autres choix que d'être honnête. Si je te dis que ce n'est pas ce à quoi je m'attends, tu vas penser qu'j'ai envie de jongler avec plusieurs balles et c'n'est pas le cas. En vrai, j'ai jamais été hyper fan des one nights. Je pourrais vivre que de ce petit jeu excitant qu'il y a entre nous, même si aucun de nos sentiments ne s'est encore développé. Le sexe, c'est meilleur quand l'autre te connait, toi et tes préférences. Tu relèves la tête pour me regarder à nouveau, tu ne sembles pas avoir envie de fuir en courant... Je suis rassurée. À l'écoute de tes mots, je me pince les lèvres et sourit malgré moi. J'suis rien qu'à toi, alors. Je fond en te regardant dans les yeux et mon sourire disparait petit à petit alors que je m'approche d'avantage, pour poser mes lèvres sur les tiennes. Cette fois, c'est moi qui saute dans le vide et qui prend les rennes. J'entrouvre ma bouche pour laisser passer un soupir, puis approfondit le baiser en plongeant l'une de mes mains dans tes cheveux châtains.
Quand je disais que j'étais SDF, pourquoi était généralement la question qui revenait sur toutes les lèvres. Comment fait-on pour se retrouver à la rue ? Comment se fait-il qu'on puisse en arriver là ? Ils se demandaient si j'avais de la famille, ou des amis. Si je m'étais fâché avec tout le monde pour que personne ne puisse ou veuille m'héberger, alors que ça n'avait rien à voir... la rupture sociale qui découle d'un événement tragique pouvait être destructrice et c'était ce que j'avais pleinement vécu. Ma vie s'était écroulée et en perdant le contrôle, j'avais brisé toutes mes relations parce que c'était trop dur à supporter. J'aurais pu rester avec Loïs, vivre avec elle et remonter la pente autrement... mais parfois, il faut toucher le fond de l'océan pour trouver l'envie de remonter à la surface. Je me redressai pour m'asseoir en me rapprochant de toi, sourire aux lèvres alors que tu ne me quittais pas des yeux. Tu ne disais rien, tu ne voulais pas en faire trop mais je voyais pas que mon histoire ne te laissait pas de marbre. Ou alors, je pourrais faire les deux... Je pourrais fumer et t'embrasser. Pourquoi choisir ? Je caressais ton nez avec le mien puis me reculai pour me lever du lit, m'approchant de la fenêtre en sortant mes cigarettes et mon briquet. Mais j'le ferai pas. Même si tes lèvres me manquaient déjà. On avait eu la fameuse discussion, nous étions.... ensemble, si on pouvait dire les choses de cette manière, mais pour autant ça ne changeait pas notre petit jeu, notre envie de prendre notre temps. Nous n'allions pas d'une minute à l'autre nous embrasser si simplement. J'avais déjà une obsession pour toi, pour tes lèvres, ton corps, tout. J'allumai ma cigarette après avoir ouvert la fenêtre, passant le bras à l'extérieur en veillant à ne pas faire rentrer la fumée. Je te dévisageai quand tu me parlas de te renvoyer la balle, réfléchissant un instant avant de te répondre. Si c'est la soirée des confessions intimes... j'voudrais que tu me dises quelque chose d'important pour toi, que tu dis pas aux autres. Comme je ne disais pas à tout le monde pour ma mère et la manière dont j'en étais arrivé là... je voulais savoir ce qui toi t'avais cassée. Parce que c'était ça, tu étais un vase magnifique, recollé mais qui resterait fissuré toute sa vie, toi aussi.