(A&L) I should use my heart less

Il est quoi, 21 heures ? Ouais, environ ça. J'sors d'une douche froide, aka le meilleur moyen de survie en temps de canicule. Il y a aussi la clim qui roule à fond, je sens que cette chambre va me coûter une fortune à la fin de mon séjour... mais bon, ça en aura valu la peine. Bref, je m'installe pour commencer la rédaction de ta lettre. Franchement, je ne sais pas quoi t'écrire pour les premières minutes... mais apparemment, prendre des selfies sexy avec mon instax mini m'a inspiré - à t'en faire cadeau et aussi à décrire le fond de mes pensées actuelles. Je ne m'attendais pas à te croiser à la plage et bien franchement, je m'attendais encore moins à entendre quelqu'un cogner à ma porte. À cette heure-ci, pile au moment où j'ai réussi à me mettre à fond dans la rédaction, je me demande qui peut bien me déranger... surtout que je n'ai encore réussi à croiser personne durant le Summer Camp. Il n'y a que les vacanciers qui restent à cet hôtel si j'ai bien suivi, les autres, bah ils se débrouillent avec une tente ou j'sais pas quoi - je m'en fou. Enfin, je vais t'ouvrir, une robe de chambre sur les épaules pour couvrir les sous-vêtements sexy que j'avais enfilés pour ma petite séance de photoshoot et avec les cheveux encore mouillés. Dès que je te vois, mon sourire s'élargit, je me sens déjà plus légère mais aussi, drôlement amusée par ton timing. Lauri ? Qu'est-ce que tu fais ? Mon corps reste caché derrière la porte, bien que tu m'as vu déjà plus dénudé que ça lors de notre dernière conversation...

J'avais parlé un peu avec Skyler, elle avait pas perdu de temps pour faire une réservation dans un restaurant... Maintenant fallait surtout que je tâte le terrain auprès de toi. Et là je me trouvais comme un con. Comment j'pouvais te retrouver en fait ? J'avais pas pris ton numéro, je savais pas où tu dormais... Logiquement dans l'hôtel si tu étais au Summer Camp. Alors je descendis à l'accueil, pour demander ta chambre. La réceptionniste était agacée parce que je n'avais pas ton nom de famille, je lui réclamais une liste des Andrea, espérant pour le coup que ton nom de famille sonnerait français. Et c'était le cas. Chamberlain. Andrea Chamberlain, c'était la Andrea la plus francophone qui logeait dans cet hôtel. Je tapotais sur le comptoir avec un grand sourire en remerciant la réceptionniste et me rendis à l'ascenseur pour me rendre à ta chambre., satisfait à l'idée de te voir mais une fois devant la porte je me raclai la gorge et effaçai ce sourire de mes lèvres. J'allais pas t'en faire cadeau vu comment tu m'avais poussé sur la plage, j'avais dû attendre un moment que mon piquet redescende avant de pouvoir bouger. Je toquai, m'épaulant au mur à côté de la porte et tu m'ouvris rapidement. Bonjour, dis-je en français avec mon petit accent. D'un rapide coup d’œil, je détaillai ta tenue... peu habillée, puis les alentours. T'es toute seule ? demandai-je en regardant par-dessus ton épaule. J'espérais que oui, parce que si je voyais un mec sortir de je ne sais où alors que tu étais en nuisette, il risquait de se prendre un coup de tête.

Te voir en face de moi, à la porte de ma chambre, me semble surréel. Forcément, pour la trouver tu as dû faire un peu de recherche.... Ou alors, tu as demandé à la réception et tu as dû deviner mon nom complet. Je me demande si ça a été facile pour toi de trouver, ou si t'as galéré. Bref, tu me dis bonjour dans ma langue maternelle et scrute ma tenue et les alentours. Ta première question me fait sourire, surtout que tu n'as pas répondu à la mienne et que je t'ai bien vu essayer de voir ce qu'il se passait dans ma chambre. Oui, j'suis seule. Mais tu peux pas rentrer. ...Parce que j'ai ta lettre sur mon lit et des photos étendues partout autour d'où j'étais assise. En bref ? Si tu entres, tu vas vite comprendre ce que je faisais et en plus, il n'y aura plus de surprise. Puis bon... faut bien admettre que rester seule avec toi dans une chambre d'hôtel, c'est pas sage. Alors je peux t'aider comment ? Je me pince les lèvres, en tenant ma robe de chambre fermé.

Avant tout, je voulais m'assurer qu'il n'y avait personne d'autre dans cette chambre d'hôtel. Surtout en te voyant vêtue si... légèrement. A la manière dont tu tenais ta robe de chambre, je devinais que tu n'étais pas très couverte en-dessous. Mine de rien, cette idée ne me laissait pas de marbre... j'avais déjà vu ton corps complètement nu mais je savais apprécier la lingerie sur une femme, alors je ne pouvais qu'imaginer la tienne. Quoique, valait mieux pas que je l'imagine, au risque de finir frustré de ne pas la voir. Je te dévisageai, curieux. Je peux demander pourquoi j'ai pas le droit ? Tu vas vraiment me laisser sur ton paillasson... ? demandai-je avec une mine renfrognée, feignant la déception. Tu jouais les mystérieuses... ou peut-être avais-tu seulement peur de ne plus vouloir que je m'en aille si tu me faisais entrer ? Tu avais probablement raison. Si j'entrais, j'étais pas certain moi-même d'avoir la force de lutter, alors mieux valait ne simplement pas céder. J'ai parlé avec Skyler et je me demandais si t'étais disponible mardi soir ? Notre première rencontre pas très spontanée, pour le coup... mais il en faudrait bien quelques unes.

Je me doute bien qu'à refuser de te faire entrer, plein d'idées te passeraient par la tête. J'espère néanmoins que tu ne t'inquiètes pas trop, ou que tu me crois quand je te dis qu'il n'y a personne... De toute façon, il n'y a personne et je ne mentirais pas là-dessus, c'pas mon genre. Parce que... j'allais me coucher en fait. Me toucher me semble plus plausible à l'heure actuelle, entre mes lettres et mes photos, puis maintenant l'objet de mes fantasmes devant ma porte. C'est juste trop ouf comme hasard que tu cognes à ma porte pile à ce moment-là en fait. Tu sembles déçu que je te laisse sur le paillasson et crois-moi, j'suis dégoutée aussi. Tu m'annonces finalement que t'as parlé avec ta meilleure amie et me demande si je suis disponible mardi soir. J'étais pas censée rester aussi longtemps mais sachant que tu es ici... je peux voir pour retarder mon retour à Boston ? Oui, j'suis dispo. Notre première rencontre pas très spontanée comme tu dis, est avec ta meilleure amie. On a jamais eu de vrai date, en fait. Est-ce que j'suis entrain de lentement m'installer dans la friendzone ? Quoi que, non, c'est impossible. Pas avec tout ce qu'il s'est passé depuis notre rencontre. On se voit où ?

Je crevais d'envie d'entrer. J'étais seulement venu pour te demander si t'étais là mardi, pour Skyler... mais depuis que je t'avais devant les yeux, je n'avais plus envie de faire demi-tour. A force de frustration, je n'arrivais plus à te sortir de ma tête. Depuis le début du mois ça n'arrêtait pas, entre provocations et l'insatisfaction qu'aucun de nous deux ne se laisse aller, je faisais un pas en avant pour trois en arrière. On attendait, on attendait... mais putain, quand on craquerait ça serait explosif. Ah... Je pinçai les lèvres sans te quitter des yeux. J'avais parfaitement compris où tu voulais en venir... je vais dormir, et tu n'es pas invité. Mais je pouvais pas décemment rester sans rien dire. Et tu es sûre d'avoir envie que je m'en aille ? demandai-je en penchant légèrement la tête. Non, tu n'en avais pas envie. Et moi non plus. Tu allais encore à contre-courant de tes envies et j'aimais mettre le doigt dessus, j'aimais faire monter la tension d'un cran supplémentaire en te rappelant que... si on le voulait, je pouvais rester. Sky avait réservé un resto, après je connais pas trop les lieux, je pourrais pas trop te dire... On verrait bien sur place à quoi ça ressemblait. Connaissant Skyler, ça pouvait être tout et n'importe quoi, un restaurant ultra guindé comme une ferme au milieu des vaches.

Si je suis sure d'avoir envie que tu t'en ailles ? Putain, non. J'suis même vraiment sure d'avoir envie que tu restes... Mais j'sais pas pourquoi, j'ai pas envie de me laisser aller trop vite. Pas que ce serait trop facile, parce qu'au point où on en est... on s'est déjà vu plusieurs fois, on a déjà été patient. Franchement, j'ai déjà franchis la ligne plus vite que ça avec d'autres mecs, mais c'est pas pareil avec toi. J'ai le feeling que c'est encore trop tôt et j'ai envie que ce soit différent. Non, mais c'est la vie et c'est comme ça. J'ai juste pas d'excuses... j'ai tout autant envie que toi que tu restes, que tu "dormes" avec moi. À vrai dire, si ce n'était que question de dormir, je t'inviterais sans problèmes. Mais je ne me fais pas confiance pour rester aussi sage... Tu as la tête penchée, un sourire mesquin et c'est honnêtement trop séduisant, de te voir aussi sûre de toi. Tu sais parfaitement que j'suis toute à toi, et maintenant tu t'amuses à en jouer. Je vois. Vive Sky. Un resto à trois... un resto où je vais devoir garder mes mains pour moi, mes regards de feu et tout le reste. Mais je ne promet pas de ne pas te faire du pied sous la table, subtilement, loin des yeux de ta copine. Tu connais au moins l'adresse et l'heure du rendez-vous qu'on se donne ? Ou vous allez venir me chercher ? Histoire que je sache où vous rejoindre, quand même.

Je ne répondais rien... pour l'instant. C'est la vie, c'est comme ça, je n'avais pas l'intention de m'en contenter mais je voulais avant tout qu'on règle la question de mardi soir, histoire qu'on arrête de tourner autour du pot. Vive Sky, ouais, un resto... quelle idée. Dom Carlos, rue Alves Correia, à 19h. Je connaissais pas du tout l'endroit, c'était Skyler qui avait dit que c'était un bon restaurant, on verrait bien une fois là-bas. Je te retrouverai à l'entrée je pense. Je te dévisageai un instant, les mains dans les poches de mon short. Je pouvais en revenir au sujet que je voulais aborder, celui que je préférais quand même... celui de l'instant présent ou tu me cherchais des excuses vaseuses pour que je m'en aille, alors qu'aucun de nous n'en avait envie. Tu sais que je pourrais rester ? Oui, je pourrais. Je pourrais rester mais tu refusais, parce que tu ne voulais pas que l'un de nous craque... peu importe lequel. C'était bien plus intéressant de se résister, malgré une attraction de plus en plus évidente et forte. J'suis persuadé qu'on peut trouver une solution. Une qui nous conviendrait. Un compromis. On pouvait se donner un doigt, sans se donner tout le bras... ?

Tu avais l'adresse, l'heure, tout. Je prend note de tout ça dans mon téléphone, au cas où je l'oublierais. Normalement je retiens bien les choses, comme ta plaque d'immatriculation, mais là c'est des mots que je n'ai jamais entendu de ma vie alors c'est un peu plus compliqué. Je serai là. Compte bien sur moi. Me connaissant, je peux même arriver en avance, mais je ne le ferais pas. Bref, le sujet de l'invitation au resto est clos, maintenant tu m'attends avec une nouvelle question concernant l'invitation dans ma chambre. T'as les mains dans les poches et tu reprends ton air confiant. Je rêve ou t'es entrain d'essayer de me convaincre ? Ah bon ? Et comment ça se fait ? Je ne suis pas certaine de ce que tu essais de me dire... Tu veux dormir avec moi, ou bien dormir avec moi ? C'est deux choses complètement différentes. Une solution... Comme un compromis ? Je te souris. Ça m'amuse bien finalement, de jouer avec ta patience comme je le fais, là. J'fais bien semblant de ne pas comprendre ce que tu me dis, même si c'est vrai que j'aimerais bien t'entendre me dire ce que tu veux, pour être sure que ça correspondes bien à c'que j'pense. D'accord. On peut en parler.... laisse-moi cinq minutes, je dois ranger ta lettre que j'ai commencée à écrire. Et surtout, toutes les photos sexy que j'ai étalée sur mon lit. Je te laisse sur le paillasson le temps que je me retourne pour aller tout ramasser, en échappant une photo parterre sans m'en rendre compte et un peu glissé sous le lit. Je reviens aussitôt vers toi et ouvre la porte. 5 minutes. Si on trouve rien... Tu ne restes pas. Mais j'ai le pressentiment qu'il n'y a aucune chance que tu me laisses te foutre à la porte. J'ai pas raison ?

Les détails concernant le restaurant étaient réglés, tu avais l'adresse, le nom du restaurant, et l'heure... puis au pire je t'attendrai devant l'entrée, j'irai en avance et on serait tranquilles. Je changeai donc de sujet pour en revenir au fait que tu ne voulais pas me laisser entrer, insistant légèrement en demandant clairement à ce qu'on trouve un compromis... un compromis pour quoi ? Pour qu'on passe du temps ensemble ce soir, sans coucher ensemble... après, est-ce que c'était une heure, trois heures, la nuit ? Tout dépendrait de nous... de notre fameux "compromis". Un compromis oui, c'est le mot. Comment ça se faisait ? Tu le savais déjà. Bien sûr que je pourrais rester, ni ne m'obligeait à repartir. J'esquissai un sourire, finalement, en entendant que tu étais d'accord. Parfait ! J'attendais donc dans le couloir. Une seconde, je me demandais si vraiment tu allais me rouvrir... si ce n'était pas une feinte le temps de reprendre tes esprits. Mais non, tu revins m'ouvrir en m'annonçant qu'on avait cinq minutes pour trouver une solution et je pénétrai dans la chambre, amusé. Qu'est-ce qu'il y a d'écrit sur cette lettre pour que ce soit un mystère au point de me faire attendre dans le couloir ? te taquinai-je avec un regard en coin alors que je m'asseyais sur le rebord de ton lit. Il est confortable, tu dois bien dormir là-dedans. Comment ça je n'étais pas subtile ? C'est vrai, je jetais volontairement de l'huile sur le feu en sachant pertinemment que ça ne nous mènerait pas à une partie de jambes en l'air, mais qu'est-ce que ça me plaisait, je ne m'en lassais pas.