nobody said it was easy ≈ (pluson)

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
Il ne le sait pas encore, mais aujourd’hui, tu vas pouvoir le sortir de là. Les médecins t’ont attrapé dans l’couloir en te révélant cette bonne nouvelle, Pluton est prêt pour rentrer à la maison. En apprenant ce scoop démentiel, tu n’as pu t’empêcher de leur sauter au cou pour les embrasser. Tu leur as même fait ta danse de la victoire pour les remercier de te l’avoir rendu en vie et non à la morgue. Durant cette longue semaine, il s’est tellement passé de choses. Tes pensées sont désormais en désordre. Depuis que tu as aperçu Camila qui quittait sa chambre, ton cerveau s’est carrément mis à pondre des tonnes de scénarios. Tu t'es alors jetée sur la bouteille et autres substances en réserve, mais ça, c'est un secret. Toutefois, depuis son réveil et votre discussion sur ce sujet épineux qu'est son ex, tu n’en as pas reparlé une seule fois. Au contraire, tu as banni volontairement cette histoire pour te concentrer uniquement sur lui et sa convalescence. D'ailleurs, en ce nouveau jour qui se lève, tu comptes toujours poursuivre cette mission, rien de plus. Première étape : le ramener à la maison. C'est bien à toi d'endosser ce rôle non ? Le sourire aux lèvres, tu chapardes un siège roulant dans le box des infirmiers et le ramènes à la chambre du suédois en le trainant fièrement devant toi. La porte est légèrement entrouverte, tu toques de ton index replié et passes les premières roues du bolide de compétition dans la pièce « Toc toc ! Hey Westerberg, tu sais ce que ça veut dire ? » lui demandes-tu en sourcillant énergiquement. Oui, Westerberg. Pas de bébé, chéri ou même Pluton. Ce mécanisme de défense s’est mis en branle tout seul comme pour te protéger d’une éventuelle déception. Tu avances ainsi vers lui dans ton costume d’amie, prête à dégainer celui de petite-amie s'il te le demande, pas avant. Toi même tu ne sais plus où tu en es. Tu lâches finalement le fauteuil à mi-parcours pour te rapprocher de lui et embrasser délicatement son front. « Bien dormi ? OMG, t’as les cheveux propres, félicitations ! » l'applaudis-tu avant de tripoter sa chevelure encore humide. Putain, cet entre-deux est méga inconfortable.

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
Libéré, délivré ! Ouais, pour le coup, j'avais attendu ce moment de tout le week-end. Certes, je m'étais réveillé que depuis samedi matin mais hey, c'était pas comme si j'allais pas déjà mieux. Aucune séquelle réelle physique, juste cette cicatrice au ventre qui était affreuse et moche. Il fallait la surveiller, faire en sorte que ça ne s'infecte pas. Pour le reste, c'était du repos, beaucoup de repos. Évidemment, ça tombe quand il y a les partiels et ça n'était clairement pas la bonne idée... Sûrement que j'aurais une dérogation pour pouvoir les passer en juin... ou septembre, j'en sais rien. Pour le coup, j'étais comme une petite puce, ayant changé ma blouse de malade contre les vêtements que Louison m'avait apporté la veille et je me sentais bien mieux, tellement mieux même. J'avais tout rangé, tout mis au propre et j'attendais simplement la venue de ma petite amie, puisqu'on avait décidé de rentrer chez moi ensemble. Finalement, elle débarquait, mais pas les mains vides. Fronçant les sourcils devant le fauteuil roulant, je finissais par la regarder. « Non, je ne m'installerai pas dedans » que je finissais par dire à celle qui s'approchait de moi pour... m'embrasser le front. Ok, weird là. Moi j'aimais pas ça, moi je voulais un bisou sur les lèvres, un câlin et des mots doux, chose qu'elle ne faisait pas. Légèrement étrange, mais je ne lui en tenais pas vraiment rigueur. « C'est parce que je suis presque un estropié que tu m'embrasses pas normalement ? Moi je veux mon bisou » que je faisais, tel un enfant capricieux. Oui, pourquoi pas après tout. Ça pouvait marcher avec un peu de chance. « Mais j'ai dormi... bof. En manque de toi, comme hier » que je disais en haussant les épaules, tentant d'éclipser tout ce qui n'allait pas dans ma vie. Ma priorité, c'était ma santé mais surtout elle. « T'es venue en voiture ou on rentre en transports ? » que je finissais par demander, l'angoisse montant légèrement si elle acquiesce pour la voiture. Disons que si je pouvais éviter de monter dans ce genre d'engin de transport, ça m'arrangerait.

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/pluton

— Boston, 7 mai 2018
Après avoir campé dans le coin, la peur de l’hôpital semble avoir soudainement disparu. Comme si l’exposition accrue à ce lieu t’avait permis de te détacher progressivement de ta peur. Ouais, y a pas à dire, tu te sens terriblement plus à l’aise ici désormais. Tu commences à connaître le service par coeur. Les soignants te reconnaissent et te saluent sur ton passage. La journée démarre plutôt bien. Tout glisse comme sur des roulettes (très drôle étant donné le fauteuil que tu pousses). En sortant Pluton de cet endroit, à toi la renaissance ! Faut pas croire, y a pas que le patient qui est en sale posture, les proches aussi sont en galère. Te voilà enfin dans sa chambre, ton nouvel ami dans les mains pour rendre la nouvelle plus réelle « Si si, tu vas poser tes fesses là-dessus » répliques-tu en pouffant de rire. T’as toujours voulu t’amuser avec ce type de truc que tu n'as pu voir que dans Dr House ou Grey’s Anatomy. Dommage pour toi, la fierté du Dunster ne semble pas prêt à t’accorder ce souhait. « Parfaitement. On m’a dit de ne pas réveiller les ardeurs du type créchant à la chambre 117. Ils m'espionnent. Il faut que je te sorte de là et peut-être que tu auras ton bisou de la mort qui tue quand nous serons que tous les deux. » Oh hein, tu fais comme tu peux pour éloigner cet instant, alors que tu en meurs pourtant d’envie. Ouais, y a qu’une chose que tu désires et tu t’en prives connement, du Louison tout craché « Ah bon ? Arf, j’vais essayer de combler ce manque dès aujourd’hui. Après ta partie de tennis tu sais. » Dans son état, c’est strictement impossible. Tu te demandes d’ailleurs comment il va franchir l’Everest se trouvant dans sa piaule et le menant à sa chambre. « J’suis venue en tandem, so sorry babe, j'dec, j'ai pris Simone » T’exploses de rire tout en repassant vulgairement son tee-shirt de tes mains, le regard à demi perdu dans les plis que tu déroules. Bordel, qu'est-ce que ça fait du bien de le retrouver aussi... éveillé. « Tu as préparé tes affaires mon poussin ? Rien d’oublié ? J’ai pas de valet pour m’en charger, mais je vais m’en sortir ! Look, tâte mes biceps » lui demandes-tu en gonflant péniblement ton muscle à peine perceptible.   

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
C’était clairement un boost d’énergie que j‘avais eu ce matin quand je me suis rendu compte que j’allais enfin bouger de cette chambre, que j’allais pouvoir rentrer chez moi, me reposer avec mon ordi, ma télé, mes jeux. Tout quoi. Et être dans MA pièce à moi et non cette chambre aseptisée qui faisait fuir tout le monde aux alentours. « Mais je suis loin d’être sexy sur un fauteuil roulant » ronchonnais-je alors à ma petite amie, qui tenait au fait que je m’installe sur ce truc. Je pouvais marcher, je pouvais parler, j’étais en pleine fonction de mes membres et ouais, il fallait pas me rabaisser à ce que je n’étais pas pour le coup. « T’y tiens vraiment ? » Ouais, peut-être que si elle voulait vraiment que je le fasse, je le ferai mais pas vraiment de mon entrain habituel. Après, c’était peut-être un fantasme qu’elle pouvait avoir, d’être l’infirmière sexy de son petit ami estropié.. Ouais bon là, ok, je veux bien le faire. Volontiers même. « Quand tu veux bébé qu’on s’en aille tous les deux » Parce que ouais, je voulais mon bisou. Depuis mon réveil, c’était assez étrange entre nous et je soupçonnais que l’ombre Camila planait toujours au dessus de nos têtes, et que ça pénétrait dans ses pensées les plus sombres.  « Tu oublies aussi que j’ai natation et baseball » que je disais en rigolant, preuve que j’avais toujours mon sens de l’humour même si elle était réceptive à sa façon. Je sais pas trop comment je dois me comporter avec elle mais je tentais de rester naturel. J’attrapais alors sa main avant de lui demander comment elle était venue et ouais, c’était avec sa voiture et un pique d’angoisse s’emparait de moi dans l’immédiat, j’espérais juste que ça s’estomperait doucement. Pour le coup, je n’avais pas envie de revenir en ces murs, malgré le fait que j’étais endormi la moitié du temps. « J’ai tout préparé ouais, dans le sac là. Mais t’en fais pas, je peux le porter » soufflais-je doucement. Ouais, je pouvais toujours porter mes affaires, si jamais elle voulait rester les mains libres. J’esquissais cependant un sourire en la voyant gonfler son biceps pour prouver sa force. Je posais ma main dessus avant de la laisser glisser le long de son bras et finir par la poser sur l’arrière de sa hanche pour l’attirer vers moi, tandis que je me mettais sur mes deux pieds. « Pourquoi tu veux pas m’embrasser bébé ? » que je demandais alors dans le plus grand des sérieux. Peut-être que je me faisais des films.. peut-être pas. J’en sais rien. Alors je tentais et si elle me répondait par un baiser, tous mes doutes seront alors estompés. Si par contre, elle me répondait avec hésitation, je saurai qu’un truc se trame.

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/pluton

— Boston, 7 mai 2018
Qu’il se détrompe. Dans n’importe quelle situation, tu le trouvais diablement sexy. Même entre la vie et la mort. Toujours. C’est désormais le plus beau à tes yeux… « Naaaan, j’y tiens pas ! Si tu te sens d’attaque pour marcher avec ta balafre, fais-le. Pour info, j’ne sais pas recoudre un simple trou dans une chaussette, alors j’ne saurais pas recoudre ta peau ! » Fini l’imprudence. Tu crains tellement qu’on ne fasse pas attention à lui sur le chemin du retour et qu’on te l’abîme de nouveau. Si tu pouvais l’envelopper dans du papier bulle, tu le ferais volontiers. Tu lui donnerais aussi ce baiser qu’il semble vraiment désirer, mais une force surnaturelle semble avoir pris possession de toi pour t’en empêcher. Du coup, tu te défiles maladroitement tout en espérant ne pas éveiller de suspicions du côté de Pluton. « Oh mais oui, normalement j’ai ta batte de baseball et tes lunettes aquatiques dans la malle de ma bagnole ! Don’t worry mon canard, tu vas pouvoir faire toutes tes activités extra-scolaires, maman sera là » Quelques éclats de rire volent à travers la pièce. Te marrer avec lui t’a tellement manqué. Ça te rappelle vaguement vos balades aux Bahamas, quand vous commencez à plus que flirter. Quand la limite entre l’amitié améliorée et quelque chose de plus exclusif pointait le bout de son nez… Attrapant sa main qui entoure ton poignet, tu l'observes avec empathie. Tu viens de capter. Il a peur. Peur qu'un accident se reproduise. « Ça va bien se passer. Louison Chamberlain est un as du volant. Tu n’as rien à craindre. On va y aller doucement, promis » Tes lèvres piquent une de ses joues avant que tu lui demandes si ses affaires sont prêtes à être transportées. Par contre, hors de question qu’il les porte jusqu’à ta caisse. « Oh que non, tu ne portes rien. J’suis ta mule jusqu’à ce que tout cicatrise et que tes vertiges disparaissent, c'est non-négociable » balances-tu avant de lui prouver ta force par le volume de ton biceps minuscule. Pluton tâte. Tu ricanes nerveusement jusqu’à ce qu’il laisse ses doigts courir au niveau de ton bassin pour te ramener à lui. Ton corps entier se désintègre à la seconde où il t’interroge. T’avais oublié qu’il était si grand comparé à toi. Tu relèves alors ton visage vers le sien en le fixant sans sourciller « Parce que » répliques-tu en soufflant comme une gamine. De toute façon il n’y a pas qu’une seule raison à cet éloignement soudain. Il y en a juste une que tu peux facilement exposer et l’autre beaucoup moins. « Dis donc, tu veux rester ici ou quoi ? » Hop, tu te détaches de son emprise pour attraper les deux sacs et prendre la direction de la porte. Du mouvement, faut noyer le poisson, éloigner cette conversation, vite. « Allez Plutooon, suis-moi... »  

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
« Tu ne me laisseras pas mourir quand même j’espère ? On est dans un hôpital, je suis sûr que tu trouveras quelqu’un pour recoudre ma peau déchirée » Et ouais, j’avais suffisamment confiance en elle pour qu’elle ait les bons réflexes. Mon état allait de mieux en mieux, les médecins m’autorisaient à partir, malgré le greffon que j’avais. La rate que j’avais là n’était pas la mienne et à partir de maintenant, j’avais tout un traitement anti-rejet et j’espérais simplement que je n’allais pas avoir de conséquences désastreuses par le futur. Hors de question que je retourne entre ces quatre murs pour subir une nouvelle greffe. « Ugh, maman… » Ouais non, je n’avais pas du tout ce genre de pensées quand ça la concernait elle, surtout quand on pense à tout ce que j’ai pu faire sexuellement en sa compagnie. Non, elle n’était pas ma mère et était bien loin de lui ressembler - je l’espérais tout du moins. Mais je souriais malgré tout, riant aussi à ses côtés, face aux délires qu’on pouvait toujours avoir. Oui, ça me faisait plaisir parce que je la sentais malgré tout pas à 100% avec moi aujourd’hui. Légèrement en retrait, avec des agissements loin d’être ceux que je lui connaissais. Louison, elle aimait le contact, les surnoms, la complicité. Si cette dernière, on avait réussi à l’avoir par l’humour, le reste n’était pas vraiment là. Enfin, elle venait tout de même me rassurer sur la voiture, preuve qu’elle avait capté qu’un truc n’allait pas, mais c’était pas tout à fait ça. C’était un baiser sur la joue qu’elle me faisait. Toujours pas de contact lèvres à lèvres. « Gniagniagnia » Ouais bon, c’est vrai que j’avais encore quelques vertiges à cause du traumatisme crânien mais c’était rien de grave, c’est pas comme si j’allais tomber d’un coup d’un seul au sol. Je me retenais à quelque chose et pendant quelques secondes, je patiente pour que ça passe. C’est tout. Et alors que je portais mes doigts à son biceps gonflé, j’en profitais pour l’attirer vers moi pour la questionner, à présent debout sur mes deux pieds. Mais non, elle ne voulait toujours pas répondre et ça m’agaçait peut-être un peu ouais. « Non » soupirais-je avant de vérifier que je n’avais rien oublié. J’attrapais ma décharge signée que j’allais rendre aux infirmières non loin de ma chambre. « J’arrive, j’arrive » Et je la suivais à l’extérieur de la chambre, passant par la case médecins et infirmières pour la décharge et puis voilà qu’on se retrouvait sur le parking rapidement. Je la suivais silencieusement jusqu’à sa voiture. Sans surprise, je ralentissais à la vue de la carcasse, fermant les yeux, soufflant, avant de vaincre cette peur qui me tiraillait l’estomac. Et ouais, ça me faisait mal, comme si ça tirait sur ma cicatrice abdominale. Soufflant légèrement, je m’installais sur le siège passager, espérant que le moment se passe le plus rapidement possible pour éviter de faire la moindre crise.

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
« Oh que non ! Je ne voudrais surtout pas avoir une autre mort sur la conscience… pis la tienne serait pire que tout. » Tu n’es pas une serial killer, plus une cereal killer. Il ne faut pas non plus sous-estimer ton potentiel destructeur, quand on te provoque beaucoup trop, tu deviens carrément une autre. Qui te cherche te trouve. Au fur et à mesure de votre discussion où tu t’esquives de tous gestes affectueux, des éclats de rire viennent tout de même habiter cette chambre stérile. Cependant, au bout d’un certain temps, Pluton te coince contre lui pour tenter d’élucider ta distance et une fois de plus, tu fuis, tu bats en retraite, comme une lâche. « Gniagniagnia ? Tu t’es transformé en Pokémon ou quoi ? » Mine de rien, tu réussis à t’échapper de son emprise. Tu sais que tu es en train de le saouler, mais ce n’est pas de bon coeur que tu te montres aussi silencieuse. Dire tout haut ce qui te torture tout bas, c’est pire que tout pour toi. Tu as terriblement honte de tes sentiments, qu’ils soient nobles ou non. Tu préfères donc te charger des sacs du Dunster plutôt que de libérer ce qui se cache en toi. D’un oeil aiguisé, tu surveilles que ton petit-ami ne s’écroule pas au premier pas. Il veut faire l’homme viril, ne pas se faire transporter sur son carrosse, mais vu la tronche qu’il tire, c’est sûr qu’il n’est pas serein. Vous vous enfoncez ensuite dans le labyrinthe de la mort, tu fais une halte au bureau des infirmiers et reprends la route pour finir au parking souterrain où tu as trouvé une place, par miracle. Tu t’avances lentement dans le dédale d’automobiles afin de ne pas semer Pluton, puis tu déverrouilles à distance ton véhicule. Tu t'approches par la suite de ce dernier. Tu ouvres la malle et déposes les affaires du suédois à l’intérieur. Il est passé où d'ailleurs ? Te reculant de quelques pas après avoir fermé le coffre, tu aperçois ton petit-ami livide, à quelques mètres de la voiture. « Pluton ? » l’apostrophes-tu pour le sortir de son état de veille. Ne le voyant pas réagir, tu le rejoins en attrapant une de ses mains « Hey, tout va bien. Si tu ne te sens pas prêt, on prend le bus, le métro et j’irais ramener la voiture plus tard. Mais… Plus tu attends, plus ta peur va se cristalliser autour de cet objet, de ce maudit quatre roue là… » lui assures-tu en pointant vaguement l’auto d’un coup de menton. Ce que tu dis n’est pas forcément stupide. Si on évite les situations qui nous angoissent, on finit par se construire tout un réseau erroné de craintes autour. Faut aussi se l’avouer, vivre sans voiture au XXIème siècle, c’est assez chaud. « Viens là... » rajoutes-tu en passant tes bras autour de lui, sans non plus le toucher au risque de lui faire du mal. Alors ouais, l’image est plus que bizarre, tu es bien en train de lui faire un câlin, mais avec quelques centimètres entre vos corps. « Ça s’appelle une étreinte par bluetooth, j’ai déposé l’brevet, pas touche » murmures-tu près de son oreille avec cette folle envie d'entrer en contact avec lui.

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
« Moui » J’étais pas certain de ce qu’elle avançait pour ma part. Des fois, je me disais que la mort pouvait tout résoudre. Des fois, je me disais que je tenais bien trop à la vie pour ne pas me mettre en sécurité à certaines occasions. C’était un comportement assez bipolaire sur ce point et uniquement sur ce point. Mais faut dire, elle ne m’aidait pas à me sentir bien quand elle refusait quasiment tous les contacts avec moi. Je voulais simplement un baiser de sa part, pas une demande en mariage avec orchestre et fleurs. Mais on réussissait tout de même à rire, ce qui était plutôt bon signe, non ? « Ouais sûrement. Tu sais, le coma, tout ça, ça n’a fait qu’engendrer la transformation » Comme les vampires ou trucs du genre.  Mais qu’importe, on prenait mes affaires, les formulaires de décharge et on s’en allait de cette chambre que je côtoyais depuis que j’étais réveillé - et avant aussi, mais je m’en fichais pas mal de ça. Quoiqu’il en soit, rapidement on se retrouvait à la recherche de son automobile, caché parmi les autres voitures et ouais, j’angoissais pas mal pour le coup. Une tachycardie qui ne faisait que monter encore et encore, si bien que je m’étais stoppé d’un coup d’un seul devant son 4x4 et j’étais incapable d’avancer plus. Elle était là Louison, à s’en faire pour moi, à sa façon assez bizarre d’ailleurs. « Je vais monter je… ouais, je vais monter dedans » que je disais alors qu’elle cherchait à me faire une étreinte mais sans me toucher. Je ne me cachais pas de froncer les sourcils, incapable de comprendre quel était le but de cette manœuvre. Mais ainsi soit-il. Je l’imitais, n’ayant clairement pas la force de me battre contre elle, chercher à lui tirer les vers du nez. Non, je la laissais faire avant de me défaire et me diriger vers la voiture, m’installant sur le siège passager. Ceinture mise en place, je me calais accoudé contre la portière, les yeux fermés en espérant que ça finisse par passer. Ou alors, que le trajet soit suffisamment rapide pour que je n’aie pas le temps de le remarquer. Ouais, je vais faire ça. De toute façon, j’étais en train d’avoir un nouveau coup de barre, clairement, si je pouvais m’endormir, ça pouvait être top ça aussi. Au moins, pas besoin de voir le paysage urbain défiler sous mes yeux, ce qui pouvait laisser la panique m’envahir à chaque nouveau carrefour aux feux multicolores. Plus qu’à attendre que Louison mette le contact en route pour qu’on s’en aille et qu’on arrive chez moi le plus rapidement possible. Chez moi ou chez elle, peu importe dans le fond. Juste, je souhaitais être quelque part loin d’une voiture.

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/pluson

— Boston, 7 mai 2018
L’hôpital vous a enfin régurgité. Pluton est libre, Pluton est sur pieds et Pluton est aussi terrifié par ton 4x4. Maladroitement, tu tentes de lui remonter le moral avec un sketch signé Chamberlain, mais rien ne prend. Sa crainte surplombe ton humour. Il est dans un état second, obsédé par le trajet qui l’attend. T’es totalement useless pour le coup. Tu commences alors à t’en vouloir. Peut-être que si tu l’avais embrassé dans sa chambre, son angoisse serait moindre, t’en sais rien… « Okay, j’arrive » Tu le laisses se débrouiller et t’assois derrière ton (guidon) volant en silence. Tu inspires profondément et jettes un coup d’oeil à ton petit-ami réfugié contre la portière. Il ne te capte même pas. Ses yeux sont clos. « C’est parti… » chuchotes-tu en faisant gronder le moteur. Nouveau coup d’oeil furtif vers le Dunster, aucun changement. Tu entames alors ta marche arrière pour t’extraire de ta place et tu quittes le parking sans jouer à la pilote de rallye. Mentalement, tu traces l’itinéraire le moins encombré possible pour éviter toute crise dont tu es experte. Tu laisses tes pneus caresser l’asphalte pendant de longs mètres en retrouvant tes pensées confuses. Tu t’arrêtes ensuite à un premier feu et t’en profites alors pour observer le brun perdu dans son sommeil. Il est beau. « Où est-ce que tu m’amènes Pluton Westerberg ? » murmures-tu à peine en effleurant sa joue du bout de tes doigts. Ton coeur se recroqueville dans ta poitrine en songeant à son pouvoir sur toi. Le feu passe subitement au vert, tu reprends donc la route en allongeant volontairement ton chemin pour ne pas le réveiller par un arrêt définitif. Après plusieurs détours dans la ville qui t’auront absorbé la moitié de ton plein, tu te rapproches enfin du quartier où vit Pluton. Arrivés près de sa piaule, tu coupes le moteur et laisses ta caisse avancer par l'élan qui lui restait. Tu serres ensuite ton frein à main quand elle s'immobilise pour la stabiliser totalement. Pluton commence à remuer aussitôt. Tu souris, amusée par ses grimaces et te penches vers son corps avachi pour embrasser son crâne. Tu déposes aussi quelques chuchotements paisibles au creux de son oreille pour l'amener à émerger « On est arrivé Pluton » Ton nez se faufile dans son cou pour quelques frictions affectueuses. Le voir hors de son lit d'hôpital te soulage tellement. À un moment donné, t'as vraiment cru qu'il ne sortirait jamais de là-bas et de son coma. Alors tu finis logiquement par craquer, incapable de lutter contre tes sentiments placés en quarantaine tout au long de la semaine « Mon amour… » Tes lèvres balaient sa peau tiède. T’essaies à présent de rétablir votre bulle de tendresse qui s'est rompue le jour de l'accident. Ta bouche remonte sur son menton et s’arrête à la naissance de sa lèvre inférieure. Ses yeux clignotent encore. Tu rebrousses alors chemin et poses ta tête sur son épaule en espérant que tu ne lui fasses aucun mal. Tu pourrais rester là des heures, sans manger, ni boire, juste à l'écouter respirer.  

≈ ≈ ≈
{ nobody said it was easy }
crédit/ tumblr ✰ w/@pluton westerberg

— Boston, 7 mai 2018
Enfin sorti de cet hôpital, de cette chambre que j’ai pu voir pendant tout ce temps. Bon, j’exagère peut-être un peu en pensant que c’était trop long mais oui, ça l’était à mes yeux. Trois jours à rester dans un lit d’hôpital, n’ayant qu’à écouter les médecins parler de mon état, des conséquences possibles de mon traumatisme crânien. Après tout, ce n’était pas un coma artificiel dans lequel j’étais mais bel et bien celui causé par l’accident et le choc que j’ai subi. Mais qu’importe, j’étais sorti, j’allais relativement mieux… jusqu’à ce que je voie cette voiture dans laquelle j’allais devoir m’installer pour aller du point A au point B. Seulement, l’angoisse était là et je faisais en sorte de l’éteindre le plus possible en fermant les yeux, m’affalant contre la portière avec l’espoir que tout serait terminé rapidement. Et la chance était avec moi puisque rapidement, c’était les bras de Morphée qui m’avaient récupéré. Je n’avais alors rien vu ou ressenti de la route qu’on avait pu prendre. Ce n’était que lorsque la voiture s’immobilisait à un moment que mon éveil pointait le bout de son nez. Doucement mais sûrement, je reprenais connaissance, entendant au loin la voix de ma petite amie qui m’indiquait qu’on était arrivé. Arrivé oui, mais où ? Ah oui, chez moi. Le temps d’émerger, je m’étirais, je faisais des grimaces non dissimulées avant de sentir le souffle de Louison s’abattre sur ma peau. C’était une sensation qui me manquait presque, puisqu’elle ne cessait de mettre des barrières entre nous. Et je pouvais me douter que l’abstinence ne serait pas facile, je pensais pas qu’elle se mettrait à ce point entre nous. Finalement, quand j’ouvrais franchement mes yeux, sa tête était contre mon épaule, l’écho de ses mots se répétant encore dans mon esprit. « Ça y est, je suis redevenu ton amour ? » que je disais d’une voix légèrement pâteuse, dans le but de la taquiner, avant de me redresser doucement sans trop la brusquer elle aussi. Elle avait agi de façon étrange pendant plusieurs jours et aujourd’hui, c’était l’apothéose. Elle n’avait daigné m’offrir un baiser que je réclamais pourtant, elle m’avait à peine touché et ouais… je n’aimais pas énormément ça. Je cherchais à savoir ce qui se passait dans son esprit, sans vraiment comprendre. Tournant la tête vers elle, finissait par frôler son nez du mien, je plongeais mon regard dans le sien, le cœur se contractant, ne comprenant pas pourquoi elle ne voulait pas retrouver mes lèvres aujourd’hui. Alors je restais là, ne tentant rien contre sa volonté, avec l’espoir qu’elle fasse elle-même ce pas vers moi.