☎ Appel Elliot ► Cléolya

Depuis quand il était deux heures du matin? A moins que tu sois repartie en Angleterre? Je pianotais rapidement sur mon pc pour vérifier les fuseaux horaires. Ah, non, c'était pas la bonne heure en Angleterre. En Belgique par contre... Alors je fis claquer ma langue contre mon palais pour retenir un rire amer et moqueur. On me prenait vraiment pour un con. "Okay. P'têtre qu'il vaudrait mieux que j'te laisse dormir alors." Dis-moi non. Dis-moi que tu veux pas raccrocher. Que tu veux faire un effort toi aussi, que tu veux qu'on parle de nous. Qu'on essaye d'enfin communiquer, pour résoudre les problèmes qui nous tiraillent depuis maintenant deux mois.

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Je n'étais pas des plus démonstratives, mais la fatigue, la peine d'avoir vu Camila dans cet état-là. Mais ouais, ce n'était peut-être pas une raison pour être d'aussi mauvaises fois et te reprocher tout nos malheurs.

« Attends... » Que je soufflais avant de bâiller. « Excuses moi.. J'ai enfin pu voir Camila et ce n'était pas évident de la voir dans un lit d'hôpital. »

Parce que tout le monde savait qu'elle était toute ma vie, mon pilier, depuis mon plus jeune âge. Je me retournais une nouvelle fois dans le lit avant de reprendre.

« Je te demandais pas de me répondre.. Mais tu m'as fait taire Elliot, alors que j'ai du mal à dévoiler mes sentiments. Je voulais juste te prouver que c'était sincère... »

Tu t'excusais, finalement. Ah, tu t'étais rendue compte que t'étais désagréable à souhait alors que j'avais absolument rien fait là? Que j'étais juste encore et toujours comme un con agenouillé à tes pieds à revenir et revenir sans jamais avoir ce que je voulais? À croire que j'avais un côté masochiste, parce que j'avais beau souffrir, j'apprenais pas de mes erreurs. "Elle va bien?" que je demandais, légèrement préoccupé malgré moi. Je ne la connaissais pas cette fille mais je savais qu'elle était réellement importante pour toi alors si elle n'allait pas bien, toi non plus tu n'allais pas bien. Et le problème de cette nuit là, c'était pas que je t'avais pas répondu. Non, parce que j'aurais très bien pu te répondre. C'est pas comme si c'était une surprise, je te l'avais déjà dit. "T'as pas dit m'aimer moi... T'as pas été claire, Cléolya. Et je t'ai fait taire parce que ouais, je trouvais que c'était pas le moment. Parce que j'venais à peine de te retrouver, et juste pour une fois, j'voulais ne pas tout faire foirer à un peu trop parler. Et m'a un peu fait bloquer parce que... j'sais pas, j'm'y attendais pas." J'vais pas mentir. Les déclarations d'amour sous la couette, ça me refroidit. Surtout quand c'est aussi inattendu. J'avais d'autres choses à dire, mais j'allais d'abord attendre ta réponse pour poursuivre. Parce que j'voulais vraiment faire un effort de communication, cette fois-ci. À deux. J'étais même prêt à mettre mon irritation de te savoir en Belgique de côté.

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Alors, ouais, j'étais un peu plus douce, mais ça ne retirait pas le fond du problème. T'avais ignoré ce que j'avais eu tant de mal à te dire et je trouvais pas ça fair-play de ta part de me demander pourquoi je n'avais pas donné de nouvelle. C'était une très mauvaise blague.

« Elle va mieux oui. »

Et encore heureux, parce que je n'étais pas prête à ne plus l'avoir près de moi comme cette très longue semaine ou elle était en Belgique. Finalement, je m'ouvrais un peu plus alors que tu reprenais à a suite de mes mots.

« Oui, ce n'était pas le moment, mais tu sais comment je suis, j'agis sur le moment.. Je suis désolée. » J'voulais pas te faire de peine. « Mais même si tu ne t'y attendais pas, pourquoi tu m'as pas recontacté un jour après ou plusieurs jours après ? J'ai rien fais de mal à part être honnête, même si j'étais maladroite »

Camila va bien, tant mieux. Et même si je compatissais, je ne m’attardais pas sur le sujet, parce que c’était pas l’objet de mon appel ce soir. Appelez-moi égoïste, je m’en fous. Tu reconnais tes torts, et d’un côté, ça me fait plaisir. Pas que t’aies tort, le fait que tu fasses toi aussi des efforts. C’était bon signe, non? « J’sais pas… T’es partie le lendemain matin et ça avait l’air d’être un vrai au revoir. » C’était comme ça que je l’avais ressenti, en tout cas. Et… « Et j’me suis senti… utilisé. » avouais-je, la voix un peu plus basse. Manipulé. Et maintenant que je le disais à voix haute, ça sonnait ridicule. Et j’me rendais compte que c’était pas toi. C’était pas ton genre, de manipuler quelqu’un pour du sexe. Ou alors, je te connaissais bien moins que ce que je pensais. Mais ça m’étonnerait. « Désolé. » D’avoir pu penser une telle chose sur toi.

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Alors on parlait brièvement de Camila, mais t'avais pas l'air d'avoir envie de parler de ça et je pouvais comprendre. Le fait de me savoir en Belgique ne devait pas forcément te faire plaisir, mais j'étais là pour elle.

« J'étais énervée.. Tu voulais que je fasse quoi ? J'pensais que tu t'en fichais. » Que je soufflais avant de reprendre directement. « Utilisé pour assouvir mes besoins ? Tu sais, j'suis pas du genre à papillonné, mais si j'ai besoin, je sais ou aller, je n'allais pas venir vers toi sachant que ça allait te faire du mal.. C'est juste arrivé comme ça, parce qu'on s'est laissé emporter par nos envies. »

Et je n'avais pas l'intention de recommencer si à chaque fois, ça partait en embrouille.

« Que je m’en fichais? » Là, je ne peux pas retenir mon petit rire las. Oh Cléolya, si tu savais… « Je sais. Je suis désolé j’ai dit. » Désolé d’avoir pu penser une seule seconde que tu aurais osé jouer avec mon coeur et l’abîmer plus qu’il ne l’était déjà. Est-ce que tu regrettais? Ça, c’était une question qui me traversait l’esprit, mais que je n’oserais sûrement pas poser. Trop peur de la réponse, probablement. « Cléo, si je m’en fichais, je serais pas dans cet état. Ça ferait pas deux mois que je suis misérable à souhait sans toi. Je serais pas en train de t’appeler pour essayer de réparer ce que j’ai cassé… »

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Ta question, puis ton rire, ça voulait dire beaucoup, mais je ne posais pas de question, je soupirais juste, parce que moi ça ne me faisait pas rire. Finalement, tu t'excusais à nouveau d'avoir pu penser ça et heureusement, parce que j'étais pas comme ça, tu le savais quand même ? Tu reprenais ensuite m'expliquant le fond de ta pensée.

« Ouais... » Que je soufflais en laissant un blanc s'installer avec de répondre. « On est censé faire quoi maintenant Elliot ? »

Parce que moi, je n'en avais pas la moindre idée. J'étais toujours cette fille perdue en recherche constante de réponse.

Waouh. J'en espérais plus de ta part. J'espérais plus qu'un "ouais" suivi d'un soupire las après mon début de déclaration. Et franchement? Ça m'avait un peu refroidi à nouveau. Ça m'avait foutrement serré le coeur. Parce qu'est-ce que j'étais censé te dire moi maintenant? Qu'est-ce que je pouvais bien faire, si j'étais volontaire dans l'histoire mais pas toi? Les relations, ça demandait de faire des efforts. Oui, ça je l'avais bien compris. Mais j'avais juste l'impression d'être le seul investi dans cette histoire à présent. Et j'voulais bien faire les efforts nécessaires pour réparer les pots cassés, mais si t'étais pas réceptive au bout du fil... Alors je déglutissais difficilement, quittant mon bureau pour aller m'allonger dans mon lit. Et je gardais le silence, parce que je ne savais tout bonnement pas quoi te répondre. Qu'est-ce qu'on était censé faire? Comment je pouvais le savoir si je ne savais même pas ce que toi tu voulais faire?

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

T'étais pas du tout réceptif et je ne t'aidais surement pas, mais j'étais incapable de dire plus. Ça me touchais oui, mais je n'étais pas en mesure de connaître toute les réponses à nos questions.

« Mh ok... » Que je chuchotais simplement. « Tu veux que je te laisse Elliot ? »

Parce que je ne savais pas quoi répondre à rien et même si tes mots me touchaient, j'pouvais pas te permettre mondes et merveilles, alors que j'avais toujours les mêmes sentiments pour vous deux.