☎ Appel Elliot ► Cléolya

Jeudi 29 mars 2018, vers 20h

J'suis assis à mon bureau devant une étude de cas que j'arrive pas à résoudre. Pas que j'ai pas les capacités. Non, c'est juste que mon esprit est trop occupé. Par toi. Parce que depuis le quatorze mars, depuis notre nuit passé à deux, j'ai fait en force de toujours être occupé, pour ne jamais penser à toi. C'était principalement vain, ouais, mais suffisant pour éviter de vouloir te contacter. Mais là, devant ce foutu papier, ça ne part pas. J'ai ces questions et ces doutes qui me bouffent, et y'a que toi qui peut y mettre fin. Alors j'attrape mon foutu téléphone et j'appuie sur ton nom. J'fais sûrement une erreur. Mais une de plus, une de moins... Alors j'écoute sonner. Et une partie de moi souhaite que tu ne décroches pas. Que tu raccroches, même. Ca serait radical, au moins. Mais l'autre partie, elle a besoin de réponse parce qu'elle est pas assez forte pour continuer à survivre sous cette torture de l'ignorance et de la confusion.

@Cléolya A. Strauss

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Je n'étais pas très bien, j'me sentais vidé par le jet lag et par tout ce qu'il se passait dans ma vie. Tu ne m'avais pas donné de nouvelle depuis plusieurs jours, alors que j'avais eu le courage de t'avouer mes sentiments. Alors certes, j'avais fait preuve de maladresse, mais me faire taire et m'ignorer, ça aussi, c'était maladroit. Puis il y avait eu l'accident de Camila, les messages d'Hadès, que j'allais revoir demain avec la complicité d'Alceste et j'en avais marre d'être cette fille perdue. Allongée sur mon lit, je fixais le plafond, me recentrant sur moi et sur l'après-midi que j'avais passé avec Camila à l'hôpital. Le sommeil, j'arrivais pas à la trouver, alors quant à 2h mon téléphone retentissait, je l'attrapais pour y voir apparaître ton nom.

« Allô ? » Que je chuchotais à travers le combiné.

Un simple “allo” soufflé à travers le téléphone et je me figeais. J’avais tellement de trucs à te dire, mais là, en entendant ta voix, j’étais faible. Alors je laissais quelques longues secondes couler, avant d’oser prononcer quelques mots. “J’crois qu’il faut qu’on parle...” que je souffle à mon tour. Je sais pas si tu vas accepter d’avoir cette discussion. De parler de nous. Mais qui ne tente rien n’a rien, right?

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

À peine, je faisais entendre ma voix, que j'entendais ta respiration à travers le téléphone.. Tu me laissais là, sans réponse quelques longues seconde avant de prendre la peine d'ouvrir la bouche. Je n'avais pas envie de parler Elliot, t'avais pas compris quand j'avais pris la fuite ? Mais ouais, peut-être que c'était la bonne solution finalement, la communication.

« Je t'écoute. »

Et peut-être qu'après, je serais disposée à parler.

Tu m’écoutes. Ouais. Logique sachant que j’étais celui qui t’avait appelée, celui qui avait réclamé une conversation. Alors pourquoi, maintenant que j’avais la possibilité de te dire tout ce que j’avais espéré te dire pendant quinze jours, j’étais comme bloqué? Je ne savais pas par où commencer, en fait. J’avais des reproches à te faire. Un seul en fait. « Pourquoi tu m’as pas donné de nouvelles? » Parce que ça donnait sincèrement l’impression d’avoir été utilisé. Que tu m’avais doucement amadoué pour assouvir tes envies dans des bras qui t’accueilleraient à coup sûr. Et ouais, ça faisait mal de se dire que t’avais pu être capable de te jouer de moi, de jouer avec les sentiments que j’avais pour toi.

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Tu voulais que je fasse quoi d'autre qu'écouter, quand c'était toi qui réclamais une discussion. Alors quand tu me posais cette question, c'était à mon tour de te laisser sans réponse quelques secondes. Je soufflais, me retournant dans mes draps activant le haut-parleur et posais le téléphone juste à côté de ma bouche.

« J'ai dit que j'étais prête à t'écouter, pas à parler... » Que je chuchotais avant de reprendre. « Mais... C'était pas à moi de revenir vers toi Elliot, pas après la nuit qu'on a passé alors que cette même nuit, je t'ai avoué mes sentiments que t'as préféré ignorer. »

Ouais ben j'voulais bien continuer à parler pour que t'écoutes, mais une conversation, ça se construisait à deux, sinon ça s'appelait un monologue. Mais quand tu prends la parole, ma gorge se serre, mon estomac se noue. Est-ce que je savais que c'était ce que tu voulais dire, cette nuit là? Presque. "J'étais pas sûr que ça voulait dire ça." avouais-je donc en soupirant quelque peu. "T'étais pas explicite, Cléo. Alors quoi? J'étais censé deviner?" Dois-je te rappeler que t'étais ma première relation? Que j'savais pas comment ça marchait, tout ça? Ces conneries de sentiments?

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Je n'avais pas de patience en réalité, parce qu'il y avait la fatigue et que j'étais toujours énervée contre toi, contre ton comportement et qu'à l'heure actuelle mes pensées étaient toutes tournées vers Camila.

« Bah j'en sais rien, j'aurais mieux fais de la fermer et voilà. »

Ça m'aurait évité des peines et cette situation plus que gênante. De toute façon, on était séparé depuis un moment maintenant, on avait plus aucun compte à se rendre.

T'es sèche. Et j'ai pas envie de m'énerver, mais tu m'irrites. J'sais pas, j'fais preuve de bonne foi, je ravale ma fierté pour venir te parler alors que j'pense que tu m'as juste vulgairement utilisé, et t'as vu comment tu me parles? "C'est quoi ton problème, Cléolya?" Sérieusement? Parce que faut que tu m'expliques là. T'aimes Hadès, tu m'aimes pas, tu sais plus, tu m'aimes puis tu m'aimes plus? Et moi dans l'histoire? J'ai jamais mon mot à dire? Parce que t'façon, j'ai l'impression que tout ce que je dis, ça passe à la trappe. Alors autant que j'me taise, moi aussi.

Vendredi 30 Mars - Belgique - 2h du matin

Peut-être que ce n'était pas le meilleur moment pour moi de te répondre, j'aurai peut-être dû te rappeler le lendemain après une bonne nuit de sommeil histoire de ne pas être trop désagréable, mais voilà, c'était trop tard et tu te braquais à ma réponse.

« Il est deux heures du matin Elliot, j'suis fatiguée et j'ai eu une journée éprouvante, alors tu m'excuseras, mais j'suis pas forcément en état de comprendre ce que tu cherches. »

Tu pouvais aussi être clair et m'dire franchement les choses, ça irait plus vite.