y a un temps pour tout. Même pour le shopping. (reaghan)

Durant mon enfance, j'avais frolé à plusieurs reprises le sueil de maigreur mais je m'étais toujours repris en main. Disons qu'en fait, j'avais des périodes où manger un trognon de pain me suffisait. Puis, le reste du temps je mangeais comme mes frères.. ou plus. J'ai un métabolisme plutôt étonnant, j'approuve et si ça se trouve Reaghan était dans la même situation ? J'veux dire, je la connaissais depuis quelques mois à ce jour et jamais elle ne m'avait paru.. dépressive ? Elle a l'air d'apprécier la vie. Quand elle ets avec moi.. d'habitude, elle mange. Sauf aujourd'hui. Mais apparemment, ça devait être une journée bizarre pour elle car auparavant, je ne l'avais jamais vu pleurer comme ça.. pleurer tout court même.. « C'est rien... Excuse-moi. C'est surement les fêtes qui me rendent sensible... » Elle me regarda ensuite avec un petit sourire. Elle aurait pas dû. Avec ce geste là, elle venait clairement de me sous-entendre "ayé, ayé, tu me crois ? j'vais pas être obligée de tout déballer, t'es assez crédule ?" Elle me cachait quelque chose, j'en étais persuadée. « Ma famille me manque, encore plus pendant cette période. » .. ouai et ? J'veux dire elle pleurait pour ça pas de problème. Mais elle pleure pas pour cette raison après que j'lui fasse une remarque sur l'anorexie. C'est pas logique, on est d'accord là ? Je fronça les sourcils et me mis sur la chaise de telle sorte à être en face d'elle. Les yeux dans les yeux du moins. J'voulais voir les émotions passer dans son regard. Jamais ces lueurs ne mentaient. Et sinon, la vraie raison c'est quoi ? Ou du moins l'autre raison que tu me caches ? J'inspira un bon coup avant de reprendre la parole. C'est par rapport à ton corps que t'es sensible ?

J’espérais que mes paroles allaient convaincre Briony. Parce que je n'avais pas envie d'entrer dans les détails. J'étais consciente que mes états d'âme ne pouvaient pas passer inaperçu. J'avais essayé de ne pas prendre personnellement ce que la Mather venait de dire. Mais j'étais fatiguée. Je n'avais quasiment pas mangé depuis ces douze dernières heures alors j'étais à fleur de peau. Et puis je devais avouer que même sans ça, j'étais assez émotive ces derniers temps. Les fêtes de fin d'année me rappeler à quel point ma famille me manquait et à quel point mes tentatives de connaître Andy étaient de véritables échecs. Tout cela me rendait triste intérieurement. Et parfois, cela s'extérioriser sans que je ne puisse faire grand chose. Je reportais mon regard sur Bri'. Comme je m'en doutais, elle ne croyait pas une seule seconde à ce que je venais de dire, même si tout n'était pas totalement faux. C'était loin d'être la vérité et elle le savait. Je soupirais doucement alors qu'elle s'installait bien en face de moi. Mon corps? Entre autre...Je savais que Briony avait du remarqué ma perte de poids. Elle m'avait connu à mon entrée à Harvard. Et depuis j'avais du perdre une dizaine de kilos... Je n'avais pas envie d'aborder le sujet mais je me doutais que la Mather n'allait pas lâcher le morceau. Je la connaissais. Elle était aussi têtue que moi, c'était pour dire. J'avais perdu du poids, c'était une évidence et j'allais encore en perdre, et ça, c'était une certitude. Je ne pourrais pas cacher très longtemps mon état. Déjà au sein des Quincy, certaines se posaient des questions. Alors je finis par dire, tout en la regardant. « Je suis malade... j'ai une leucémie. » Je ne voulais pas de sa pitié, ni de sa compassion. Je détesterai aussi qu'elle me regarde avec des yeux qui voulaient dire « Oh mon dieu, je suis désolée... » Non je n'avais pas envie de ça. « Mais n'en parle à personne s'il te plait... Je n'ai pas envie que les gens changent avec moi... »

Bien sûr j'avais remarqué que Reaghan avait perdu du poids depuis la première fois que je l'avais rencontré. Y a que des aveugles qui n'auraient pas pu le voir ou alors des personnes ne voulane tpas voir la vérité en face. Je l'avais vu, je l'avais constaté. Mais je n'avais pas fait de remarques. Tout le monde pouvait avoir des périodes de déprime et perdre ainsi du poids.. bon, j'vous l'accorde j'aurai dû essayer d'en savoir un peu plus et aider Reaghan du mieux que j'pouvais.. mai sje ne la connaissais pas encore assez, j'avais eu un espèce de blocage. Mais aujourd'hui, tout était révolu. « Je suis malade... j'ai une leucémie. » Je ferma les yeux quelques instants. Jude. Forcément je pensais à lui en premier quand on me parlait de leucémie. Putain. Tout sauf cette merde sérieux. Pourquoi ce sont toujours les personnes les plus génereuses, les plus géniales qui sont malades, qui sont souffrent hein ? C'est injuste. Qu'il aille crever en enfers le mec qui s'amuse à changer les destinées de tout le monde pour son bon plaisir. J'ouvris de nouveau les yeux et planta mon regard dans celui bleuté de Reaghan. Je devais pas lui montrer une quelconque pitié. Cela énerverait plus qu'autre chose. Ni de la compassion. Mais pas non plus de l'indifférence. Fallait doser, fallait rester pareil qu'avant. Je le savais. « Mais n'en parle à personne s'il te plait... Je n'ai pas envie que les gens changent avec moi... » Cela pouvait se comprendre. C'est clair que les gens allaient rapidement changer avec elle si ils étaient au courant de ce qu'elle traversait. Y a pas moyen de faire des greffes, des transfusions ? Devait bien y avoir des gens compatibles avec elle sérieux, faut la guérir. T'en.. t'en es à quel stade.. ? J'appréhendais vraiment sa réponse là.

En dehors de Charlie, personne n'était au courant pour ma leucémie. J'avais caché mon état de santé à tout le monde. Non seulement parce que je n'avais pas envie d'avoir affaire à tous ces regards remplis de pitiés posés sur moi, mais aussi parce que je n'aimais pas parler de ma vie tout simplement. Et il avait fallu ce coup de moue de ma part pour que je sois quasi obligée d'en parler à Briony. Quand j'étais avec elle, je pensais à des tas de choses, sauf à la maladie. Et je n'avais pas envie de gâcher tout ça. Je n'avais pas envie de faire de la peine à la Mather. Alors j'aurais voulu tout garder pour moi mais la demoiselle avait envie d'avoir des réponses. Je m'étais donc exécutée. J'espérais intérieurement qu'elle allait comprendre que je ne voulais pas d'effusion, de quelque façon que ce soit. Pas que cela pourrait me gêner mais parce que je faisais tout pour rester forte. Je n'avais pas envie de craquer. Non, je n'avais pas le droit. Quand elle me regarda à nouveau, je compris qu'elle était chamboulée par mon annonce. Normal en même temps, toutefois elle repris la parole et je la remerciais intérieurement. A sa question, je gardais mes yeux sur elle. « J'ai déjà tout essayé... Plus rien ne fonctionne. » Et c'était bien pour cette raison que mon état de santé se détériorait de cette façon. Avant je pouvais encore prendre des traitements mais là, ni les rayons, ni la chimio ne faisaient effet. La première fois que la maladie était apparu, il y a sept ans, j'avais pu avoir droit à un traitement dit « basique » mais à présent, ces derniers ne faisaient plus effet. Mon corps ne réagissait plus. Je restais un instant silencieuse avant de reprendre. « Quant à la greffe... » C'était une très longue histoire. C'était étrange parce qu'Andy pourrait peut-être, être compatible avec moi mais je refusais à présent de lui parler des tests. Je savais maintenant qu'on ne sera jamais frère et sœur. Nous étions bien trop différents. Il ne voulait pas me connaître et je n'avais pas envie qu'il fasse ce geste pour moi, parce que même s'il acceptait, cela ne représenterait rien pour lui. Et pour moi, la symbolique du geste était bien plus importante que le geste en lui même. C'était peut-être égoïste de ma part, incompréhensible ou peut-être était-je trop fière mais je voulais avoir le choix. Et mon choix était d'accepter ce qui m'arrivait. Je sortais de mes pensées pour répondre à la question de Briony. « Personne n'est compatible dans ma famille. » Et c'était vrai, MA famille n'était pas compatible. Grand-mère, maman, Carl, personne n'était compatible. Quant à papa, je ne savais même pas où il se trouvait... A sa nouvelle question, je relevais mes yeux sur elle. Décidément, la Mather voulait tout savoir. Mais je pouvais comprendre qu'elle se pose des questions. « Mon médecin m'a dit qu'il me restait un an...enfin ça c'était il y a cinq mois. Donc logiquement...ce serait plus mesurable en terme de mois ou de semaine... » Bon voilà, j'avais bien plombé l'ambiance. Je soupirais doucement. « Désolée... je ne voulais pas t'ennuyer avec tout ça... »

Tout ce que Jude m'avait raconté à propos de sa vie, de son enfance, de sa rechute en début de l'année dernière.. tout me revenait en tête c'était juste terrible. Je commençais à avoir peur. Si jamais Reaghan n'avait été qu'une personne que je cotoyais comme ça, une fois de temps en temps, limite, j'en aurai eu rien à foutre, vous voyez ? Sachant que j'aurai déliré une ou deux fois, sa perte ne m'aurait pas effecté bien longtemps. Par contre, que je la connaisse autant désormais, que j'ai partagé des choses.. ça faussé tout. Fallait pas qu'elle m'abandonne. Pas comme Ethan l'avait fait y a quelques mois, elle avait pas le droit de rentrer dans ma vie pour en repartir aussitôt. « J'ai déjà tout essayé... Plus rien ne fonctionne. » Mon sang se glaca dans mes veines. C'est le genre de phrases qui arrivent à vous faire rendre compte à quel point la vie peut être tout simplement injuste envers les personnes bonnes. « Quant à la greffe... » J'haussa un sourcil en attendant la réponse qui se fit légérement attendre, comme si elle doutait de ce qu'elle allait.. dire ? « Personne n'est compatible dans ma famille. » Néanmoins, je ne releva pas, préférant lui poser une autre question, celle qui allait sûrement hanter mes cauchemars ces prochains temps désormais : combien de temps lui restait-il ? Faites que ça se compte en années, faites que ça se compte en années.. « Mon médecin m'a dit qu'il me restait un an...enfin ça c'était il y a cinq mois. Donc logiquement...ce serait plus mesurable en terme de mois ou de semaine... » Six ou sept mois alors ? Jusqu'en juillet.. bon sang mais.. c'est court.. putain. J'avais envie de hurler ma colère, ma haine contre cette pute qu'était la vie. Je baissa le regard quelques instants, le temps de me contrôler et de ne pas exploser face à la quincy. « Désolée... je ne voulais pas t'ennuyer avec tout ça... » Ayé, elle allait s'en vouloir maintenant de m'avoir dit la vérité. Tu m'ennuies pas avec ça, Reagh. J'suis contente d'être au courant et.. si ça t'inquiétait, j'vais pas changer d'attitude.. Je soupira et pris une nouvelle gorgée de mon chocolat chaud pour me changer les idées. Avant qu'on arrête de parler de ça, parce que je sens que tu le désires.. est-ce que tu es sûre que personne n'est compatible avec toi ? Quel genre de personnes lui fallait-il ? J'étais plus que prête à me porter volontaire si c'était pour l'aider..

C'était ce que je craignais quand je lui ai parlé de ma leucémie. Je n'avais pas envie qu'elle change... peut-être même qu'elle n'allait m'éviter après cette virée shopping. Mais c'était un risque que j'avais pris. Voilà pourquoi, la plupart du temps je ne parlais pas de moi, pas de cette saleté qui s'accrochait malgré tout les efforts des médecins. Je ne m’apitoyais pas sur mon sort et je refusais que les autres le fassent pour moi. J'avais eu le temps d'accepter ce qui se passait. Depuis que j'étais gamine, je faisais des allées retours entre ma maison et l'hôpital. J'avais appris très tôt que la vie était courte. C'était pour cette raison que j'en profitais mille fois plus. Je ne voulais pas passer mon temps avec des regrets, à me dire que dans un an je ne serais plus là. Non, je me disais juste qu'il me restait ENCORE quelques mois ou quelques semaines. D'ordinaire je gardais tout cela pour moi... mais là, je m'étais confiée à Briony qui avait posé des questions. Et bizarrement, cela me faisait du bien de lui parler. Et j'étais rassurée aussi qu'elle ne parte pas en courant. En général, les gens préfèrent baisser les yeux ou regarder ailleurs. Aux paroles de la vice-présidente, je répondis: « Merci... ça me rassure. » Je la regardais boire une gorgée de chocolat. Contrairement à elle, je ne pourrais rien avaler. J'avais encore l'estomac noué. Et c'était ainsi depuis le matin. Je me contentais de boire un peu de mon café. Puis à la question suivant de Briony, je reportais mon regard sur elle. Elle avait du se rendre compte de mon hésitation au sujet de la greffe. « Oui je suis certaine.» Je ne voulais pas lui parler d'Andy. La connaissant, elle allait vouloir lui parler et je ne le voulais pas. Il ne voulait pas de moi dans sa vie et je voulais que ça continue ainsi. De toute façon, je m'étais trop longtemps accrochée à une famille que je n'avais plus. Il était temps que je me décide à accepter ce fait. Je prenais une nouvelle gorgée de café puis j'ajoutais. « Je suis inscrite sur une liste d'attente. Mais au stade où j'en suis... je ne sais même pas si une greffe pourrait changer les choses. » Et c'était vrai. Je m'épuisais facilement et le professeur Gardner m'avait dit qu'il ne pourrait faire la greffe qu'à certaines conditions.

La première chose qu'on a peur quand on dit quelque chose d'aussi important comme la leucémie dans le cas de Reaghan, c'est le jugement des autres, leurs attitudes changeantes. C'est d'ailleurs pour cela que je parlais que peu de mon passé sur Chicago avec les gangs. J'ai peur que les gens me foutent dans une catégorie, par exemple celles des personnes violentes ou un truc comme ça.. pour ça aussi que j'évoque peu mon viol à dix sept ans. Car cette fois, on pourrait avoir pitié de moi et ça, je détestais encore plus vous imaginez même pas. « Merci... ça me rassure. » Je baissa la tête de façon à lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à me remercier, c'était naturel de faire ça. Alors que je buvais un peu de mon chocolat chaud pour essayer de penser à autre chose que cette maladie, Reaghan fit de même avec son café, même si l'envie était bien moins présente. « Oui je suis certaine.» Je souffla doucement tentant de me calmer. La vie était quand même une vraie pute. Elle enlève la possibilité aux gens vraiment biens de vivre longtemps et en plus, parce que ce n'est pas assez sadique pour elle, elle fait en sorte que personne ne puisse les sauver.. j'avais juste envie de m'énerver là, de balancer la tête par terre, de crier mon impuissance mais je n'en fis rien. Je devais rester calme.. « Je suis inscrite sur une liste d'attente. Mais au stade où j'en suis... je ne sais même pas si une greffe pourrait changer les choses. » Je déglutis encore une fois avec difficulté en entendant ces mots. Bien sûr que ça pourra arranger les choses, ça pourra te faire.. sentir mieux ! Cinq mois qu'il lui restait.. c'était quoi cinq mois sérieux.. rien. Bon, ma belle, est-ce que tu as des choses que t'aimerais faire le plus au monde ? Genre.. une espèce de listes de voeux à réaliser ? Pas question de s'apitoyer sur le sort de Reaghan, je devais faire en sorte qu'elle ait le sourire, qu'elle réalise ses rêves, qu'elle soit heureuse.

J'étais passée par un tas d'émotion depuis qu'on m'avait diagnostiqué ma leucémie. C'était il y a déjà quelques années maintenant. J'avais donc eu le temps de m'habituer. Mais je comprenais que cela pouvait être différent pour les autres. Je n'en voulais à personne. J'avais tendance à croire que toute chose arrivait pour une bonne raison. Cette leucémie, j'en étais persuadée, m'avait permis de découvrir que j'avais un autre frère. Qu'il était vivant et en bonne santé. Et c'était déjà un immense cadeau. Alors je ne devais pas me montrer ingrate. La vie n'était pas parfaite mais elle valait toujours la peine d'être vécue. Alors je ne ressentais aucune colère, envers quiconque. J'aurais pu perdre la foi également. Mais ce n'était pas le cas. Et je ne pensais pas que la mort était une fin, juste une nouvelle étape. J'étais sereine par rapport à tout ça. Ce qui m'inquiétait le plus, était de savoir que je n'avais pas réussi à réunir ma famille. Ma mère continuait à se torturait pour ce qui s'était passé vingt et un an plus tôt et Andy... J'étais une simple étrangère pour lui, rien de plus. Je m'en voulais de causer de la peine à maman. Depuis que j'étais gamine, je ne pouvais pas dire que je l'avais épargné. Elle gardait le sourire devant moi mais je savais qu'elle en souffrait. C'était tout ça qui me torturait, bien plus que les propres symptômes de mon cancer. Aux paroles de Briony, je relevais mes yeux sur elle. Cette greffe pourrait me sauver, c'était évident. Mais fallait-il encore qu'elle réussisse. Mais je voulais y croire moi aussi. Je lui fis un sourire réconfortant. « Oui, tu as raison. » Je reprenais une gorgée de mon café. Finalement, il passait plutôt bien. Puis à la proposition de la Mather, je repensais immédiatement à Casey. Je ne pouvais m'empêcher de sourire à nouveau. « Non je n'ai pas fais de liste. Quant aux choses que j'aimerai faire... je n'y ai pas vraiment réfléchi. » Je n'avais pas envie de partir dans une quête de choses, que je ne pourrais peut-être pas finir. Il y avait des choses dont j'avais envie, mais même mourante, je ne m'en trouverai pas le courage de les réaliser. Je piochais un nouveau morceau de gâteau avant de le mettre en bouche. « Tu dois te dire mais pourquoi est-ce qu'elle va encore en cours au lieu de parcourir le pays non? C'est ce que tu ferais? »

« Oui, tu as raison. » J'avais la terrible impression que Reaghan ne croyait pas vraiment en cette greffe et ça me démoralisa encore plus, même si je ne le montra pas. Si elle avait accepté la mort, la défaite contre la vie alors tout était foutu. C'était en général les malades eux même qui savaient quand il fallait arrêter d'espérer pour rien, de se voiler la face sur la seule issue possible à ce cauchemar. J'vous avoue que le chocolat chaud passa un peu mal. J'voulais pas putain. J'voulais pas qu'elle n'ait plus que cinq mois à vivre, devait y avoir une solution, y a toujours des solutions. Enfin, je l'espère.. « Non je n'ai pas fais de liste. Quant aux choses que j'aimerai faire... je n'y ai pas vraiment réfléchi. » dit-elle avant de reprendre un bout de son cadeau de Noël.. « Tu dois te dire mais pourquoi est-ce qu'elle va encore en cours au lieu de parcourir le pays non? C'est ce que tu ferais? » Je ris légérement en attendant la fin. C'était un rire nerveux, ça c'était clair et net mais il fallait que je décompresse sinon j'allais me mettre à pleurer ou bien à faire une crise de nerfs donc bon.. autant éviter; J'espérais vraiment qu'elle ne le prendrait pas mal.. de toute façon, il suffisait de regarder mon regard pour comprendre que tout n'était que facade et qu'au fond de moi, j'étais absolument pas joyeuse. J't'avoue qu'en effet, je le comprends pas. M'enfin, c'est ton choix ! Si tu veux profiter à fond de tes profs si merveilleux, vas-y haha ! Est-ce que moi je ferai le tour du monde ? J'en sais rien du tout, je m'étais jamais posée la question à vrai dire et maintenant que j'y pensais.. ouaip, y a quand même de très fortes chances.. Ce qui est certain c'est que je profiterai de mes proches.. Notamment d'Hendrix par exemple.. Et j'ferai tout pour voir tout ce qui m'a toujours fait rêver ! Comme hum.. l'Australie avec les barrières de corail ou bien la Muraille de Chine ! T'as pas envie de voir ça toi ?

J'avais pris l'habitude de ne pas me faire de faux espoirs. Ce n'était pas la première fois que j'étais exposée à la maladie. J'avais appris à vivre avec. Seuls les personnes qui avaient connu ce genre de moment, pouvaient me comprendre. Au rire léger de Briony, je levais mes yeux sur elle. Son sourire était communicatif même si je savais qu'il y avait une grande part de nervosité. A ses mots, je haussais un peu les épaules avant de répondre. « Non ce n'est pas ça. Je dois rester ici, près de l'hôpital au cas où on me trouve un donneur. » Je ne restais pas à Harvard pour les prof, bien que certains étaient adorables avec toutes les absences que j'avais posé. Et puis, je m'étais fais ma petite place ici. Où irais-je si je n'étais pas à Cambridge? A la nouvelle question de Briony, j'essayais de m'imaginer ailleurs, devant d'autres paysages. Des paysages qui me couperaient le souffle. Je pris ensuite ma tasse de café et j'en pris une nouvelle gorgée. « Si...je crois. Mais il faut avoir l'argent pour faire tous ces voyages. » Je ne m'étais jamais plainte de ne pas avoir d'argent mais je devais avouer que parfois, c'était utile. « Je suis ici grâce à une bourse universitaire. Sinon je n'aurais même pas pu me payer le billet d'avion. » Je lui fis une petite moue. Oui parfois, être riche, cela avait de bons côtés. Je n'avais jamais voyagé très loin, à part dans le cadre de voyages scolaires. « Ici, c'est déjà l'aventure pour moi. » Je lui souriais. « Mais j'avoue que la barrière de Corail, ça doit être magnifique ou les chutes du Niagara, la réserve africaine du Serengeti. J'aimerai bien aussi assister à l'une des floraisons du désert du Namaqualand... » Je repensais à ce reportage que j'avais vu quand j'étais gamine, de ce désert aride d'Afrique du Sud, qui se recouvrait de milliers de fleurs une fois par an. C'était un spectacle fabuleux. « Ça doit être superbe... »