(fb) it was so perfect

Il ne fallait jamais interrompre Avalon en plein jogging. Pas alors qu'elle était dans une concentration parfaite, vêtue d'un petit t-shirt blanc et d'un mini short de course. Elle jouait avec les rythmes, cherchant à repousser sans arrêt ses limites. Ce fut par le plus grand des hasards que son regard fut happé par un jeune homme qu'une damoiselle particulièrement insistante importunait. Vu la tenue qu'elle avait, c'était trop beau pour que l'espagnole ne résiste pas à venir l'emmerder. Elle dévia donc un instant de son jogging pour se rapprocher des deux jeunes personnes, venant au secours de cet inconnu sans même savoir pourquoi. Elle plaça sa main contre son épaule en lui faisant un discret clin d’œil, histoire qu'il rentre dans son jeu. Toi connasse, tu vas juste tailler la route avant que mon pied rentre dans ta tronche par accident si tu m'suis... ça va mamour ?

Dans un petit paquet d’années, Lloyd sera clairement incapable de vous dire quel était le sujet de la conversation qu’il avait à cet instant précis dans ce parc. Ce qu’il n’aura en revanche pas oublié c’était Avalon qui venait interrompre ce moment sans même qu’il n’ait su la voir arriver. Lolo ! Il paraît que c’est ainsi qu’elle se faisait surnommer, et bizarrement c’était également le surnom que Lloyd se voyait attribué par sa famille. Tu ne t’attendais clairement pas à ce que la demoiselle prenne congés, à croire qu’elle finissait intimidée. Mamour vraiment… ? tu viens de m’appeler mamour. Lloyd savait qu’elle craquait pour lui. Il le voyait comme le nez au milieu de la figure, d’ailleurs. Le problème ? Oui parce qu’il y avait souvent un problème, n’est-ce pas ? Elle ne le laissait pas indifférent. Il la regardait, puis déposa son regard à sa main sur son épaule. Il avait bien sûr aperçu son clin d’œil, compris sa mise en scène, mais c'était à croire qu'il se plairait plus à la charrier, quand au fond il flirtait avec.

Avalon pouvait réellement faire peur quand elle le voulait. A cette époque déjà, du haut de ses seize ans, elle aboyait suffisamment fort pour faire trembler n'importe quelle nénette marchant sur ses plates bandes. Enfin plate bande... elle essayait de faire croire que Lloyd lui était parfaitement indifférent. Mais dans le fond, ce n'était pas le cas. On lui serinait à longueur de temps qu'il n'était pas fait pour elle, qu'ils ne fréquentaient pas le même monde et donc qu'ils ne pourraient jamais être heureux... pas évident de ne pas finir sauvage dans ces conditions, n'est-ce pas ? D'ailleurs, la blonde ôta aussitôt sa main alors que le jeune homme posait ses yeux dessus. Ouais enfin... t'sais, aider son prochain, jouer la comédie... bah si, t'sais forcément c'que ça veut dire, tu l'fais à longueur de journée ! Mais vas-y, j'vais être grande reine et te filer cinq minutes pour te foutre de ma tronche avec mon mamour. Montre en main, of course...

Alors qu’elle retirait sa main de son épaule, Lloyd prenait peut-être gentiment conscience qu’elle n’assumait pas pleinement son initiative, son petit coup osé. Mais qu’on se le dise cela ne changeait rien à ce que Lloyd pensait. Dans le genre sûr de lui, il n’était pas mal mais il s’appuie beaucoup sur ce qu’on lui livre. Et Avalon n’était pas toujours subtile. C’est vrai que je ne suis pas mal doué quand il s’agit d’aider mais j’aime pas spécialement m’en vanter. Non la comédie il ne semblait pas voir ce que c’était. Oui, aucune chance qu’il accepte ses accusations. Il la jouait innocent, et réfuter ses calomnies, encore une fois, il flirtait avec cette jeune demoiselle, même en se doutant qu’elle en pinçait pour lui. Mais il n’arrivait pas à faire autrement, que voulez-vous ? A croire qu’elle ne le laissait pas indifférent. A vrai dire… j’osais espéré que vous assumeriez et que vous adopteriez définitivement ce surnom votre majesté. Ce serait un bel honneur. Finalement, la comédie, ça le connaissait.

Avalon avait commencé à regarder sa montre, preuve que le compte à rebours était lancé. La seule chose qui l'en fit lever son intense regard d'ébène fut la remarque de Lloyd, cachant aisément la vérité. Elle en éclata de rire en secouant négativement la tête de droite à gauche, sans rien répondre dans un premier temps, pensant que le couperet viendrait ensuite. Mais il utilisa son mamour à d'autres fins. Une fin à laquelle elle ne s'attendait en aucune façon. Délaissant sa montre, elle se mit à le regarder, un mélange de colère et d'amusement savamment dosé dans le fond des yeux. Toi qui a le monde à tes pieds, tu veux que moi je t'appelle mamour ? Pour que tu te foutes de ma trogne et me balance comme une vieille godasse après utilisation, non merci !

Etait-il seulement le genre de mecs imbu de sa personne ? Pas vraiment. En attendant,on lui avait souvent appris que la confiance en soi était primordiale, et Lloyd avait confiance en lui, il était peut-être même trop exigeant avec lui-même. Mais il était joueur, séducteur, et ne s'excusait que très peu. Oui et alors ?! personne ne m'a jamais appelé mamour.. Avait-il énoncé comme si c'était l'argument ultime, le tout avec ce petit sourire en coin autant craquant qu'agaçant. Du Lloyd tout craché, et bien qu'il ne le reconnaîtra pas, le fait que la blondie s'intéresse à lui, même inconsciemment le poussait à en jouer. Je suis bien trop gentleman pour ça. Prétentieux, quoiqu'il fallait bien qui se défende quand elle lui attribuait la réputation d'un connard de service.  

T'es sérieux ou tu te fous de ma gueule ? Non parce que j'arrive pas à trancher... Avalon en avait tellement entendu qu'elle avait hautement préféré jouer la carte de la prudence jusque là. Mais joyeuse et tête brûlée, elle devait l'être plus qu'eux deux réunis. Au pire, le précieux monde du jeune homme la rabaisszrait, elle s'en brûlerait les ailes et perdrait confiance, une fois encore. Qui sait, le jeu en valait peut-être la chandelle ? Trop gentleman pour ça, mamour ? Ben... prouve ! On verra si t'es aussi con comme un balai ou si j'me gourationne sur toute la ligne...

Non, il ne se foutait pas de sa gueule. Il la charriait un peu mais il se prêtait tellement au jeu qu'il en devenait sérieux. Il ne disait rien d'aberrant dans le fond. On ne l'avait jamais appelé mamour, c'était tout ce qu'il y a de plus vrai. Quant à son côté sûr de lui, on aimait ou aimait pas, qu'importe. Tu ne serais pas venue faire de l'ombre à ma charmante compagnie, si tu pensais vraiment que j'étais un connard. Oui, il était bien dans ses godasses, on aurait tort de lui reprocher. Il semblait décider à lui prouver qu'il lui avait déjà gentiment tapé dans l'oeil. Qu'importe qu'elle ait un petit faible ou une simple sympathie. Monsieur, lui avait souvent du mal à se la jouer platonique. Je me trompe ? Aaah ce sourire qui pourrait lui valoir une demi-tonnes d'ennemis, simplement qu'il en devenait agaçant.

Avalon ne savait pas bien si c'était du jeu, de la curiosité, du danger... mais elle plongeait tête la première dedans. Pas question de ressentir le plus petit regret face à ce sourire qu'elle avait envie de lui arracher, juste parce qu'il était trop sûr de lui. Que savait-il, au fond ? Rien. En tout cas sur elle, rien du tout. Charmante mouais... si on part du principe qu'une porte de chiottes est charmante, elle était vachement charmante celle-là ! s'exclama-t-elle en levant les yeux au ciel. Alors c'est ça qui te fais vibrer, les meufs maquillées à la truelle, trop vulgaires pour être honnêtes ? Tu parles d'un gentleman en mousse ! secoua-t-elle la tête de droite à gauche, sans le lâcher du regard. S'il voulait avoir le dernier mot, il savait maintenant qu'elle aurait toujours le point final. J't'ai juste donné un coup de main et non je pense pas que tu sois un connard. Mais on s'en tape de c'que j'pense. Ça prouve pas que tu sois un gentleman ou pas...

C'était autant hilarant pour Lloyd que surprenant. Après tout, il ne savait pas ce qui avait motivé la demoiselle et partant de ce principe, il avait du mal à ne pas le souligner. Faire comme si elle avait eu un comportement parfaitement normal, c'était la caresser dans le sens du poil. Il était peut-être gentleman, mais il n 'était pas non plus gentil à outrance. Il rit à sa réplique, alors qu'elle comparant la demoiselle virée à une porte de chiottes et du tac-o-tac il finissait par répondre. C'était ma cousine.. Menteur ou plutôt bluffeur ! Sacré bluffeur. .. et t'es un peu trop dure avec. Allez blondie, excuse toi. Oui Lloyd voyait bien qu'elle n'avait pas froid aux yeux et qu'elle avait toujours quelque chose à dire. C'était autant perturbant que plaisant. Plaisant ? Oui. Mais au fond tu espères que j'en sois un.. Les agacé pour les faire l'aimer davantage. Tout était dans son capital sympathie, et son côté bien dans ses baskets.