Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility« Sensei & Kohaï » - Page 4
Le Deal du moment :
LEGO Icons 10331 – Le martin-pêcheur
Voir le deal
35 €


« Sensei & Kohaï »

Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité


Presque un mois sans nouvelles. Exception faite de ses textos à répétition qui m'annonçaient qu'elle ne viendrait pas ce soir, qu'elle était prise, ou qu'elle avait des choses à régler ailleurs. J'aurai pu la suivre, la surveiller, apprendre tout ce que je mourrais d'envie de savoir en moins de deux, mais non, j'étais resté sage cette fois-ci. Plus par conscience et par orgueil que par envie véritable de ne pas me mêler de sa vie privée. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis mon retour sur le sol américain, et je n'avais rien perdu de mes anciens réflexes. Mes mauvaises habitudes s'accentuaient. J'avais beau les repousser, jour après jour, je les sentais me nouer l'estomac à chaque fois que nos regards se croisaient. Les battements affolés de mon coeur le jour où mon corps était resté suspendu au dessus du sien. Une douche glacée avait remis de l'ordre dans mes idées une fois rentré à mon appartement, mais je n'avais cessé d'y songer depuis. Au risque encouru. En valait-il la peine ? Le problème étant que cette impression de déjà vu m'exaspérait. Le jeune moi s'était plus ou moins comporté de la même manière avec Catherine. Loin d'apprécier qu'une femme me coure après, j'avais en revanche attendu longtemps qu'elle me fasse signe avant de me lancer. Et elle de me traiter d'idiot pendant toutes ces années où j'avais été aveugle à ses tentatives et sourd à ses lamentations. Le même handicap me paralysait-il face à Lily ? Non. Visiblement non, puisque la jeune femme n'avait même pas pris la peine de m'indiquer où elle se trouvait toutes ces fois où nous avions entraînement. Oui, cela ne me regardait pas. Certes. Mais j'avais besoin de le savoir, parce que lorsque l'on tient à quelqu'un, on veut tout savoir sur cette personne, ce qu'elle fait de ses journées, avec qui, ses humeurs, si on lui manque... Et dieu seul sait combien la présence de Lily m'avait manqué ces trois dernières semaines. Plus que je ne pourrais jamais l'admettre. Peut-être n'aurais-je même pas à le faire. Peut-être le remarquerait-elle. Car si mon style vestimentaire ne différa pas du quotidien, mon humeur elle donnait l'impression d'un loup blessé. Or, il n'y a rien de plus dangereux qu'un animal blessé. Celui-ci, conscient de sa faiblesse, passagère ou non, est alors prêt à tout pour défendre son territoire et sa survie, allant jusqu'à combattre jusqu'à la mort pour y parvenir.

Assis sur l'un des bancs présents dans l'entrepôt revisité en salle de sport, je patientais, une jambe repliée sur l'autre, les bras croisés contre mon torse, qu'une certaine demoiselle daigne enfin pointer le bout de son nez. Les traits tirés ne laissaient aucun doute sur la nuit blanche que j'avais passée. Mes lèvres, scindées entre elles par une fine ligne témoignaient par ailleurs de l'humeur massacrante que je parvenais non sans mal à maîtriser. Aussi, lorsqu'enfin Lily débarqua après bien dix minutes de retard, je ne pus contenir plus longtemps ma colère. Le temps qu'elle revienne changée, je m'étais déjà levé d'un bond sur mon siège, et la fixais longuement, sourcils froncés et poings serrés dans le dos, tel le professeur s'apprêtant à gronder le manque de discipline de son élève. « Un grand homme a dit un jour que « La rigueur vient toujours à bout de l'obstacle. ». » Ca y est, j'avais donné le ton. Voix grave, visage fermé, regard noir, immobile, je la fixais avec intensité. « Considères-tu que tu as fait preuve de beaucoup de rigueur ces temps-ci, Lily-Rose Hopkins ? » Le fait de prononcer son prénom et nom complet ne permettait plus de douter de mes intentions, ni de mon humeur. « Près d'un mois à m'envoyer des textos sans autre motif que « je ne peux pas ce soir ». Dois-je te rappeler, jeune fille, que c'est toi qui as insisté pour que je t'entraîne ? » grondais-je dans un sifflement réprobateur. « Et pourtant, tu ne sembles pas beaucoup t'en soucier en fin de compte. » l'attaquais-je à nouveau dans un rire sarcastique.

FICHE ET CODES PAR ILMARË


@Lily-Rose S. Hopkins
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité

« Sensei & Kohaï »
lawrie & lily




Depuis le retour du chalet, tout était allé beaucoup trop vite. Trois semaines … Presque un mois déjà. Un mois décousu où elle avait eu l’impression de ne cesser de courir sans jamais pouvoir s’arrêter. Sauf lors de cette soirée, de cette nuit illusoire, où enfin elle avait pu reprendre son souffle. Un instant suspendu qui n’avait duré que le temps d’un soupire, et d’ores et déjà le rythme reprenait, infatigable. Presque sans s’en rendre compte elle avait enchaîné les excuses pour ne pas venir. Ce n’était pas parce qu’elle n’en avait pas envie … Plutôt parce que le temps lui manquait. Peut-être que son organisation était mauvaise, ou y avait-il trop de choses. Elle ne pourrait pas continuer ainsi indéfiniment. Bientôt, il lui faudrait faire un choix, privilégier certains par rapport à d’autres. Et puis ce temps passé à s’éloigner lui avait permis de prendre du recul. Souvent elle avait repensé à ce dernier cours, avant le départ pour le chalet. Ce cours étrange, si parfait jusqu’à ce que les principes et les craintes dissimulées ne viennent tout briser. Ses principes en réalité. Ses craintes. Car de son côté elle n’avait pas peur. La seule crainte qu’elle nourrissait,  qui la blessait chaque jour davantage, et qui l’avait poussée à chercher du réconfort dans d’autres bras, c’était que son regard jamais ne change. Qu’il préfère se dissimuler derrière lui, à se conforter dans l’idée qu’elle n’était qu’une enfant, pour ne pas avoir à braver des interdits. Que devait-elle faire ? Prendre des initiatives ? Et s’il la repoussait, qu’adviendrait-il ? Elle ne pourrait plus le regarder en face. Remarquez, elle ne pouvait déjà plus le regarder. Elle n’avait plus grand-chose à perdre.

« Pardon ? » murmura-t-elle en écho, alors qu’elle venait de revenir, le tee-shirt mal arrangé et les cheveux encore détaché comme elle s’était dépêchée. Son regard se posa sur sa silhouette, dériva jusqu’à l’expression de ses traits tirés. Il avait l’air contrarié … Voire … En colère. Quoi encore ? Qu’avait-elle pu faire pour le mettre dans cet état ? « Dans mon travail, je dirais que oui. En ce qui concerne nos cours, c’est vrai, j’ai été plus négligente depuis quelques semaines. Je devais faire des choix, j’en suis désolée. » Bon d’accord, la manière dont elle l’avait prévenu n’était peut-être pas la plus courtoise qui soit. Mais il n’allait pas lui faire un foin pour ça quand même ? Voire lui reprocher son attitude ? Il était un homme suffisamment « occupé » pour se remettre de ses absences non ? Voilà qu’elle commençait à s’énerver, agacée tout d’un coup par les reproches à peine dissimulé qu’il lui faisait. Franchement elle n’était pas d’humeur à se prendre le chou avec lui. D’ailleurs la petite remarque dont il venait de l’assener, ponctué d’un « jeune fille » dégoulinant, mis à mal les premières barrières qui maintenaient encore son agacement. « C’est vrai. C’est moi qui ai insisté. Et je suis désolée de ne pas t’avoir donné plus amples explications sur mes absences. Je ne pensais pas que tu y attachais une telle importance. » Son regard rencontra enfin le sien, le toisant alors qu’une forme de lassitude faisait légèrement ployer ses épaules. Elle croisa les bras devant son buste en position presque défensive. « Pour quelqu’un qui privilégie constamment son travail, et qui n’est pas gêné de disparaître pendant des mois sans donner aucune nouvelle, je te trouve bien présomptueux de me faire la leçon pour quelques absences toujours prévenues. Si vraiment ces cours étaient un fardeau pour toi, tu aurais dû me le dire. » Voilà. Il avait réussi à la mettre en colère. Mais elle n’explosait pas pour l’instant, se cantonnant à une colère blessante, calme, maîtrisée, plus terrible encore que quand elle partait dans des élans de rage. « J’aurais demandé à quelqu’un d’autre. » Dernier coup assené.

@Lawrence H. Austen

© ACIDBRAIN
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité


Faire des choix, avait-elle dit. Des choix. Donc, pour résumer, elle avait « choisi » de ne pas me voir, de ne me donner que des lambeaux en guise de nouvelles, d'exister ailleurs tandis que je m'inquiétais pour elle. De toues façons, je m'inquiétais toujours, là résidait tout le problème. L'inquiétude, la peur, l'envie, le besoin. Mon front se plisse à mesure de ses « explications », jusqu'à un léger tremblement des lèvres lorsqu'elle a l'audace de penser qu'elle ne compte pas à mes yeux. C'était bien cela, n'est-ce pas ? Faut-il être aveugle ? Non, je faisais toujours en sorte de ne rien laisser paraître, malgré ces rares fois où nous avons été ...proches, physiquement. Et même à ce moment-là, j'avais fui. Comment pouvait-elle croire autre chose ? Qu'importe, ma raison avait définitivement pris le large ce soir. La fixant longuement, les mots refusent de sortir. Hors de question pour moi d'admettre que si, sa vie, tout m'importait en ce qui la concernait. J'inspire un bon coup, histoire de me redonner la force de poursuivre, tandis que mes poings dans mon dos se serrent un peu plus, au moins d'écraser leurs paumes innocentes. « Je... pardon ? » A mon tour de me montrer interloqué. Les pupilles arrondis par l'outrage, je la dévisage comme si je n'en croyais pas mes oreilles, m'attendant presque à un retournement de situation, à une farce de mauvais goût. « C'est très différent et tu le sais très bien. Si je suis parti c'est uniquement pour toi, pour que tu ne risques plus rien ! » m'exclamais-je, perdant peu à peu la maîtrise de mon corps et de mon esprit. Etait-elle en train de provoquer ? Une voix à l'intérieur de ma tête me criait de me montrer prudent, de ne pas entrer dans son jeu. Sauf que son jeu, voilà longtemps que je m'y enfonçais. Un labyrinthe dont je n'étais jamais certain d'en ressortir vivant. En tous états de cause, comment aurais-je pu lui donner la moindre nouvelle, je me trouvais hors du territoire américain. Malgré le peu de renseignements que je lui avais autorisé à savoir à mon retour, Lily savait au moins ce détail d'importance. Même si, pour être tout à fait franc, je ne l'aurais pas téléphoné même si je n'avais pas dépassé la frontière, au risque que mes appels soient détournés, sur écoute, et qu'elle soit retrouvée et tuée. Un risque que visiblement elle ne comprenait pas aujourd'hui, et qu'elle semblait même me reprocher. « Si le fait de te donner des cours était un fardeau, je ne serais pas en train de te faire la morale aujourd'hui. » tonnais-je en avançant d'un pas dans sa direction. Apparemment, mes reproches avaient été entendus, puisque des rougeurs apparaissaient peu à peu sur l'ensemble de son visage et de sa gorge, signe que la colère prenait peu à peu le dessus. Bien, nous allons peut-être pouvoir avoir une discussion sans omissions ni mensonges pour changer. « C'est ce que tu as fait, il me semble. » répliquais-je en sifflant. « Avec ton « médaillé olympique ». Evidemment, je n'avais pas pu m'empêcher de la sortir celle-là. Et cette fois, cela n'avait rien à voir avec le fait qu'il soit ou non un bon professeur. Il aurait été de sexe féminin que le problème n'aurait même pas existé. « A lui aussi tu lui as envoyé des messages pour lui dire que tu ne pouvais pas ou est-ce uniquement moi que tu as fuit ? » grondais-je en rattrapant encore la distance de quelques mètres entre nous. « Je suis à peu près sûr que tes absences avaient un rapport avec le message que ta mère t'a envoyé il y a trois semaines. » Avançant tel un borgne dans la nuit noire, une faible lumière en guise de phare, je tâte le terrain, fouille, tente de discerner les obstacles devant moi afin d'atteindre le bout du tunnel en ayant la fierté de savoir que je ne m'étais pas trompé de route. « Et étant donné que cette chère Lenore ne fait jamais les choses à moitié, je suppose qu'elle t'a aussi présenté un prétendant parfait. Artiste, cela va de soit, puisque seuls ces hommes peuvent gagner le cœur de la belle Lily Hopkins. » La jalousie assombrit le cœur. Le mien sentait la fêlure malsaine le briser à mesure de mes paroles qui n'avaient qu'un seul objectif : la faire réagir et savoir si j'avais visé juste. Quelle que serait sa réponse, je savais que l'issue serait de toutes façons fatale désormais. « Et c'est la raison pour laquelle tu as préféré t'éclipser pendant près d'un mois... » Plus aucune distance ne nous séparait maintenant. Mes épaules dépassaient de plus de vingt centimètres les siennes, et mes yeux, penchés vers elle, la toisaient sans discontinuer. « ...n'est-ce pas ? Ose me dire que je me trompe, ose me dire que tu n'étais pas avec un homme. » finis-je par murmurer en me rapprochant plus encore, ancrant mon regard devenu bleu électrique au sien. Evidemment, seule la colère de ne pas l'avoir vu durant tout ce temps me faisait créer ce scénario imaginaire. Je ne m'attendais pas à ce que la fiction ne soit pas si éloignée de la réalité. Une réalité qui d'ailleurs ne me regardait en rien. Comment, depuis quand avais-je basculé au point de confondre nos avenirs ? A croire qu'elle me devait la moindre explication ? A devenir aussi étouffant ? Décidément, plus je côtoyais son monde, plus je la connaissais maintenant qu'elle avait grandi, et plus je devenais incapable d'en détacher les yeux. Le besoin de la sentir à mes côtés était plus fort que tout ce à quoi j'aurais pu m'attendre le jour où nous nous étions revus à Cambridge. C'était un sentiment inexpliquable longtemps nié et repoussé, mais qui, envahisseur, avait détruit mes ultimes défenses. L'agent professionnel, celui qui contrôlait toujours tout et qui ne perdait jamais pied, une erreur qui avait failli lui coûter son âme après le décès brutal de sa famille, retrouvait des sentiments et des émotions qu'il croyait à jamais oubliés. Un constat terrifiant qu'au lieu de chercher à comprendre, l'empêchait de fonctionner normalement, et le rendait plus imprévisible, au point qu'il se demandait parfois s'il n'était pas en train de perdre la raison.

FICHE ET CODES PAR ILMARË


@Lily-Rose S. Hopkins
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité

« Sensei & Kohaï »
lawrie & lily




En quoi était-ce différent au juste ? L’exemple choisi était peut-être le mauvais, mais qu’en était-il de toutes ces fois où il avait consciencieusement décidé de privilégier son travail à sa vie privée ? De s’y donner corps et âme, quitte à en oublier tout le reste ? Quels que soient les reproches dont il l’accablait, elle s’était contentée de faire la même chose, de se saisir des clefs de son avenir, de les glisser dans les portes qui s’ouvriraient sur de nouvelles perspectives. Des perspectives qu’elle n’avait pas partagé avec lui pendant ces dernières semaines, comme si quelque chose la retenait, comme si les obstacles à franchir étaient infranchissables. « Et toutes les autres fois alors ?! Toutes celles où tu as décidé de privilégier ton métier à ta vie privée ?! Ne viens pas me reprocher ce que toi tu n’appliques pas non plus. » Une autre barrière venait d’être franchie. Il n’en restait presque plus à présent avant que sa colère ne se déchaîne tout à fait. Alors pour la contenir encore Lily serrait les dents, quitte à s’en faire saigner les gencives. Il n’avait pas compris. Il ne comprendrait jamais. C’était justement ça qui l’insupportait : quand il se faisait père la morale, comme si elle était trop naïve pour avoir conscience de quoi que ce soit. Elle s’apprêtait à répliquer de manière cinglante d’ailleurs, lorsque son ami fut mis sur le tapis. L’indignation vint transfigurer ses traits à ce moment-là, et elle fit un geste avec ses bras, hostile, pour étayer son propos : « Quoi ?! Ça n’a aucun rapport, laisse-le en dehors de ça tu veux ?! » Etait-il d’un orgueil démesuré, ou subodorait-elle enfin quelque chose de concret. Une chose qui lui paraissait invraisemblable jusqu’à présent, et qui pourtant se déchaînait sous ses yeux en cet instant. Etait-il jaloux ? Si c’était le cas, il l’était d’une façon totalement détestable. Et voilà qu’il en rajoutait une couche en plus. Ça lui donnait presque envie de se jeter sur lui pour le dépecer, griffer la surface de cet orgueil blessé qui cherchait à l’atteindre et à l’acculer. S’il pensait qu’elle allait se laisser faire, et le laisser faire de telles insinuations sans rien dire, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’à l’oreille. « Je n’ai pas à me justifier, Lawrence ! » Il s’était rapproché. Mais même si elle n’aimait pas quand il arborait cette expression-là, elle ne se laissa pas démonter pour autant, le toisant avec impériosité. Elle le laissa lui faire sa petite théorie, l’agacement montant d’un cran dans ses veines à chaque phrase, jusqu’au point de non-retour, jusqu’à ce qu’il prétende savoir, avec une mauvaise foi détestable, qui était en mesure de faire battre son cœur ou non. Mais pour qui se prenait-il ? Elle n’en croyait pas ses oreilles, et ses entrailles se tordaient d’une drôle de façon. Elle tremblait presque, à se retenir de commettre l’irréparable. « Et toute cette petite théorie là, tu l’as trouvé tout seul, comme un grand ?! Il ne t’est jamais venu à l’esprit que j’étais suffisamment intelligente pour faire mes choix toute seule, et avancer sans être constamment derrière Lenore ?! Qu’est-ce que tu crois, qu’elle me manipule, et que je suis incapable de le voir de moi-même ?! Qu’est-ce que ça peut bien te faire qu’elle m’ait présenté un, dix, ou vingt prétendants ?! Est-ce que je te juge moi ?! Est-ce que je viens te demander avec qui tu passes ton temps libre, ou même tes nuits ?! » gronda-t-elle, le corps tendu à l’extrême, prêt à se rompre. Elle n’avait même pas envie de se justifier, ou de tenter de lui expliquer les raisons pour lesquelles elle avait été si occupée ces derniers temps. Ils étaient trop bornés l’un et l’autre pour s’entendre réellement, et trop en colère pour s’écouter. Mais le fait est que le problème n’avait pas l’air d’être Lenore en réalité. Il y avait un leitmotiv constant dans ses insinuations : la gent masculine. De quoi avait-il peur ? Que l’admiration qu’elle avait pour lui s’effrite ? qu’il cesse d’avoir sur elle cette emprise, cette influence ? Devant son ultime insinuation, Lily abaissa les yeux une fraction de secondes, presque honteuse, comme prise au dépourvue. Pourtant elle n’avait aucune raison d’avoir honte. Elle ne lui devait rien. Lui ne s’était sans doutes pas gêné de son côté, et n’en avait sans doutes éprouvé aucune honte. Alors elle le détestait de la culpabiliser ainsi, même sans s’en rendre compte. Elle releva son regard vers lui, les sourcils froncés, avec cette conscience infinie de son visage fermé trop proche du sien, et de ses prunelles assombries qui la toisaient sans faiblir. « Oui c’est vrai ! C’est ce que tu voulais entendre ?! Oui, pas plus tard qu’hier soir, j’étais avec un homme, et j’ai passé la nuit avec lui. Ça te va ?! Et figure–toi que c’était très agréable, d’être pour une fois regardée et touchée comme une femme, sans être infantilisée parce que TU as trop peur de ce qui pourrait advenir si tu cessais de me regarder ainsi ! » Entrain à présent d’exploser en plein vol, la colère pulsant à ses tempes au point de lui faire perdre la raison, son index se fit inquisiteur en s’enfonçant dans son épaule en prononçant le « tu » fatidique, le poussant à reculer légèrement, envahissant son espace sensible sans s’en rendre compte, avec la volonté de nuire, de lui nuire pour le pousser à bout à son tour. « Alors quoi ?! Tu te sens mieux maintenant ?! Tu veux savoir avec quels inconnus j’ai passé du temps ou est-ce que tu te contentes juste de savoir qu’ils existent ?! » Une à une, elle brisait toutes les images qu’il pouvait se faire d’elle. Il n’y en avait eu qu’un seul pourtant, une seule fois. Ce n’était rien. Mais dans sa bouche révulsée par la colère, c’était comme s’il y en avait eu plusieurs, comme si c’était devenu une habitude de consommer des chair anonymes. Elle voulait briser l’image de la candeur enfantine qu’il se faisait d’elle. Briser ce regard qu’il lui avait porté parfois, comme si elle incarnait l’innocence, alors que ce n’était pas vrai. La vérité c’est qu’elle était une femme, avec ses craintes, ses envies, ses imperfections aussi, arrachée à la candeur juvénile depuis longtemps déjà, mais qui pourtant avait mis du temps avant de réussir à le montrer.

@Lawrence H. Austen

© ACIDBRAIN
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité


Tout à coup, je me retrouvais sept ans en arrière, à subir ces mêmes reproches d'une autre bouche, à vouloir défendre l'indéfendable. Un homme faisant passer ses ambitions professionnelles avant sa propre famille n'a aucun droit de s'auto-proclamer mari et père. Une leçon que j'avais eu du mal à digérer avant mon départ ce soir-là, et qui m'avait hanté toutes ces années durant après leurs décès. Or, j'ignorais si Lily faisait explicitement référence à mon passé lorsqu'elle me reprochait de faire passer ma vie professionnelle avant ma vie privée, mais les souvenirs ne s'estompant jamais, elle avait visé et touché en plein cœur. Parvenue avec fougue et raison à me faire taire, j'abaisse alors les yeux, honteux pour mes erreurs passées, et incapable de justifier un comportement auquel j'obéissais pourtant toujours aujourd'hui. Pendant plusieurs minutes, je garde cette position, relevant parfois la tête en la dévisageant en silence lorsque je ne partageais pas son opinion, mais sans l'interrompre pour autant. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. C'était à la fois étrange, mortifiant et fascinant de découvrir qu'elle pouvait voler de ses propres ailes, que contrairement à la majorité des gens que j'avais l'habitude de côtoyer, elle ne me craignait pas. Devant moi, je faisais face à un esprit libre qui en avait assez des convenances, qu'on lui donne des conseils ou des ordres pour « sa santé » ou sa « sécurité ». Depuis l'opération, Lily s'émancipait de tout et de tout le monde. Ce qui m'effrayait par moments, pour elle, mais qui à d'autres instants me rendait fier et ne faisait que renforcer l'affection que je lui portais. Hélas, en cet instant, j'avais tout oublié. La fierté, l'amour, seul subsistait ce conflit intérieur qui réduisait mes forces à mesure que le temps s'écoulait. Droit comme un I, loin de me soumettre à sa colère, je réagissais par de longs soupirs inaudibles, tenant de calmer par mes poings et mes lèvres serrées, l'essence de mon être qui ne demandait qu'à jaillir à tout instant. Lorsque la conversation dévie sur Lénore, sa mère, mes yeux s'élèvent vers le plafond, signe que non, effectivement, je ne la croyais pas « encore » capable de penser tant que sa mère demeurait dans les parages. J'avais moi-même perçu la force de persuasion et le côté manipulateur de cette femme.

La suite me laissa encore plus abasourdi. De combien de prétendants parlait-elle au juste ? Les mâchoires crispées à l'extrême, repoussant l'envie qui me nouait de la secouer un bon coup ou de me rendre chez Swanson pour l'étrangler une bonne fois pour toutes avant qu'elle ne m'enlève défintivement tout espoir, ma bouche s'ouvre avant même la fin de son long monologue. Avec qui je passe mes nuits. Le coup n'avait pas manqué sa cible, bravo. Si mon regard ne l'avait pas quitté jusqu'alors, face à cette subtile et indirecte accusation, il s'était enquéri du tatami, faussement intéressé par son état, véritablement mal à l'aise à l'idée que Lily puisse y découvrir un semblant de vérité qui, au fond, ne ferait que l'éloigner plus encore. Finalement, mes hypothèses se confirmèrent. A mon grand regret, j'avais vu juste. Et de savoir que Lily avait passé la nuit avec un homme m'avait fait hausser les sourcils. La surprise fut fulgurante. La tristesse elle, persista à voiler mes prunelles encore des milliers de secondes avant qu'elles ne s'échouent ailleurs. « Je... » Pourquoi avais-je toujours eu tant de mal à exprimer mes sentiments ? Comment font les gens normaux lorsqu'ils ont quelque chose à dire mais que ça leur reste en travers de la gorge ? Ils crient ? Ils hurlent ? Ils écrivent des lettres ? Pour ma part, mes poings tremblaient, et ma confusion n'avait jamais été aussi proche de la folie. Ses dernières questions firent barrage à toute tentative de reprendre le dessus. La raison envolée, il ne me restait plus que la passion. Vouloir en finir une bonne fois pour toutes, quelle qu'en soit la fin. « Il y en a eu plusieurs alors. » murmurais-je pour moi-même tandis qu'un rire s'échappa en un souffle presque inaudible du fond de ma gorge. « Qu'est-ce que...qu'est-ce que tu attends de moi au juste Lily ? » Peu à peu, ma colère s'amenuisait justifiant mes aveux et une voix plus posée. Bercé par l'entrelaçement de la peine et du besoin de lui avouer ce que je ressentais, mon timbre devenait plus rauque, plus chaud alors que mes mains venaient de se glisser sur ses épaules, roulant et remontant lentement le long de ses bras comme si je craignais qu'elle ne veuille s'éloigner. « Je croyais avoir été clair pourtant. Voilà longtemps que je ne te considère plus comme une enfant. Autrefois, oui c'est vrai. Mais aujourd'hui... » Le souffle me manque, j'abaisse à nouveau les yeux devant elle. La peur au ventre ne mal choisir mes mots. Je n'ai rien d'un romantique, je ne suis même pas poëte. Or, j'ai cru comprendre que Lily appréciait davantage les artistes, ceux qui manient les mots comme nul autre pareil. Ceux  dont l'âme est si pure qu'elle en devient une drogue pour les cœurs rêveurs. « Oui, c'est vrai j'ai peur. J'ai peur de ...ça. » Mon regard retrouve le sien. Je la dévisage, mes prunelles glissent entre nous et je soupire à nouveau, gêné par cette proximité que pourtant, j'avais toujours désiré. « J'ai peur parce que je te connais depuis l'enfance et que jamais je n'aurais pu penser qu'un jour... je te verrais autrement. » Mes doigts écartent les mèches qui encadrent son visage, effleurant sa peau claire au passage. « Tu es si ...nous sommes tellement différents toi et moi, Lily. J'ai peur que... » Prenant une longue inspiration, je finis par lui avouer. « ...je tiens à toi. Bien plus que tu ne le crois, bien plus que je ne l'aurais voulu moi-même. » murmurais-je en souriant tristement à quelques millimètres de sa bouche. « Pourquoi ? Pourquoi une jeune femme comme toi voudrait d'un homme comme moi, Lily ? Tu respires la joie de vivre ? Tu es belle, tu es libre, tu pourrais avoir tellement mieux. Tous les hommes que tu voudrais. » maugréai-je alors en posant mon front contre le sien, tandis que mes mains encerclaient son visage, possessives. « Mais je ne le veux pas. Je sais que tu ne me dois rien, que je devrais laisser tomber, j'ai essayé. J'ai essayé tellement de fois...je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas... » m'excusais-je en caressant sa joue de mon pouce, tandis que l'autre dessinait amoureusement le contour de ses lèvres.

FICHE ET CODES PAR ILMARË


@Lily-Rose S. Hopkins
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité

« Sensei & Kohaï »
lawrie & lily




Il y en a eu plusieurs. Ce constat-là se réverbère contre sa conscience, ne fait sur le coup qu’amplifier la colère libérée. Est-ce vraiment le plus important ? Qu’il y en ait eu un, deux, ou bien dix ? Etait-ce vraiment le sujet sur lequel ils devraient se préoccuper ? Il n’avait pas détourné les yeux jusqu’alors. Ne les avait abaissés que lorsqu’elle s’était défendue, prétextant qu’elle ne s’intéressait pas à la façon dont il occupait ses nuits. Mais la réaction ne trompait pas, elle avait eu la même quelques secondes plus tôt. Il avait fui son regard, comme s’il était coupable. Coupable d’avoir préféré d’autres bras pour des raisons qu’elle subodorait sans pour autant les accepter. Tout aussi coupable qu’elle au final, pourtant c’était lui qui jouait l’inquisiteur. L’indignation manque d’éructer entre ses dents serrées, mais elle la maintient en serrant les poings, poussant un soupire rauque de dépit agacé. Jusqu’à sa question. Cette question qui lui fit desserrer les poings, affaisser légèrement ses épaules, et la laisser demeurer interdite. Qu’attendait-elle de lui ? Tout. Rien. Elle avait du mal à le savoir avec exactitude tant les entraves liées à son éducation étaient nombreuses. La facette impérieuse de son caractère le désirait comme rarement, voulait apprivoiser les contours anguleux de son caractère avec une possessivité étrange. L’autre facette elle, plus prudente, lui rappelait qu’ils appartenaient à des mondes très différents, éloignés par l’âge et par la nature de leurs caractères. Elle avait peur de prendre le risque de se jeter contre ses noirceurs et d’en sortir changée à jamais. Peur de tout ce qu’il adviendrait s’ils étaient amené à cheminer ensemble. Car sur ce chemin-là, ils seraient seuls. On ne les soutiendrait pas, on ne ferait que les juger et leur jeter la pierre, parce qu’ensemble, ils seraient trop loin des modèles d’une société qui les rejetterait avec violence, au moins au début. Lily, à cause de sa maladie, avait été en marge de cette société durant une grande partie de sa vie, considérée comme une bête curieuse dont il fallait à la fois prendre soin et se méfier. Et maintenant qu’elle avait la chance de se fondre un peu dans la masse, maintenant que l’opportunité se déguisait, pourquoi prendrait-elle le risque de se mettre à la marge une fois encore ? Quelles seraient les conséquences cette fois-ci ?

« Je … Je ne sais pas. » murmura-t-elle, interdite, la colère étant retombée brusquement comme une vague qui une fois brisée contre la roche, meurt en écume. Ses pupilles cherchèrent à nouveau les siennes, à ne pas les trouver, perdu qu’il était à tenter de mettre des mots sur les émotions refoulées. Son cœur se serra de sa poitrine, si fort qu’il aurait pu exploser. L’irrationalité de ses peurs se conjuguait aux siennes dans une harmonie délicate, et de savoir qu’elle n’était pas la seule à craindre, la seule à trembler, cela la soulageait au plus haut point. Il se trompait s’il pensait que les artistes étaient plus à même de s’émouvoir, et plus habile dans l’art d’exprimer leurs émotions. Cette idée-là n’était qu’un leurre. Elle en était la preuve vivante. Elle était incapable de mettre des mots sur ce qu’elle pouvait ressentir, demeurait mutique lorsqu’il fallait s’exprimer dans le langage des hommes. Elle ne connaissait que le langage des toiles et des impressions dissimulées sous une couche épaisse d’aveux à l’acrylique. Et alors qu’il renouait le contact, glissant ses doigts tièdes, légèrement rugueux contre la peau glacée de ses joues, il lui semblait que ses jambes auraient pu se dérober à tout moment. Était-ce cela, le désir absolu de quelqu’un ? Se sentir entre ses doigts d’une infinie fragilité, et pourtant, avoir le sentiment de posséder une force qui n’existait pas auparavant ? Balbutiante, elle n’avait rien dit encore. Comme si l’interrompre, ce serait tout briser, même les espoirs qui se dessinaient en filigrane. Pourquoi lui ? … Et pourquoi pas ? Le lien était devenu une évidence pour elle dès le départ. Dès le premier où ils s’étaient croisés dans les couloirs de l’université, après des années, elle avait pressenti que ce n’était pas pour rien qu’il avait côtoyé son existence depuis le début. Qu’il y avait forcément quelque chose, d’ironique et de terriblement beau à la fois. Il avait raison. Si elle le voulait, elle pourrait trouver un homme bien comme il faut. Ni trop beau, ni affreusement laid, charmant sans être ostentatoire. Il la ferait rire, elle lui montrerait une partie de ce qu’elle est. Ils auraient une vie normale, cousue de fil blanc, avec deux enfants, trois poissons rouges, une boîte aux lettres colorée, et un jardin mal entretenu. Ils auraient la vie dont tout le monde rêve : terriblement simple, ennuyeuse à souhait, dépourvue de substance profonde. Le « mieux » dont il parlait, c’était ça. Et ce « mieux » lui donnait des vertiges de honte. Elle n’était pas faite pour les banlieues pavillonnaires et les hommes sans nuances. Elle avait trop longtemps côtoyé la mort pour réussir à se confondre dans la normalité d’une vie linéaire, qui au lieu de la façonner, ne ferait que la détruire au fil du temps. Elle avait besoin de quelqu’un aux innombrables blessures, aux impardonnables craintes, aux noirceurs délétères et aux lumières avides pour répondre aux ambivalences de sa nature. Quelqu’un qui serait à même d’entendre, de comprendre ses peurs, et dont elle pourrait panser les plaies en retour. Quelqu’un comme lui. Lui. Juste lui, en réalité.

Ses paupières s’abaissèrent, alors que son front se posait délicatement contre le sien. Une proximité tant de fois espérée, tant de fois crainte aussi. Et ce constat final. Ce constat qui abaissa ses dernières barrières, endigua les craintes sous une impulsivité longtemps refoulée. Ses lèvres tremblèrent à l’orée de sa bouche. Elle attendit que son dernier « Je n’y arrive pas » se meurt, et par instinct, ses doigts frais remontèrent le long de ses épaules, trouvant refuge autour de son visage. Une pression légère sur sa nuque, ses pouces traçant un sillage sur l’os de la pommette, elle convoqua son regard un instant, glissant dans un murmure sans hésitation : « Ça m‘est égal qu’il existe mieux. Qu’il existe plus jeune, plus intrépide, plus expressif, plus attentionné. Je ne connais pas encore toutes les raisons, mais s’il y a une chose que je sais en revanche, et que je sens, jusqu’à en avoir mal parfois, c’est que c’est toi que je veux. Toi. Et uniquement toi. » Ce n’était pas dans ses habitudes de s’exprimer ainsi, de formuler ce qu’elle éprouvait, sans fard. Alors comme un besoin quasi viscéral, pas même soucieuse à l’idée qu’il la repousse, elle décida de rompre les entraves, attirant son visage au sien, se hissant jusqu’à presser ses lèvres contre les siennes, prudemment d’abord, comme si elle découvrait pour la première fois une saveur longtemps imaginée, jamais effleurée pour autant. Rapidement son baiser se fit plus pressant, plus avide aussi. De cette même avidité qu’ont ceux qui ont découvert un fruit interdit, et qui prennent un plaisir coupable à en savourer la texture.  


@Lawrence H. Austen

© ACIDBRAIN
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité


Dans son regard, l'incertitude m'égare plus encore que mes propres démons contre lesquels je me battais depuis si longtemps. Tellement de frontières nous séparaient l'un de l'autre que j'en venais à douter du bien, du mal, du droit et du devoir. Mais hélas, tel le feu brûlant qui ne s'éteignait qu'à la rosée du matin, je me consumais lentement pour la jeune femme, incapable de raisonner, moi qui avais toujours fait passer la raison et mes valeurs morales avant mes propres espérances. Ce qui me plaisait chez Lily ne résidait pas dans son physique que pourtant je ne pouvais me retenir de contempler lorsqu'elle me tournait le dos, ni dans sa candeur, celle-là même qui renversait le cœur des hommes les plus coriaces. Non, ce qui faisait fléchir mes dernières défenses, c'était cette façon qu'elle avait de se battre contre les mêmes doutes que je partageais, d'avoir envie sans oser, de ressentir le besoin mais d'être dépassée par sa fulgurance et de craindre ses conséquences. Bien qu'aussi effrayé qu'elle à l'idée de me soulager de son poids qui me torturait depuis de nombreux mois, je me sentais suffisamment fort pour nous deux. Si elle l'acceptait, si elle me donnait ma chance...je lui aurais tout offert. J'aurais été son socle, le ciment de notre relation. Je lui aurais appris ce que je sais. Guide parmi les obstacles, confident dans la tristesse et l'angoisse, amant dans l'intimité. Auprès d'elle, et pour elle, je me sentais prêt à prendre le risque de changer le cours du temps et de modifier l'ordre du monde. Les idées bien pensantes, les convenances qui n'acceptaient que les couples bien assortis, d'un ennui mortel et d'un quotidien navrant. Avec moi, sa vie changerait, du tout au tout.

D'une fragilité déconcertante, psychologiquement parlant, je demeurais immobile, tout contre son front, à attendre que les trompettes de Jericho ne sonnent sept fois, annonçant la fin ineluctable de mes rêves les plus fous. Pourtant, à défaut des sons, ce fut une chaleur nouvelle qui envahit mon âme à l'instant où ses mains se logèrent contre ma nuque, dérivant ensuite autour de mon visage qui, surpris, profita de ces ultimes instants pour se laisser apprivoiser. Soumis à ses prunelles émeraudes, je ne cherchais plus à fuir, conscient qu'il ne servait plus à rien de se mentir à soi-même, qu'il fallait, un jour ou l'autre, accepter son sort. Mais alors que je pensais déjà à lécher mes plaies, je sentis une vague d'émotions se profiler à mesure de ses mots. Bien qu'entendus, seuls les derniers avaient compté, plus que les autres. L'incrédulité, la joie, l'envie, tout se mélangea pour ne former qu'un seul et même sentiment : l'espoir. L'espoir de pouvoir aimer et d'être aimé en retour. Troublé, je ne pouvais plus articuler un seul mot. Mes gestes étaient comme suspendus dans le temps. Jusqu'à cette chair qui se pressa contre la mienne, et que mes paupières ne s'abaissent presque instantanément. Un reste de conscience m'empêcha d'abord de réagir, l'obligeant à se hisser à ma hauteur pour mieux m'atteindre. La douceur qui flirta avec mes lèvres interrompit alors définitivement le fil de mes pensées. Tout à coup, mes bras l'enveloppèrent pour la serrer contre mon torse, mes mains apposèrent de tendres caresses le long de son corps, commençant par ses cheveux, le sommet de sa nuque, descendant ensuite vers sa taille fine et le haut de ses hanches. Mes baisers, s'ils étaient hésitants de prime abord, se montrèrent bientôt pressants et débordants de sensualité. Goûtant et recueillant amoureusement chacun de ses souffles et de ses soupirs en priant les cieux que jamais cet instant ne s'etiole.

FICHE ET CODES PAR ILMARË


@Lily-Rose S. Hopkins
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité

« Sensei & Kohaï »
lawrie & lily




Il y avait des certitudes dont il était difficile d’ignorer l’existence. Ce qu’elle éprouvait pour Lawrence, et ce depuis le départ, en faisait partie. Elle savait qu’il y avait un lien, indicible, invisible. Un lien qu’elle ne parviendrait pas à nommer tout de suite, parce qu’il lui faudrait du temps pour se départir des craintes qui l’avaient façonnée. Pour l’instant elle était incapable de mettre une étiquette précise sur ce qu’elle ressentait, préférait insuffler pour l’heure des émotions pures, sincères, plutôt que de mettre des mots sur ce qui la terrifiait encore. Elle tenait à lui bien trop pour que cela soit acceptable. Et ses agissements, quels qu’ils soient, l’avaient toujours atteinte avec une précision chirurgicale qui ne trompait pas. Pourtant, il demeurait les entraves de cette éducation qu’ils avaient tous deux reçu. Celle qui veut qu’hommes et femmes se ressemblent et évoluent ensemble selon un modèle bien précis, sans ambivalences, sans coulure, sans débordement. Ils ne seraient jamais cette entité-là. C’était impossible. Parce qu’il avait déjà, en un sens, trop vécu et qu’en retour elle en savait à la fois bien trop, et pas assez. Tous les deux avaient côtoyé la mort abjecte. Celle qui vous modèle, celle qui vous ronge et blêmit vos traits avant l’heure. C’était peut-être ça le lien finalement, le point névralgique d’une relation qui ne devrait pas être. Tous deux avaient rencontré la compagne funeste à plusieurs reprises et avaient à chaque fois réussi à éviter qu’elle ne les emporte. Ils avaient vu leurs proches partir avec elle. Ils étaient restés là, mutiques, et seuls. Maintenant deux peut-être, puisque Dame existence en avait décidé ainsi.

Aussi loin qu’elle se souvienne, elle ne l’avait jamais vu d’une telle fragilité, presque transparente à l’orée de sa peau albâtre. Son esprit digressait vers d’autres lieux, se teintait d’une vision étrange. Il était si fragile qu’elle aurait pu sentir ses traits s’effriter entre ses doigts, les voir s’évanouir comme poussières. Alors sa prise se raffermit, besoin inconscient de le retenir, de l’empêcher de s’étioler comme ces ombres délicates qui avaient parfois traversé son existence, et rompre enfin cette barrière étrange qui sépare parfois les êtres faits pour se toucher. Esquissant les prémices d’un baiser au creux de ses lèvres, la prudence naturelle des premières secondes, qui se languit d’apprendre si l’initiative est encouragée ou bien proscrite, céda rapidement sa place à une forme de soulagement. Sous sa cage thoracique, son cœur était partit dans une envolée dont il serait difficile de le faire redescendre. Elle avait tant craint sur le coup. Qu’il la repousse, qu’il cède encore à l’appel de ses principes. Mais non, ses bras s’étaient refermés, délicieuse enveloppe dont elle pouvait enfin découvrir la saveur sans honte. Alors ses bras voulurent raffermirent la prise à leur tour, glissant autour de ses épaules, quémandant sa bouche pour réussir à en détenir toutes les douceurs. L’embrasser revêtait des impressions qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle souhaitait à présent apprendre par cœur. Et cette manière qu’il avait de la toucher. C’était comme si un millier d’épines minuscules venaient traverser la pulpe de sa chair pour y distiller des sensations délicates, terriblement grisantes, presque vertigineuses. « Dis-moi … Je suis à peu près certaine que … » Elle s’était reculée, le temps d’un instant, reprendre son souffle pour mieux lui voler le sien, une lueur espiègle naissant au creux de son regard. « … Les hommes bien élevés … N’embrassent pas ainsi. » Un sourire vint éclairer les nuances de ses traits blanchâtres, fondant sur ses lèvres à nouveau, ne permettant au lien de se distendre que pour rompre la distance à nouveau, en modelant son corps au sien avec une étrange harmonie. « C’est comme ça que tu enseignes à … Lutter … Ou non, se "prémunir" d’un adversaire ? » Une taquinerie déguisée à l’orée de sa bouche, alors qu’un léger rire cristallin s’échappait de ses lèvres, d’essayer de rendre à l’instant des allures moins mutiques, moins dramatiques aussi, car elle aurait toujours cette envie irrépressible de le taquiner, face mutine de sa personnalité.



@Lawrence H. Austen

© ACIDBRAIN
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité


Ses bras, l'ensemble de ses gestes, retenant les miens comme si une peur farouche de me voir soudainement disparaître la pétrifiait, flattait à la fois mon ego et mon cœur jusqu'alors emprisonné dans les méandes du désespoir, soumis à la dure loi de la nature qui avait fait de moi, trop tôt, un mari sans femme et un père sans enfant. Grâce à elle, j'avais l'impression de me réveiller d'un long sommeil. Une léthargie qui n'avait servi qu'à protéger et façonner un être qui n'existait que dans un seul but : la destruction, qui ne connaissait rien de plus que la mort, trop souvent côtoyée. Son regard me réconfortait autant qu'il m'effrayait par l'attachement que j'y lisais. Une attente contre laquelle je ne lutterai pas, et à laquelle j'avais bien l'intention de répondre avec la même passion qui nous avons consumée, Catherine et moi. De nature réservée malgré une expérience de vie, de voyages surtout, qui avait contribué à mon éducation culturelle, politique, économique et sociale, je n'en demeurais pas moins étranger aux débordements d'affection qui régissaient les relations de cette époque. La seule qui n'avait jamais compté à mes yeux reposait maintenant sous la terre d'Ecosse, et m'avait appris ce que je sais aujourd'hui : aimer. Aimer autrement, mais aimer quand même. Et tandis que mes lèvres s'attachent aux siennes, son enseignement me revint en mémoire. Soucieux de lui prouver mon affection et incapable de résister à son odeur, au velouté de sa bouche contre la mienne, j'offre autant que je reprends, dansant un ballet russe mouvementé et humide jusqu'à ce que nos souffles ne forment plus qu'une seule comptine. Mes doigts pianotent le long de sa colonne, si audacieux parfois qu'ils osent flirter avec l'interdit, avant de remonte sagemment lui prodiguer moultes caresses à chaque parcelle de peau qu'ils peuvent atteindre afin de la faire ronronner. Lorsque je la sens reculer, je parviens à contenir un grondement de désapprobation. Si tentante que je n'aurais voulu la libérer sous aucun prétexte, je lui réponds pourtant, l'oeil malicieux et sur un ton éhonté. « Et tu n'as encore rien vu... » susurrais-je en reprenant mes baisers là où je les avais laissés, soit à l'orée de ses lèvres, dérivant lentement et assurément vers le sommet de sa nuque, grignotant avec soin ses grains de beauté jusqu'à ce qu'une infime rougeur n'apparaisse, marquant un territoire que désormais, je jugeais mien. A nouveau, elle s'éloigne, à mon grand regret. « A adversaire d'exception, mesures exceptionnelles. » répliquais-je en riant, titillant son nez retroussé du mien. « Oh, avant que j'oublie, j'ai un cadeau pour toi. » Cette fois, ce sont mes bras qui la repoussent, bien malgré moi d'ailleurs, afin d'aller rechercher une enveloppe au fond de mon sac de sport, et de revenir la lui donner en main propre. « Ca fait un moment que je l'ai acheté mais je n'ai jamais trouvé le temps ni le bon moment pour te le remettre. J'espère qu'il sera à ton goût. » murmurais-je pour moi-même en effleurant sa joue droite jusqu'à ce que ma main ne disparaisse au fin fond de l'une de mes poches. « C'est ton cadeau d'anniversaire. Joyeux anniversaire, avec beaucoup de retard. » précisais-je, un brin anxieux à l'idée qu'il ne lui plaise pas. Voilà plus d'un mois que j'y réfléchissais, pour finalement oser. Bien que je n'y connaissais rien en art, j'avais opté pour deux invitations à une exposition à laquelle seuls quelques chanceux – de riches statures, collectionneurs et connaisseurs pour la plupart – avaient été conviés. Laquelle exposait les œuvres les moins connues mais non moins sublimes d'un célèbre peintre anglais du dix neuvième siècle, du nom de John Everett Millais. L'exposition avait lieu dans l'un des quartiers les plus chics de Londres, ce pourquoi, j'avais ajouté à l'enveloppe deux billets d'avion, sachant qu'avec ses modestes moyens, Lily ne pourrait s'y rendre autrement. « Il y en a un pour toi et le second pour la personne de ton choix. J'ai cru comprendre que tu souhaitais te rapprocher de ta mère, et étant donné qu'elle semble s'y connaitre un peu en arts, je pense que tu devrais...lui demander de t'accompagner. » Sans avoir besoin de poursuivre mon explication, Lily avait sans doute compris là où je voulais en venir. Après tout, ce n'était pas parce que je ne portais pas Lénore Swanson dans mon cœur que je devais priver la fille de sa mère. D'autant que leur relation paraissait beaucoup compter aux yeux de Lily. « Comme tu peux le voir, il n'y a pas de date ni d'heure sur vos billets. Lorsque tu auras envie de t'y rendre et si tu en as envie, je téléphonerai à un ami qui travaille pour la compagnie aérienne et tu pourras embarquer à la date et à l'heure que tu auras toi-même choisi. » Comme quoi, cela sert d'avoir des contacts bien placés.

FICHE ET CODES PAR ILMARË


@Lily-Rose S. Hopkins

(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité

« Sensei & Kohaï »
lawrie & lily




L’instant revêt une sensualité dont elle ne connaît pas bien les codes. Elle en apprivoise les contours bien sûr,  mais tout n’a ni la même saveur, ni la même intensité avec lui qu’avec ceux qu’elle a pu connaître. Elle est presque fébrile sur le coup, à se demander si ce n’est pas son esprit qui est entrain de digresser au point de lui faire imaginer l’improbable. A quoi pensait-elle franchement ? Une ingénue comme elle, avec un homme d’expérience comme lui ? Il allait la trouver ridicule, c’était une certitude. Au moins se rendrait-il vite compte de l’erreur qu’il avait commise. Pourtant Lily avait un caractère passionné par nature, parfois déroutant. Cette avidité singulière est celle qui habite ceux qui ont trop conscience de l‘inconstance de l’existence, qui savent qu’il faut la savourer comme un fruit mûr qu’il serait folie de délaisser au risque de le voir pourrir.  Sous des revers de douceurs profondément ancrés dans sa nature, Lily a ces élans-là. Des élans qui lui font oublier sa fragilité et son inexpérience, qui lui permettent de goûter à ses lèvres sans en avoir honte, et de respirer les tonalités musquées de l’odeur de la peau de son cou sans contrainte.  Son corps en devient presque insolent lorsqu’il se presse contre le sien, farouche et tentateur à la fois dans une danse qui s’interrompt à l’orée de ses lèvres, l’espièglerie attachée au fond des yeux comme une seconde nature. « Je vois … » murmura-t-elle avec un sourire en demi-lune, ses doigts se refermant autour de ses cheveux avec délicatesse. Ses paupières s’abaissèrent un moment, à vouloir graver l’instant furtif dans le creux de son esprit, au cas où il serait le dernier. Un soupire d’aise lui échappa, suivit d’une mimique de frustration alors qu’il s’écartait à son tour. Son regard l’interrogea en silence, jusqu’à comprendre. « Oh … Il ne fallait pas tu sais … » Et elle le pensait. Pour le coup quand elle lui avait dit n’avoir besoin de rien, elle était des plus sincères. Mais l’attention lui faisait plaisir malgré tout, et elle observa avec curiosité l’enveloppe. Elle en tira les fameux billets, lu les fameuses inscriptions avec un sourire non dissimulé. « Comment … Comment as-tu réussi à les avoir ?! » Ses traits s’illuminèrent. Cela faisait des semaines qu’elle croisait les annonces de l’ouverture de cette fameuse exposition. Elle s’était rapidement résignée à essayer d’y aller, faute de moyens surtout, même si Lenore faisait souvent des allers retour entre Londres, New York, et désormais Boston. Quant au reste, le fait qu’elle pouvait y aller quand elle le souhaitait, avec la personne de son choix, c’était d’une classe inimaginable. Elle était plutôt habituée à voyager en classe économique, à des horaires indus pour avoir à payer le billet le moins cher possible. Et elle n’était pas retournée à Londres depuis des années. Ce serait l’occasion de s’y attarder quelques jours. « Tu sais que je suis passionnée par les préraphaélites ? Franchement tu ne pouvais pas me faire plus plaisir ! » Visiblement ravie, déjà toute excitée à l’idée de pouvoir s’y rendre, elle s’approcha de sa silhouette d’un pas feutré, glissant ses doigts sous son menton suite à sa « suggestion » qu’elle y emmène sa mère. L’attention était touchante. Sachant qui plus est qu’il était loin de vouer une affection sans bornes à sa génitrice, cela lui faisait plaisir qu’il y ait pensé. Néanmoins, elle avait une autre idée en tête. « Je sais que tu n’es pas très sensible à l’art, mais … Ça te plairait de m‘accompagner ? C’est un moment que je préfèrerais partager avec toi, plutôt qu’avec elle. » Une sincérité absolue. Lenore avait déjà dû la voir, influente qu’elle était dans le milieu de l’art, toujours conviée aux moindres vernissages où qu’ils soient. Elle ne l’apprécierait pas de la même façon. « En tout cas … Merci beaucoup. C’était une excellente idée. » le remercia-t-elle, attirant son visage vers le sien pour déposer un baiser contre ses lèvres.

Quelques semaines plus tard.

« бля пизда проклятый навозный ! » venait-elle de jurer entre ses dents, avec un délicat accent slave guttural particulièrement prononcé pour l’occasion. On ne traduira pas l’injure en question, au risque de choquer les oreilles les plus candides, mais il était évidemment tout ce qu’il y a de plus recommandable, et de délicat. L’incarnation du style à la Hopkins. Se frottant le bas du dos, Lily venait de retomber lourdement sur les fesses, le dos droit comme un I. Elle n’avait pas particulièrement mal, mais la tournure du vol plané l’avait surprise. Dire qu’ils n’en étaient qu’à l’échauffement, bon sang, cela promettait pour la suite. « C’était quoi comme prise ça franchement ? Le vol plané solarisant avec retombé sur molletonné d’arrière train ? » s’indigna-t-elle en lui jetant un petit regard furibond. C’est sûr que lui, ça devait beaucoup l’amuser. Il y avait d’autres manières d’atteindre le septième ciel que de la faire voler ainsi. Et cela n’impliquait ni retournement d’épaules, ni dislocation d’articulations, ni … Bref. Son orgueil en avait pris un coup, parce qu’elle ne l’avait vraiment pas vu venir.  Se relevant comme une grand-mère, elle épousseta son pantalon, réajustant son débardeur convenablement. « Bon. Une fois, mais pas deux. » Elle fit un petit geste de la main dans l’air, pour lui faire mine d’approcher, parce qu’elle était de nouveau « prête » à parer l’offensive, ou attaquer elle-même.



@Lawrence H. Austen


©️ ACIDBRAIN
(Invité)

Préférences de jeu
veritas
Contenu sponsorisé
est en ligne
(Contenu sponsorisé)