plaisir coupable (biki)

Tu t'es couché tellement tard, réveillé tellement tôt que tout ça ne faisait pas bon ménage avec ton caractère de cochon et tes démons du moment. Oui, la veille tu avais échangé quelques sms avec Bambi, non pas pour lui demander quand est-ce que tu la reverrais enfin, mais pour te désolidariser une fois. Lâche ! Oh oui. Tu avais peur. C'était pire un grand saut dans le vide, que de lui faire de la place dans ta tête, dans ta vie, dans ton intimité, dans ton cœur. Tu y tenais à cette demoiselle et tu avais peur de développer le besoin d'elle, l'envie d'elle, le manque d'elle. C'est souvent ce qui arrive quand on tient à quelqu'un. Tu pensais déjà beaucoup trop à elle, bien plus que ce que tu voulais bien le dire. Tu ne te reconnaissais pas, c'était juste affreux, et surtout tu avais peur. Tout cela pour dire que tu avais besoin d'un café. Tu t'es servi à la machine à café, par manque de temps, avant de te glisser dans l'ascenseur non loin de là, avec tes joyeuses certitudes.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi n'avait pas pleuré toute la nuit comme toute midinette normale, elle avait boxé toute la nuit au point d'en avoir mal aux mains. Ses phalanges étaient rougies en cette matinée mais rien ne l'empêcherait d'aller en cours, pas même les battements de son coeur qui lui faisaient un mal de chien dans sa poitrine. L'échange de sms d'avec Ciarán la veille l'avait démolie. Elle oscillait entre immense tristesse et colère à n'en plus finir alors qu'elle se glissait in extremis entre les portes d'un ascenseur quasi vide, une robe pull particulièrement sayante sur elle et un bouquin de neuro en main. Si, sur le moment, l'italienne n'avait pas remarqué la présence de son obsession, le parfum de ce dernier se rappela à son bon souvenir. Elle se tourna violemment vers lui quelques secondes, lèvres serrées, avant de se remettre droite, toute à sa colère. Elle appuya sur le bouton d'un étage, s'adressant pas un mot. Il ne valait mieux pas sans quoi elle finirait pas être désobligeante.

Il y a peu de temps tu en avais été presque à espérer qu'elle resterait avec toi. Aujourd'hui en la voyant approcher l'ascenseur tu priais presque pour qu'elle n'y entre pas. Tu l'avais déçu le dernier soir mais vous vous étiez rattrapé. Aujourd'hui tu faisais bien pire, et tu en étais conscient. Vous vous étiez embrassés, vous aviez passé la nuit à vous cajoler, tout laissait penser que vous avanciez dangereusement vers quelque chose de vrai et de sain. Mais toi, tu n'étais pas sain. Du moins c'est ce que tu pensais, et même si tu ne cessais de penser à elle et à vos moments ensemble tu finissais pas te dire que tu était juste complètement fou. Fou de prendre autant de risque pour toi, pour elle. Elle est entrée dans cet ascenseur et tu n'osais même pas la regarder. Tu finissais même arranger de la voir te tourner le dos. Elle était colère, tu le voyais bien mais au fond il valait mieux qu'elle te déteste plutôt qu'elle ne s'attache de trop. Tu avais l'impression de vivre les secondes les plus longues de ta vie, et pourtant des moments pénibles tu en avais vécu mais bientôt tu allais finir par comprendre que tu allais plutôt vivre les minutes, voir les heures les plus longues de ta vie. Légères turbulences, éclairage hésitant et hop panne ! Putain ! Dents serrées, mâchoire contractée, tu avais murmuré ce juron. Tu n'osais même pas approcher les touches de l'ascenseur tant elles étaient proche d'Elle.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi préférait ne pas desserrer la mâchoire, le silence étant presque moins pesant qu'une engueulade. Pour une fois que Ciarán ne la couvrait pas de reproches... sûrement ne le ferait il plus jamais, hélas. A cette pensée, son visage fut furtivement marqué d'une intense tristesse et elle remercia le fait qu'ils ne soient pas face à face, car ainsi il ne pût voir cet instant de perdition. En parlant de perdition, l'ascenseur s'arrêta brusquement, faisant hésiter les lumières avant que la panne soit totale. Bien entendu l'italienne atteignit rapidement le bouton de secours, mais c'était inutile. Putain de panne électrique de mes couilles !! C'était bien le moment de la laisser seule avec le jeune homme, dans un tout petit habitacle, avec pour seule lumière celle d'urgence. Magnifique. Elle était bleue et à peine visible. Bambi soupira, appuyant inlassablement sur le bouton. Pourquoi j'ai fait la flemasse en prenant l'ascenseur hein ?! Mais quelle conne c'est pas vrai !!

Si au moins vous aviez été trois à ce moment, ou plus. Des gens impartiaux, neutres avec vous, là tout aurait été plus simple. Là tu avais l'impression d'être en trop. Tu la sentais bien à bout de nerfs de se retrouver là et pire avec toi. Tu le savais, tu étais la dernière personne qu'elle voulait voir, et bien plus encore aujourd'hui, pas après tes textos de la veille. Tu avais même lâchement arrêté de lui répondre, juste après qu'elle t'ait dit ce que tu voulais entendre pour rendre les choses moins pénibles. Tu la regardais du coin de l’œil s'exaspérer. Tu distinguais plutôt bien sa silhouette. Elle t'aurait fait sourire par son comportement excessif si tu n'avais pas été tant en froid avec elle. En attendant, tu sortais ton téléphone de la porche, essayant de joindre le secrétariat... ça sonnait tellement, que tu as fini par raccrocher après avoir regardé l'heure. C'était certainement la pause de la café/clope. Te prend pas la tête avec ça, ça sert à rien. Je rappelle dans cinq minutes, on aura forcément quelqu'un. As-tu comme tu aurais pu le dire à n'importe qui d'autre.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi s'énervait seule dans son coin et les propos de Ciarán furent un déclic. Finalement, son ton normal, comme s'il s'adressait à une étudiante inconnue, fut comme un coup de poignard lancé sur son petit coeur mis déjà bien à mal par les textos de la veille. Tu vas faire comme si j'étais une étrangère maintenant c'est ça ? Après le coup du jetage par sms, je vais avoir droit à ça soupira-t-elle en le regardant cette fois ci droit dans les yeux du moins autant que possible malgré le peu de luminosité de la pièce. Et tu te sors quoi à toi même pour garder la face ? C'est une chieuse elle va m'emmerder ? La sempiternelle phrase je suis pas assez bien pour elle ?Le pire, c'est que malgré toute la colère que cela avait engendré en elle, Bambi ne parvenait pas à l'agresser verbalement ni à le détester. Je pensais qu'on avait un truc rare. Me suis gourrée...

Tu n'as nullement répondu. Comme quasi une fois sur deux. Oui tu allais faire comme si elle était une étrangère. Tu ne pouvais pas agir comme si elle était elle, et tu ne pouvais pas l'enterrer six pieds sous terre en étant exécrable. Alors oui, tu restais neutre comme si tu avais honte d'avoir jouer, de t'être perdu et te t'être plus à cette complicité avec elle, comme si tu le méritais. Oui c'est parfaitement ça. Tu finiras par t'en rendre compte. Tu parlais bien du fait qu'elle était trop bien pour toi et toi pas assez bien pour elle. Tu le pensais vraiment. Ça nous rend service, crois moi. Tu étais toxique, mais elle avait raison vous aviez eu quelque chose d'unique. Tu n'avais jamais eu ça avec une autre, tu ne savais pas comment faire, tu étais persuadé de ne pas la mériter et tu pensais être source de problèmes. Je suis pas fait pour tout ça. Oui l'engagement, la ferveur et la sincérité des sentiments, la confiance, l'attache. Tout ça.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi le regardait ou plutôt tentait de le regarder, éberluée. Il venait vraiment de lui sortir la phrase pourrie de tout homme qui ne sait pas comment rompre avec une femme. Lâche, comme tous les hommes finit elle par dire en secouant la tête négativement la tête de droite à gauche. A aucun moment tu t'es demandé ce que moi je voulais. Si je voulais pas tenter le tout pour le tout quand même. Je sais rien de toi mais tu sais rien de moi non plus. Tu dis que c'est mieux pour moi ? Tu m'fais rire. Tu te dédouanes juste en disant ça c'est tout. Et tu me fais mal aussi. Bambi approcha un peu brusquement la main comme pour le gifler et se ravisa finalement, effleurant à peine sa joue. Elle recula d'un pas, puis deux, avant de mettre un pain particulièrement violent à la tôle d'acier composant l'ascenseur, histoire d'apaiser sa douleur mentale, la faisant devenir physique. Sa main était désormais crispée mais sur le coup, ça l'avait quand même soulagée. De toute façon pas grave, ma mère m'a proposé de retourner en Sicile. Avant j'avais une raison de rester, maintenant je l'ai plus. Soit content, t'auras même pas à faire semblant !

Tous les hommes ? Tu n'en savais rien. Mais en tout cas tu étais lâche avec elle et tu en étais conscient. Tu étais persuadé qu'elle se trouverait un mec bien, le genre idéal, chirurgien comme papa amoureux et canard sur les bords. Elle serait heureuse avec un mec stable et sans problèmes. Toi tu étais un nœud à emmerdes, un nœud à blessures. T'aurais préféré qu'on s'apprenne, qu'on s'apprivoise, qu'on s'attache bien plus encore avant que je me détache, peut-être ?! Tu ne savais rien d'elle si ce n'était ce qu'elle t'avait offert, et tu craquais littéralement pour elle. Qu'adviendra-t-il si tu finissais par ne voir que par elle ? Si elle devenait le centre de ton monde ? Tout abandonner après avoir commencé à construire, aurait été juste insoutenable. Tu aurais fini par la décevoir d'une manière ou d'une autre, et pas nécessairement en ne lui étant pas fidèle. Non simplement en étant pleinement toi-même avec ton impulsivité, et cette rage qui avait fait son nid en toi avec les années. Sa main a frôlé ta joue comme une caresse avant s'heurter aux parois. Tu peux me la foutre, si ça peut te soulager. Oui tu t'en foutais pas mal. Tu souffrais toujours plus psychologiquement que physiquement. En l’occurrence te détacher d'elle était plus difficile que n'importe quel coup. Un peu de manière ironique tu demandas. Tu serais restée pour un mec que tu connais à peine ? Avec qui elle avait partagé quelque chose d'unique, tu oubliais ce détail. Elle était en train de te dire qu'elle comptait rejoindre, l'Europe son continent, l'Italie son pays, la Sicile son île. Tu semblais ne pas vouloir réaliser.

@Bambi C. Corleonesi

Bambi soupira de plus belle. J'aurais surtout préféré que tu me fasses confiance pour encaisser ce que t'as peur que j'encaisse pas apparemment ! Il ne fallait pas la prendre pour la moitié d'une conne. L'italienne sentait qu'il se rendait coupable d'on ne sait quel méfait hypothétique et qu'il avait mis fin à leur début d'histoire à cause de ça. Le simple fait qu'il la croit trop faible pour encaisser la rendait dingue. N'était elle pas fille de mafieux ?! Certes, Ciarán n'était pas au courant et c'était aussi bien comme ça, mais elle avait encaissé sûrement bien pire. En tout cas elle fut bien incapable de lui mettre une gifle, se contentant d'être douceur pour lui et violence pour la tôle de l'ascenseur. Ça me soulagera pas et c'est pas mon genre. Puis ça changerait rien. fit elle d'un air désespéré. Bambi n'aurait jamais eu l'attention de l'abandonner si jamais leur histoire avait continué. Elle aurait gentiment dit à sa mère que sa vie lui convenait ici... Je serais restée parce que moi j'y croyais en nous. J'suis trop conne hein ? Mais j'peux pas. Faire semblant comme toi je suis pas capable. Faire comme si j'te connaissais pas ou qu'il c'était rien passé. T'inquiète, je m'en vais dans une semaine t'auras pas à faker longtemps !