Noah n'est pas bisexuel, il se définit de toute manière comme un misanthrope. Ou comme un cartésien désabusé Je pense donc je suis, mais je m'en fou. En revanche, Noah est un vrai pervers, pas au sens commun, mais au sens pur. C'est quelqu'un qui exploite l'interdit, qui cherche à aller constamment à l'encontre de tous les codes moraux quand il laisse son sadisme s'exprimer. Par exemple, il n'est pas incestueux, mais provoque le danger de l'inceste en faisant du charme à sa cousine Sorrow depuis leur enfance. Quand il s'agit de moralité, dans le plus grand des secrets, Noah brise toutes les règles, il a un besoin viscéral de réduire à néant toute construction sociale, tout dictat, tout dogme. C'est un architecte apophatique, il construit tout par opposition, déconstruction, il est dans la négation, cherche le non-sens, l'absurde réalité nous sommes vides, nous sommes rien. Comme le Méphistophélès de Goethe, "Je suis l'esprit qui toujours nie, et c'est avec justice, car rien n'existe en ce monde qui ne mérite d'être détruit". Alors, dans ses élans destructeurs de bonne conscience, il lui est arrivé de flirter avec des garçons. Pas parce qu'ils l'attiraient, il n'a aucun problème avec sa sexualité, pas non plus parce qu'ils se posait des questions ou autre. C'est un impératif plus profond : c'est interdit, donc je l'apprivoise.
Zeke et Noah aurait pu se rencontrer à Boston à une lecture ouverte. J'ai cru comprendre que Zeke écrivait, j'suppose qu'il lit aussi. Noah lit énormément, il est fou de littérature. Je vois bien leur relation basée sur ça.
Contexte de rencontre : Une séance de lecture ouverte d'un poème de Baudelaire (je te laisse le découvrir) Femmes Damnées II. Ce poème a été interdit, c'est une ode tragique à l'homosexualité. Entre femmes dans le livre. Mais Zeke et Noah aurait pu se l'approprier, après avoir échangé quelques mots, remarqué que ça matchait, qu'ils se taquinaient. Ils seraient devenus comme les personnages du poème. Zeke la forte Hippolyte, celle qui assume, celle qui est directe, celle qui n'a pas froid. Noah la fausse candide Delphine, celle qui est évasive, celle qui ne se pose pas. Un jeu se serait installé entre eux, avec un retour constant au poème, des références sans cesse aux personnages de livres qui pourraient leur ressembler. Avec ce Noah qui n'aime pas les hommes mais qui est trop pervers pour résister à la fissure morale, et Zeke le bisexuelle qui trouvera d'autres choses à exploiter dans ce lien presque platonique.
En gros, quelque chose de très profond, intouchable, constamment bancal, déguisé par mille et unes métaphores, inconstant et redondant. L'équilibre instable. Je les vois même s'amuser à s'écrire des lettres parce qu'ils trouvent ça triste que les gens n'en n'écrivent plus. Je les vois se lire l'un l'autre des livres, flirter avec un érotisme non assumé mais constamment provoqué. Noah n'hésiterait pas à entretenir le feu, à faire comme s'il allait embrasser Zeke sans jamais le faire. Il serait toujours dans son attitude pervers.
Et je propose qu'au départ, afin de bien développer la relation, l'un et l'autre ne connaissent pas leur confrérie respective. Que leur relation soit complètement cachée (comme celle de Delphine et Hippolyte), hors temps, évasive, inexprimée, sans jamais être consommé. Puis avec une laaaaaarge latitude d'évolution du coup (surtout quand ils découvriront qu'ils sont Mather et Eliot). Est-ce que tu vois le genre ?