Frozen time ? Not a chance ! » ft Alekseï

Ce que Moana adorait particulièrement chez Alekseï c’est qu’il ne la pressait jamais pour qu’elle lui confie des choses. Il respectait autant son excentricité que son silence. En l’occurrence, c’était encore trop tôt pour qu’elle puisse en parler sans risquer de fondre en larmes, et l’italienne ne voulait pas à chaque fois paraître comme une pauvre petite poupée cassée en face de lui. C’était trop dur. « Peut-être qu’un jour j’y arriverais… si ça me fait plus pleurer » admit-elle sans lui mentir, car ils se connaissaient trop pour se balader avec des mensonges n’ayant pas lieu d’être. D’autant que s’il la respectait, la réciproque ne pouvait pas être plus vraie. Elle l’aurait respecté même s’il n’avait pas eu de cicatrices et pourtant, lorsqu’elle vit la sienne, ce ne fut plus seulement de la tristesse que l’on put voir dans le regard de l’italienne mais de la colère. De la colère qu’on ait pu le blesser, lui. Sans savoir pourquoi, elle avait envie de massacrer tous ceux ayant voulu lui faire du mal, alors que pourtant, avec son gabarit de crevette, elle n’aurait jamais pu faire de mal à une mouche. Instinctivement, elle posa sa main contre le t-shirt du beau russe, là où il avait dévoilé un peu plus tôt la plaie mal soignée. Une nouvelle marque de respect et de confiance. Une marque à laquelle elle voulait donner un écho. « C’est toi le plus beau t’façon ! T’aime pas que j’le dise mais c’est quand même vrai. Merci de me faire autant confiance… ça m’touche tu sais » reprit-elle dans un petit sourire attendri. Sa main était encore contre le t-shirt, posée, tout simplement. « Il m’a battue. Il pensait que je regardais un autre mec, alors que c’était pas le cas. Il m’a battue jusqu’à ce que je puisse plus bouger et a mis le feu à l’appart. Un voisin m’a sauvée in extremis… et c’est à cause de tout ça que… tu sais quoi est arrivé. » Une façon brève d’expliquer mais cela expliquait la fausse couche en tout cas, ainsi que ses cicatrices, et l’étendue de ses brûlures. Moana enfila bientôt la robe, qui recouvrait heureusement les marques, avant de tourner autour d’elle. « Alors ? J’ai bien choisi ou pas ? » Elle rayonnait à nouveau. Enfouissant ses démons pour passer une soirée en or avec un homme en or.

Moana savait très bien avoir la force de cent hommes au niveau de son caractère. Aucun doute là dessus. Peut être cela lui portait il souvent préjudice car elle n'avait pas sa langue dans sa poche et déplaisait à ceux plus modérés qui préféraient les jeunes demoiselles douces... mais rien à faire, elle avait tout d'une italienne en cela, une italienne au sang chaud qui peinait à maitriser certaines émotions vécues à cent à l'heure. Voilà pourquoi on pouvait aisément lire une telle rage dans le fond de son regard d'un bleu si puissant, alors qu'elle ne faisait que frôler la cicatrice précédemment montrée par nul autre qu'Alekseï. La brunette aurait préféré qu'il ne subisse jamais ce genre de souffrance mais elle n'était pas idiote ni aveugle, ne connaissant fondamentalement pas grand chose de ce qu'avait été sa vie avant qu'elle ne fasse sa rencontre. Un jour, peut être, s'il en ressentait le besoin, il se confierait à son tour. En attendant, Moana essayait d'être présente à sa façon et de le faire rire avec toutes les conneries dont elle était passée maîtresse. " Tu sais, t'es pas obligé de me protéger, je t'adorerais pas moins si tu le fais pas ! " reprit-elle dans un adorable sourire dont elle avait le secret et qui laissait entrevoir combien l'étreinte qu'il lui avait offerte l'avait touchée. Par chance, il trouva la robe qu'elle avait choisie parfaite et ils furent rapidement en dehors du magasin - pour le plus grand bonheur du beau russe sans aucun doute - direction son appartement pour que Moana puisse se doucher. Cela lui faisait drôle d'y aller pour ça et en même temps, cela l'amusait. Une fois sa douche finie, son maquillage et son coiffage également terminés - elle ne sortait jamais dans une petite trousse de maquillage au cas où - l'italienne se présenta toute pomponnée devant Alekseï, lumineuse comme un rayon de soleil reflétant une étendue de neige. " Je suis prête ! Notre premier restau c'est complètement con j'ai le trac alors que j'ai juste une robe qui déchire quoi ! Tu me gâtes j'suis trop chanceuse..."

« J’me prends pas la tête, j’suis flattée ! Puis en plus t’es super classe » complimenta-t-elle à son tour la tenue d’Alekseï. Super classe, dans la bouche de Moana, cela signifiait magnifique, rayonnant, charismatique. Il en imposait d’un simple regard. Un peu comme en tant que médecin mais là, elle découvrait une autre facette inconnue de sa personnalité et d’un coup d’un seul, cette facette la passionna. Tout ce qui touchait au mystère titillait de toute manière sa curiosité mais cela montrait avant toute chose qu’elle s’intéressait au jeune homme, sans quoi elle ne l’aurait même pas complimenté sur sa tenue, se contentant d’être à son bras et de jouer les jolies poupées Barbie, comme elle le faisait parfois, pour conjurer la solitude qui accablait son existence. Sauf que ce soit, loin d’elle l’envie d’adopter une telle attitude. Non, l’italienne prit fièrement le bras du beau russe, quittant son appartement pour mieux grimper dans sa belle Audi d’un gris métallisé absolument magnifique. « Je sais ça fait pas féminin de suite mais ta caisse en jette un max » murmura-t-elle par peur d’être entendue et que sa féminité en perde subitement un coup. Moana avait toujours été passionnée par les voitures, qu’elles soient de collection, de course, peu importe leur vitesse ou leur design, tant qu’elles attiraient son œil. Un petit péché qu’elle gardait secret… un péché mignon bien à elle ! Mais la brunette n’y fit pas plus référence, demeurant quasiment silencieuse pour le reste du trajet, tentant de deviner où il l’emmenait. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant l’établissement, d’un chic à couper le souffle, et de voir qu’en prime Alekseï semblait être un habitué. Il lui fallut se dominer pour s’asseoir sans être bouche bée comme une gamine et éviter de poser une question. Là-dessus, elle fut parfaite. Du moins jusqu’à ce que la carte du menu fut entre ses mains et que le beau russe l’incita à prendre ce qu’elle voulait. Dès lors, les yeux bleus de l’italienne jonglaient entre la carte et le jeune homme, une question lui brûlant les lèvres. « J’ai l’impression qu’en fait, en plus d’être un super doc, t’es un type super chic, raffiné et tout et tu m’as jamais montré cette facette ! » fit-elle en se mordillant la lèvre inférieure de surprise, dans un petit sourire. « J’aime bien l’image que j’ai en face de moi qui que tu sois ! » Elle respectait ses secrets. Et levait même son verre sans poser davantage de questions. L’idée n’était pas de le mettre mal à l’aise, bien au contraire.

❝ Frozen time ?
Not a chance. ❞
MOANA & ALEKSEÏ.

Alekseï avait apprécié que la jeune femme complimente sa voiture. Il s'était retenu de toute réaction excessive pour ne pas paraître comme un enfant qui montrait son nouveau jouet. Ce jouet d'ailleurs les emmena rapidement au restaurant, avec un bruit de moteur ronronnant qui leur caressait les oreilles.
Il regardait Moana avec un air amusé, elle semblait véritablement subjuguée par ce qu'elle voyait autour d'elle. Loin de lui le souhait de vouloir lui en mettre plein les yeux, mais il était satisfait de lire la joie dans le regard de l'italienne. Peut-être pour le remercier, Moana le fit crouler sous les compliments. Il lui adressa un large sourire, comprenant bien qu'elle se questionnait sur l'homme qu'elle avait en face d'elle. Il est vrai qu'ils s'entendaient très bien depuis un long temps maintenant, mais ils n'avaient jamais réellement prit le temps de se parler d'eux-même, à apprendre à se connaître autrement que par leur feeling naturel. D'ordinaire très réservé, Alekseï était ce soir disposé à se livrer à la belle qui l'accompagnait ce soir.
« Je suis héritier », il venait de lancer ça, comme ça, sans autre explication ; « En fait ma famille, les Voïnov, est une famille tsarine influente en Russie. Voilà donc pourquoi je suis si … Raffiné »
Après lui avoir avoué une petite partie de ses origines, Alekseï porta la coupe qui avait été posée en face de lui jusqu'à ses lèvres et bu une gorgée. Délicieux, ce champagne était une merveille. Le russe laissa son regard se promener sur le menu qu'il tenait ouvert d'une main. Tout le tentait, il ferait son choix par rapport à celui de Moana. Avec une grande discrétion, un des serveurs vint à leur table. Il salua poliment la sicilienne puis se tourna vers Alekseï.
« Bonsoir monsieur Voïnov, c'est un plaisir de vous avoir parmi nous ce soir, surtout en de si charmante compagnie », l'homme adressa un sourire courtois à Moana, « Le chef propose de vous offrir une bouteille du champagne que vous êtes en train de déguster. »
« Ce soir, c'est Madame qui décide, c'est à elle qu'il faut le demander. »
Répondit-il au serveur, en posant son regard sur la brune en face de lui, qui devenait rouge comme une écrevisse. Moana n'avait probablement pas l'habitude de ce genre d'endroit mais le russe voulait qu'elle s'y sente à l'aise et qu'elle prenne des initiatives. Plus tôt dans la soirée, il avait hésité quant à leur destination ce soir. Il avait pensé à un restaurant plus commun, pour ne pas effrayer Moana, mais il avait finalement décidé de lui faire découvrir son monde. En espérant qu'elle ne s'enfuit pas.
Le serveur était à présent tourné vers l'étudiante, attendant sa réponse.  

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HJ:

Moana connaissait déjà le luxe, les paillettes, les grands restaurants, mais on décidait souvent pour elle. Disons qu’elle avait souvent connu tout cela en Italie, en côtoyant de très près la Mafia en compagnie de ses parents. En venant habiter aux États-Unis, il n’était pas question que de côtoyer le même monde. La jolie brune aspirait à davantage de simplicité, et se contentait bien souvent de se faire la cuisine elle-même, alors qu’une fortune colossale dormait paisiblement sur un compte en banque, à fluctuer de jour en jour. Cet argent, survenu de l’héritage de ses grands parents, elle entendait l’utiliser pour ouvrir un jour un dispensaire, ou un autre centre pour enfants malades, elle ne savait pas encore. Quoi qu’il en soit, son existence se trouvait loin de ce grand restaurant ou tous les clients étaient à quatre épingles, craignant la moindre tache… « Wow je suis en face d’un héritier, la classe ! C’est adorable que tu partages ça avec moi. Je pensais pas que tu le ferais. » Après tout, ils étaient proches mais elle restait son étudiante, Moana ne se mettait pas des œillères à ce niveau là. Il faudrait être idiot pour s’en mettre. La brunette n’eut hélas pas le temps d’un autre commentaire qu’un serveur venait énoncer que le champagne était offert par le chef, après avoir complimenté la demoiselle en la qualifiant de charmante. Déjà que ses joues s’empourpraient, le fait d’entendre le beau russe vouloir qu’elle prenne les rennes la fit déglutir avec difficulté, du moins au départ. Et puis sa volonté à toute épreuve reprit le dessus, et, sa connaissance du milieu la fit diriger la commande d’une main de maître. « Votre carte a l’air absolument appétissante mais mon œil se porte sur votre homard bleu et sa farandole de la mer, que je prendrais avec un Puligny-Monrachet, cela ira parfaitement avec. » Pour le dessert, elle parlementa quelques instants avec le serveur, riant, plaisantant, totalement dans son monde. Comme quoi, même si Moana avait recherché la simplicité pendant toutes ces années, le naturel revient souvent au galop. Le serveur s’éclipsa bientôt avec la commande et l’italienne se tourna vers Alekseï, un sourire radieux sur les lèvres. « Qu’est-ce que l’on disait ? »

Apparemment, le choix de Moana plu à Alekseï, une chance ! Si la demoiselle s’y connaissait en cuisine gastronomique et en grands crus classés c’est parce qu’elle y avait été initiée jeune. Puis difficile d’oublier un palet fin lorsque l’on en possède un. On ne verrait jamais l’italienne dans un McDo par exemple, à moins d’être réellement affamée et qu’il n’y ait strictement rien à manger dans son frigo, ou rien d’ouvert pour acheter à des kilomètres à la ronde. Depuis son installation aux USA, néanmoins, elle conservait une simplicité qui ne laissait aucunement penser qu’elle faisait partie d’une famille riche. Comme quoi, si le beau russe possédait de multiples facettes, c’était quelque chose qu’ils avaient en commun à n’en point douter. « Ouf si je m’étais plantée c’était mauvais moins pour moi direct » plaisanta-t-elle, tout en sachant qu’il n’était aucunement question de bon ou mauvais point ce soir. Son expression ainsi que le clin d’œil qu’elle offrit au jeune homme laissait pleinement sous entendre qu’elle le taquinait. Ceci étant, le commentaire qu’il fit sur l’environnement de naissance de Moana l’amusa et lui fit baisser les yeux un instant tandis qu’elle réfléchissait à la réponse à donner. « Bah en fait je suis héritière comme toi. Pas russe mais italienne, j’ai grandi dans ce genre d’environnement. C’est juste que ça faisait longtemps. Depuis trois ans j’essaye d’être une nénette simple mais ça fait du bien aussi de renouer avec ce que j’ai connu avant » reprit-elle mystérieusement, le regard brillant, avant de lever son verre. « Tu veux qu’on trinque à quoi mon cher Alekseï ? » Pas de ‘chou’ comme elle l’appelait si souvent. Ici, elle se maîtriserait bien davantage par rapport à d’habitude.

❝ Frozen time ?
Not a chance. ❞
MOANA & ALEKSEÏ.

Moana avait ce don de te surprendre à chaque phrase qu'elle entamait. C'était toujours agréable de discuter avec elle et elle semblait avoir tellement de facette qu'il était tout bonnement impossible de s'ennuyer en sa présence. Tu souris à son clin d’œil puis écoutes la réponse qu'elle t'apporte concernant ta dernière question. Ça ne t'étonne pas qu'elle soit issue du même milieu que toi. Les bonnes habitudes ainsi que la bonne éducation, s'il y en a une, ça ne se perd jamais. Tu portes la coupe à tes lèvres et bois une gorgée de champagne, qui est d'ailleurs un véritable délice. Tes yeux viennent se poser sur le doux visage de la sicilienne « C'est toujours agréable d'avoir un petit retour aux sources de temps à autres ». Elle te demandes ensuite à quoi vous alliez bien pouvoir trinquer. Tu n'as pas l'habitude de ce genre de question puisque tu as encore moins l'habitude des longs discours. Tu réfléchis un instant afin de ne pas lui pondre l'éternel « à ta santé ». Pour elle, tu fais un petit effort et lèves ton verre en plongeant ton regard dans le siens. Un léger sourire vient orner tes lèvres « A toi, à nous, au fait que l'on se découvre un peu plus chaque jour et également et à cette pauvre glace que tu as mangé si vite qu'elle n'a pas eut le temps de voir le soleil. ». Tu bois une seconde gorgée puis laisses échapper un léger rire. Tu n'es pas d'un naturel blagueur ou même souriant, mais avec Moana c'était différent. Elle t'apportait fraîcheur et joie de vivre et pour un grand solitaire comme toi, ça ne te faisait pas de mal.

Vous veniez de passer de longues minutes à discuter de tout et de rien à la fois lorsque vos plats firent leur apparition. Les assiettes sont assez grandes alors tu t'empresses de faire un peu de place devant toi afin que le serveur n'ait aucun mal à poser cette œuvre d'art. On dirait que le repas en lui même est une performance artistique tant tout semble être disposé avec précision. Le premier serveur s'en va puis un second arrive, débouche la bouteille de vin et t'en sert un fond. Tu le goûtes et lui fais signe que ce breuvage est réellement délicieux. Il sert alors Moana, puis termine de remplir ton verre. « L'Italie ne te manque pas trop ? » demandes-tu.
 

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