Frozen time ? Not a chance ! » ft Alekseï

« J’aime bien quand t’es excessif ça fait partie de ton charme » fit-elle dans un petit sourire, après une énième cuillère de son yaourt glacé, qu’elle venait d’ailleurs de terminer. Moana n’était pas rancunière de nature et encore moins en présence d’Alekseï, qu’elle adorait tout bonnement. La preuve, qu’importe les gens autour, qu’importe qu’ils soient dans un lieu public, elle vint bientôt se lover contre lui, se mettant sur ses genoux pour mette à mal la distance encore vive qui s’était jouée entre eux jusqu’ici. Une façon à elle de se faire pardonner certes, mais aussi de lui montrer toute l’affection qu’elle avait pour lui. Une façon affectueuse de sicilienne… « Parole de scout, bon j’espère que j’aurais pas encore bobo tête comme ça mais si un jour ça m’arrive encore, tu s’ras le premier informé ! » reprit-elle quasi solennellement, levant au passage sa main gauche, sa main de cœur. Moana n’esquissa aucun rire en disant cela, elle lui faisait une vraie promesse. Une promesse sur laquelle le médecin pourrait compter, même si tous les deux espéraient que jamais un tel accident ne se reproduirait, car le prochain pourrait être plus grave. « Sérieux j’fais ma dégueu ? » éclata-t-elle légèrement de rire, faisant preuve d’un brin de discrétion pour ne pas le mettre mal à l’aise, juste assez pour qu’il soit le seul à l’entendre. Alekseï utilisa bientôt son index pour ôter le petit bout de glace de sa joue, la faisant de mordiller légèrement la lèvre inférieure de honte. Décidément, pour le bal de la reine d’Angleterre, elle repasserait… « J’suis sûre qu’elle est encore plus meilleure parce que tu l’as goûtée sur ma joue ! » reprit-elle, cabotine, hochant vivement la tête de bas en haut avant d’esquisser un petit clin d’œil. Tout ceci avant de lui murmurer à l’oreille : « tu veux que je retourne à ma place, je te gêne à être sur tes genoux chou ? »

« Résultat, quand t’as pas un truc, tu le testes sur une nana canon et ça passe de suite ! » reprit-elle en riant, non pas seulement comme une enfant - qu’elle savait si bien être en temps normal - mais également comme une jeune femme. Une jeune femme avec sa séduction, ses faiblesses, et, en l’occurrence, son respect d’autrui puisqu’elle venait tout de même de proposer à Alekseï de s’ôter de ses genoux si jamais sa conduite le gênait. Délicat de sa part, et autant dire que la jolie sicilienne ne fut aucunement capable d’imaginer ce qui allait suivre. Le professeur la souleva bientôt, aussi légère qu’une plume, avant de la porter façon sac à patates sur son épaule tandis qu’elle se débattait comme un beau diable. C’est qu’il avait de la force, et qu’elle ne faisait pas le poids tant qu’il n’aurait pas décidé de la poser de son propre chef. La raison de ce geste ? Lui prouver que le regard des autres lui importait peu. Moana devait être complètement rouge écarlate, décoiffée comme jamais et pourtant, alors qu’il remettait délicatement une mèche de cheveux en place, elle éclata de rire. « Bordel mais tu m’as porté comme un sac à patates ! Bonjour le pas sexy je veux même pas voir ma gueule » rit-elle de plus belle en lui tirant doucement la langue, remettant vite fait ses cheveux en place avant de lui lancer un regard en coin. C’est la première fois qu’elle l’entendait rire aux éclats ainsi. La première fois qu’il osait une chose pareille en sa présence, se foutre de tout et fatalement, le sourire qu’elle lui offrit fut d’autant plus éclatant. « Tu sais que t’es beau quand tu ris ? Je devrais te poser ce genre de question débile plus souvent, ça te réussis vachement bien ! A défaut de pouvoir faire autre chose… j’vais t’faire un câlin ! » Il n’avait pas le choix. L’autre chose et bien… c’était son petit secret.

« Dis tout de suite que la patate était grosse et insupportablement gigotante ! » reprit-elle, faussement vexée, d’un air presque précieux avant d’éclater de rire. Moana ne mangeant que lorsqu’elle avait le temps, ce n’était pas demain la veille qu’elle serait en surpoids. Son médecin traitant la mettait même en garde contre l’anorexie, de temps en temps, histoire qu’elle arrête ses conneries. Non pas qu’elle en soit proche, car son corps restait bien proportionné pour le moment, mais la balance pouvait très facilement pencher du mauvais côté et ça, la sicilienne le savait mieux que personne. Alekseï l’empêchait de tomber dans ce genre de petit travers, la preuve, puisqu’elle avait mangé sa propre glace et la sienne par-dessus le marché. Ce n’étaient pas de bonnes calories, mais des calories tout de même. Le jeune homme avait un effet bénéfique sur la demoiselle et ça, cela ne datait pas d’hier. Ce fut sans doute ce qui la poussa à ce câlin, en pleine rue, chose qu’elle n’osait jamais en temps normal et dont elle ne parlait pas davantage par peur de le gêner. Moana ne savait que trop bien à quel point le professeur était réservé sur ses émotions et sentiments… le brusquer ou le pousser à faire quelque chose qu’il ne souhaitait pas n’était pas son désir profond à elle, bien au contraire. Le sentir bien, en revanche, l’était bien davantage. Même si Alekseï finit par entourer le corps frêle de l’italienne de ses bras puissants, il s’était écoulé un petit moment avant qu’il ne le fasse et ce fut pourquoi, avant qu’il ne formule son invitation, elle s’excusa aussitôt : « désolée j’avais juste envie d’un câlin. Promis la prochaine fois j’serai moins expressive ! » Elle esquissa d’ailleurs un petit sourire suivi d’un clin d’œil, espérant de tout cœur qu’il ne lui en voudrait pas. Mais sa propre gêne fondit aussitôt comme un petit caramel sucré au soleil face à la proposition du jeune homme. « Si ça me tente ? Plutôt deux fois qu’une ! J’suis super flattée, merci mon chou » fit-elle, toute guillerette, avant d’attraper son bras pour reprendre la marche. Il ne fallait pas le lui dire deux fois… « Par contre, j’vais mettre quoi moi ? Si j’y vais nue, j’crois que j’vais faire un peu trop sensation au restau… on m’quittera pas du regard » pouffa-t-elle face à sa propre connerie.

« T’inquiètes pas, l’italienne que je suis est bouillante pour deux ! » pouffa-t-elle légèrement car c’était vrai, Moana était tout en joie de vivre, chaleur et provocation. Un savant mélange qui formait une moyenne avec la réserve d’Alekseï fondamentalement, voilà pourquoi ils s’entendaient si bien et pourquoi il n’était jamais totalement froid avec elle. En tout cas, la pimpante brunette n’avait pas souvenir qu’il l’ait déjà méchamment envoyé sur les roses, ou vraiment repoussée froidement. Comme s’il avait peur qu’elle se brise… et pourtant, jamais ô grand jamais elle n’avait montré son plus grand secret, que personne ne connaissait, et qui aurait sûrement été à l’origine de plus grandes précautions encore de la part du professeur, aucun doute là-dessus. Par chance, Moana ne pensait même pas à ce fameux secret et pour cause, elle oubliait toute pensée ou souvenir négatif dès qu’elle se trouvait auprès de lui. Il l’apaisait, la rendait heureuse. La preuve, elle usa d’une petite provocation marrante et aussitôt, il proposa de lui offrir une robe de soirée. « Ralala j’suis la meuf la plus chanceuse du monde ! » s’exclama-t-elle doucement à son oreille, lui embrassant la joue avant de lui prendre la main pour rentrer dans le magasin. Moana ne savait que trop bien à quel point Alekseï n’aimait pas faire du shopping, aussi allait-elle s’efforcer d’être aussi brève que possible afin d’abréger ses souffrances. En mode shoppeuse professionnelle, d’ailleurs, l’italienne eut rapidement l’œil sur LA robe parfaite. Une robe qui allait parfaitement avec ses yeux d’un bleu profond, pas trop longue pour éviter le genre pompeux, et qui mettrait à coup sûr en valeur sa belle plastique. « J’ai trouvé j’ai trouvé !! » lui montra-t-elle aussitôt l’œuvre d’art entre ses mains. « Mais tu vas v’nir avec moi dans la cabine parce que j’veux ton avis et le tien uniquement, tu s’ras mon VIP ! » Aucune discussion possible, elle le tira dans une grande cabine sans avoir attiré le moindre regard cette fois. Il fallait dire que la boutique était gigantesque et les cabines nombreuses. Moana ôta ses propres vêtements, oubliant que sur son dos se trouvaient de très nombreuses cicatrices et brûlures. Son fameux secret. « Tu me donnes la robe que j’l’enfile chou ? »

Moana n’étant pas aveugle, elle remarqua bien vite Alekseï rouler des yeux alors qu’elle l’amenait à une cabine d’essayage en sa compagnie. Mais l’italienne le connaissait trop bien pour savoir que c’était surtout pour la taquiner, qu’il n’en pensait rien. Après tout, n’avait-elle pas choisi sa robe en… cinq minutes chrono ? Un record, pour cette shoppeuse ! Record à noter d’ailleurs, car elle ne pensait pas avoir déjà fait aussi vite. D’ordinaire, elle prenait son temps, choisissait plusieurs tenues, mais là, cette robe lui avait tapé dans l’œil. Tout lui plaisait : la taille, la coupe, la couleur, la forme… à croire qu’elle ait été dessinée pour être portée par la brunette pour ce fameux dîner avec le beau russe. Autant dire qu’elle souhaitait son avis circonstancié en mode VIP, sans attendre de l’enfiler, de sortir, de faire un tour sur elle-même et donc perdre de précieuses secondes durant lesquelles le professeur aurait déjà pu lui donner son avis sur la robe et sa façon de la porter. Sauf qu’en se déshabillant dans la grande cabine, et en se retrouvant en dessous devant lui, Moana avait complètement oublié que ses cicatrices et brûlures allaient apparaître sur le grand miroir de derrière et donc interpeller Alekseï… qui ne manqua pas de lui demander qui était à l’origine de ses cicatrices. « Si j’te dis que je me les suis faites toute seule, j’vais pas être crédible, hein ? » botta-t-elle en touche, gênée. Le visage et surtout les yeux de l’italienne laissaient pleinement entrevoir une profonde détresse. Celle de n’en n’avoir jamais parlé à personne, d’avoir gardé ce lourd secret en solo pendant trois longues années. « C’est mon ex. Longue histoire… personne n’est au courant, d’ordinaire quand j’suis intime avec quelqu’un, j’éteins la lumière » expliqua-t-elle, la robe en main, quasi tétanisée sur place. « Tu m’trouves laide ? »