C'est pas un poisson d'avril | Isaiha

Je hausse légèrement les épaules aux dires d'Isaiha. La facilité a pourtant un coup par moments, et ce n'est pas forcément un choix que l'on souhaite, pensai-je notamment à mon frère… Reprendre l’entreprise familiale, pour beaucoup cela semble être la solution la plus facile, un avenir tout tracé qui peut paraître égoïste, le piston comme beaucoup disent mais pourtant, je suis certaine que mon frère aurait aimé pouvoir choisir sa voie, pouvoir se lancer dans l'art comme il en rêvait, sans subir les regards désapprobateur de mon père. Tout comme cette grossesse, la facilité serait d'avorter mais je ne peux tout simplement pas . « Les Amish fêtent Noël ? » lui demandai-je finalement en relevant les yeux vers lui à l'évocation des fêtes de fin d'année, encore quelque chose dont je vais devoir m'occuper si je souhaite garder cette enfant . Rentrer au pays ne sera pas possible. Mais ces fêtes ne sont pas très importantes pour moi, ni pour eux de toute façon. « C'est Youtube, c'est des vidéos en ligne , certains sont même payés pour poster des vidéos, pour vendre des produits etc. ça peut être rentable pour ta sœur si c'est le cas. Mais la plupart des personnes le font pour eux, pour s'amuser ou partager un savoir. » dis-je en haussant les épaules, n'étant pas trop Youtube, ne suivant pas de Youtubeur. Je suis plus centré sur Instagram ou tweeter, même si pour les photos, je vais devoir me contenter de photo de paysage pendant un moment également. Par Allah que cette grossesse va entraîner de circonstance. « Oui la Cabot mais… a part ma meilleure amie, je ne connais pas beaucoup de Cabot, je ne me sens pas vraiment intégré à la maison pour le moment. Les filles sont beaucoup tourné vers les relations amoureuses, les potins etc. j'ai l'impression… et ce n'est pas vraiment mon monde finalement. » dis-je avec un petite grimace, légèrement déçu de cela pensant trouvé une maison avec des femmes solidaires qui luttent pour le droit des femmes… Mais j'ai notamment plus remarqué que certaines d'entre elles aiment également se tirer dans les pattes l'une de l'autre. « Après tous les Eliots et tous les Mathers ne prennent pas part à cette guerre de confrérie, ne t'en fait pas, si elle est du genre pacifiste je ne pense pas qu'elle s'attaquera aux Elitos. » dis-je avec un nouveau haussement d'épaule, ne connaissant même pas la raison de ce conflit.

« tu es très tourné vers la nature. » dis-je avec un petit sourire aux lèvres en l'entendant parlé. « Finalement , je ne sais pas si tu aimerais L'Egypte, le sable le désert tout ça. » dis-je avec un petit rire sortant de mes lèvres avant de reprendre concernant les requins. « Oui je veux bien te croire, si on ne les attaque pas il ne vont pas nous attaquer mais tout de même… ça fiche une de ses trouilles, tu te retrouves face à un moustique et un requin… tu as plus de chance de réussir à écraser le moustique que le requin. » dis-je avec un petit sourire. Les être humain sont comme ça, ayant peur de ce qui est plus grand qu'eux. . « Ta ferme te manque ? » lui demandai-je en tournant mon regard vers lui, constatant au son de sa voix que ça doit être le cas. « A part les animaux.. non je ne crois pas que j'ai d'autre passion. »

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« Oui, au sens le plus chrétien du terme » répondit-il. « Noël est ma fête préférée. Je ne devrais pas l’avouer mais chaque année, dans le plus grand secret, je me rendais quelques jours avant Noël à Columbus pour aller observer les illuminations de la ville. C’est quelque chose qui m’a toujours plu. Cette année, j’espère bien voir celles de Boston ainsi que celles de Cambridge » ajouta-t-il. Isaiha savait pertinemment que ses escapades étaient connues de ses parents car en général, il retrouvait toujours quelques billets pour se payer le bus. Son père ne disait rien, il fermait les yeux comme pour le remercier à sa manière du travail accompli dans l’année. Pour le jeune amish qu’il avait été –et qu’il était sûrement encore aujourd’hui ; c’était simplement magique. C’était bien l’une des rares choses qu’il avait toujours aimé chez les English : leur façon de revisiter Noël de manière tout ce qu’il y a de plus magique. « Et toi, quels sont tes projets ? » lui demande-t-il par curiosité. Son amie s’enquit alors de sa sœur et surtout de sa façon de s’intégrer dans cette nouvelle vie. Casey n’avait visiblement aucun problème comparé à lui. « Oui voilà, elle fait des vidéos » acquiesça-t-il avant de rajouter. « Casey change beaucoup, elle serait capable d’y prendre part si elle ressent comme une injustice. Je m’inquiète sûrement trop pour elle mais à présent, elle est la seule famille qu’il me reste » soupira-t-il en détournant le regard. Sa sœur, c’était toute sa vie. Elle était sa jumelle, son autre moitié. Isaiha ne pouvait pas vivre sans elle tout simplement. Il avait essayé mais avait lamentablement échoué. Le pire, c’est qu’il savait qu’il était le plus dépendant à l’autre de leur duo mais il s’en moquait tant que Casey continuait de lui sourire.

« Oui très… Je suis végétarien, écologiste comme vous le dites » sourit-il avant de grimacer. « Je manquerai sûrement d’eau mais j’aime vraiment tout ce que Dame Nature a à nous offrir. C’est fabuleux la manière dont elle a de créer des enfers sur Terre tout en nous offrant des petits coins de paradis. Prends l’exemple du désert : chaud, harassant et pourtant, tu trouveras des oasis. La nature est juste fabuleuse » s’enthousiasma-t-il. Fabuleusement dangereuse ne put-il s’empêcher de rajouter car à chaque chose qu’elle crée, la nature s’assurait d’en inventer son prédateur. « Il est vrai que vu sous cet angle, c’est vrai. Le problème des requins, c’est qu’ils ont une affreuse vue du coup, ils ont du mal à discerner leur proie » ne put-il s’empêcher de les défendre. « Beaucoup mais je m’y fais » hausse-t-il les épaules l’air de rien. « Y-a-t-il une tradition dans ton pays que tu aimes beaucoup ? » s’enquit-il afin de mieux la connaitre.

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« C’est-à-dire ? Vous fêtez juste la naissance du Christ, et pas de cadeau si je comprends bien ? » dis-je en fronçant légèrement les sourcils, ayant encore du mal avec ces fêtes religieuse. En Egypte, les chrétiens sont fort présents également mais les musulmans dominent malgré tout. Les fêtes comme Noël sont, pour moi principalement, des fêtes commerciales, l’occasion de s’offrir des cadeaux entre nous, mais nous ne célébrons rien de spécial « Oh oui, tu parles des « sapins de Noël » etc ? J’imagine que ça doit être très beau. Les etats-unis sont un pays qui respecte beaucoup les traditions, y compris celle-ci… je crois même qu’à New-York il y a un concours pour savoir quelle maison est la mieux décoré ou quelque chose dans le genre. » dis-je avec un petit rire. Noël est une fête, cela ne devrait pas être un concours, mais soit c’est tellement… américain les concours. « Réussir mes études ? » dis-je avec un petit rire. En soi, ce n’est pas très difficile, je n’ai jamais eu de problème au niveau scolaire, n’ayant jamais vraiment eu besoin de trop me foulé pour obtenir des bonnes notes. « je compte rendre prochainement visite à ma famille en octobre. Il y a de nombreuses fêtes à cette période de l’année, où toute ma famille en profite pour se réunir. Et bon, je ne sais pas si j’aurai l’occasion de les revoir ensuite. » dis-je en haussant les épaules, tout dépendra e cette fameuse décision que je dois prendre. « J’ai hâte de voir comment mon frère se débrouille à la tête de l’entreprise familiale. Enfin j’imagine qu’il suit surtout mon père partout pour le moment. » dis-je avec un petit sourire ; mon père a beau être vieux… presque à l’âge de retraite dans ce pays, il ne laissera pas sa place comme cela. Mon frère ne sera à la tête de l’empire du pétrole, cela lorsque mon père aura rendu son dernier souffle. Je hoche doucement la tête lorsqu’il me parle de sa sœur, posant une main sur son épaule d’un geste réconfortant avant de lui sourire. « Je te comprends , ce n’est jamais facile de voir une personne changée, mais soit juste là pour la soutenir , pour la remettre sur le droit chemin si elle fait une connerie, mais sinon laisse là vivre sa vie. » dis-je avec un petit sourire, ayant vécu exactement la même situation…sauf que je me retrouvais à la place de sa sœur jumelle. Et j’aurai aimé que Nekho soit plus présent, et reste avec moi dans cette situation compliquée.

« Je ne suis pas très loin d’être végétarienne également. » dis-je avec un petit sourire avant de reprendre. « Avec ma religion, je ne mange déjà pas de porc. Et je ne suis pas très fan de tout ce qui est viande bovine non plus. J’apprends à soigner ces bêtes, ce n’est pas pour les retrouver dans mon assiette. » dis-je en soupirant, surtout lorsque l’on apprend les conditions dans lesquels elles sont élevés, les abattoirs etc… non c’est loin d’être mon délire. « Mais le Sahara. .c’est juste magnifique tu sais… l’Enfer tu y va un peu fort je trouve. Ce qui tue dans le désert, c’est principalement le fait de se perdre, de ne pas retrouvé son chemin… » dis-je. Parfois c’est le cas des touristes qui ne veulent pas s’embarrasser d’un guide, pourtant, sans lui difficile de retrouvé le chemin du village le plus proche. « le voilà ton requin. » dis-je avec un petit sourire en lui montrant du doigt l’un des plus grand aquarium dans le fond de la salle obscure, où le requin passe justement devant la vitre. « tu sais, si ça te manque il existe des fermes dans le coin, dans lequel tu peux te rendre pour cueillir toi-même les légumes etc, bon il faudra payer à la fin ses légumes mais ça peut, peut-être , te permettre de retrouver cette sensation perdue. » pour des personnes de la campagne venant s’installer en ville , c’est un petit compromis qui leur permet de regretter un peu moins la campagne, l’air pur , loin de la pollution. ? « Qu’est ce que je peux te dire sur mon pays.. il y a tellement de choses » dis-je avec un sourire aux lèvres avant de reprendre. « Dans mon pays on a souvent recours à des "Salaam Aleikum" soit des « salutations exagérées » comme on dit ici. Par exemple, lorsque l’on croise une connaissance dans la rue, ici on se contente de la saluer de lui demander comment ça va, et de repartir. Tandis qu’en Egypte , on demande des nouvelles de toute la famille tu vois, c’est beaucoup plus conviviale » dis-je avec un vrai sourire aux lèvres, adorant tout simplement parler de mon pays.

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« Non pas de cadeaux. Nous n’avons besoin de rien d’autre que la présence des nôtres autour d’un bon repas pour être heureux » lui répondit-il. Isaiha n’avait jamais été un grand consommateur ou même un matérialiste. Ses maigres possessions revenaient à un livre usé par le temps, un harmonica et une besace contenant ses remèdes à base de plante. En somme, il se contentait de pas grand-chose. « Oui, les sapins de Noël, les guirlandes lumineuses. J’ai vu quelques maisons patiemment décorées. Je suis comme un enfant quand je les vois alors je n’imagine même pas celles qui participent à des concours » répondit-il avec un petit sourire rêveur. Isaiha savait qu’il y avait des illuminations à Boston et il espérait avoir le temps de les voir sinon, il se conterait de les voir plus tard dans la semaine. Rien ne pressait après tout. « Et toi, fêtes-tu Noël ? » lui demande-t-il par curiosité. Khalilah lui parla alors de ses projets et il l’écouta attentivement. Elle aimait beaucoup son frère, cela se ressentait à sa manière de parler de lui. Il avait l’impression de s’entendre parler de Casey tant la ferveur était la même. En un sens, la belle égyptienne et lui se ressemblaient sur quelques points. Leur amitié n’en était que plus naturelle songea-t-il. « J’essaierai de la laisser vivre sa vie mais je sens que cela va me demander plus de contrôle et de volonté que nécessaire » soupira-t-il car au fond de lui, il craignait tellement de voir Casey lui échapper. Isaiha savait qu’il était bien trop possessif envers sa jumelle mais c’était plus fort que lui. Toute sa vie tournait autour de cette dernière alors comment la laisser prendre son envol au risque de la voir partir loin de lui ? Il n’était visiblement pas encore prêt mais il essayait. Par moment.

Les sujets s’enchainaient tous seuls avec la jolie cabot et il hoca la tête à ses dires concernant les animaux. Il la comprenait tellement bien. Lui-même répugnait de manger de la viande. Il ne voulait condamner personne car c’était dans l’ordre naturel qu’un prédateur existe pour toute existence vivante mais il préférait s’abstenir. « Un jour, j’espère que tu me serviras de guide pour traverser le désert » s’exclama-t-il avant de foncer lorsqu’elle lui désigna son requin. Isaiha n’avait pas pu s’empêcher de mettre ses mains sur la vitre, son nez presque collé à cette dernière. Un vrai gosse. « J’ignorai qu’un tel concept existait… c’est une très bonne idée » rétorqua-t-il toujours aussi aspiré par la vision du requin nageant de l’autre côté de la vitre de l’aquarium. Néanmoins, hors de question que de laisser son amie et de l’ignorer. Alors, il lui posa des questions sur son pays. « En effet, c’est bien plus convivial… Tu as un lieu fétiche dans ton pays ? » l’interroge-t-il afin d’en apprendre davantage sur elle.

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« Je vois il n’y a pas le côté commercial… Comme avant, vous faites le vrai Noël. » dis-je avec un petit sourire. Cela peut paraître étonnant pour certains que je m’y connaisse en religion chrétienne mais…c’est quelque chose de très intéressant selon moi : les différences croyances de chacun. Ma famille est musulmane, 90 % des Égyptiens le sont aussi, mais une autre partie, les 10 % qui restent , sont pour la plupart des chrétiens. Les différentes religions vivent paisiblement dans mon pays, le racisme n’est pas présent, ou alors il est fortement caché, et surement pas présent dans ma famille… même si le mariage entre un chrétien et un musulman reste malgré tout interdit. « C’est l’aspect commercial pour moi… Tout le contraire. » dis-je avec un petit sourire à son intention. « Noël n’a pas de signification religieuse pour moi… Mais il n’est pas interdit en Égypte, étant donné qu’une petite partie de la population est chrétienne. Et durant ces fêtes de nombreux touristes européens et américains descendent dans notre pays, alors les hôtels se décorent de sapin et de fausse neige. C’est juste l’occasion de se faire quelques cadeaux pour ma religion » dis-je en haussant finalement les épaules, n’ayant pas envie de partir sur un autre récit sur mon pays, t rapidement l’ennuyer avec cela. S’il y a bien une chose sûre, c’est que les Égyptiens sont fiers de leur pays. « je sais que ce n’est pas facile… mais, même si je ne la connais pas, je pense qu’elle doit faire ses propres expériences, ainsi que ses échecs et ses réussites pour savoir où est sa place… Si c’est près de toi ou non. » dis-je avec un haussement d’épaules une nouvelle fois. Parfois ça prend du temps, parfois les erreurs ont de très lourdes conséquences mais… interdire ces expériences ne doit rien engendrer de bon non plus selon moi. Aurai-je accepté que mon frère m’empêche de boire de l’alcool ? Non je ne pense pas, évidemment ça m’aurait évité de tomber enceinte du premier abruti venue, voulant profiter de moi, mais j’en aurai voulu à mon frère j’imagine. Aujourd’hui, au contraire, je veux sa présence à mes côtés… et je ne l’ai plus.

« oh non, je ne suis surement pas la mieux qualifiée pour ça. » dis-je dans un éclat de rire face à ses dires. Le guider dans le désir, je ne crois pas. « À défaut de te servir de guide dans le désert, je peux te servir de guide à la villa Heruben… Ce n’est pas aussi grand, ce n’est pas aussi désert mais ce n'est pas mal aussi. » dis-je un sourire amusé aux lèvres avant d’avancer avec lui en direction de l’aquarium du requin, levant une nouvelle fois mon appareil photo que je porte à mon regard, laissant passer Isaha avant de lever légèrement mon objectif pour photographier le requin passant devant la vitre, le rejoignant quelques secondes plus tard pour lui montrer le résultat. « regarde la rangée de dents qu’on voit » dis-je avec un sourire aux lèvres, inspectant la qualité de la photo et surtout les couleurs qui en ressortent, notamment la peau de ce dernier, qui semble si résistante, avant de me lancer dans un débat passionnant par rapport à mon pays, bien plus accueillant que les États-Unis selon moi. « Au Caire il y a un parc : le parc Al Azhar, qui est magnifique... C’est l’endroit parfait pour s’échapper, pour prendre des photos splendides … Mais sinon, ce qu’on visite c’est principalement les Pyramides de l’Egypte Antique… Mais si je devrai conseiller un endroit c’est… l’île Eéphantine qui est située sur le Nil. Il y a une partie réservée aux hôtels de Luxe, et une autre où il n’y a que des ruines antiques. C’est très beau vraiment." dis-je une nouvelle fois avec un sourire, reposant mon appareil photo avant de reprendre. " toi, on ne peut pas vraiment visiter une communauté Amish." dis-je avec un haussement d'épaule, ce que je comprend parfaitement. Ils ne veulent pas être mélanger au monde, ils veulent qu'on respecte leur vie privée... Mais de ce fait, on a vite fait de s'imaginer que ses personnes sont un peu...folles?

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« Oui, le vrai Noël » répondit-il avec un hochement de tête. Isaiha adorait cette période de l’année, l’hiver était sans nul doute sa saison préférée car il y avait moins de travail à la ferme et qu’il pouvait en profiter pour se balader, lire et voir un peu du pays. Du moins, s’éloigner un peu de sa ferme pour pouvoir s’isoler. Il n’en avait jamais parlé à personne pas même à sa sœur jumelle mais Isaiha avait construit un petit chalet sur un terrain éloigné appartenant à sa communauté. Bien sûr, il avait eu l’aval des anciens pour ce projet car peut-être ces derniers avaient compris son besoin de solitude. Un chalet dont ses enfants ne pourront jamais hériter pour la simple et unique raison qu’il était un exilé. Qui sait, un jour peut-être en construira-t-il un plus grand sur un terrain dont il aurait acheté les droits d’exploitation. Le lowell se voyait bien finir en paysan comme pour boucler la boucle. « Je vais connaitre pour la première fois, un Noël commercial, je te dirais ce que j’en pense » lui dit-il avec un léger sourire. Khalilah était passionnée par son pays, il le ressentait et dans sa façon de s’exprimer, c’était comme si elle lui offrait une photographie vivante tant il avait l’impression de s’y trouver grâce à elle. « Je sais bien… J’ai juste du mal à me faire à cette idée » soupira-t-il. Lui, l’addict aux jeux éprouvait des difficultés à parier sur sa sœur jumelle et l’avenir de leur relation. Il faut croire qu’il n’était pas encore prêt à vendre son âme au diable pour l’amour du jeu. Dans un sens, c’était rassurant. Un peu. Malheureusement, seul le temps pourrait lui apporter la réponse à ses craintes.

« Alors tu seras mon guide pour visiter Heruben… D’ailleurs quels pays as-tu déjà visité ? » lui demanda-t-il par curiosité avant qu’elle ne lui montre la photographie qu’elle avait prise. Le requin y était magnifique. « Penses-tu pouvoir m’en donner un exemplaire de cette photographie ? J’aimerai beaucoup garder un souvenir de mon premier requin » lui demanda-t-il comme un enfant ferait timidement sa liste au père noël. Il était si heureux de visiter cet aquarium mais il rechignait visiblement à quitter cette salle où le requin nageait indifférent à la foule amassée contre la vitre de son aquarium. Toutefois, Isaiha était tout de même curieux de voir le reste des poissons. Peut-être pourrait-il apercevoir une tortue ?! « En tous les cas, tu donnes envie de visiter ces endroits. Un jour, je visiterai ton pays… Vous avez une culture tellement riche que je suis curieux d’en apprendre bien plus au sujet de ton peuple » avoua-t-il avant de lui sourire en coin face à sa remarque concernant les amish. « Détrompe toi, il nous arrivait d’accueillir des English désireux d’en apprendre plus à notre sujet. Bien souvent, les gens nous confondent avec les mormons alors certains viennent en visite… Il arrive cependant que certaines communautés n’acceptent pas ce genre de « voyage découverte » et pour ma part, j’avais tendance à ne pas fréquenter les rares visiteurs que l’on accueillait. La seule condition que l’on imposait, c’était qu’ils se devaient de vivre comme nous. La technologie devait rester dans leur voiture, loin de nous » lui répondit-il en l’invitant à le suivre vers la prochaine salle de l’aquarium.

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Noël est une fête fabuleuse j’imagine pour les chrétiens, la naissance de Jésus, de leur religion également c’est certainement l’une des fêtes les plus importantes avec Pâques. Je pense pouvoir la comparer avec notre aïd-el-fitr, qui marque la fin du Ramadan, où nous faisons également la fête, où les enfants reçoivent cadeaux et vêtements et que l’on passe en famille, ou encore aïd-el-kébir, où cette fois, vient s’ajouter le sacrifice d’un animal... moment que je n’ai jamais apprécié dans la fête. La religion musulmane reste une religion très familiale, chaque fête étant célébré en famille. Je ne préfère pas argumenter sur sa sœur, je sais que ce n’est pas évident, mais il faut la laisser voler de ses propres ailes, laisser l’oiseau quitter son nid, même s’il doit tomber par moments.

Un petit sourire s’installe sur mes lèvres lorsqu’il parle des pays que j’ai pu visiter. Je n’ai aucune envie d’en oublier dans la liste, mais … ça risque d’être compliqué tellement la liste est longue. « Je suis déjà venu ici à quelques reprises. J’ai visité le Brésil, l’Argentine, la Colombie, la Russie, l’Inde, l’Algérie, la Libye, l’Indonésie, la Turquie, la Chine, le Japon… » dis-je en levant légèrement les yeux au ciel avant de reposer mon regard sur Isaiha. « Mais je ne les ai pas visités vraiment. Je m’y suis rendu avec ma famille, pour des visites diplomatiques le plus souvent, des diners des galas pour accompagner mes parents ». dis-je en haussant les épaules, je n’y étais pas vraiment en tant que touriste, me contentant le plus souvent de visiter quelques musées de la capitale. Il n’y a que l’Égypte que j’ai eu le loisir de visite de fond en comble , que j’ai pu photographier jusqu’en user mon objectif. « Oui, il n’y a pas de soucis, c’est un appareil photo argentique. Dès que j’aurai développé la photo, je viendrais te l’apporter. » dis-je avec un sourire aux lèvres, le développement étant l’étape que je préfère dans la photographie. Je l’écoute à son tour me parler de sa culture, découvrant un peu plus son mode de vie lorsqu’il vivait encore dans sa communauté. C’est une autre culture également qui mérite qu’on s’y intéresse. « Il faut qu’ils apprennent à vivre comme vous donc… mais je pense que c’est le meilleur moyen pour vous comprendre. Faire une simple visite, ce n’est pas assez je pense. » dis-je avec un haussement d’épaules avant de reprendre. « Les mormons ? Il y a différentes sortes d’Amish ? » demandai-je, réellement curieuse d’en savoir plus, tout en continuant notre petite visite non guidée à travers l’aquarium « Oh regard celui-là. » dis-je avec un sourire en portant mon appareil pour prendre en photo un…Dragonnet Rubis, d’après l’affiche.

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Isaiha était impressionné par la longue liste des pays qu’elle avait visité. Des pays dont il n’était même pas certain de pouvoir remettre sur une carte tant il était ignorant sur bien des choses. Le Lowell essayait vraiment de parfaire sa culture générale mais le gouffre était si énorme qu’il avait l’impression que toute une vie ne lui serait pas suffisant pour combler ses lacunes. Rien qu’en musique ! Summer et lui devaient se faire un karaoke prochainement mais il n’avait pas encore réussi à venir à bout des musiques des années 1980 tant il y avait de tubes. « Tu as une vie extraordinaire. Ce n’est pas tout le monde qui peut se vanter d’avoir été dans tant de pays » commenta-t-il sans aucune once de jalousie. Isaiha n’avait jamais été du genre à regarder si l’herbe était plus verte qu’ailleurs. Il partait du principe que s’il souhaitait quelque chose, il n’avait qu’à travailler jusqu’à l’obtenir. En parlant de cela, il se risqua à demander la photographie du requin à l’égyptienne. Il souhaitait garder un souvenir de sa première rencontre avec ce dernier même si une chose était certaine, l’aquarium allait très souvent le voir -qui sait, peut-être y avait-il une sorte d’abonnement. « Je peux peut-être t’aider à développer tes photos ? » lui proposa-t-il afin de lui offrir un service en retour. L’ancien amish n’était pas coutumier des cadeaux, il agissait comme toujours : il proposait quelque chose en retour.

La conversation se poursuivit et s’orienta sur le sujet des amish. « Oui même si j’ai conscience que notre mode de vie relève pour eux du caprice. Ils viennent à la campagne pour une sorte de cure… et une fois repartie, ils oublient tout ce qu’ils ont appris en notre compagnie. Dans ces moments-là, j’avais l’impression d’être une bête de foire » souligna-t-il avec un brin d’amertume dans la voix. Décidément, le blond avait visiblement une dent contre les English. Ces mêmes personnes qui maintenant faisaient son quotidien. « Non, les mormons ne sont pas des amish… loin de là mais souvent les gens nous confondent et c’est navrant » soupira-t-il avant d’hausser les épaules. Khalilah l’interpella alors pour lui montrer un autre poisson. Magnifique avec ses teintes rouges. « J’ignorai qu’un tel poisson existait. Cet aquarium est fabuleux ! » s’enthousiasma-t-il comme un enfant.

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Une liste de pays qui n’est certainement pas complète mais qui impressionne déjà Isaiha, me faisant doucement sourire. Je conçois la chance que j’ai, d’être né avec une « cuillère en argent » dans la bouche d’une certaine façon. Mais je ne te tiens pas à me reposer sur ce qui est acquis. Cette richesse, c’est celle de mes parents, pas la mienne. Je ne tiens pas à rester chez moi, femme au foyer, soumise à voir son mari bâtir une réputation, un patrimoine et rester là à le compléter en restant en bas de l’échelle. Ce pour quoi je suis ici, pourquoi je me suis battu pour venir étudier ici. « Oui j’aimerait pouvoir y retourner un jour par moi-même, pour visiter les lieux qui me plaisent, juste armé de mon appareil » répondis-je avec un petit sourire, tenant mon apparel photo d’une main que je regarde d’un air nostalgique. Je n’ai plus autant de temps pour me consacrer à ma passion malheureusement, cette dernière passant après mes études à présent . Parfois je me demande si j’ai fait le bon choix dans mes études, si je n’aurai pas dû plutôt me consacrer à la photographie et laisser ma passion pour les animaux de côté. Mais quand je me penche sur un petit chien blessé à la patte, gémissant de douleurs, je sais que je veux les soigner avant tout, faire autant de bien que possible autour de moi. « oh tu n’es pas obligé, c’est une étape assez longue ... avec plein de produits chimiques, je ne suis pas sûr que ça te plaise… » dis-je avec une petite grimace, pour un homme qui est proche de la nature je ne suis pas sûr que la lumière rouge, les produits qui permettent de révéler les photos lui plaisent.

Je hoche doucement la tête à ses dires sur les Amish, c’est un autre mode de vie, une autre …civilisation je dirais . « soit ça plaît, soit ça ne plaît pas je pense tu sais. » dis-je avec un petit sourire. Ils voient certainement ça comme une expérience, on teste quelque chose de nouveau et on abandonne ensuite, en se vantant d’avoir essayé. « Oui je comprends que ça peut être difficile d'être vue ainsi. » Mais malheureusement je n’ai pas de solution miracle à l’imbécilité humaine « mais tu ne peux pas les obligés à venir vers vous, et ensuite à rester avec vous. » dis-je avec un haussement d’épaules. « il y en a certains qui reste avec vous des fois ? » on ne sait jamais l’expérience peut plaire je suis certaine. Par contre j’ignore toujours ce qu’est un mormon, et le jeune homme ne m’éclaire pas vraiment à ce sujet. « Et…c’est quoi la différence ? » dis-je en me mordant légèrement la lèvre, espérant ne pas le mettre de mauvaise humeur mais j’ignore tout du monde duquel il vient ; avant de poser de nouveau mon regard sur le dragonnet rubis, et d le mitrailler avec mon appareil. « Oui je trouve sa superbe la différence de couleur entre le rouge et le jaune. » elle est clair net, précise, il n’y a pas de dégradé.

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« Si je n’essaie pas au moins une fois, comment puis-je savoir si cela me plait ou non ? » rétorqua-t-il au sujet du développement des photographies. Isaiha avait rapidement compris que s’il voulait s’intégrer à ce nouveau monde, il allait devoir faire un effort et surtout, surmonter ses préjugés. Il devait arrêter de se diaboliser ce monde moderne et se faire sa propre opinion en testant les choses de lui-même. Ce n’est qu’ainsi qu’il allait pouvoir dire s’il aimait ou non et qui sait, réellement trouver sa voie. Clay, un homme qu’il considérait comme un ami lui avait demandé un jour s’il avait prévu autre chose qu’être herboriste. Isaiha ne s’était jamais posé la question avant cela car il partait du principe qu’il aimait la nature alors que faire d’autre ? Et puis, son champ de vision n’était pas vraiment très étendu pour l’heure. Du coup, il s’était promis d’essayer de tenter de nouvelles expériences comme suivre en second cursus, la théologie. « Enfin si tu préfères que je n’y assiste pas, je comprendrai. Tu n’as qu’à me le dire » enchaina-t-il car il avait compris que dans ce monde moderne, les gens aimaient s’inventer des excuses au lieu de ne tout simplement pas dire la vérité. Pour certain, c’était louable car fait dans un but honorable mais pour d’autres, il s’agissait uniquement d’une marque de lâcheté. Lui, il préférait se contenter de la vérité car « La médisance banniras et le mensonge également n’était-il pas un des dix commandements ?!

« Non, je sais bien que nous ne pouvons les obliger en rien. C’est juste que je me demande si à la base, leur motivation sont honnêtes ou pas. Je n’aime pas l’idée que ma communauté et notre mode de vie soient un concept de vacances pour des touristes désireux de s’adonner à un loisir qui sort de l’ordinaire. Ils ne nous connaissent pas, ne respectent pas les mêmes choses que nous » soupira-t-il avant de secouer la tête. « Pas à ma connaissance. Peut-être dans d’autres communautés mais dans la mienne, aucun n’est resté » répondit-il avant de réfléchir aux différences avec les mormons. « Pour ne citer qu’elles, les mormons sont polygames même si officiellement, ils ont du renoncer à ce mode de vie pour être en règle avec le gouvernement américain. Après, c’est un mode de vie bien différent de nous, que ce soit d’un point de vue religieux ou de l’ouverture à l’autre. Les amish ne cherchent pas à rependre leur foi ou leur mode de vie. On reste entre nous sans chercher de nouveaux adeptes. Les mormons partent en séminaire durant deux ans pour prêcher leur cause… Et puis, il y a d’autres choses mais tout ça pour dire que nous sommes vraiment différents » conclue-t-il avant de s’émerveiller sur un poisson. « Oui, c’est magnifique ! Je pourrais rester des heures à le contempler » avoua-t-il à son amie tandis qu’ils poursuivaient leur découverte de l’aquarium.

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