HAPPASIYA ► you're so cute... not you but them !

Anastasiya se doutait bien que Happy ne prendrait pas bien le fait de ne pas vouloir s'afficher avec lui mais elle se devait de le dire, c'était trop tôt à ses yeux. Si il n'y avait eu qu'elle...

-Honte de toi ? Jamais de la vie ! Je m'estime être la plus heureuse de t'avoir dans ma vie. C'est juste que je voudrais éviter d'attirer les regards et passer pour une fille inconstante. Il y a encore quelques jours je disais ne jamais vouloir aimer quelqu'un. Alors, c'est vrai, je devrais m'en moquer de ce que pense les autres mais, là encore, il me faut du temps pour prendre les choses plus à la légère. Je peux toujours me forcer mais je ne serai pas à l'aise...

Elle souffrait intérieurement de le voir si désespéré mais elle ne pouvait malheureusement pas lui proposer de solution miracle illico.

-On n'a qu'à passer un maximum de temps que tous les deux pendant que je m'apaise... Rien que toi et moi.

Happy ne lui demandait pas de se forcer, effectivement ce n’était aucunement le but de la manœuvre. Mais ce que pensaient les gens auraient dû lui passer très haut au dessus de la tête. A croire que les pensées des uns et des autres soient toujours plus importantes que tout le reste. « Je ne te force à rien. Il faut juste que tu te poses cette question : est-ce que ce que pensent les autres, y compris hypothétiquement le fait que tu sois une fille inconstante est plus important que le fait d’être heureuse avec moi ? Je ne peux pas répondre à cette question à ta place. » La mettre devant ses responsabilités lui paraissait être une bonne chose. Jusqu’ici, il l’avait ménagée, ne lui avait fait aucune réflexion mais il en avait marre de souffrir seul comme un con. « On passe déjà beaucoup de temps ensemble… oh pas que je m’en plaigne, au contraire. Mais avec les chiots, c’est limite si ce n’est pas nuit et jour. Qu’est-ce qui changerait avec la discussion que nous venons d’avoir ? Certes, nous n'avons pas vraiment eu d'attitudes de couple. Je t'ai laissée venir. Mais tu n'es pas encore venue. » Il ne pouvait pas s'empêcher de craindre qu'après quelques temps d'efforts, le naturel revienne au galop et d'être à nouveau invisible, hélas...

Dans ses propos, Happy avait raison, Anastasiya en était consciente mais pour mettre tout cela en pratique, il lui faudrait encore un peu de temps et surtout faire des efforts qu'elle ne s'était pas donné la peine de fournir jusqu'à maintenant.

-Je sais... Et je reconnais que pour le moment je n'ai rien fait pour faire changer la situation, je me complaisais dedans. Alors ça changera, oui, mais laisse-moi le temps de m'habituer.

Voyant qu'il était toujours perturbé, elle se décala un peu de lui pour prendre une allure sérieuse et sincère, tenant malgré tout ses mains dans les siennes.

-Je te comprends. Et je te promets que tout ça va changer. Tu me fais confiance ?

C’était bien parce qu’Anastasiya se complaisait dans cette situation que Happy avait réagit si violemment. A force d’encaisser, d’attendre, sans jamais rien voir venir si ce n’est l’impression d’être invisible, il avait fini par perdre le nord. Oh il ne s’était pas plongé dans une rage incontrôlable non plus, mais on pouvait comprendre sa manière de penser. Même la brunette était en train de le faire. « Je te fais confiance Ana. Si ce n’était pas le cas, je ne te ferais même pas de réflexion, je laisserais flotter les rubans. Si je cherchais un peu « la cogne » c’était pour que tu réagisses, parce que je m’en fous pas » admit-il en serrant finalement ses mains dans les siennes, première véritable réaction depuis qu’elle l’avait retrouvé. « Si tu évites de me laisser sans câlin ni bisou, moi ça me va. Je veux juste pas avoir l’impression de n’être qu’un pote. »

Happy avait bien fait de faire réagir Anastasiya. Elle l'aimait, certes, mais ne ressentais pas le besoin immédiat d'exprimer physiquement tout cela. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle n'avait jamais été habituée aux démonstrations d'affection et c'est bien connu, une fois adulte, les individus ont tendance à reproduire ce qu'ils ont connu. Or, pour Happy, elle était prête à tout pour lui faire plaisir. Alors si il voulait qu'elle soit plus démonstrative, alors elle y travaillerait, et n'avait pas de doute, au fond d'elle, qu'elle deviendrait elle aussi accro !

-Et tu as eu raison. Je me complais dans la situation, la tendresse physique n'a jamais été mon truc, je n'ai jamais connu ça alors j'ai appris à vivre sans, hélas.

Elle sourit lorsqu'il serra ses mains dans les siennes. Elle avait bien envie de se montrer tendre dès maintenant mais elle avait peur qu'il prenne ça comme un comportement forcé venant du fait de leur conversation...

-Tu n'es pas qu'un pote, comme tu dis. Je t'aime Happy.

Happy comprenait le point de vue d’Anastasiya, et ne l’aurait jamais forcée à faire quoi que ce soit d’ailleurs. Il ne lui avait mis aucun ultimatum devant le nez, du reste, se contentant de se morfondre dans son coin car avant qu’elle n’arrive, il y avait de quoi. « Tu sais, ça s’apprend. Je n’ai pas vraiment eu ça dans mon enfance non plus. J’ai appris ça plus tard. Il est peut-être temps qu’on t’apprenne à toi aussi… que je t’apprenne » fit-il, acceptant bien volontiers ce rôle, surtout si elle venait à aimer être davantage tactile avec lui. Son ananas préféré ne manqua pas de le surprendre cependant, avec une déclaration à laquelle il ne s’attendait pas le moins du monde. Lui qui s’était retenu de peur d’en faire trop. « Moi aussi je t’aime, Ana » reprit-il d’une voix douce, effleurant à peine ses lèvres des siennes, sans s’imposer, avant de la serrer délicatement dans ses bras.

De ses exs, Anastasiya n'avait jamais reçu de marque d'affection sincère, simplement des appels à finir dans le même lit, or elle s'y refusait puisque jugeant que les choses n'étaient pas assez sérieuses pour aller jusque là. Alors ça non plus ça ne l'avait pas aidée. Elle fit un large sourire à la proposition d'Happy, en lui, elle avait entièrement confiance et n'avait aucune raison ni envie de refuser au contraire.

-Je n'ai pas de doute que tu seras un bon professeur !

Après sa déclaration, elle le laissa s'approcher d'elle, l'enlaça elle aussi pendant un instant avant de se séparer suffisamment pour pouvoir l'embrasser, grande première !

Pour sûr, Happy comptait bien la laisser prendre son temps. De même, il voulait bien lui apprendre à être plus tendre, la guider. Le fait de se retrouver dans un même lit n’était pas à l’ordre du jour pour le moment. Il ne comptait pas brûler d’étapes au risque de tout gâcher. Ce qu’il souhaitait profondément, c’est que leur histoire dure, et qu’ils puissent rire, d’ici quelques années, de leurs petits déboires d’aujourd’hui. « En tout cas je vais tout faire pour… et puis si tu peux t’exprimer sur ce que tu désires, surtout fais-le ! Je veux que tu sois à l’aise » précisa-t-il d’une voix tendre, après l’avoir longuement serrée contre lui. A sa plus grande surprise, Anastasiya s’écarta légèrement pour s’emparer de ses lèvres, dans un baiser peut-être un peu timide mais à laquelle il ajouta une grande tendresse. Pas de brusquerie, surtout pour cette grande première. Il s’écarta le premier, doucement, et déposa un petit bisou sur le bout de son nez. « C’était agréable ? » s’enquit-il, désireux de connaître ses pensées à cet instant précis.

La demoiselle n'avait pas hésité un seul instant avant d'agir, et pour cause, elle avait laissé parlé son coeur, ne s'était pas posé la moindre question, elle avait bel et bien agi comme elle avait promis de le faire à Happy, sans se retenir, sans crainte, en laissant simplement sa passion s'exprimer. Alors après ce divin instant, son visage s'illumina d'un resplendissant sourire.

-Oh non, ce n'était pas agréable, c'était magique !

Et pour couronner le tout, elle nicha sa tête dans son cou tout en resserrant son étreinte.

Pour être totalement honnête, si Happy avait vibré durant chaque seconde de cet intense baiser, il redoutait un peu la réaction d’Anastasiya après. Et si elle n’avait pas aimé ? C’était une possibilité, puisqu’elle s’était présentée comme peu habituée des marques physiques d’affection. Mais par chance, l’américain venait de paniquer intérieurement pour rien, vu qu’elle le détrompa aussitôt, qualifiant leur premier vrai baiser de magique. « Ça l’a été encore plus pour moi… parce qu’il venait de toi. Compte sur moi pour ne jamais l’oublier » rajouta-t-il d’une voix douce et tendre, souriant alors qu’elle venait de lover sa tête contre son cou. « Est-ce que tu as froid ? »