HAPPASIYA ► you're so cute... not you but them !

4 jours... Cela faisait 4 jours que Happy et Anastasiya avaient trouvé les 4 chiots abandonnés et qu'ils les avaient recueillis. Depuis, ils se relayaient pour leur donner le biberon, les caliner. Et ce soir-là, c'était au tour de la demoiselle de prendre le relai. Elle arriva à l'heure habituelle, frappa un petit coup à la porte, pressée de pouvoir voir les petites merveilles.

Quatre jours maintenant qu’Anastasiya et Happy se relayaient pour donner à manger aux quatre petites merveilles ayant été trouvées par Koko, le chien de l’américain. Ce dernier gardait tel un loup les quatre chiots, veillant sur eux jour comme nuit. Il attendait d’ailleurs la brunette d’un instant à l’autre, et comme toujours, elle fut pile à l’heure. « Hey ma belle, comment vas-tu ? » Il s’attendait à un salut quelconque. Un bisou, un sourire, bref, quelque chose. Mais à la place de ça…

Anastasiya était si impatiente de voir les petites boules qu'attendre quelques instants à la porte lui parut une éternité ! Il lui tardait de sentir les petits bouts dans ses mains, de les câliner chacun leur tour... Enfin Happy vint lui sourire. A peine la porte fut-elle ouverte qu'elle s'engouffra à l'intérieur prenant immédiatement la direction des chiots après avoir lancé un "salut" bref à Happy.

-Mes loulous, vous m'avez manqué !

Happy écarquilla grands ses yeux, éberlué du vent magistral qu’il venait de se prendre en pleine face. Pour ainsi dire, le vent en lui-même aurait pu être qualifié d’œuvre d’art. Il l’observa, les bras ballants, lui répondre à peine pour filer directement vers les chiots qui avaient désormais toute son attention. « T’es au courant que j’existe aussi ? » lança-t-il plus froidement. Non pas qu’il soit en train de jalouser les chiots, ayant mille fois plus besoins d’attention que lui pour survivre, mais c’était une question de principe. « Je te demande comment tu vas, tu ne m’adresses même pas un regard, tu fonces direct vers eux sans même me répondre… je suis quoi pour toi, une garderie pour tes petits protégés ? Non parce que fallait le dire que tu me traiterais même pas comme un « pote » alors qu’en théorie on est censés être un couple. J’ai pas souvenir de ton dernier câlin ! Invisible, c’est ça. Je suis invisible. » Happy balança le torchon qu’il avait en main sur le premier fauteuil venu et se dirigea vers le balcon. Prendre l’air, c’était mieux.

Anastasiya était des plus sereines puisqu'elle allait passer un bon moment avec ses petits bouts. Sauf que Happy en avait décidé autrement, et autant dire qu'il avait raison, mais ça, elle ne voulait pas se l'avouer. Toujours calme malgré les réflexions de son compagnon, elle haussa les épaules tandis qu'elle venait de prendre l'un des chiots dans ses bras. Elle se tourna vers lui de façon à ce qu'il l'entende.

-Happy. Voyons, tu ne vas pas me faire une crise de jalousie ! Tu n'es pas un petit chiot tout mignon toi ! Et puis, pour ce qui est de nous, on a tout le temps une fois que les petits bouts auront grandi...

Une manière pour repousser le moment où elle devrait l'approcher et se laisser approcher, c'est que malgré sa décision de se donner une chance avec lui, elle avait encore du mal à penser traduire la situation de manière physique et se refusait toute marque d'affection, sous le prétexte, bien souvent, de craindre qu'ils soient vus ensemble et que l'on jase. Encore qu'elle était conscience que cela ne tenait pas du tout debout...

« Tu me prends pour un con ou c’est moi ? » fit-il, désabusé, poussant le rideau le séparant de la salle, rentrant à nouveau dans celle-ci. Anastasiya tenait désormais un chiot entre ses bras, l’accusant clairement de jalousie en se dédouanant souplement de toute responsabilité face à son propre comportement. « Ce n’est pas une crise de jalousie, c’est la vérité ! Aujourd’hui ce sont les chiots - qui ont besoin de toute l’attention du monde, crois-moi j’en suis conscient - mais plus tard, ce sera quoi ton excuse pour ne pas m’approcher, ne pas me toucher, ne pas m’embrasser ? Tu me fais payer tout le mal que t’ont fait ces mecs mais tu sais quoi ? J’en ai marre de faire des efforts et de voir que tout ce à quoi tu penses, c’est la fuite ! » Son ton n’était même pas mauvais, juste désabusé et las. « Fallait pas proposer qu’on essaye Ana. Je ne suis pas une girouette, moi aussi j’ai un palpitant bordel… »

Anastasiya n'aimait pas faire du mal à ceux qu'elle aimait et dont Happy faisait partie malgré ce qu'elle affichait volontairement. Aussi prit-elle ses réactions comme une véritable jalousie de sa part malgré qu'il disait le contraire. De ce fait, malgré l'énervement de son compagnon, elle restait calme quoi voulant calmer le jeu à sa manière, qui n'était pas forcément la plus douce ou du moins la plus adaptée...

-Calme-toi voyons... Tu sais que la situation qui est la nôtre est particulière. Tu connais mon passé, tu sais qu'il me faudra du temps et puis... J'ai bien du mal à me faire à l'idée de me retrouver dans les bras d'un homme dans lesquels des tas de femmes sont passées et passeront encore, j'en ai bien peur. Je ne remets pas en cause des sentiments mais comprends bien que ça ne fait rien pour m'arranger alors que je suis déjà mal à l'aise...

Happy leva les yeux au ciel. A croire qu’ils soient encore en train d’avoir cette foutue conversation sur son job nocturne, qu’il n’effectuait pourtant même pas pendant ce fameux Summer Camp. « Le problème Ana, c’est que tu te trouves de belles excuses… oui j’ai enlacé beaucoup de femmes, mais je n’ai pris aucun plaisir à ça, voilà la différence. Mais je peux te l’expliquer un milliard de fois manifestement tu ne l’entends pas. Tu ne fais aucun pas vers moi, reconnaît le ! Tu n’agis même plus comme tu agissais lorsque nous étions amis. Plus aucun câlin, à croire que j’ai la variole ou la peste… sincèrement, si à chaque fois que je te fais remarquer qu’il n’y a aucun essai de ta part tu m’envoies mon job dans les gencives, on ne va pas s’en sortir ! Surtout qu’à la base, ce n’est pas pour dire, mais en entrant c’est à peine si tu m’as salué ! Si c’est pour faire potiche et juste être là quand tu as décidé de m’accorder de l’attention, désolé mais je ne marche pas. Je n’ai pas envie d’essayer de me trouver un nouveau boulot, de faire les efforts que je fais déjà si toi de ton côté tu t’en fous. Marre d’être une carpette ! »

Etait-ce la présence des chiots ou autre mais Anastasiya était tout à fait sereine et bien décidée à le rester, malgré la scène qui était en train de se jouer. Aussi, plutôt que de continuer à se défendre pour un sujet qu'elle savait perdu d'avance et pour lequel elle attribuait la raison à Happy sans toutefois le clamer haut et fort, elle soupira puis retourna dans le petit coin où étaient les chiots. Laissons passer la tempête, ça irait sûrement mieux après... Ou pas !

Happy soupira. Si elle ne se battait même pas pour défendre son bout de gras, alors comment était-il censé réagir ? « Magnifique » marmonna-t-il en s’approchant à son tour des chiots, en prenant un pour commencer à le nourrir au compte goutte. Malgré tout ce qu’il avait dit précédemment, il agissait de manière extrêmement douce et protectrice envers les chiots, preuve qu’il ne s’agissait pas de jalousie mais bien de faits réels. « C’est bon hein mon petit glouton ! » s’adressa-t-il au petiot dont il caressait doucement le flanc.