HAPPASIYA ► you're so cute... not you but them !

Anastasiya était étonnamment sereine et ne comptait pas changer, elle n'avait pas du tout envie de se prendre la tête avec Happy bien qu'il avait l'air de chercher la petite bête. Aussi, pensant éviter une nouvelle provocation, elle prit une des autres petites boules de poils et alla s'installer devant la fenêtre autant pour éviter de ressentir l'atmosphère électrique que pour y voir plus clair. Elle préférait laisser le temps à Happy de se calmer bien que la solution choisie n'était pas forcément la meilleure...

Happy soupira de plus belle. Il venait de finir de nourrir le troisième chiot et Anastasiya n’avait pas décroché un mot. Il chopa la laisse de Koko, gratouillant la tête de son husky avant d’énoncer d’une voix déçue : « toi au moins tu m’aimes, tu me fais des mamours et tu fais pas comme si j’étais pas là… » Il accrocha ladite laisse, avant de sortir de sa propre chambre. Tant pis, il laissait les chiots avec miss j’ai décidé d’être un glaçon, il savait qu’au moins, eux, ne risquaient rien et surtout pas d’être invisibles ou zappés. Il marchait d’une vive foulée, comparable à une course, ayant juste envie de hurler sans pour autant mettre à exécution cette envie. Il finit par s’asseoir sur un banc, bien au-delà de l’hôtel, caressant son chien d’un air profondément désespéré… et seul.

La demoiselle regarda son compagnon partir en compagnie de Koko. Elle pensa dans un premier temps qu'il partait faire une petite sortie habituelle à son chien, en profitant par la même occasion pour aller se calmer les esprits. Lorsqu'il fut reparti et que le quatrième chiot fut nourri, elle retourna le mettre avec les autres et passa un long moment à leur faire des papouilles. Elle regarda toutefois l'heure, s'étonnant que Happy ne revienne pas, cela lui semblait étrange mais elle ne bougea pas pour le moment, l'un des chiots s'agitant dès qu'elle arrêtait de le grattouiller.

Il pouvait se passer des heures, Happy n’était pas prêt de vouloir rentrer. Au contraire, toujours assit sur son banc, il n’avait de cesse d’envoyer la balle à Koko, dont il avait détaché la laisse. Son air triste n’aurait pas pu être plus évident, rien ne lui donnait envie de sourire. L’impression d’être pris pour un con, ou à tout le moins pour une carpette, lui donnait envie limite de dormir dehors, à la belle étoile, juste accompagné de son chien fidèle. Si Anastasiya préférait gagater avec les chiots, à sa guise, il lui en laissait la possibilité vu que dans son esprit, bouger d’ici n’était pas dans ses plans.

Anastasiya n'avait pas regardé depuis combien de temps Happy était parti de la chambre mais cela faisait assez longtemps pour qu'elle commence à s'inquiéter, angoissée qu'elle était de nature. Le dernier chiot finalement endormi, plutôt que d'essayer de l'appeler, elle ferma la porte de chambre à clé et parti à la recherche de son "boudeur". Il lui fallut un bon bout de temps à chercher à gauche et à droite pour le voir, ou du moins Koko qui jouait à la balle. En s'approchant, elle vit l'état de tristesse et de dépit dans lequel son compagnon était plongé, ce qui lui déclencha un pincement au coeur. Elle s'approcha doucement de lui, s'assit sur le banc et passa son bras autour de lui, posant sa main à sa taille.

-Excuse-moi, je voulais pas te mettre dans cet état...

En toute sincérité, Happy n’attendait pas la présence d’Anastasiya. A croire qu’il ait compris s’être totalement fourvoyé. Après tout, elle ne s’était même pas défendue face à ses propos. Qu’elle ait voulu éviter l’engueulade c’était une chose, mais l’américain avait tendance à penser qu’un couple sans engueulade, c’est un couple qui n’en n’a rien à foutre, et surtout rien à faire ensemble. Lui s’était battu autant qu’il avait pu mais puisqu’il n’avait pas de retour, et bien… il se repliait sur lui-même, comme une huître. « Oh c’est pas grave, j’ai l’habitude » haussa-t-il les épaules sans même soupirer. Il continuait d’envoyer la balle à Koko, ne touchant pas la demoiselle. Désabusé, voilà ce qu’il était.

Bon, apparemment, les dégâts étaient plus importants que ce à quoi elle s'attendait puis Happy avait tout l'air d'être vraiment dépité. Elle le regarda, s'approchant un peu plus de lui. Le voir dans cet état lui faisait bien de la peine mais elle hésitait à se montrer plus "collante" tout simplement parce qu'il pourrait prendre ses gestes pour forcés ce qui ne serait pas le cas. Elle laissa donc sa main à sa taille et de l'autre lui fit doucement tourner la tête vers elle.

-Tu as raison, je ne suis pas assez démonstrative avec toi pourtant, ne crois pas que mes sentiments ne soient pas sincères...

Happy n’eut effectivement aucun geste, aucune réaction particulière face à la tentative d’Anastasiya mais il la regarda néanmoins dans les yeux lorsqu’elle l’incita à le faire, tournant son visage vers elle. Son visage laissait entrevoir une grande lassitude, ainsi qu’une impassibilité qu’elle ne devait pas encore lui connaître. Au moins, elle admettait enfin ne pas être démonstrative, bien qu’apparemment ses sentiments soient sincères. « Et honnêtement, si les rôles étaient inversés, tu ne douterais pas de ladite sincérité des sentiments si je ne t’embrassais jamais, je ne te faisais jamais de câlin ? J’ai pas envie d’être une carpette. Tu as souffert et je le respecte mais moi aussi j’ai souffert. Et pourtant ça ne m’empêche pas d’être quelqu’un de câlin. Quant au silence dont tu as fait preuve... le silence m'angoisse. » soupira-t-il de plus belle.

Recoller les morceaux. Voilà la mission qu'Anastasiya venait de se donner. Le moral de Happy avait l'air fortement éprouvé et elle en était la cause unique, c'était donc à elle de réparer les dégâts, ou du moins d'essayer de le faire. La première des choses à faire était de rester sereine et de ne pas se montrer énervée, état d'esprit dans lequel elle ne se trouvait pas d'ailleurs. Elle se montra donc d'une grande tendresse vis à vis de lui, caressant doucement sa joue.

-Bien sûr que si. Je ne fais pas d'effort, je le reconnais, ce n'est pas sympa de ma part. Je te promets que je vais tout faire pour que ça change, quand on est tous les deux dans un premier temps. En public, c'est une autre chose.

Elle l'embrassa sur la joue et caressa son dos.

-Je sais que ça t'angoisse, je sais...

Si Happy avait pu tout d’abord être rassuré par les propos d’Anastasiya, notamment sur le fait qu’elle veuille faire des efforts, la fin de son discours le poussa à froncer les sourcils. Son masque d’impassibilité vola en éclat, laissant apparaître un profond désaccord. « Et pourquoi cela devrait être différent en public ? C’est parce que tu as honte d’être vue avec un homme comme moi ? On s’en fout des autres ! » Le quand dira-t-on ne l’avait jamais atteint et ce n’était pas aujourd’hui que cela commencerait. Nouveau soupir. Ce n’était pas gagné et pour cause, il n’était finalement pas rassuré du tout. « Si quelqu’un nous surprend, tu vas prétendre ne pas me connaître ? Non que je sache… » Il n’était ni violent ni mauvais. Juste profondément désespéré. A croire qu’il soit en train de se battre pour une cause perdue.