Benji ► We all have secrets

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Je le serre dans mes bras, désespérée, mais surtout désemparée, je suis perdue, je suis mal, réellement... Parce que tout m'est revenu en mémoire cette nuit, que je me sens effroyablement seule, alors je m'agrippe à lui, comme je peux, alors qu'il me repousse je reviens à la charge, passer mes bras autour de son cou et cachant mon visage dans le creu de sa nuque. Je reste comme ça, à pleurer, acceptant ses caresses sur ma tête, qui dans un sens, on un effet apaisant pour moi... Je me calme un peu... Un tout petit peu, mes sanglots s'estompant petit à petit... Sauf qu'il me demande des explications, pour comprendre. Ce qui est normal; parce qu'il ne m'a jamais vu ainsi, qu'il ne sait rien de cette histoire... Je ferme les yeux, me mordant la lèvre inférieur avant de finalement lâcher un peu la prise sur lui, de m'écarter doucement. Une boule au ventre. Nerveuse. J'ai peur de sa réaction de ce qu'il va me dire une fois que je lui aurais raconté, que je lui aurais expliqué... "Je... je l'ai tué..." Articulais-je alors tête baissée, mes poings fermées, crispé, mes ongles me rentrant dans les paumes. Je m'étais décidé à arrêter de penser ça... mais ce soir, je n'y arrive juste... pas... j'en suis complétement incapable et ça retombe sur lui... Alors après un tel aveu, comment va-t-il réagir... Va-t-il me prendre au mot ou chercher à comprendre d'avantage, à fouiller un peu pour savoir, parce que peut-être qu'il ne me voit pas comme une meurtrière.

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ROBIN & BENJI

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Blondie dans mes bras, j'attends qu'elle se calme. Que ses sanglots s'estompent. Je ne peux rien faire. Du moins, rien que je sache. Je viens d'apprendre qu'elle a un frère et que ça le concerne. J'en ai jamais entendu parler avant, comment je suis censé trouver les mots pour l'aider quand c'est déjà pas gagné d'avance de me faire dire des paroles réconfortantes?! Je lui demande des explications. Quelques chose qui m'oriente pour que je puisse l'aider. Elle finit pas se décoller et je retire ma main de ses cheveux, la laissant bouger un peu plus librement. Les yeux fermés, la tête basse, elle finit par me bazarder une information. ...que je crois pas plus.

- Ça, ça m'étonnerais, affirmais-je calmement.

Passant la main sous son menton, je la force doucement à me regarder, mon pouce allant essuyer une larme au coin de ses yeux. D'accord, avec Robin je mérite vraiment mon statut d'ours en peluche... je suis tout aussi mou! Allez savoir d'où ça sort toute cette délicatesse!

- Tu m'expliques ce qui se passe - ou s'est passé, n'importe - pour te qualifier de tueuse soudainement?

Pas que je te crois pas, mais... je te crois pas. C'est pas une meurtrière, il lui arrive tous pleins d'emmerdes hallucinantes, mais elle ferait pas de mal à ce point volontairement à quelqu'un. Gifler ou lui foutre son poing, je dis pas. Mais de là à tuer... Y'a un accident qui s'est produit quelque part c'est certain.

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Je me suis un peu reculée, tête baissée, je cherche à retenir un peu mes larmes alors que je viens de lui balancer cette chose que je pensais être la vérité. Sauf que mon colocataire répond rapidement et marque bien qu'il ne me croit pas. Relevant la tête pour le regarder, choquée dans un sens qu'il me pense si innocente que ça... J'ai les larmes encore aux yeux et quand il me demande des explications un peu plus précises, des larmes perlent à nouveau le long de mes joues. Je sanglotes encore, reniflant et le lâchant pour m'essuyer les joues. Dans un sens, au fond de moi, je suis ainsi touchée qu'il ne me prenne pas pour un tel monstre qu'il ne me voit pas capable de faire une telle chose délibérément. Il me faut encore quelque minutes pour me ressaisir. "Sans moi. Il serait toujours en vie." Argumentais-je finalement d'une voix toujours brisées, alors que je continue de me frotter les yeux et les joues, frottant même mon nez du revers de la main. J'ai rien de glamour, rien de beau à cet instant. Je suis loin d'être une fille qu'on peut dire mignonne que du contraire. Une personne qui pleure comme je le fais maintenant, c'est tellement moche... Et dire que je lui montre ça, que je suis faible et moche à ce point. "J'aurais du être au volant à sa place." Finis-je par lâcher, ce qui peut lui faire comprendre qu'il s'agit d'un accident de la route.

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Cherchant une piste pour m'éclairer dans son malaise, je la questionne. Cherchant à comprendre. Trouvant je ne sais où une douceur dont je ne fais jamais preuve lorsqu'elle affirme que tout est de sa faute. J'ai du mal à y croire. Je ne la pense pas volontaire ment capable de vouloir blesser quelqu'un jusqu'à un point aussi grave. Je ne dis pas qu'elle ne pourrait jamais être impliqué dans une bagarre, mais simplement que je ne le la pense pas meurtrière. Alors il doit être question d'un accident. Je vois pas autre chose.

La voix brisée, elle parle à nouveau disant que son frère serait toujours là si ce n'était pas d'elle. Ne sachant trop quoi dire, je me contente de resserre mon bras autour de sa taille. Ma main précédemment sur sa tête maintenant sur son épaule, je la garde près de moi, me voulant protecteur. Ça ne m'arrive pas souvent, mais la voir dans cet état... Je soupire légèrement lorsqu'elle ouvre la bouche.

- Si c'est un accident de la route, t'as surement pas pu faire grand-chose, Beauté, arguais-je.

Même si elle dit qu'elle aurait dû être au volant, c'est pas pour autant que ça veut dire que c'est pas le côté passager qui aurait morflé. On ne contrôle pas les accidents – ou très peu – et on ne sait jamais quand ça va arriver. Oui, d'accord, certaines situations sont prémices à en causer, mais sinon...

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Je secoue la tête quand il me dit que ce n'est pas ma faute, que je n'aurais pas pu faire grand chose. Je le repousse un peu, parano, peut-être oui. J'en sais rien, mais quand ça concerne cette histoire, je dois bien le reconnaître, je ne réagis pas normalement. Je secoue la tête, m'agrippant à nouveau à son t-shirt, alors que je renifle encore, cherchant à retenir les larmes qui se pointent à nouveau à mes yeux. Je secoue encore la tête. "Non ! Non !" Répétais-je alors plus fort, parce qu'il ne veut pas comprendre, il ne peut pas comprendre mon point de vue, mais l'inverse est également le cas... "Sans moi, il serait pas sortit ! Il aurait pas eu cet accident ! J'l'ai poussé à sortir ! A désobéir à nos parents ! On a prit la voiture, il a conduit, tout ça par ma faute !" Mais tout partait d'une bonne attention, je voulais voir le match avec lui, c'était son cadeau, je voulais qu'on en profite ensemble, même si père était pas d'accord qu'on sorte. Il avait raison, d'ailleurs, j'aurais du l'écouter... Je me mets alors à frapper le torse de Benji. "C'est ma faute." Lui dis-je alors à nouveau.

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Lorsque je lui dis qu'un accident de la route n'est pas contrôlable, Robin se rebelle, me repoussant. Elle s'agrippe pourtant à mon t-shirt en secouant presque furieusement la tête. De son point de vue, je n'ai rien compris. De mon point de vue, elle est profondément blessée et ne veux rien entendre. Et c'est totalement compréhensible. Je la laisse se défouler, monter le ton, hurler si le cœur lui en dit. Je la laisse faire, même lorsqu'elle essaye de me grêler de coups sur le torse. Ça ne me fait pas mal. Elle, elle a mal.

Je la ramène à nouveau près de moi lorsqu'elle arrête finalement de frapper. Je sais pas quoi faire d'autre. En temps normal, je n'aime pas être touché, mais avec Robin, c'est différent. Je me suis habitué à son attitude câline en vivant avec elle, alors ça va. Et pour le moment, j'ai l'impression de tenir une enfant, comme si elle était plus petite que d'habitude. Beaucoup plus fragile aussi. À se demander si je ne la briserais pas.

- Rob, vous auriez tout aussi bien pu sortir, désobéir à vos parents et que rien ne vous arrive. Ça n'a rien à voir avec toi, affirmais-je.

C'est pas ses actions qui ont engendrées l'accident. Elle a pas donner tirer sur le volant que je sache. Alors c'est en rien de sa faute.

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Il y a déjà un bon moment que je ne me suis plus confié de la sorte, que je n'ai plus montré à quelqu'un à quel point, au fond, je peux souffrir, à tout le temps porter ce masque, de cette fille qui se veut forte, qui fait croire qu'elle a enfin tourné la page sur tout, alors qu'au fond, c'est loin d'être le cas, que la moindre chose pourraient me faire craquer, me faire retomber et la preuve en est à cet instant, alors que je pleure comme une gamine dans les bras de mon colocataire, lui faisant découvrir une facette de moi. Je ne sais même pas si demain, j'aurais le courage de le regarder encore en face, parce qu'il aura vu ça de moi... Que je ne suis pas si optimiste que je le dis, que je le montre surtout...

Martelant son torse quand il refuse mes dires, niant mes propos et ma faute dans cet accident de circulation, je me retrouve coller à lui, parce qu'il passe ses bras autour de moi et je m'immobilise un instant, surprise d'être ainsi enlacé alors que je le frappais... Je me mords alors la lèvre inférieure, fortement, trop même, parce qu'un léger goût de sang prend place dans ma bouche alors que je me remets à pleurer contre lui. Appréciant dans un sens sa chaleur, son corps rassurant. Puis même ses paroles, qui dans un sens sont les premières à êtres tournées de la sorte... D'habitude les gens se contentent simplement de me dire que ce n'est pas ma faute, sans donner d'exemple comme il vient de le faire, de supposition... Pourtant, je réponds quand même. "Sauf que c'est arrivée." Parce que je peux pas lui donner raison si facilement, parce qu'il ne peut pas avoir raison... Comme les autres. Ils ont tous tord. Ils n'étaient pas là... Ils ne peuvent pas comprendre...

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À nouveau poser contre moi, les larmes se remettent à couleur et tout ce que je trouve à faire c'est de resserrer un peu ma prise, sans trop forcer pour ne pas l'étouffer. J'ai l'impression de tenir une poupée de porcelaine avec des mouffles et aucune coordination. Je ne suis pas doué pour consoler et en plus, j'ai l'impression que je vais la briser... Bravo champion! Mais je peux faire quoi sinon? Aller chercher un ou une de ses amis? Je les connais pas à moitié... et j'irai pas chercher celui qui lui sert de copain!

- C'est arrivé cette fois-là. Et tu pourrais te faire frapper demain en traversant la rue. Ou je pourrais me noyer la prochaine fois que je vais faire du surf. La mort, ça ne se contrôle pas. Ça ne se prévoit pas, expliquais-je.

Combien de fois l'aie-je souhaité étant plus jeune et elle n'est jamais venu me chercher? Maintenant, je me dis que si j'ai réussi à passé au travers de tout ça, alors je peux continuer. Je suis vivant, alors pourquoi essayer de le changer? Même si ma vie n'a pas de sens pour un regard extérieur, ça n'en reste pas moins la mienne. Je décide de sa valeur. Et pour l'instant, sa valeur est encore trop grande pour que je décide de mettre un terme à tout ça. Mais je pourrais aussi me rendormir et ne jamais me réveiller. Y'a rien de garanti avec ça. Y'a des situations plus favorables, c'est tout. Et c'est le genre d'argument que j'ai encore assez de jugeote pour ne pas lui répêter! Elle irait bien s'imaginer que c'est elle qui a créer cette situation "favorable".

- C'est pas ta faute, Beauté, murmurrais-je. Je suis certain.

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Je ne peux pas le croire... Non, c'est plutôt que je ne veux pas le croire, parce que je me sens responsable, je me sens fautive. Sans moi il ne serait pas sorti ce soir là et il n'y aurait pas eu cet accident. Je me culpabilise, me nomme bourreau d'Elia, alors que je ne devrais pas alors que tout le monde me répète la même chose... le soucis c'est que je ne veux pas les croire, refusant toutes vérités qui n'est pas la mienne et même encore maintenant, alors que mon colocataire me dit que ce n'est pas ma faute, je n'y arrive pas, je le repousse et le regarde, les yeux rouges et baignant toujours de larmes alors que je malmène ma lèvre inférieure pour tenter de me contenir quand même un minimum, que j'essaie de ne pas être une pleurnicheuse, mais j'y arrive pas... Non, je n'y arrive foutrement pas et ça m'énerve d'être si faible. Je ne voulais plus être ainsi, si fragile, si... En fait non, je ne voulais simplement pas que les autres le remarquent, le découvrent... Je ne veux plus être cette pauvre fille et pourtant, là je craque, beaucoup trop... "Tu comprends pas !" Hurlais-je alors malgré moi en le repoussant un peu plus comme si je cherchais soudainement à m'extirper de ses bras, de la sécurité et la chaleur de ceux-ci alors qu'à cet instant, j'en ai grandement besoin. Je cherche à fuir cela, à me punir en quelque sorte. Comme si je n'avais plus le droit à de la tendresse maintenant... Peut-être qu'au fond, c'est ce que je pense, que c'est pour ça que je refuse de perdre le pari face à Ael parce que lui, ne me traite pas du tout avec tendresse, il me renvoie en pleine face tout ce que je veux ? Tout ce que je suis, cette monstruosité...

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Je ne sais pas quoi faire pour la consoler. Alors je fais du mieux que je peux. Avec le peu que je connais. Je me force, d'accord? Je fais des efforts. J'aime pas la voir comme ça, toute frêle et blessée. Je veux pouvoir l'aider. Mais je ne sais pas quoi faire. Je la prend contre moi, je la serre parce que j'ai l'impression que c'est ce qu'elle a de besoin. Mais si je la serre trop fort, j'ai l'impression qu'elle va se fracturée comme une poupée de porcelaine. Et elle passe son temps à me repousser. Je ne peux pas et ne veux pas la forcer à rester accolée à moi si ce n'est pas ce qu'elle veut. Je ne veux pas forcer personne... je n'oblige pas...

Alors quand elle me repousse encore une fois, je la laisse aller, m'assurant seulement que dans son mouvement, elle ne retrouvera pas en bas du lit. Elle en serait bien capable la Miss Catastrophe. L'entendre me hurler dessus par contre... Oh!

- Non, je comprends pas, finis-je par dire un peu brusquement. Alors, explique.

Je viens d'être sec, bête et un peu froid dans mes paroles. Je la regarde et attends. J'attends qu'elle m'explique. Si elle s'entête à me dire que je ne comprends rien, qu'elle me dise ce qu'il faut que je déduise. Parce qu'elle est plus que butée dans sa version. Et je ne la crois pas coupable. Je veux qu'elle sorte de ses retranchement. Qu'elle ouvre les vannes encore s'il le faut.

Je penche la tête sur le côté, les genoux relevés, les coudes appuyés sur ceux-ci. Elle peut revenir se blottir contre moi s'il le faut, je ne l'empêcherai pas. C'est même sensiblement la seule personne qui peut le faire... Je la fixe, attendant qu'elle ouvre la bouche.

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