unexpected situation - (happy)

Il ne faisait aucun doute qu'il n'y avait qu'avec Happy qu'il aurait pu partager ça, et il avait sacrément bien fait. Il était vite compris, et conforté : c'était parfait. « J'y repense comme j'avais scanné son visage, elle est parfaite.. et non pas vraiment, pas encore. » Une fois qu'elles rentreraient il prendrait le temps de créer le lien c'était certain. Il avait tellement mis de temps à se faire à l'idée pour ne pas brûler les étapes, qu'il se sentait plus à l'aise aujourd'hui bien plus beaucoup d'incertitudes restaient mais il était heureux au fond. Peut-être qu'enfin il allait pouvoir combler la place que sa mère avait laissé.. Allez savoir. « Merci frérot, t'es le premier au courant et on sait que c'est pas pour rien. » La confiance, la loyauté, l'amitié, la fraternité. Jamie aimait Happy comme on aimait un frère de sang c'était comme ça, et il avait une grande considération pour lui. C'était plaisant aujourd'hui encore de traverser les périodes ensemble. « Si tu le dis je ne peux que le croire, mais détaille ça devient intriguant. » Qui dit vie sentimentale dit paire, allez savoir qui est cette paire, cette prétendante, c'était intriguant.

Bon. Jamie n’avait pas encore pris le temps de gagater, par manque d’occasion sûrement, mais Happy savait qu’après cette discussion, le jeune père n’aurait de cesse de vouloir le faire. Passer un maximum de temps avec sa petiote, imprimer chaque instant dans sa mémoire à jamais… ne plus perdre une seconde. L’américain ferait exactement pareil à sa place, bien que ce ne soit pas le cas. Happy n’avait pas encore eu la chance d’être père, et c’était un désir qu’il gardait pour quand il serait plus ‘stable’, notamment financièrement et professionnellement. « Ça va venir alors ! » s’exclama-t-il dans un petit sourire. « Je suis le premier ? Flatté je suis alors ! Faut pas hésiter tu sais. J’aurais toujours du temps pour toi mon frérot ! » Ce qui n’empêchait pas Happy d’être intriguant de son côté, surtout concernant sa vie amoureuse. Au point que Jamie ne manqua pas d’en demander des détails… « Bah… comment expliquer ça simplement ? Disons qu’on se donne plus ou moins une chance avec une fille dont je suis tombé amoureux, mais maintenant elle est encore moins tactile et présente que lorsqu’on était juste amis. J’ai l’impression d’être invisible, une carpette quoi. Insupportable comme situation, tu peux me croire ! »

Ça va venir, ça ne faisait aucun doute, cette réplique fit sourire Jamie d'ailleurs. C'était à la fois fou et beau de se dire que plus jamais sa vie ne se ferait sans cette petite merveille qui est forcément destiné à grandir. « Tonton Happy ! » Oui, ils pouvaient se permettre d'en rire. Mais si cet ami comptait autant, il allait forcément faire partie de la vie de sa fille. C'était forcément bon de se dire qu'il avait des personnes sur qui compter, des personnes qui seront une famille pour sa fille, du moins sa famille paternelle. Et puis, Happy ferait un tonton d'exception ça ne faisait aucun doute. « Amoureux, rien que ça ?! » Et je n'étais pas au courant ? avait-il eu l'air de dire. Il ignorait de qui il s'agissait mais c'était étonnant de se dire qu'une demoiselle pouvait être autant distante. « Tu en as parlé avec elle ? Peut-être qu'elle était pas vraiment prête à sauter le pas... » Cela di, Jamie ne savait pas de qui il s'agissait, et les raisons pouvaient être multiples mais il voyait que ça embêtait véritablement Happy.

L’appellation ‘tonton Happy’ fit éclater de rire l’intéressé. « Hey ça me va pas mal, déconne pas ! » reprit-il de ce même ton léger. L’américain avait toujours adoré les enfants, au moins autant que les animaux. Voilà pourquoi il s’imaginait déjà complètement gaga devant cette petite princesse que son père gâterait sûrement à n’en plus finir. Du haut de ses vingt-cinq ans il ne s’imaginait pas père tout de suite, bien évidemment, mais c’était un projet qu’il chérissait silencieusement : avoir sa propre famille… un rêve pour tout enfant adopté n’ayant pas eu une vie de rêve. « Et ouais, rien que ça ! Pourquoi, je t’étonne ? » Vrai qu’un gigolo amoureux, cela pouvait prêter à sourire. Mais Happy restait profondément respectueux des femmes et son job, il ne l’avait jamais fait de franche gaité de cœur. « Je n’arrête pas d’aborder le sujet, mais elle fuit cette conversation, elle se braque direct. Pourtant, c’est elle qui a proposé que l’on s’offre une chance en premier lieu ! Tu sais, on a trouvé quatre chiots d’une semaine abandonnés près de la plage, depuis on s’en occupe à deux… et parfois, elle reste des heures sans m’adresser la parole, alors que je suis dans la même pièce. Elle s’occupe d’eux, elle les bichonne, mais moi, je n’existe pas. »

« J'ai jamais dit le contraire, et puis Happy est le genre de mot que les enfants apprennent très tôt. » Oui, pour le coup, il avait peu de chances de voir son prénom remixer par les enfants. En attendant que Jamie noue les liens plus solides avec sa fille, et qu'il lui présente ses amis, il apprenait tout juste que Gainsborough était amoureux ! Une nouvelle qu'il n'avait pas vu venir, mais qui était réjouissante. « Non enfin si, disons tu caches bien ton jeu. Je l'ai pas vu venir, il me semble pas que tu aies laissé trop d'indices. » Si en plus elle avait été une amie avant, Jamie n'y avait vu que du feu. En attendant, il est vrai que ça s'annonçait plus compliqué que ce qu'il imaginait. Il écoutait Happy lui expliquer, et oui, il était autant confus que le principal concerné. « Essaye de faire le premier pas.. occuper toi d'elle, comme tu voudrais qu'elle le fasse pour toi et peut-être que ça viendra avec le temps. » On pourrait croire que les hommes sont négligeant niveau attention, mais Jamie tout comme Happy ne supporterait pas une quelconque distance dans son couple, surtout si il est amoureux. Il a connu une belle relation, et en général il s'y donne à fond et aime que ça soit fait en retour. Que sa copine prenne soin de lui, réclame sa présence et tout le reste, ça compte énormément du moins dans le cadre d'une relation amoureuse et engagée. « Beaucoup sont très entreprenantes, tellement qu'on en oublie parfois qu'elles ne sont peut-être pas toutes comme ça. Ça doit être une question de temps.. »

« C’est pas faux ! J’aime bien entendre un gosse prononcer mon nom, c’est con mais ça m’éclate ! » admit-il alors que Jamie lui avouait être surpris de sa confession. Effectivement, Happy restait tellement secret sur sa vie privée qu’on pourrait presque venir à se dire qu’il cachait son jeu. « Je ne crois pas non plus… tu sais, j’aime bien rester discret sur ce genre de choses mais tu es le premier au courant aussi » expliqua-t-il sans honte, car cela faisait partie de son tempérament profond d’être pudique. Cela ne l’empêchait pas de le confier en premier lieu à Jamie, au même titre qu’il s’était confié sur l’existence de sa fille auprès de l’américain. Non pas un échange de bons procédés, mais un état de fait normal aux yeux d’Happy. « Oh mais faire le premier pas, je n’arrête pas. D’un côté je lui laisse du temps, de l’autre je suis là dès qu’elle a besoin de moi, j’anticipe ses besoins sans être trop collant… mais c’est foutrement inconfortable car je ne suis pas dans sa tête et si ça se trouve, elle me trouve chiant comme la pluie ! En tout cas je confirme, elle n’est pas entreprenante ! A la fois ça change et à la fois j’aimerais qu’elle le soit, au moins un petit peu… »

Peu à peu, une hâte s'installait et Jamie en prenait conscience. C'était excitait comme affolant, en parler avec Happy c'était rendre les faits réels, et les assumer. Il était tout sourire aux lèvres à ce moment-là, en se faisant ces scénarios avec son ami, et c'était confortant. « Disons c'est le genre de choses que j'aurais pu remarqué avant même que tu puisses en parler, c'est bien plus ça qui me perturbe. » En aucun cas, il reprochait ou avançait le fait que Happy cachait son jeu, ou était cachottier  maladroitement. Mais Jamie savait bien qu'une fois amoureux, ou du moins animé par quelqu'un certains signes trahissait les principaux concernés. Lui, n'y avait vu que du feu, même si il est vrai qu'il ne s'était pas beaucoup vu ces derniers temps. Quoiqu'il en soit c'était une sacré bonne nouvelle. « Non, ça m'étonnerait qu'elle soit lassée de toi. Je veux on joue à la parfaite vie de famille avec quelqu'un qui nous blase.. pire avec des chiots ! » Riant légèrement, Jamie tenait tout de même à nuancer le propos de son ami qui commençait presque à remettre beaucoup de choses en question, et c'est vrai qu'en même temps il lui faisait comprendre qu'il y avait un côté très romantique à élever des chiens ensemble. « Exprime lui tes besoins, peut-être que ça fonctionnera mieux comme ça. Je sais que ça peut paraître inconfortable mais pour un début de relation ça peut se tenter. Je veux dire il y a une différence entre ne pas prendre les devants et se refuser à toute attention.. elle te refuse pas les choses, si ? »

« En même temps tu me connais tellement bien que justement, tu as pu rater des signes… surtout que tu étais préoccupé toi-même » fit-il valoir pour que Jamie n’aille pas jusqu’à se blâmer pour ne pas s’en être aperçu. La preuve, ils venaient mutuellement de se parler d’évènements capitaux dans leurs vies respectives, alors il n’y avait pas de signe à avoir vu ou pas. Happy lui n’avait pas particulièrement remarqué que son pote était préoccupé en arrivant au phare, par exemple. Des détails peuvent passer inaperçus, même lorsque l’on connaît très bien la personne en face. « Mouais c’est pas faux… mais en même temps elle va bientôt gérer un refuge, ça n’a rien à voir avec moi ! » Anastasiya était très impliquée dans ce genre de choses, ça ne voulait pas dire que l’américain se trouvait dans l’équation. Loin s’en faut. Entre lui et les chiots, il y avait le grand canyon, même s’il les adorait et leur prodiguait tous les soins nécessaires à leur survie. « C’est pas qu’elle me refuse, c’est qu’elle s’en soucie pas. La dernière fois que j’ai mis le sujet sur le tapis, elle s’est fermée et n’a plus rien dit, mettant cela sur de la jalousie vis-à-vis des chiots, tu n’as qu’à voir ! Le souci c’est que plus elle se ferme, plus ça m’énerve. Elle veut éviter le conflit en se taisant et moi je préfère une bonne dispute à avoir l’impression qu’elle s’en tamponne le coquillard avec une patte d’ours femelle ! »

« Oui, j'ai pas été très sociable ces derniers temps. » C'est vrai qu'il n'avait pas vu grand monde, et même quand il avait été accompagné cela avait souvent été un moyen de penser à autre chose qu'à l'annonce qui venait de changer le cours de sa vie. « .. mais c'est que du bonheur à priori. » Souriant, il prenait le temps d’étouffer toute culpabilité ou regret. Il est certain qu'il s'en serait voulu si il avait loupé quelque chose de plus grave. Jamie était papa et Happy était amoureux, oui c'était que du bonheur. « Oui je vois.. encore une chose que tu fais pour elle alors..? » Oui, c'était peut-être usant, ou perturbant. Jamie comprenait parfaitement Happy mais pourtant il avait du mal à saisir ce qui pouvait justifier un tel comportement de la part de sa copine. Cela étant dit, même si ça n'avait rien de marrant, la dernière métaphore exprimée par Happy avait eu le don de faire rire le jeune homme. « Oui, bon, c'est vrai que c'est pas commun ton histoire.. » Persuadé que personne n'avait la réponse à cette énigme si ce n'était les principaux concernés et encore... apparemment ça leur demandera du travail. « Peut-être que le temps fera la différence.. je te le souhaite en tout cas. Si tu es amoureux en plus.. d'ailleurs tu sais un peu si elle ressent la même chose ? Je veux dire, elle est peut-être pas au même stade que toi pour l'instant. » Une possibilité mais pas forcément la bonne explication.

« Je crois que tous les deux on avait des raisons d’être préoccupés surtout ! Mais comme tu l’as dit, à priori c’est que du bonheur… » Se découvrir une petiote dans le cas de Jamie, et expérimenter une première en tant que couple pour Happy oui, ce n’était vraiment que du bonheur ou presque. Disons que l’américain savait faire la part des choses et que pour l’heure, tout amoureux qu’il soit, il se protégeait aussi. S’avancer trop brusquement, s’ouvrir à cent pour cent dès la première semaine n’était pas son genre et cela ne le serait jamais du reste. « On va dire ça » admit-il en soupirant. Tel que l’exposait son pote, effectivement, la liste des choses que faisait le jeune homme pour sa dulcinée ne faisait que s’agrandir. Qu’il ait ou non une petite contrepartie pour ça, d’ailleurs ! « Commun n’a jamais été mon deuxième prénom… mais pour être honnête j’ai du mal à cerner ses sentiments. Il n’y a pas de réelle corrélation entre ce qu’elle dit et ce qu’elle démontre par des actes. Soit disant elle tient à moi, et quand il faut en venir à des actes, elle fuit. »