ROZIA • tu m'avais pas dit ça gros cochon.

La température au Canada n'est franchement pas toujours belle. C'est quoi l'idée aussi d'organiser le Summer Camp dans le nord, là où il fait pas souvent beau, où il fait plus froid qu'ailleurs et où il n'y a même pas de sable ? Mais bon, les plages remplis de cailloux ça peut être original, ça fait changement... même si mon activité favorite est seulement de m'allonger et rien faire toute une avant-midi. Bref, la pluie tombait à flot dehors et tout le monde passait du temps tranquille à l'intérieur. J'étais dans ma chambre, à plat ventre sur mon lit. Royce était à mes côtés et lui aussi était sur son ordinateur. Chacun faisait ses trucs, tranquille, même si on réussissait à tenir une conversation en même temps.
Sérieusement, il va arrêter de pleuvoir quand ? On se fait chier là, c'est pas possible. J'aurais dû emmener une console !
Je soupirai bruyamment. J'étais une joueuse de PC, sauf que tous mes jeux sympas sont sur mon ordi de bureau à la maison. Sur portable, c'est pas terrible en fait. Je scrollais les infos, puis tombai sur l'article d'une étudiante de l'université. Ça faisais longtemps que je n'avais rien vu à propos d'Harvard, aller en cours me manquait beaucoup. Je commençais donc à lire, passant par des anecdotes drôles à propos de Sage et infos sur Briony puis... un clash sur Royce. Je tournai la tête vers Royce, petit sourire aux lèvres.
Je vois que t'as une très belle réputation à Harvard, monsieur le nid à MST.
Évidemment, je trouvais ça drôle. C'est le genre d'insulte que n'importe qui balance quand on est en colère contre quelqu'un, ou juste jalouse, ou dégoûtée... Je ne crois pas réellement qu'il ait d'MST. Quoi que... je sais pas en fait. Ça fait longtemps qu'on a pas parlé de ce genre de choses.

Moi, refuser de geeker durant une journée de pluie ? Jamais. En fait, refuser de geeker tout court ! J'adorais passer du temps devant l'ordinateur et j'adorais passer du temps avec Royce. La combinaison parfaite. Mais les infos commençaient à devenir redondantes, il n'y avait pas de jeux et je sentais que j'avais suffisamment fait la larve pour quelques heures. Malheureusement la pluie tombait toujours dehors, ça ne serait pas possible de sortir avant un moment.
Si tu veux on regarde un film d'horreur!
Me proposa-t-il. J'y ai pensée, sauf que je sais pas... Enfin, pourquoi pas ? Ça pourrait nous occuper en effet. Je terminai de regarder mon article, puis tombai sur le prénom de mon ami. Alors ça, c'est du clash purement gratuit. En temps normal j'aurais rigolée... bon de qui est-ce que je me fous ? Je rigolais quand même, mais je n'avais pas la moindre idée que c'était son ex.
Quoi?
Le châtain lu rapidement l'article et je levai les yeux vers lui. Son expression changea du tout au tout. Contrairement à moi, il ne le prenait pas en blague.
Bordel, je vais aller lui dire deux mots!
J'écarquillai les yeux et tombai en bas du lit en tentant de le rattraper.
Aïe !
Je rampai jusqu'à lui pour finalement l'attraper par la cheville.
Non mais attend, laisse tomber ! Ça ne vaut pas la peine de s'énerver, soit plus mature qu'elle.
Je me redressai pour me lever et me frottai les genoux toujours endolori. À la façon dont Royce avait réagit et le fait qu'il semble tellement savoir où il s'en allait, me donnait l'impression qu'il connaissait cette Sacha.
Elle sait clairement pas ce qu'elle raconte. Tu lui donnerais juste raison en te fâchant.

Pardon.
Je m'étais jeté parterre pour tenter de le retenir, il ne m'avait pas poussé ou quoi que ce soit. J'imagine que ça doit être devenu un réflexe chez lui de s'excuser lorsqu'il me voit en douleur. Bon ça va, c'est juste le choc qui m'a blessé, concrètement je vais déjà mieux.
Tu ne comprends pas?
Me dit-il alors que je me relève. Il semblait vraiment en colère, quelque chose que je savais pour cause. Peut-être que ça devrait me faire peur, vis à vis notre passé commun, mais étrangement non. Il m'attrapa par le bras, le serrant en plantant son regard dans le mien.
C'est mon ex, c'est elle qui a écrit tout ça.
Il me relâcha finalement, juste à temps avant que ça me fasse mal. Royce alla s'allonger sur le lit, il avait l'air au bout de sa vie.
Et alors ? Qu'est-ce que ça change à part prouver mon point ? On a déjà convenu l'autre jour qu'elle te manipulait.
Lui dis-je froidement. Il avait besoin de quelqu'un pour lui tenir les couilles, pauvre enfant. Je soupirai.
C'est une fuckgirl, va pas jouer sur ce terrain-là. Tu vaut mieux que ça Royce Magyar, tu ne te respecterais pas en déboulant dans sa chambre.
Si je dis ça, c'est pas parce que je connais cette Sacha, pas parce que je prétends savoir exactement ce qu'elle pense. Mais je connais le type, j'suis une fille aussi, je peux deviner et en juger selon mes expériences... enfin, les expériences de mes autres amis. Puis je me trompe rarement il faut dire ! Je ne vis que très peu de ces choses en étant toujours enfermé dans ma chambre mais... j'observe énormément.
Tant pis. Tu sais quoi ? Viens. J't'emmène quelque part.
Marre de rester cloîtrer ici et de toute manière il se passera quoi de bon à part Royce qui broie du noir ?

Mais... je veux savoir pourquoi elle fait ça.
Me dit-il, en regardant le plafond. Il avait vraiment l'air d'une larve allongé comme ça, ça l'avait vraiment affecté c'est certain. Mais à sa place, je voudrais me servir de cette colère pour oublier le fait qu'je suis triste. C'est toujours plus facile à digérer la tristesse lorsqu'on est en colère.
Tu veux aller où ?
Il ne pleuvait plus dehors, du moins la pluie s'était calmé. Nous avions donc l'occasion de faire quelque chose d'autre que rester à l'intérieur toute la soirée. J'haussais les épaules à sa question et souriait.
Tu verras.
Je lui pris les mains pour commencer à le tirer en dehors du lit.
Allerrrr, viens ! Lève-toi
Une fois que j'avais réussi à le convaincre de se lever, je quittai la chambre en prenant bien le soin d'emmener mon sac à main. J'avais une destination bien précise, mais avant tout j'avais besoin d'une autre chose : De la bouffe. Il n'y a rien de mieux que de la bouffe réconfort dans ce genre de moment ! Et j'étais prête à faire ce petit sacrifice pour Royce encore une fois. Au lobby de l'hôtel se trouvait quelques distributrices, auquel j'ai acheté chips, gâteaux, boissons gazeuses et chocolats. Le sac plein, je levai mon regard vers Royce.
Maintenant, j'vais te montrer un endroit que j'ai découvert.
Lorsque je me faisais gravement chier, toute seule. Je quittai l'hôtel pour faire le tour du bâtiment. C'était peut-être interdit, mais j'avais découvert comment grimper sur le toit de l'hôtel Keltic Lodge aisément. Personne ne m'avait encore pris à faire ça et puis... comme il ne fait pas très beau, personne n'est dehors de toute manière.
Aller, grimpe !
Je montai devant lui, puis me penchai pour lui tendre la main.

Quoi, là-haut?
J'hochai la tête avant de grimper sur la poubelle, puis sur un petit toit. J'aidai Royce donc à faire de même. S'il est encore comme avant, il peut faire sa petite princesse et refuser de monter juste pour ne pas se briser les ongles ! Mais on l'aime comme ça, notre Roycie. Comme un grand, il monta sans broncher et ensemble, nous admirions la vue que nous offrait l'endroit.
Woah, on est vachement haut, ça serait dommage de tomber.
Me dit-il, en faisant le con. Sauf que sa blague a failli être allé trop loin. En riant, Royce me regardait et je fronçais les sourcils. Je n'étais pas certaine de trouver ça drôle !
T'as vu ça? J'ai failli tomber pour de vrai putain !
Ouais. Fais pas le con putain, tu m'as fait peur !
Je tirai la langue puis fis la moue. Je vous le jure que si ce mec continue de faire des conneries comme ça, je vais finir par faire une crise cardiaque ! Il s'installa sur le grand toit, l'un des plus haut et je m'installai confortablement près de lui. C'était presque pas possible de tomber d'ici, tout ce qu'on avait à faire c'était profiter. Le toit était un peu mouillé, mais je n'avais pas peur d'avoir les fesses trempes. J'ouvris mon sac plein de gâteries et le tendit vers Royce après avoir chopé une barre de chocolat et un soda.
Alors Hippo, hein ? Elle est bonne au lit ?
Lui demandais-je, en ouvrant ma barre et en prenant une bouchée. Je le regardais, intriguée. Je n'avais jamais couché avec personne de ma vie moi... Le sexe était quelque chose qui me rendait extrêmement curieuse. Mais ce n'est pas demain la veille que Fred reviendrait et je pouvais oublier l'idée de découvrir ce petit bonheur bientôt.