FEAT. ROBIN |Bonaventure n’avait pas insisté sur le sujet de ses amours car il détestait s’entendre dire qu’il était un chouette garçon, très mignon et tout le baratin qu’on lui servait habituellement car dans la réalité des choses, c’était tout autre. Il était un mec infirme, marchant avec une canne qui, de temps en temps, se retrouvait plaqué au sol à cause de douleurs trop insupportable. Il ne voulait pas avouer à Robin qu’il était sûrement aussi bousillé qu’elle et que l’image du gendre idéal n’était tout simplement qu’une image. Ses relations n’avaient jamais duré car il était incapable de se donner entièrement. Le Quincy était profondément meurtri, rongé par une culpabilité qui le suivait depuis des années. Ce n’était pas pour rien qu’il avait essayé autant que possible de la sauver elle comme si une bonne action pouvait racheter sa faute, son erreur.
« Ce n’est jamais facile à faire » commenta-t-il avant de soupirer mais rapidement la conversation dévia sur quelque chose de plus léger. « Parce que cela me plait et que j’ai besoin de me faire de l’expérience professionnelle pour intégrer le FBI. Et puis, ça me permet de gagner de l’argent en dehors de ma famille, ce qui n’est pas plus mal » haussa-t-il les épaules. Robin l’avait connu dans sa phase « journalistique ». Bonaventure avait hésité longuement entre agent du FBI et reporter mais dans les deux cas, il avait toujours poursuivi le même but : la quête de vérité. « C’est plus compliqué que ça en a l’air… disons que c’est une union arrangée. Tu sais comment c’est avec les grandes familles, les héritiers ont tendance à être des moyens de transactions comme les autres » lui donna-t-il cette demi vérité car s’il s’agissait bien d’une union arrangée, celle-ci n’était là que dans le but de lui permettre d’avoir sa carte verte. Le problème c’est qu’il ne pouvait pas le crier sur les toits et puis, Robin n’avait pas à connaitre tous les détails de sa vie non plus. C’est pourquoi il reprit la conversation, orientant le sujet vers son agence de détective. « Cela m’aurait fait plaisir en tous les cas… si tu connais quelqu’un qui cherche un boulot de ce genre, tu peux lui filer mon numéro de téléphone sans problème ! Du coup, tu as arrêté tes études si je comprends bien ? » l’interrogea-t-il à son tour.
Je soupire en me calant un peu plus dans le fauteuil, collant mon dos au dossier de celui-ci retombant un peu plus en arrière, plus avachie qu'autre chose, mais en même temps, pourquoi faire bonne figure ? Il m'a vu dans des états pires que celui-ci et me dire que ce n'est pas facile d'oublier son première amour... C'est clair que ça n'aide aucunement... "Jamais rien n'est facile au final..." Je baisse un peu la tête sur mon verre, jouant avec celui-ci pour faire bouger l'alcool à l'intérieur, me concentrant sur le liquide plutôt que sur mes émotions, cherchant dans un sens à oublier mes pensées, cette masse de ressentit qui me pourrit de l'intérieur. J'aimerais que d'un souffle tout s'envole, disparaisse et que je puisse juste être... Calme ? Arrêté de réfléchir, comme je pouvais le faire il y a de ça quelque mois, quand l'alcool et la drogue ruinait ma santé physique, mais libérait mon esprit de ses entraves que je me places toutes seules. Oublié pour aller mieux, mais tout nous reviens en pleine gueule quand la conscience revient. Remède temporaire, mortel et coûteux qu'est la drogue. N'y a-t-il point de moyen de se soulager, sans payer, sans finir minable ? Shooter aux antidépresseur ou suite à un rail de coke, où est la différence ? Hormis que l'un est légale et l'autre non ? Les deux rendent dépendants. Saloperies qui nous pourrissent jusqu'à la fin. Pourtant, quand on chercher à penser à demain, à cet avenir incertain, on essaie de se relever, de combattre ses putains d'addictions, comme je le fais... Mais si jamais demain n'est plus ? Cela serait plus simple. Ne plus pensé à si loin, juste à l'instant présent. Oublié ce qui a été et ce qui sera. Juste retenir ce qui est. Les douleurs seront moindres, les éclats de rire également, mais en même temps plus sincère non ? Je secoue un peu la tête, pour chasser ses pensées, parce que de toute façon, je serais bien incapable de m'évertuer à faire cela... Du moins sans artifices.
Je l'écoute donc me parler de son projet, de son job de détective et malheureusement, je me vois forcé de refuser sa proposition, bien qu'intéressante dans un sens, mais si je me vois bien travailler dans un magasin de vêtements, j'ai bien plus du mal à me voir dans le rôle qu'il me propose là et puis de toute façon, je n'ai pas le temps, sauf si quelqu'un trouve un moyen de faire des journées plus longues, d'une durée supérieure à vingt-quatre heures. "Tu veux entrer au FBI ?" Le questionnais-je alors, parce que cela me surprend quand même, bien que l'épisode gagner de l'argent en dehors de son argent famillial, cela me surprend assez, parce que je n'ignores pas réellement sa position... Mais je ne dis rien, parce que je n'ai rien à dire sur cela, il n'en joue pas, pas comme les Eliots en tout cas et c'est peut-être pour cela que comme Benji, lui je n'ai pas trop de mal avec, ou bien est-ce parce que j'ai apprit à le connaître avant de savoir ce qu'il était ? Ne pas juger aux apparences, ni au nom... C'est une bonne chose en fin de compte.
J'arque un sourcil, quand il me donne ensuite les explications sur son mariage et laisse un nouveau soupire franchir mes lèvres. "Tout ça me passe réellement au dessus de la tête... Si j'ai pu intégré Harvard, c'est uniquement grâce à une bourse d'étude et j'ai tout flanqué en l'air avec mes conneries, donc tout ce qui est arrangement pour la fortune, le nom, etc. J'y connais rien et dans un sens, j'ai pas envie de m'y intéressé parce que ça ne me concernera jamais. Ael me l'a bien fait comprendre. Je suis qu'une passe pour lui de toute façon. Rien de sérieux à ses yeux." Je précise cela sur mon pseudo-copain, même si je n'aurais pas dû, mais c'est sortit tout seul, puis de toute façon, c'est la stricte vérité alors bon, pourquoi mentir ? Je sais que même si notre relation était sérieuse, il m'aurait annoncé cela, parce que je ne suis pas la fille de machin-truc-muche au nom hypra compliqué, ni même une reine de beauté. Je suis qu'une moins que rien à ses yeux et aux yeux de tous au final. Je porte alors mon verre à mes lèvres et le vide d'une traite en pensant tout cela. Heureusement que je ne l'aime pas pour de vrai... Sinon, notre histoire d'amour aurait été bien plus tragique que cela, peut-être que s'il m'aimait il se serait battu, ou alors il aurait juste dit oui, amen à son père et aurait tout simplement fait de moi sa maîtresse ? Enfin, dans tout les cas, il ne s'agit là que de suppositions. Comme on dit, avec des si, on mettrait Paris en bouteille, on referait le monde. Dans un sens, cela serait tellement mieux !
Je relève le regard vers lui, le décollant enfin de mon verre vide alors qu'il change à nouveau de sujet, me parlant encore de son projet et alors, je lui adresse un petit sourire. "Je suis navrée... Je ne connais personne présentement, mais si jamais dans le futur ça arrive, je penserais à toi." Je souris un peu plus. "J'ai toujours ton numéro, alors ça ne posera pas de problème." Oui, aussi étrange que cela puisse être, j'ai toujours son numéro dans mon cellulaire, ne l'ayant jamais effacé, peut-être parce que je ne voulais pas tant que cela le chasser de ma vie ? Un peu comme avec Nate, bien que le Quincy, je l'ai bien moins torturé que mon ex... "Sinon, oui... j'ai tout planté après le bal, pour réfléchir à ce que je veux faire... Arrêter de juste suivre ce que veulent les autres... L'astrophysique pour mon père, la médecine pour mon ..." Je ne le dis pas... Parce qu'il le sait, il me connait assez pour savoir que la médecine c'était le choix de mon frère... Je me redresse donc un peu plus dans le fauteuil. "Je peux ravoir à boire ?" Lançais-je alors pour ne pas m'éterniser sur mon frangin...
FEAT. ROBIN | « C’est le moins qu’on puisse dire mais en même temps, si tout était facile… la vie n’aurait aucun sens. C’est ce que je me dis quand j’en ai ras le bol des difficultés » soupira-t-il. La facilité, par moment, il en rêvait mais l’instant d’après, il se sermonnait en se disant qu’il n’avait que ce qu’il méritait. Cet homme puis Jarod avaient trouvé la mort par sa faute. A chaque fois, on lui trouvait des circonstances atténuantes comme : tu étais trop jeune pour savoir ce que tu faisais réellement ou encore Jarod t’a suivi de son propre chef dans ce bâtiment. A chaque fois ses parents et ses proches tentaient de minimiser les choses mais ils lui faisaient bien plus de mal que de bien car il était rongé par la culpabilité et il se demandait par moment s’il pourrait vivre sans. Bonaventure n’était pas certain car il avait construit toute sa vie, toute sa personnalité autour et obtenir cette rédemption ne serait-il pas le point final à son existence ? Que faire, où allait une fois qu’il aurait apaisé cette vieille compagne ? Il ne voulait pas vraiment y penser pour le moment car la réponse lui faisait peur. « Ouais, je sais que ça surprend mais j’ai toujours voulu découvrir la vérité, faire cesser les injustices. Je pourrais me lancer en politique mais ce serait utopiste de me dire que mes actions auraient un quelconque poids. Alors arrêter les criminels, permettre aux familles de victimes de faire le deuil d’un proche en se disant que leur bourreau est hors d’état de nuire… ouais, c’est ce que je veux. Etre utile en faisant quelque chose » dit-il avec une certaine ferveur. Bonaventure voulait également protéger les innocents en mettant en lumière la vérité avant qu’il ne soit trop tard, que jamais plus, quelqu’un subisse une erreur judiciaire. Cela pouvait passer pour un caprice de gosses de riche mais il s’en fichait bien tout comme il se fichait de ce mariage blanc. « Il n’y a rien d’intéressant là-dedans de toute de façon » marmonna-t-il en haussant les épaules. Cela le mettait mal à l’aise de mentir à Robin mais il n’avait pas vraiment le choix car déjà trop de monde était au courant de son secret. « Et pour toi ? c’est quelque chose de sérieux avec lui ? » demanda-t-il en étant toutefois désolé pour elle mais il connaissait suffisamment son amie pour savoir qu’elle ne voudrait ni de sa compassion et encore moins de sa pitié. La seule chose qu’il souhaitait c’était qu’Ael respecte sa parole de ne pas lui faire du mal.
« Merci ! Sait-on jamais un miracle existe peut-être ! » répondit-il avec un léger sourire tandis qu’elle lui confiait avoir tout plaqué après le bal. Dans un sens, il la comprenait et l’admirait. Robin était un électron libre. « ça marche ! Si ça continue, tu vas dormir ici » la taquina-t-il car hors de question, en cas de cuite, il la laisse dehors. Le canapé serait suffisament confortable pour lui. « Avance ton verre » lui demanda-t-il avant de lui servir une bonne rasade pour mieux se rasseoir. « Dis moi, ta boutique où tu bosses, elle fait la mode masculine ou pas ? »
"Moui..." J'avoue que je ne suis pas particulièrement convaincue par les propos qu'avance Bonaventure, parce qu'il faut quand même un juste milieu et que moi, ma vie elle tend un peu trop à être difficile, noire, mauvaise, enfin, vous voyez le truc... Alors me dire que sans cela, ça sera plat, ennuyant... J'ai envie d'y goûter à ce qu'il me dit là. Parce qu'il est tellement mieux de s'ennuyer que de se prendre la tête comme je peux le faire, culpabilisé, me détruire encore et encore en tentant de faire mine d'aller bien, d'aller mieux...
Je fronce alors les sourcils quand il me parle de son utopie dans la politique... "J'ai envie de dire... Vérité et Politique, ça ne va pas réellement ensemble." Laissais-je entendre doucement. Même si je me doute bien que mon ami était du genre à vouloir le bien de tous, défendre la veuve et l'orphelin en quelque sorte, en politique, il en baverait et surtout, il ne serait pas prit au sérieux. "Puis, pour ma part, je pense que tu pourrais avoir un poids, les actions d'un politicien sont toujours plus importante, le soucis... C'est que tu passerais pour un menteur, on risquerait de ne pas te prendre au sérieux, parce que trop différent de tes adversaires par exemple, puis peut-être aussi pas réalisable, parce que même si tu montes haut, tu auras toujours des contraintes derrières, les hommes politiques sont quand même avec les poings liés." Je réfléchis un peu, espérant ne pas dire trop de connerie, mais en même temps, par le passé, avec mon père, c'était souvent les discussions que l'ont abordait à table... "Par contre... Ce n'est pas parce que la fautif est arrêté, que faire son deuil est plus facile ou quelque chose dans le genre..." Murmurais-je plus pour moi que pour lui... Parce que le camionneur qui avait causé l'accident avec mon frangin et moi, il avait été arrêté, il était en tord. Mais en aucun cas ça n'avait changé quelque chose pour moi... Parce que je me sens bien plus responsable que lui qui tenait le volant au final...
On en vient alors à parler de son meilleur ami, qui joue, suite à un défis le rôle de mon petit ami... Je reste silencieuse un instant à sa question... Quelque chose de sérieux... "Je ne sais pas..." M'entendis-je alors dire sans réfléchir... Me mordillant un peu la lèvre inférieure. "Je pense que dans un sens, j'aimerais..." Pour les raisons que je lui ai déjà cité, réussir à oublier Nate, remonter enfin réellement la pente, avancé à nouveau et se sentir réellement aimé, apprécié, ça pourrait clairement m'aider je crois bien... Mais avec l'Eliot, je ne pense pas que cela soit réellement possible.
Je lui souris alors un peu en entendant ses remerciements suite à ma proposition de le recontacter si jamais je rencontrais quelqu'un qui cherchait un boulot. Sauf que j'y crois pas trop. Enfin, sait-on jamais. Je lui explique ensuite ce que je deviens, comme il me l'a demandé... Je détourne rapidement la conversation quand j'aborde malgré moi mon frangin et lui demande un nouveau verre, qu'il ne tarde pas à m'accorder et même me servir. Je le remercie d'un sourire et d'un petit mouvement de la tête. Je le regarde ensuite, surpris par sa question. "Bah. Oui ?" Fus-je un peu surprise, malgré moi, parce que je ne m'attendais pas à ce qu'il me questionne sur mon boulot.
FEAT. ROBIN | Etre optimiste, voir toujours le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, c’était devenu au fil des années, une nécessité. Bonaventure connaissait trop le goût du désespoir, de cette envie de se laisser aller, de baisser les bras. Il l’avait fait une fois, cela avait failli lui être fatal sans l’intervention de son père. Il s’était promis depuis, de ne plus jamais céder à la tentation et de se battre mais il y avait certains matins où il ne trouvait pas la force de se lever, où il n’avait tout simplement pas envie de se battre davantage. Après tout, pourquoi, pour qui se battait-il ? Pour lui ? Vu le respect qu’il avait pour sa personne, ce n’était franchement pas la bonne idée de devenir sa raison principale de vivre. Alors, il se raccrochait au sourire de sa mère, à la bienveillance du regard de son père. Un jour, peut-être une femme deviendrait sa raison de se battre, de ne pas se laisser bouffer par la culpabilité. Peut-être qu’un jour oui, il trouverait la force de tourner la page de son passé mais ce jour n’était pas encore arrivé. Aussi, continuait-il de sourire au monde, de porter ce masque et de prêcher la bonne parole sans même songer à appliquer ses propres conseils à sa personne. De tout de manière, ne disions-nous pas que le plus mal chaussé était le cordonnier ?!
« De tout de manière, la politique est un monde de requin et je crois que je n’aurais jamais la force de vivre en me demandant si mon ami d’aujourd’hui, ne me plantera pas un couteau dans le dos pour assouvir sa propre ambition » haussa-t-il les épaules. La politique, très peu pour lui. Lui, il voulait chasser les méchants, mettre un terme à la peur des victimes. « Non mais par moment, cela apaise les familles de savoir que le meurtrier de leur proche est derrière les barreaux… J’ai juste envie de faire la différence mais en faisant bien les choses. Je n’ai pas envie d’être un super justicier, juste tenter de découvrir la vérité » haussa-t-il les épaules et peut-être rattraper ses erreurs. Le problème, c’est qu’il était bien placé pour savoir que le désespoir, le deuil, la souffrance d’une famille ne serait jamais effacée parce que justice avait été donné. Il y a des moments où rien ne pouvait vous soulager.
L’amour était une chose encore plus compliquée car elle pouvait être agréable comme destructrice. Robin en était un bel exemple songea-t-il. Elle avait aimé un homme au point de se perdre elle-même. « J’aimerai également pour toi » lui dit-il en lui servant à boire. Il hésita légèrement à la suivre en regardant son coca. Puis, subitement, il se releva pour aller chercher un scotch dans le mini bar. « Tu m’excuseras mais je crois que finalement, je vais te suivre ce soir » dit-il avec un sourire amusé avant de s’asseoir à nouveau. « Cool ! Je viendrai surement y jeter un œil. Cela fait un moment que j’ai pas fait du shopping » reprit-il avec un grand sourire.