Only here to talk, sorry (w/Henri)

ONLY HERE TO TALK, SORRY
— henri & micky

« C’est une bonne raison » admit-elle tout de même. Micky n’était personne pour obliger Henri à être psy, après tout ! Et puis l’important dans la vie, c’était de faire quelque chose qui nous plaît, elle-même en avait grandement conscience. Aussi, elle profitait simplement de cette oreille patiente et compréhensive, sachant que sûrement, demain ils ne se reverraient pas. Cela lui permettait de lâcher des choses qu’elle gardait bien trop enfouies dans son cœur… « Triste c’est un euphémisme… oh je sais très bien que mon jumeau me beuglerait après s’il savait que j’en ai marre de la rééduc. Mais je la fait en plus ! J’en ai juste ras le bol. Tu ne sais pas la souffrance que c’est… j’ai juste envie d’avoir deux jambes normales, pas deux boulets. » Deux larmes s’écoulèrent le long de ses joues. Micky avait juste… envie de craquer quitte à se montrer fragile.

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« Sinon, cela doit être intéressant, mais, je n’ai guère envie de me triturer le cerveau…. » Je souris, je me dis que je ne peux pas non plus éviter de faire les choses de travers. Je souris, je peux comprendre les choses, je tente de donner un avis plus agréable : « Je n’ai pas de jumeau, mais je peux comprendre en ayant une sœur qu’elle ne voudrait pas que je me laisse aller. Après, il y a un chemin à faire, tu ne peux pas aller plus vite que la musique, mais tu peux te donner un objectif : marcher en l’honneur de ton frère. » Je peux voir qu’elle ne va pas bien du tout. Je la prends dans mes bras comme je peux. Je lui dis : « Vas-y pleure, cela fait du bien. Je reste-là, je ne bouge pas. » Je suis sensible même si je ne cache beaucoup, je suis aussi introverti, je ne vais pas dire tout ce qu’elle a dit comme ça à tout le monde, mais, je peux comprendre sa détresse.

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ONLY HERE TO TALK, SORRY
— henri & micky

« Ou d’entendre les gens se plaindre à longueur de journée… ça doit être dur à supporter ! » Micky ne pourrait jamais écouter les autres geindre à longueur de temps, franchement. Inutile de dire qu’elle ne jetait donc pas la pierre à Henri pour ne pas avoir choisi cette voie, bien au contraire. « Tu supporterais toi de savoir que ta sœur est morte alors que toi, tu es toujours sur cette terre ? » Voilà la véritable question. La blondinette avait envie de connaître sa position sur le sujet, de savoir ce qu’il ressentirait, lui, qui donnait tant d’attention et d’amour à sa sœur manifestement. Micky ne s’attendait pas, néanmoins, à ce qu’il ne la prenne dans ses bras, réaction immédiate face à ses pleurs. Peut-être cela l’aida-t-elle à se laisser totalement aller. « Au moins tu me juges pas, tu m’offres un câlin… merci… »

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« Oui, c’est bien vrai, parfois, j’ai une folle envie de les claquer… » Je souris, je me demande bien si je dois continuer ou pas sur ce sujet-là. « Et bien, on n’a pas vraiment le choix, parfois, il faut bien avancer même si cela ne nous plait pas vraiment. Il faut continuer. » En tous les cas, je dis qu’il est bien aussi que je tente de lui donner une étreinte plus douce. Maintenant, je me demande bien si je dois continuer. Je préfère pour une fois essayer de comprendre la suite. Elle pleure dans mes bras, je la laisse faire, je préfère qu’elle se lâche pour qu’elle aille bien mieux. Je dis alors en essayant de la rassurer un peu plus : « Je ne juge pas les gens sans les connaître. Je trouve qu’il est pas mal que je laisse les gens se sentirent un peu mieux. Si cela te soulage, vas-y. » Je me demande bien ce que je peux faire de plus. Je ne tiens pas à ce qu’elle aille encore plus mal.

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ONLY HERE TO TALK, SORRY
— henri & micky

« Tu parles de tes clientes qui geignent ? Il y en a tant que ça ? » En théorie, ces dernières ne devaient certainement pas payer Henri pour obtenir un psy, qui leur reviendrait en plus moins cher, mais plus pour la bagatelle. Du moins Micky le voyait-elle ainsi, puisqu’il restait escort. « Tu veux dire que tu supporterais ? » s’éloigna-t-elle subitement, surprise de la réponse du jeune homme. S’il y avait bien quelqu’un qu’elle pensait totalement capable de comprendre, c’était lui, puisqu’il encensait littéralement sa sœur… se serait-elle trompée ? « Tout n’est pas une question d’avancer ou pas. Si tu tiens à quelqu’un, faut lui dire, lui chanter, trouver de nouvelles façons de lui dire. Tout n’est pas blanc ou noir dans cette vie d’merde. »

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« Surtout celles qui en veulent à leurs maris… » Je soupire, je peux comprendre que les gens parfois ont toujours tendance à vouloir vider leurs sacs en me voyant… Je réfléchis un peu plus, je lui dis alors gentiment : « Et bien, il faudra bien que j’y arrive… Sinon à quoi bon vivre… » Je souris, je ne vois pas trop quoi dire, je trouve que pour l’instant, qu’il est bien plus amusant pour moi de tenter de la faire sourire. « J’aime beaucoup ma sœur, même trop, je crois… C’est juste que s’il elle disparait ou que s’il m’arrive quelque chose, j’aimerais qu’elle continue sa vie. Alors elle va un jour avoir son appart et faire autre chose de sa vie. Je trouve que je ne dois pas trop comment dire… » Je réfléchis, je ne vois pas quoi lui dire, mais je préfère pour une fois trouver une solution. Je regarde un peu plus les choses. Je dis : « Je me suis toujours occupé de ma sœur, alors je pense que je dois me faire à l’idée de ne plus la voir. Elle me manquera beaucoup c’est sure. » Réaliste, je me dis qu’il est pas mal aussi que je sache comment lui dire par la suite. Je souris, je ne sais pas si elle va comprendre. Mais je suis réaliste. « A la fin les gens s’en vont, on doit les aimer et les garder en nous souvent. J’aime ma sœur, si elle meurt, je vais souffrir beaucoup, mais, je sais qu’elle ne souhaiterait pas que je me laisse aller. » Je souris, je dis : « Je suis introverti, j’ai du mal à dire aux gens que j’aime. »

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ONLY HERE TO TALK, SORRY
— henri & micky

L’abnégation d’Henri laissait Micky proprement sans voix. Comment diable pouvait-elle répliquer après ça ? A sa place, la piquante blonde avait tempêté, tout cassé sur son passage, oublié de se nourrir deux jours, plus s’était à nouveau effondrée avant de se plonger à fond dans ses cours… en bref, elle avait montré sa peine à sa façon. Rester tel un morceau de bois ne donnait pas l’impression que l’on avait aimé l’être disparu. Ce fut pourquoi Micky le regardait soudainement bizarrement, comme si elle essayait de le décoder. « Wow. Je contrôle mes sentiments mais pas à ce point là… lorsque mon frère a disparu, je n’ai pas juste accepté le truc, pour moi, ça aurait voulu dire que je n’en n’avais rien à foutre. L’acceptation, c’est pas de l’amour. La jalousie, la colère, le refus, la rancœur sont des preuves d’un intérêt. L’acceptation, c’est comme l’indifférence… c’est peut-être ta façon de fonctionner, de ne pas t’effondrer mais c’est bien des fois de s’effondrer. Tu devrais te laisser aller, tu te sentirais sûrement plus vivant ! »

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« Je vais te dire une chose. Que je ne dis à personne, et je tiens que personnes ne soient au courant. »Je ravale un peu ma fierté mais je lui dis : « Lorsque mes parents sont arrivés ici aux Etats-Unis, mon père s’est barré deux ans après la naissance de ma sœur. Quand à ma mère, elle commençait déjà à boire… »Je m’arrête un peu, et je retente de lui dire les choses : « Elle a tenté de nous vendre à son vendeur de drogue ou d’alcool, un sale type. Etant l’ainé, je suis parti avec ma sœur en volant une voiture et en recueillant notre chien. Donc, j’ai dû m’occuper de ma sœur alors que j’allais encore au lycée, je n’ai pas eu le temps de m’apitoyer sur mon sort…. » Je souris, mais bon, j’ai tout de même du mal à en parler. Je rajoute : « Ma soeur sait que je l’aime, mais je ne le lui dis pas forcément…. Je lui montre juste par des petites choses de la vie. »Je souris, je sais que cela ne va pas forcément plaire à Micky, mais c’est la chose la plus logique que je puisse lui dire.

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ONLY HERE TO TALK, SORRY
— henri & micky

Le simple fait de l’entendre parler de son histoire fit peut-être du bien à Micky. Oui, elle avait besoin de savoir que quelqu’un d’autre pouvait se rendre compte de ce qu’était la souffrance, la trahison et la perte. Certes, leurs deux histoires étaient différentes mais cela ne changeait pas le fait qu’il ait le droit de dire qu’il souffrait. Ce fut pourquoi elle esquissa un petit sourire, reprenant la discussion plus calmement : « et qui a dit que tu n’avais pas le droit de craquer ? Pas forcément t’apitoyer sur ton sort mais des fois envoyer valser les compromis, les bonnes actions et tout le reste ? Ta sœur a sa vie comme tu m’as dit… rien ne t’oblige donc à rester fermé. Tu sais ce que tu vas devenir si tu gardes tout ? Quelqu’un d’aigri. Et crois-moi, je sais de quoi je parle… hurle, bouille, rebelle toi ! Franchement, de temps en temps ça fait du bien ! »

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« Craquer… » Je souris, je ne sais pas trop comment le prendre, mais bon, je tente de voir comment est-ce que les choses peuvent évoluer. Je ne dis rien de plus, je pense que j’irai sans doute courir après les courses afin de me défouler un peu plus. Je ne préfère rien dire, je ne vais pas non plus me planquer, mais, je tiens aussi à ce que tout se passe bien pour moi. Je continue de ne rien dire, je n’ai pas l’habitude de parler comme ça aux gens. Même si Micky m’intrigue beaucoup, j’ai du mal à parler de ma vie privée à cette merveilleuse jeune femme. « J’irai courir après, je me défoulerais comme ça, sinon, j’irai faire mon jardin. » Une simple explication qui va sans doute l’agacer encore plus, mais bon, je ne vais pas tout envoyer valser comme ça. Je suis certes rebelle, mais bon, je préfère le faire dans un endroit où personnes ne va me casser les pieds.

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