JASPEANDRA → we're a little unsteady

Bien sûr qu'il connait du monde, bien sûr qu'il peut prévoir que je serais un alibi. Il pourrait même savoir mes faits et gestes avant que je les saches. C'est ça, quand on a un peu de pouvoir, de réussite et d'argent. « Combien de temps ? » - "Un mois et demi à peu près." soupire et souris presque tristement à son ami, "Te force pas à faire la conversation, c'est bon, le silence c'est pas gênant tu sais." on finira bien par trouver un sujet inutile après quelques minutes à ne rien dire.

"Un mois et demi à peu près." Tu vois, je m'intéresse. Je vais dans ton sens, dans celui du tout-va-bien. « C'est quand ? Tu vas louper le début des vacances ? » Ca importe à la majorité des personnes. Pas vraiment à nous. Les priorités, toussa, je sais ce que c'est. "Te force pas à faire la conversation, c'est bon, le silence c'est pas gênant tu sais." Bien sur que ça l'est. Ca l'était pas avant. Parce que tu sais, t'es vraiment ami avec quelqu'un quand les silences ne te gênent plus. Quand les pauses ne sont pas un problème, car tu sais qu'ils ne sont que des parenthèses. Nous on arrive pas à savoir si y a un point qui va finir par arriver. « T'attends quoi de moi Leandra ? » Qu'il balance après quelques pas après s'être astreint au silence.  

« C'est quand ? Tu vas louper le début des vacances ? » J'ai ce rire, ce genre de rire qui dit que de un, tu le sais, et que de deux, tu t'en fous, on sait très bien que c'est pas important, on sait que les vacances c'est rien à côté de la possibilité d'élargir ses horizons et ses idées de carrières. « T'attends quoi de moi Leandra ? » tourne le visage vers lui, un sourire gênée. "Qu'est-ce que.. tu veux dire par là ?" fait semblant de ne pas avoir compris, ça te va bien.   

Pas acteur, mais d'ordinaire plutôt bon menteur. Je peux simuler une conversation, même si mes réactions sonnent faux. C'est vrai, je m'en fous que tu loupes des vacances. Ca me surprendrait que ça t'importe. Ca me décevrait. Mais après tout, je n'ai pas l'impression de te connaître si bien que ça. Après tout, toi, tu arrives à me mentir tellement facilement. Je ne sais plus lire dans tes prunelles. J'y voyais de l'amour, tu sais ? Alors je ne compte plus sur elles pour me dire la vérité. Je pose la question comme elle vient. " Je comprends pas ce que tu cherches. " Fait pas celle qui comprend pas, arrête de gagner du temps. " C'est quoi ma case ? Tu me veux dans laquelle ? " Sa voix s'est légèrement haussée, alors qu'il l'a dépassé et lui fait face en marchant de quelques pas en arrière. Allez, regarde-moi quand tu le dis. " Et me dit pas "comme avant", parce qu'avant j'étais dans deux, et visiblement ça nous a pas réussi. "

Je comprends pas quand tu me parles, mais ça fait bien longtemps qu'on ne se comprends plus de toute façon. " Je comprends pas ce que tu cherches. " le regarde, silencieuse. Attendant que quelque chose me sorte de là, ou quelqu'un. Une météorite, une ancienne connaissance, la pluie, j'en sais rien n'importe quoi. " C'est quoi ma case ? Tu me veux dans laquelle ? " fronce les sourcils, quoi ? Je t'ai jamais voulu dans aucune case qu'est-ce que tu m'fais là ? " Et me dit pas "comme avant", parce qu'avant j'étais dans deux, et visiblement ça nous a pas réussi. " ris nerveusement et secoue la tête, "J'ai pas envie que tu sois dans une case Jasper." et c'est ce que j'aime chez toi, chez nous. On a pas besoin d'être étiqueté pour exister. "J'veux pas que notre amitié," se racle la gorge, comprends 'nous' dans la phrase, "soit fermé dans une case. On évolue, on grandit et on l'a toujours fais, on a jamais.. été les mêmes, et on a jamais été séparés." ça marche, c'est comme ça qu'on fonctionne, alors ne me laisse pas mettre des barrières. Ne me laisse pas t'offrir la chance de mettre fin à ça. Hausse les épaules, "J't'offre aucune case pour te mettre dedans, j'suis désolée mais.. tu vas devoir faire sans." tu peux en choisir une si tu veux, mais elle viendra pas de moi.  

Arrête, on est tous dans des cases. On peut être dans plusieurs catégories à la fois, mais quand on te demande qui je suis, tu dois bien me mettre un qualificatif dessus. J'peux être l'ex, l'ancien ami, que sais-je. J'suis forcément conjugué au passé, de toute façon. Ex-quelque-chose. Un mec qui a compté, fut un temps. "J'ai pas envie que tu sois dans une case Jasper." Secoue la tête. "J'veux pas que notre amitié, soit fermé dans une case. On évolue, on grandit et on l'a toujours fais, on a jamais.. été les mêmes, et on a jamais été séparés." Et se met à sourire maintenant, de ces sourires amusés, qui ne le sont pas vraiment. Sourire jaune, si tu veux. « On est plus amis, Leandra. » Je suis désolé de te le dire, comme ça, comme si tu l'avais pas encore compris. Dans ma tête, ça raisonne avec violence. "J't'offre aucune case pour te mettre dedans, j'suis désolée mais.. tu vas devoir faire sans." Inspire profondément. « Si je fais sans, je fais sans rien. » Je ne serais dans aucune case, car je ne serais pas dans ta vie. « Tu veux de mon amitié ? » Je suis presque capable de te l'offrir, si ça peut fermer toutes les autres portes.

La vérité qui fait mal. « On est plus amis, Leandra. » ça pique. Comme un petit pincement dans le coeur. On est plus amis. On est quoi alors ?  « Si je fais sans, je fais sans rien. » fronce les sourcils, je savais pas que tu voyais les choses sous cet angle. « Tu veux de mon amitié ? » Le regard, soupire. "J'suis la seule dans l'histoire ?" tu sais très bien que oui, tu sais que j'en veux, que je ne veux pas te perdre, et je met tout en oeuvre pour ce faire. "Si tu veux ni de mon amitié, ni de moi dans ta vie ni.. de quoi que ce soit d'autres, dis le Jasper." moi j'y arriverais pas, ça me ferait réellement mal de ne plus t'avoir dans ta vie, et sincèrement si t'arrive à voir ta vie sans moi, alors on partage pas la même relation ensemble. Tout ce qu'on a vécu, ça voudra plus rien dire.

Pourtant, tous dans les faits le dit. Je suis pas sûr qu'on l'ai déjà été, qu'on ai déjà su être de parfaits amis. Je crois qu'on a toujours foiré cette partie. Je t'ai nommé « meilleure », car c'est le nom qu'on donne à ceux qui sont plus proches que nos simples amitiés. "J'suis la seule dans l'histoire ?" Les mains s'enfoncent dans les poches. « T'es la seule qui t'accroche. » T'as qu'à dire merci à ton amnésie, c'est de sa faute. Avant, toi aussi t'avais laissé tomber. "Si tu veux ni de mon amitié, ni de moi dans ta vie ni.. de quoi que ce soit d'autres, dis le Jasper." Tu comprends rien. Et l'homme secoue la tête, encore. Il fait que ça. « Je veux pas de ta putain d'amitié, j'en ai rien à foutre de parler potins et de te mettre du vernis sur les pieds. » Je suis pas ta copine, bordel. « Moi, je veux que tu me dises que tu regrettes, que tu vas larguer le don juan dépressif, et que tu reviens vers moi. » Esquisse un sourire. « Alors non, je peux pas être ton pote. Je peux pas car t'es pas foutu de me dire non quand je suis à deux doigts de t'embrasser. » Ouais, j'ai oublié d'avoir un filtre. J'ai oublié qu'on est dans la rue, que j'suis pas censé dire tout ça.

Je sais pas ce qu'on est, et plus les jours passent et plus j'ai l'impression qu'on est plus grand chose. Qu'on s'émiette, qu'on s'éloigne. Nous, qui étions inséparables.  « T'es la seule qui t'accroche. » Encore. ça pique, encore. Continue, achève moi Jasper, parce que tu semble plutôt bien lancé là. Je fais juste des efforts, parce que je tiens à toi. Désolée si ça ne te plait pas, désolée si ça ne te parait pas important. « Je veux pas de ta putain d'amitié, j'en ai rien à foutre de parler potins et de te mettre du vernis sur les pieds. » Le regarde, assez surprise. Il est dur. « Moi, je veux que tu me dises que tu regrettes, que tu vas larguer le don juan dépressif, et que tu reviens vers moi. » se pince la lèvre. « Alors non, je peux pas être ton pote. Je peux pas car t'es pas foutu de me dire non quand je suis à deux doigts de t'embrasser. » Lève les yeux et secoue la tête, "Non.. j'en suis incapable." j'arrive pas à t'arrêter quand t'es trop proche, j'arrive pas à te dire non quand je sens ta respiration contre la mienne, et je saurais même pas expliquer pourquoi tu m'fais cet effet, j'en sais rien. Je peux pas te l'expliquer, c'est juste que.. je préfère vivre comme ça, ignorer ça, plutôt que de ne pas te voir du tout.

On pourra me dire présomptueux, mais, je le sais que tu défailles, je le sens sur ta peau, je l'entends à ton souffle. Et mon battement se répercute sur le tien. Même si tu niais, là, je saurai que tu mens. Parce que je l'ai sentis, l'autre fois. "Non.. j'en suis incapable." La sincérité de la réponse surprend légèrement l'homme, qui laisse ce sentiment se répercuter sur son visage qui se relève. « Je suis pas guéri, peut-être, mais toi non plus. » C'est ça, quand on s'injecte trop de poison d'un coup. Ca m'fait sourire. Parce que finalement, à vouloir t'infliger quelques blessures en vengeance, c'est en ne le faisant plus que j'y arrive. « Ou pas totalement. » J'oublie pas que t'as ingéré un espèce d'antidote. Qu'à terme, il finira par me jeter hors de ton sang définitivement. « Et tu veux me garder dans le coin, en prenant ce risque ? » Moi, mon risque c'est juste quelques fissures supplémentaires, toi, c'est la colère masculine. Non pas que je m'en soucis. J'comprends juste pas pourquoi tu t'infliges ça. Parce que tu sais ce qui finira par arriver, si j'arrête d’abîmer le chemin entre nous.