cold stone (weaslacce)

Cela fait une semaine que l'on est arrivé ici et je regrette déjà l'Argentine. Je me suis pris la tête avec Sienna dès le deuxième jour. En même temps, à quoi m'attendais-je avec elle ? Rien, c'est surement ça le problème. Je n'avais jamais imaginé le pire avec Sienna et bien, je m'en mordais les doigts maintenant. J'avais réussi à contenir ma colère pendant mes longues journées avec Bonaventure. On a pas mal discuté, visité et là, c'est direction l'île de Pâques. Il faut prendre l'avion et ça m'arrache un large sourire. " Pas trop stressé ? " Il déteste ça et je l'ai bien vu en Argentine. Il n'a pas fermé l'oeil sur le trajet aller et nous a fait traverser le pays en voiture s'il vous plait ! Treize heures de voiture contre deux heures d'avion c'est bien pour montrer à quel point il déteste ça. Je lui souris alors que l'avion se pose sur l'île de Pâques où nous allons passer deux jours plutôt sympa entre amoureux. J'ai hâte de voir les statues qui donnent sa renommée à cette île. Je dépose un baiser sur ses lèvres avant d'applaudir le pilote - chose qui m'a toujours choqué - et de me détacher. Une petite heure plus tard, affaires déposées à l'hôtel réservé pour la nuit, baskets aux pieds, on se dirige vers la plage pour découvrir un peu l'île.. Ça doit faire dix minutes que l'on marche quand j'entends une voix familière derrière moi. " Maman ! " Je me fige instantannément. Putain, Stuart est là avec Russell. Je déglutis et souris à Bonaventure. " Mamaaaaan ! " La petite voix de Russ, sept ans me tire de mes pensées. Qu'est-ce que le quincy va dire ? Bonne question. Je me retourne et attrape le petit garçon qui me saute dans les bras. " Qu'est-ce que tu fais là mon coeur ? " Demandais-je au petit garçon, sans regarder Bona, honteuse de ne pas lui avoir raconter toutes mes histoires d'amour... " La madame qui nous gardait était trop nul alors je suis parti ! C'est qui le monsieur ? " Demanda le petit alors que je me relevais, Russell dans les bras. " C'est mal de s'enfuir mon coeur ! La madame va avoir peur. Et le monsieur là, il s'appelle Bonaventure et c'est mon amoureux " Soufflais-je en évitant toujours le regard de Bona.

Russell me saute dessus comme il y a deux jours quand je l'ai croisé avec son père. Il a toujours été comme ça avec moi et le sera surement toujours. Il n'a plus de figure maternelle depuis tellement longtemps.. Et puis je l'ai élevé pendant plus d'un an ce petit monstre... Je n'ose pas regarder Bonaventure et m'intéresse essentiellement au petit, zieutant si personne n'était à sa poursuite. Ça m'étonne tellement que Stuart l'ait laissé tout seul avec une inconnue... Mais peut être qu'il a besoin de temps pour lui. Et je ne comptais pas laisser Russell tout seul. Maintenant qu'il était là, il resterait avec moi, dans mes bras. J'entends la voix de Bonaventure et me tourne vers lui. Je lui adresse un léger sourire et déglutis avec difficulté. Oui, j'aurais peut être du lui expliquer tout ça avant de tomber sur le petit... Surtout que je savais bien qu'il était là avec son père. " Bah oui c'est ma maman " Lança Russell, ne comprenant pas tout ce qui se passe et encore moins le regard de Bonaventure. J'embrasse le garçonnet sur le front, lui tend un billet de quelques pesos - si c'est bien ça la monnaie - et lui souris largement. " Tu vas te chercher une glace mon chéri ? On arrive dans deux minutes " En haut de la plage prônait un petit bungalow pour se rafraîchir. Je regarde le petit monter et regarde mon petit ami. " C'est pas mon fils " Soufflais-je avant que Bonaventure me pose mille et unes questions. " C'est juste que je me suis mise en couple avec son père quand il avait quatre ans et depuis, je les vois assez souvent. On a eu beau lui avoir expliqué cent fois que je n'étais pas sa maman, Russell m'appelle toujours comme ça... Sa mère est morte en 2013, il a transféré tout sur moi et tu voulais que je fasse quoi ? Il veut m'appeler maman, qu'il le fasse, ça ne me gêne pas le moins du monde " Et puis, Russell est mon petit amour alors... Je prends la main de Bonaventure dans la mienne et le regarde droit dans les yeux. " C'est qu'un petit nom... Quand il sera assez grand pour comprendre, il ne m'appellera plus maman mais tata " Ça risquerait de me faire super bizarre quand même... Très bizarre même.

J'écoute Bonaventure et soupire légèrement. Je sais bien que ce n'est pas qu'un petit nom.. Je me bats depuis bientôt trois ans pour qu'il ne m'appelle pas Maman mais Tata... Seulement, Russell ne le fait pas et Stuart a arrêté de se battre pour rien. Je regarde Bonaventure et prends son visage entre mes mains. Je le regarde droit dans les yeux et m'approche de lui. " Quand Stu aura une nouvelle copine, c'est elle qu'il appellera maman... Ça me mettait mal à l'aise au début tu sais. Je me suis disputée avec son père des tas de fois à cause de ça. Mais sa mère est morte et je savais pas quoi faire " Me battre avec mon petit ami de l'époque ou accepter ce petit nom. Je ferme les yeux quelques secondes, laissant tomber mes mains sur ses épaules. " J'en parlerais avec lui si tu veux " Parce que j'étais comme ça... Je voulais que mon petit ami soit heureux avec moi, qu'il se sente bien dans ma vie, la vie foireuse dans laquelle je tentais de l'inclure depuis déjà quelques semaines. Un petit mois pour tout dire. Je souris à Bonaventure et acquiesce quand il me dit qu'on ne devrait pas le laisser seul. Je lui prends la main et le regarde encore un peu. Plus les jours avancent et plus je m'attache à lui... " Oui c'est un amour... Il a sept ans et il en fait voir des vertes et des pas mûres à son père quand il s'y met " Parce que Stu bosse en tant que pompier volontaire en plus de ses études et que son fils se retrouve donc seul un peu trop souvent à mon goût. " Je veux pas que ça te rende mal à l'aise Bona... " Ce bonhomme, c'est mon rayon de soleil. Quand je suis partie en Afghanistan, c'est le seul pour lequel je tentais de chopper une connexion wifi de temps en temps. " Tu vas l'adorer... " Souriais-je en me rapprochant pour embrasser tendre mon petit ami. Je sais bien que c'est bizarre pour lui mais... Russel et Stuart font partis de ma vie depuis si longtemps... Un jour aussi j'aurais mes propres enfants, peut être qu'il faudra ça pour que Russell comprenne que je ne suis pas sa maman... Ou peut être qu'il verra en eux des frères et soeurs. Moi ça ne me gêne pas mais je ne sais pas comment Bonaventure réagirait à tout ça... On monte la petite colline et on rejoint rapidement le petit monstre. " Ça va mon coeur ? Elle est bonne ta glace " Souriais-je au petit monstre. Je me mets à côté de lui et laisse la place à Bonaventure de se mettre à côté de moi, de Russell ou en face de nous, comme il le souhaite.

Je l'écoute et son ton me glace un peu le sang. Est-ce que ce sont les prémisses de notre première dispute ? Je déglutis et le regarde dire qu'il ne va pas se battre avec un gosse de sept ans. C'est sur.. Ce serait se rabaisser à un sacré niveau là mais en même temps, si ça le gêne à ce point, je suis prête à en parler avec Russell, à lui faire comprendre que je ne suis pas sa vraie maman, que je ne suis qu'un substitut à celle qui lui manque chaque jours un peu plus... " Tu peux toujours essayer, je pense que tu auras une discussion très constructive avec ce petit bout... " Je souris largement au Quincy mais c'est vrai. Et puis, peut être que si ça vient de la part de quelqu'un d'autre que Stuart et moi, le petit bout de chou le comprendra mieux... Après tout, Bona est extérieur à tout ça donc bon, qui sait. La dernière chose que je veux c'est d'avoir une dispute avec le jeune Quincy pour si peu... Je ne vois Russell qu'une fois par semaine et c'est la fois dans la semaine où il m'appelle Maman... Je suis sûre qu'à l'école, tout le monde sait qu'il n'a pas de maman. Je ne veux pas qu'il pense qu'il n'a pas sa place dans cette partie de ma vie, qu'il soit mal à l'aise avec tout ce qui était entrain de se passer entre nous deux. Plus les jours passent et plus je m'attache à lui. Et malgré le lavage de cerveau que Priape a voulu me faire, je m'en sors plutôt pas mal... Bien sûr, j'ai peur de faire souffrir le quincy, surtout avec cette nouvelle couche de problème mais bon... On monte rapidement avec Russell et Bona se met en face de nous. L'entendre m'appeler Andrea me tord l'estomac. Je n'ai plus vraiment l'habitude de l'entendre prononcer mon prénom. J'ai déjà plus l'habitude des trésor, amour, petit coeur... " Je veux bien une boule de glace melon si ça te gêne pas " Soufflais-je alors que Russell regardait Bonaventure sans le lâcher du regard. Il va falloir que je parle à ce petit monstre. Bona se lève et je l'appelle. " Chéri " C'est la première fois que je dis ce mot. Il est sorti tout seul. Je me lève, attrape son tshirt et l'embrasse tendrement, penchée au dessus de la table, Russell assis sur cette dernière. Je lui adresse un léger sourire et le laisse chercher une petite glace. " Je l'aime pas ton amoureux " Je fronce les sourcils en regardant Russell. " Et pourquoi ça Russell ? Bonaventure est un amour et je suis très heureuse avec lui " Soufflais-je parce que c'est la vérité, tout simplement. " Il m'aime pas, il va me piquer ma maman " Je soupire et glisse mes mains sur le visage du petit garçon. " Absolument pas Russ... Tu sais très bien que je serais toujours là pour toi, que je viendrais toujours te voir toutes les semaines. Ça fait trois ans qu'on se connait et je n'ai loupé aucun rendez-vous mon coeur " Sauf ces trois dernières semaines où j'étais en Argentine avec Bonaventure. Même en Afghanistan, on se voyait via Skype mais là, j'avis tout oublié. " Pas vrai. Depuis la fête des amoureux, je t'ai pas vu " Je regarde Bonaventure et lui adresse un sourire. " J'étais en vacances c'est tout... Mais je ne t'ai pas oublié et je ne t'oublierais jamais. Mais Bonaventure est mon amoureux et tu vas le voir souvent maintenant " Sauf que ça ne semble pas lui plaire vu qu'il tire une gueule comme quinze culs. Je fronce les sourcils et le tire sur mes genoux pour l'enlacer. " Russell, je partirais pas comme ta maman d'accord ? Ta maman est partie rejoindre des tas de gens merveilleux... Elle a pas eu le choix tu sais... Je peux t'assurer qu'elle aurait préféré rester avec toi. Et puis, regarde, quand j'étais avec Maxime, je ne t'ai pas abandonné " Il faut qu'il comprenne ça. Que je suis avec Bonaventure mais qu'il restera toujours l'une de mes priorités. " Pourquoi t'es plus avec papa ? " La question qui tue. Trois ans après, il me le demande encore. " Parce que ton papa et moi, on est ami. Je l'aime toujours mais comme tu aimes Sara. Et Bona, je l'aime comme tu aimes Clarence " Il y a différent type d'amour. On peut aimer ses amis d'une manière amicale et non pas sentimentale. J'espère qu'il le comprend. Et que Bona n'a pas entendu tout ça. Au pire, il comprendra non ?

" T'es pas un inconnu Bona. T'es pas un mec qui se permet de dire quelque chose, t'es mon petit ami " Et mon petit ami à son mot à dire. Il n'a pas à décider mais si nous deux ça fonctionne réellement, sur le long terme et tout ce qui va avec, il sera inclus dans cette famille qu'on forme avec Russell et Stuart. Je ne le laisserais pas de côté, jamais, surtout pas avec quelque chose d'aussi important. On ne parle pas d'un chien, de l'arrivée d'un nouvel animal de compagnie dans ma vie. Non, on parlait d'un petit garçon et de son papa... Et c'est pas rien tout ça. Je veux que tout se passe bien avec Bonaventure, je veux qu'il se sente inclus dans ma vie, qu'il soit une partie prenante de mon existence. C'est pas un homme de passage et lui demander son avis, tenter de faire comprendre à Russell que je ne suis pas sa maman m'importe peu si c'est ce qu'il veut. On finira quand même par baisser les bras avec le petit mais bon. C'est têtu à cet âge, qu'on le veuille ou non. Bonaventure part rapidement chercher une glace et j'ai une petite conversation avec Russell. Il a peur et je le vois dans ses yeux. Il a peur que je l'abandonne pour mon petit ami. Mais je ne le ferais pas, jamais. J'ai toujours juré d'être là pour lui et je l'ai toujours fais. Je le prends dans mes bras et le petit ne bouge pas. C'est le seul enfant de sept ans qui se laisse câliner comme ça, je peux vous le dire. Je souris quand Bona pose la glace devant moi. Je lui chuchote un 'merci'. Et attends la réaction du petit. " Je sais pas " Je fronce les sourcils et prend le visage de l'enfant entre deux doigts. " Comment ça tu sais pas ? " Je le regarde de longues secondes et il finit par soupirer. " Tu me la voles pas d'accord ? Moi, je dors dans son lit quand je viens dans sa maison et toi, tu dors ailleurs " Je regarde Bona et éclate de rire. Avant de l'embrasser tendrement. " T'as compris, tu dors sur le canapé " J'adresse un clin d'oeil au Quincy avant de regarder le petit. " Et pourquoi tu dormirais pas entre nous deux si jamais lors de notre prochaine pyjama party Bonaventure est là ? " Comme une petite famille. Ils sont ma famille et je compte bien que tout reste comme ça. " Je sais pas " Je soupire et frotte ma main sur les cheveux de ce petit monstre. " Tu sais que c'est avec lui que je parlais de Marvel sur internet ? " Je sens que ça, ça va plaire à Russell ! Il est fan de ce genre de choses, lui aussi ! " Bah alors je dors avec vous que si on a tous un pyjama batman !! " J'éclate de rire en regardant Bonaventure. Allez, ça pourrait être marrant...