Un jour, nous saurons qui nous sommes, l'un et l'autre, l'un pour l'autre (Kyla)

" Forcément, j'te voyais pas " Allez, prends toi ça dans les dents mon grand. Je suis saoulée, gavée qu'il soit toujours là, quoi que je fasse. Bien sûr, j'aime le voir, sentir sa peau contre la mienne, que ce soit dans un toucher, un baiser ou un échange un peu plus sexuel... Mais là, je ne suis pas d'humeur et mon humeur va s'en faire ressentir bien assez tôt. " Tu voulais donc te rincer l'oeil " Parce que, concrètement, c'est toute la soirée que des minettes dans mon genre vont monter sur scène... Certaines parce qu'elles aiment ça, d'autre pour oublier de réfléchir et d'autres pour se découvrir, qui sait. Je suis à fleur de peau, complètement énervée par tout ce qui se passe mais je sais que je dois me calmer, éviter de faire un scandale ici alors que personne n'a rien demandé à personne. Je lève les yeux au ciel. Ouai, y a pas que moi qu'il saute, les conclusions aussi, il les saute. Il retire ses mains de moi et je soupire. " Ouai, désolée de te faire une fausse joie " J'essayais d'oublier que ma vie va être chamboulée. Je veux pas de ce gosse mais en même temps, est-ce que je vais être capable de faire ce que Solveig a fait la semaine dernière ? Je donne une tape sur son épaule. " T'inquiète c'est mon problème, pas le tien " Concluais-je, complètement rageuse. Putain que j'aurais voulu que ce soit différent, que ma première grossesse - parce que j'ai toujours voulu plusieurs enfants - soit heureuse, voulue... mais non. Le bon dieu avait décidé de mettre son nez dans ma vie physique et de me lancer un message. Arrête d'écarter les cuisses avant qu'il y ait un plus gros problèmes qu'une grossesse. Parce que ça, sur l'échelle du problème sexuel, c'est au milieu. Le Sida et les merdes du même type, c'est quand même plus haut. Mes poings contre son torse, je tremble légèrement. Il répète que je suis enceinte. Merci bien, au cas où je sois un peu conne et ait oublié ce problème. Il se décale encore un peu plus et je me sens de plus en plus mal. " On a rien décidé du tout. Je sais pas ce que je veux. Je me vois juste pas tuer cet enfant. Mais t'inquiète pas, t'auras rien à faire dans sa vie si je mène cette grossesse à terme " On sait jamais ce qu'il peut se passer. Et pas d'inquiétude, s'il ne veut pas avoir de nouvelles de son gosse, s'il ne veut pas faire partie de sa vie, je me ferais passer pour la salope que tout le monde croit, celle qui tombe enceinte d'un homme lambda au cours d'un coup de rein un peu trop productif...

  Elle taclait méchamment ce soir, ça aurait surement du me mettre la puce à l’oreille sur le fait que bonne nouvelle, il n’y avait finalement pas. « Ouais me rincer l’œil, c’est exactement ça. » affirmai-je fièrement, trouvant que ça collait beaucoup mieux à l’image du connard fini que la vérité : je pensais à toi et j’ai tapé ton nom sur le net pour trouver ta trace ici… Ouais, non, ça, ça faisait franchement gnangnan, même moi ça me faisait flipper. Il fallut qu’elle me le dise pour que mon cerveau imprime l’info : enceinte. Elle était bien enceinte. Je me détachai d’elle, finissant les fesses sur l’un des sofas des lieux finalement, abasourdi, alors que de son côté elle affirmait que ce n’était que son problème, en aucun cas le mien. Enfin à ses mots, je compris un peu qu’elle envisagea de garder cet enfant et ça me fit quand même un choc. L’autre jour, j’avais plus ou moins compris que si grossesse il y avait, elle ferait une IVG. « Tu ne vas pas tuer –cet enfant- Kyla, c’est un môme que t’as dans le ventre là, c’est un tas de cellules… » Je ne faisais pas partie des curetons anti avortement, désolé. Et puis, ce n’était peut être pas mon problème, mais une petite partie de moi culpabilisait malgré tout. Je ne voulais pas qu’elle foute sa vie, ses études, son avenir en l’air pour un mini Cole. Elle enchaina ensuite, me rassurant que je n’aurais rien à faire dans sa vie si elle venait à le garder et l’élever mais devant ça, je ne pus m’empêcher de renfiler le masque du connard : « Tu dis ça maintenant et puis dans quelques temps tu viendras me pomper une grosse pension alimentaire c’est ça… C’est ce que tu voulais en fait ? Du fric facile ? J’aurais du me montrer plus méfiant, surtout avec une escort girl qui se la joue stripteaseuse à ses soirs perdus… »

(Invité)