so, you're my valentine (carmingham+septembre)

Zen soyons zen. J'ai appris à contrôler ma colère pendant ces quelques mois en Europe. J'ai appris à encaisser, à faire avec et à hurler, me défouler, une fois seule dans ces chambres, nues, déchirées et violées. Mais là, je n'arrive pas à me contenir. Son rire, son ton, tout commençait à me dégoûter chez lui. Mais alors absolument tout. Si on avait pu produire le prototype du connard parfait, Cole serait le modèle. Rien à changer, non non. " Tu connais pas le but d'une question rhétorique ?! " Lançais-je, énervée comme pas possible. Je m'en fous qu'il ait vingt-cinq ans sur sa carte d'identité. Parce que clairement, mentalement, même les petits que je garde de temps en temps sont plus intelligents qu'il l'est. Je lève les yeux au ciel après avoir lâché sa cravate. " Pauvre chaton va. Tu veux que je te plaigne ? " Bien sûr que non. Et puis, y a rien à plaindre. Je ne fais rien. C'est pas de ma faute s'il est complètement con. Mon visage est déformé par une grimace quand il me dit que ce n'est pas du sky qu'il balance d'habitude. Je sens mon estomac se retourner et vouloir balancer son contenu. " T'es un sale porc ! " Soufflais-je, sèche comme pas possible. Les battements de cils mielleux et tout ce qui va avec, non merci... Assise sur mon tabouret, je ne le regardais pas, ne l'écoutais pas, rien. Je lève les yeux au ciel quand il s'énerve et me demande si je suis contente d'avoir pourrie sa soirée. " Le plaisir est pour moi " Lançais-je alors que la rose qu'il avait en main caressait mon visage. Je l'attrape et la casse en deux à peine posée sur le comptoir. C'est quoi son délire encore ?! " Oui, toi aussi ! Courage pour trouver chaussure à ton pied " Ironie, quand tu nous tiens. Je sais qu'il n'aura aucun mal à trouver quelqu'un pour s'envoyer en l'air plus tard dans la soirée. Quand à moi, je déchiquète la rose rouge et la balance dans sa direction, verte de rage... Putain ! Mais c'est quoi cet effet, cette perte de contrôle qu'il a sur moi ?!

La Saint Valentin, c’était vraiment pas ma période préférée. Je trouvais cela d’un ridicule pas possible que de commercialiser une fête des amoureux. Pourtant, j’avais accepté de m’inscrire à cette soirée ridicule d’un speed-dating. Qui sait, peut-être que j’allais rencontrer mon âme soeur, un coup de foudre au premier regard? Ridicule, je n’y croyais plus à ce satané coup de foudre, mais peut-être que j’allais rencontrer quelqu’un avec qui j’aimerai faire ample connaissance qu’à cette soirée. Ayant reçu le message de CS pour mon point de rendez-vous, j’avais enfilé une jolie robe blanche, moulante qui devait renforcer les formes que je n’avais pas, planche de surf que j’étais. J’arrivais alors à cette table remplie de rose, où une jeune fille se trouvait vêtue également d’une robe blanche avec une tache marron sur le haut. Je savais que j’étais quelque peu en retard, parce que j’avais mis du à me décider si je voulais vraiment venir. J’avais franchi le pas, avec du retard. Je m’approchais alors de la jeune fille, relativement jolie, il fallait le dire. « Merci de m’avoir attendu. » Lui adressais-je avec un petit sourire. « Je pensais, il y aurait une autre personne. » Si je me souviens bien, cela serait une femme et un homme, mais pour le moment, je n’avais qu’une femme devant mes yeux.

Je soupire fortement, voyant Cole partir sans se retourner. Heureusement que je pars demain à Londres, que je pars une semaine loin de tout ça parce que je sens que je pourrais faire un malheur... Je passe une main sur mon visage et tente d'éponger le whisky que j'ai sur le haut de ma robe. Quelques mèches de cheveux sont humides et je pue. Je vais prendre une cuite juste en sentant mauvais quoi... J'entends une voix féminine et sursaute. " Oh mais de rien " Elle est bien jolie cette demoiselle dites moi... Finalement, ce n'est peut être pas plus mal que Cole soit parti comme il l'a fait. Je l'invite à s'installer et souris. " Il devait y avoir quelqu'un d'autre mais il est parti, me laissant un joli cadeau " Soufflais-je en montrant le haut de ma robe. Ça colle, ça pue, ça fait tout froid contre la peau... J'ai hâte de rentrer et d'enlever ce tissu, ça c'est clair. " Je m'appelle Kyla et tu es.. " On connait pas nos 'binômes/trinômes' Et heureusement. Sinon je ne serai pas venue en voyant le nom de Cole et je pense qu'il aurait fait de même. La pauvre se serait retrouvé seule. " Tu veux boire quelque chose ? " Et faut qu'on apprenne à se connaître un peu. Me faudrait de l'eau pour le coup parce que là...

De manière sérieuse, qu’est-ce que je faisais ici? Je ne pourrais rien faire, pas boire, pas fumer, rien, juste discuter avec quelqu’un en étant sobre. J’allais tellement pas faire discussion avec ma nature timide. J’espérais donc que mes partenaires soient plus ouverts et prendraient l’initiative, ou alors j’allais juste finir par tenir la chandelle. C’était une solution aussi. Tant de choses s’offraient à moi dans un monde rempli de rose culcul qui me donnait envie de vomir. J’aimais pas cela la Saint Valentin. Y a quoi de romantique à en faire trop? Un simple diner aurait parfaitement été suffisant, mais non il avait fallu que la musique soit chiante, que la décoration soit à m’en sortir les yeux. Trop de roses, tue les roses, voilà ce que j’en pensais. À présent, vous avez dû comprendre que je ne suis pas une fan de tout ce qui est kitsch à en mourir, et que j’aimerai être autre part. Allez, je pouvais le faire, c’était juste un soir. J’essayais de me motiver comme je pouvais, avec très peu de succès. La jeune fille avec qui j’avais rendez-vous m’expliquait la situation. Comme moi, il y avait déjà eu une altercation. peut-être qu’il n’était juste pas fait pour des femmes cet homme. « Enchantée, moi c’est Septembre ! » Je lui tendis la main, en signe de bonjour, ignorant la tache sur sa robe. Cela ne se faisait pas de globuler à sa poitrine. « Un soda, merci ! » C’est cool quand on ne commande pas de l’alcool alors que la tentation était tellement là.

Septembre. Intéressant comme prénom. Si j'avais bu un peu plus qu'un verre de whisky, j'aurais pu lui dire qu'on est pas en Septembre mais en février. Mais je doute qu'elle trouve ça drôle. Je pense qu'à sa place, je collerais un pain dans la figure de celui en face de moi. Ou celle en face de moi. Ouai, parce que gifler un homme ou une femme, ça ne me gêne pas. On veut l'égalité des sexes alors c'est ça pour tout le monde. Je souris au barman et commande la même chose que Septembre. Je pue assez l'alcool comme ça. " Alors dis moi tout.. Tu es à Harvard depuis longtemps parce que je ne t'ai jamais vu... Et une jolie fille comme toi, j'aurais du la remarquer " Soufflais-je avec un léger sourire en coin. Oui, je suis pleine de surprise et je tate le terrain. Je me dis que s'ils ont mis deux filles avec Cole, c'est pas pour qu'il ne se sente plus pisser entre deux belles déesses, non non... Je suis littéralement entrain d'extrapoler mais ça pourrait me remonter le moral bien comme il fait. " T'appartiens à une confrérie ? Pas les lowell sinon je t'aurais déjà vu... Tu n'as rien d'une mather, les winthrop sont à prohiber " Riais-je légèrement. Bah ouai, elle a rien d'un homme ! elle a pas énormément de formes mais ça ne m'a jamais gêné. Alaska non plus n'avait pas des seins de folies et ? Et j'ai aimé chaque moment de découverte avec elle.

J’avais un peu peur que la jeune fille fasse une blague sur mon prénom. Cela ne serait pas la première fois, et même si je m’y habituais, je ne voulais pas commencer la soirée comme cela. J’avais un prénom étrange, peu commun, mais je ne l’avais pas choisi, alors allez faire la blague à ma mère. Kyla ne fit rien du tout, ce qui me rassurait. Je voulais simplement passer une bonne soirée, faire des nouvelles rencontres. Nous commandions alors nos boissons, non-alcoolisées. Elle aurait pu boire si elle voulait, moi je ne buvais pas, et je me retenais vraiment pour l’instant. Je n’étais pas habituée à recevoir un compliment, trop longtemps, que je n’étais pas sortie. « Alors, j’y suis à nouveau depuis septembre. J’ai fait une année sabbatique après ma licence. Et toi? » Dis-je avec un sourire. Bon, on va pas non plus lui dire que j’ai été dans un centre pendant un an, et puis c’était la vérité aussi. Je n’avais vu la jeune fille, donc peut-être qu’elle était arrivée pendant que moi je n’étais pas là. Il y avait beaucoup de gens que je découvrais à mon retour, surtout à la Quincy, où je me sentais parfois un peu externe. « Les Quincy. Tu fais partie des lowells? » Nos boissons arrivèrent enfin, et je payais le serveur rapidement, histoire qu’il ne dégage.