am i a ghost ? (charlie)

Jusqu'ici c'était une journée comme les autres. J'avais renversé un café par terre, écrit le mauvais prénom sur la commande d'une grande blonde, et j'avais mangé un beignet. Je m'étais également faite engueulée par mon patron à cause de Zeke qui avait, une fois de plus, servit le mauvais client et qui avait eu la gentillesse de dire à notre supérieur que j'étais la fautive. Après mettre faite remonté les bretelles dans l'arrière boutique, je reprenais mon poste derrière le comptoir, alors que Zeke elle nettoyait les tables. Je la surveillais du coin de l’œil, sachant pertinemment que la prochaine de ses gaffes me retomberais dessus. « Bonjour, ça serait pour un chocolat chaud et un... mmh... un cookie au chocolat.» Je hochais simplement la tête, sans accorder un regard au client et m'empressait de me retourner pour préparer le chocolat chaud. Une fois la boisson prête je pivotais une nouvelle fois pour faire face au jeune homme, plantant mes yeux dans les siens. « Augustus ?» échappais-je à mi-voix. Le café glissa aussitôt de mes mains. Et pour le coup ce n'était pas par simple maladresse, non. Le chocolat chaud se vida sur mes converses alors qu'en face de moi se tenait Augustus. Enfin non ! ça ne pouvait techniquement pas être lui puisqu'il c'était suicidé il y a environ un an. Pourtant il lui ressemblait étrangement au point de m'en faire perdre tout mes moyens. Je restais bouche bée face au client pendant peut-être une ou deux longues minutes. La gorge sèche, l'estomac noué, je sentais mes oreilles se boucher, comme si en cet instant je revivais ce début d'année 2015 qui m'avait tant traumatisé. Le chocolat chaud qui venait enfin de franchir la toile de mes converses me sortit de mes pensées en me brûlant les pieds. « Merde...» grognais-je en m'écartant de la flaque que le chocolat formait à mes pieds. Je m'empressais de ramasser le gobelet à présent vide, le jetant à la hâte, les mains tremblantes, avant de reporter mon attention sur la copie conforme de mon ex. « P-pardon...» ajoutais-je. Ma voix manqua de se briser. Le voir ici me bouleversais. J'avais envie de partir en courant pour pleurer dans un coin. Son visage faisait remonter bien des souvenirs, tous plus douloureux les un que les autres. « Je... euh... je...» se soufflais un coup, essayent de prendre sur moi, baissant la tête avant de venir essuyer nerveusement mes mains moites sur ma tenue de travail. « je vais devoir nettoyer. Si vous... si vous voulez vous p-pouvez patienter à une table... » arrivais-je enfin à dire, évitant délibérément son regard. Je pense qu'il allait me falloir de longues heures en face à face avec cette flaque de chocolat chaud avant de m'en remettre.

J'étais en panique et évidemment ça ne lui échappa pas. Il nota ma pâleur, me demandant si ça allait et je n'osais même pas hocher la tête. Je l''invitais à aller s'installer à une table, et il accepta poliment, m'indiquant la tête qu'il allait occuper. Il avait choisi la table la plus près du comptoir, alors que j'avais espéré le voir disparaître de ma vue, ne serais-se que quelques minutes. Je soufflais un coup alors qu'un collègue agacé par mon incompétence pris ma place pour prendre la commande du client suivant. Je partais quelques instant dans l'arrière boutique et revenait avec un balaie pour nettoyer ma bêtise, jetant machinalement des coup d’œil au sosie de Augustus qui attendait patiemment sa commande. C'était certain qu'après ça il n'allait pas revenir. Mon patron ne tarda pas à entendre parler de mon malaise et m'ordonna de le servir au plus vite, de m'excuser et de lui offrir un bon de réduction pour son prochain achat. Je m’exécutais donc silencieusement, sentant une boule se former dans mon ventre au fur et à mesure que je préparais sa commande. Un cookie au chocolat, un chocolat chaud pas renversé, une serviette en papier, et un bon de réduction pour son prochain achat. Tout était près, et ces les mains moites, tenant fermement le plateau sur lequel j'avais tout posé que je m'avançais vers la table du jeune homme. Je posais le plateau sur la table, vidant son contenu, venant déposer délicatement le chocolat bien chaud qu'il avait commandé, avant de lui tendre le coupon de réduction. « Du coup vous avez droit à une réduction de 2$ sur votre prochain achat. » Dis-je le plus calmement possible. « Et je m'excuse encore pour mon comportement... » Je récupérais mon plateau avant d'ajouter en baissant les yeux: « En faite c'est que ...vous ressemblez à... quelqu'un que je connaissais ... » avouais-je enfin à mi-voix, me retenant de ne pas ajouter "bien" à la fin de ma phrase, puisque clairement je ne l'avais pas connu suffisamment pour savoir ce qu'il était vraiment.

Il me remercia pour le bon de réduction alors qu'il n'y avait vraiment pas de quoi, après tout j'avais ruiné sa commande et par conséquent on ne pouvait pas dire que j'avais brillé pour ce qui était du service client. Je lui avouais enfin la raison pour laquelle j'avais renversé son chocolat et il en déduit rapidement que ce quelqu'un n'était pas quelqu'un de bien. J'avais bien envie de le contredire mais ce serait me moquer ouvertement de toute les personnes que Augustus avait pu blesser ou agresser de son vivant. « Disons que ... je pensais qu'il était quelqu'un de bien avant qu'il ne me prouve le contraire. » C'était une jolie façon de dire les choses. A m'entendre je ne parlais que d'un ex infidèle, ou d'un ancien ami qui m'aurait fait un sale coup, alors qu'en faite il n'en était rien « Ne vous excusez pas. J'ai juste été un peu ... surprise. » Dis-je enfin en esquissant un timode sourire. J'avais presque envie de lui dire que celui qui lui ressemblait étrangement était un de mes ex que j'avais bien du mal à oublier, juste pour qu'il ne pense pas que ce que j'avais ressentit en le voyant n'était que de la peur. Mais je gardais tout ça pour moi, figurant qu'il n'avait certainement pas envie d'entendre toute la vie de la serveuse, ni de savoir que, dû à cette ressemblance, il se pouvait que j'en pince pour lui.

Prendre un café avec lui ? oh mon dieu il voulait ma mort ou quoi ? (façon de parler.) J'eu un petit moment de panique, il fallait que je reste calme. « Ce n'est pas Augustus. » me répétai-je alors que je frottais mes mains moites sur le tablier au couleur de starbucks que je portais. « Euuh...» lâchai-je un peu nerveuse à mi-voix alors que je balayais la pièce du regard, vérifiant que mon supérieur ne soit pas dans les parages. Je ne pouvais décemment pas refuser. n faite ce n'est même pas que je ne pouvais pas refuser, c'est surtout que quelques par je ne voulais pas refuser. « Ok. » dis-je enfin en prenant place en face de lui. « Je ne vais rien commander par contre, sinon je vais m'attirer des ennuies... déjà que ce n'est pas vraiment l'heure de ma pause. » avouais-je en esquissant un sourire histoire de dédramatiser un peu. Ce n'était pas la fait de prendre ma pause plus tôt qui allait me faire perdre mon boulot, enfin, pas que je sache. « Vous vous appelez comment ?» demandais-je enfin, histoire d'arrêter de l'appeler intérieurement Augustus. Si tout le monde pouvait porter un badge, comme celui que je portais actuellement sur mon tablier, l'on n'aurait pas à poser cette foutu question. Puis l'on aurait pas non plus à faire des crises de panique en pensant voir le fantôme de son ex commander un chocolat chaud.

Bon il n'avait vraisemblablement rien d'un preneur d'otage, même si parfois les apparences étaient trompeuses, donc je n'avais rien à craindre en acceptant de m’asseoir à sa table et de faire connaissance. Et puis il avait l'air vraiment sympas, et sa remarque quand au fait que je ne prendrais rien à boire était, à mes yeux, à la limite du flirt. Bah oui on ne dit pas à la première venue : ''C'est comme vous voulez, tant que vous êtes là''... si ? bon peut-être que je me faisais déjà des films, grande romantique que j'étais. Quoi qu'il en soit, je m'installais en face de lui, lui demandant son prénom. Aaron. Ça n'avait pas grand chose à voir avec Augustus, c'était une bonne chose. « Moi c'est Charlie. » répondis-je dans un sourire. « Vous étudiez à Harvard ? »