C'est comme avant, mais en pire {Eliott}

La semaine est encore passée trop vite, révisions pour le prochain devoir d'histoire de l'art, et surtout tes entraînements pour ton prochain spectacle de danse qui te prennent tout ton temps. Et avec tout ça, tu n'as plus trop le temps de penser au week-end que tu as passé loin de la ville avec Nick, week-end qui avait plutôt bien commencé mais qui s'était terminé encore de façon bizarre... Ne plus y penser, de toute façon vous n'aviez pas eu l'occasion d'en reparler. Tant pis, ou tant mieux, à vrai dire ça n'est pas ta préoccupation principale. Dans deux semaines c'est l'anniversaire de mariage de tes parents et tu n'as toujours de futur fiancé à leur présenter, alors forcément tu paniques un peu.

C'est la fin des cours, ou presque, il te reste encore quelques heures à tuer et tu n'as pas vraiment envie de rentrer de suite, prendre un café sur le campus et passer un peu de temps avec des étudiants de ton âge. Tu avances dans les couloirs de Grand Hall, un peu rêveuse, perdue dans tes pensées, ne te rendant pas compte qu'il y a quelqu'un sur ton chemin. Collision !

"Merde c'est pas vrai tu peux pas faire attention où tu marches crétin ? Tu l'as eu où ton permis de marcher ? Dans un kinder surprise ?!"

Il s'était rendu au bureau de son professeur de mathématiques, comme convenu avec ce dernier lors du précédent cours. Il voulait s'entretenir avec lui, mais il n'avait pu honorer sa demande avant aujourd'hui à cause d'un programme d'entrainement chargé. Il s'était attendu à ce qu'il lui parle d'un problème sérieux, comme une erreur dans l'un de ses derniers devoirs bien qu'il soit plutôt confiant à ce niveau là. Et puis, il avait été rassuré d'apprendre qu'il ne s'agissait que d'une proposition. Son professeur souhaitait qu'il fasse du tutorat. Excellent en mathématiques, il considérait que les autres étudiants pourraient apprendre plus facilement grâce à lui. Il considèrerait l'offre en fonction de son emploi du temps. Rassuré, le futur ingénieur marchait d'un pas rapide. Quand son téléphone sonna, il consulta ses messages en baissant le regard, ne regardant plus où il allait. Il percuta de plein fouet une jeune femme qui se mit à lui hurler dessus. La toisant du regard, ses yeux clairs virent avec horreur qu'il s'agissait de sa pseudo fiancée. Lux. Leurs parents souhaitaient par dessus tout les marier. Eux, pas du tout. "T'es aussi gauche que dans mes souvenirs, Allistair. Et toujours aussi peu drôle. Un permis de marcher... On aura tout vu!" Mais la vrai question était: que faisait-elle ici? "T'as décidé de continuer à me gâcher l'existence même à Harvard?"

Bon, c'est un peu de ta faute, tu n'as pas fait attention où tu as mis les pieds, mais quand même, la personne en face de toi est toute aussi fautive que toi, non ? Et là, tu lèves les yeux vers le type sur qui tu as crié "C'est un cauchemar, ou une caméra cachée un truc dans le genre ?" Elliot, ou celui qui était censé être ton fiancé, et que c'était en partie pour ça que tu avais quitté Londres mais pas que à cause de ça. Harvard était devenu une grande opportunité pour toi, alors tu n'avais pas hésité une seconde pour te tirer de chez toi.
Tu le regardes un peu mieux et tu te rends compte qu'il a grandi, qu'il est devenu presque beau à regarder mais ça s'arrête là.

"Attends, j'suis ici depuis huit années alors je crois que c'est le contraire, alors tu seras mignon dégage de ma vue avant que je ne me mette à vomir..."

Retrouver Lux a des milliers de kilomètres de chez lui n'est pas le même choc que celui qu'il a eu en retrouvant Cornelia. Là, il aurait bien envie de se faire la malle. Depuis qu'elle est partie, il revit. Plus de pression de la part des parents, plus de moments insupportables à devoir prétendre. Il n'a pas envie que ça recommence. Elle a beau dire qu'elle était là avant lui, elle a beau être ravissante, il n'a pas envie de voir l'engrenage recommencer. "Je m'en fiche que ça fait huit ans que tu joues les ballerines, et j'ai pas d'ordre à recevoir de toi." Puis il lève les yeux au ciel, trouvant sa remarque déplacée. "Et si tu as des problèmes gastriques, t'es gentille, tu les déverses sur tes pieds." Qu'est-ce qu'elle croit? Qu'il va la supplier de devenir sa femme? Plus elle s'éloigne de lui, mieux c'est. Sauf si bien sûr elle compte juste passer une nuit en sa compagnie, là on peut toujours négocier.

C'est dingue, même après toutes ces années il est toujours autant mauvais avec toi, enfin c'est pareil pour toi, tu n'arrives toujours pas à le supporter, mais tout ça c'est à cause de vos parents aussi. Bon, t'es toute autant fautive que lui, vous n'avez jamais fait aucuns efforts pour vous entendre, et ça ne changera peut-être jamais. Tu soupires et l'écoute à peine quand il te lance des piques, tu y es tellement habituée que ça ne te fais plus rien. "Va te faire voir Grimes, j'suis bien contente d'avoir quitté Londres, mais je ne pensais pas te retrouver ici. Sérieusement qu'est ce que toi tu fous ici ? T'en as pas marre de me lancer toujours les mêmes piques ? Grandis un peu mon vieux..."

Ils n'ont jamais rien fait pour s'entendre. Ils n'ont jamais cherché à comprendre. A partir du moment où leurs parents avaient décidé pour eux, Elliot et Lux se sont détestés. Au fond, ils auraient pu se liguer contre leurs parents, mais plutôt mourir que de montrer une quelconque entente, ils auraient été trop contents. Il se fout de Lux ouvertement sur sa question: "Qu'est-ce que je fous à Harvard... Voyons voir, qu'est ce qu'on peut faire dans une université..." Il marque une pause, la fait languir, pour mieux user de sarcasmes. "Hmm... Etudier, non?" Et puis il remue le couteau dans la plaie, le sourire aux lèvres, comme s'il la complimentait. "Parce que moi je fais de vraies études tu vois, je remue pas mon corps toute la journée." Pour lui la danse était un hobby, au même titre que le basket et la natation pour lui. Il avait beau avoir sa mineure en sport, il s'agissait de sciences en rapport avec le sport dans son cas. Arquant un sourcil à sa remarque, alors qu'il la toise de tout son long, il ricane: "Tu trouves pas que je suis déjà assez grand?" Oh il sait qu'elle parlait en terme de maturité, mais un Elliot mature, c'est de la fiction.

Eliott est un connard, était, et le sera toujours, il a toujours su comment te blesser, mais t'as grandi donc plus question de te laisser faire. Puis tu es plus âgée que lui, donc en quelque sorte il te doit le respect non ? "Toi étudier ? Laisse moi rire, j'suis sûre que la plupart de ton temps tu glandes ou tu dragues les minettes du campus bien assez stupides pour se laisser charmer par toi..."

Rien que de lui parler, ça t'arrache le coeur, au lieu de continuer à papoter avec lui tu devrais plutôt t'éloigner de sa connerie parce que avec lui c'est surement contagieux. "Excuse moi, mais je ne passe pas la journée à remuer mon corps comme tu le dis si bien. T'as jamais rien compris à ça de toute façon, alors j'ai pas besoin de ton avis."

C'est un cauchemar et tu ne vois pas d'autres explications, tu avais tout fait pour te retrouver loin de lui, et voilà qu'aujourd'hui vous êtes de nouveau réunis, à vous lancer des piques. Et toi qui pensais qu'il aurait pu être un peu plus mature qu'avant, mais non, c'était encore le contraire, mais bon, ça ne t'étonnait pas tant que ça.

"Bon, j'ai autre chose à foutre plutôt que de devoir continuer à te parler..." Parce que oui, ta journée a déjà été bien mouvementée et chiante aujourd'hui, alors le voir là devant toi, ça ne fait qu'empirer les choses...

Elliot est capable d'avoir un comportement diamétralement opposé selon à qui il a affaire. Avec Lux, il ne montre que ses mauvais côtés. Avec d'autres, il est d'une compagnie indispensable et a toujours le mot pour rire. Le portrait qu'elle fait de lui possède quelques erreurs qu'il s'empresse de corriger, bien qu'il se fiche de ce qu'elle pense, c'est un moyen de fanfaronner. "Détrompe-toi mauvaise langue, je suis diplômé d'Oxford en ingénierie et je poursuis mon cursus en doctorat ici!" Bien qu'il ne soit pas là de son propre chef. Il aurait très bien pu continuer à Oxford, sauf qu'il avait envie d'ailleurs et qu'il souhaitait retrouver son meilleur pote. [color=indianred]"Ce qui ne m'empêche pas de draguer, oui! Mais sois pas jalouse comme ça! On est pas encore mariés!" Dit-il alors qu'il lui tapote doucement la joue pour l'agacer. Tandis qu'elle s'exprime, il soupire bruyamment, comme pour lui prouver qu'il se fiche bien de ce qu'elle peut dire, elle ne le convaincra pas: "Trop peu d'arguments. Si tu remues pas son corps en dansant tu fais quoi? Tu te trémousses?" Il ricane encore et toujours, parce qu'il sait que ça a le don de l'irriter. S'il n'est pas content de la retrouver ici, elle en subira les conséquences. A moins qu'elle ne daigne appeler ses parents pour annuler leurs fiançailles. Vicieux, il rebondit sur les propos de la jeune Anglaise en les arrangeant en son sens. "Tu préfères me montrer tes talents en chambre?" Lui ne serait pas contre, mais pas plus.

"Excusez moi monsieur l'ingénieur !" Mais en fait tu te moques complètement de ce qu'il a pu faire comme études et pourquoi il est ici, tout c'que tu espères c'est qu'il te foute la paix pour de bon et que tu puisses continuer ton chemin sans avoir à le supporter encore plus. Et le voilà qui remue le couteau dans la plaie, c'est vrai, vos fiançailles ne sont toujours pas annulées, c'est surtout pour cette raison que tu vas te rendre à Londres d'ici deux semaines... Expliquer à tes parents que tu as quelqu'un d'autre dans ta vie, ce qui n'est pas encore totalement vrai, annuler les fiançailles avec cette face de babouin et ne plus entendre parler de lui.

"Ferme la Grimes, tu vas clairement le regretter si jamais tu me pousses à bout..." Mais tu n'as pas le temps de continuer ta phrase qu'il te propose de montrer tes talents dans une chambre, tu vois rouge, il n'était jamais allé aussi loin auparavant et tu ne comprends pas comment il peut prendre plaisir à être aussi vache avec toi. Tu serres les dents et c'est finalement ton poing qui vient se coller sur son visage, ça te fait mal, mais pas plus qu'à lui, très certainement.

"Va te faire foutre crétin, dégage de mon chemin..." Tu sens des larmes de colère te monter aux yeux, mais pas question de pleurer devant lui, alors tu te dépêches de filer, histoire qu'il ne te rattrape pas.

Elliot n'a que faire de ces fiançailles. En réalité, il mène sa vie comme il l'entend. Son père pourrait le forcer à aller sur l'autel en compagnie de Lux qu'il mettrait tout le monde mal à l'aise en clamant haut et fort qu'il ne souhaite pas l'épouser. Mais Elliot avait besoin de la fortune de son père, parce qu'il ne travaillait pas et qu'il n'avait pas l'intention de le faire avant la fin de son doctorat - même si ce dernier lui ramenait une petite rente. La jeune femme le menace et il fait mine d'être effrayé avant d'en rajouter: "Oh j'ai peur!" Il lui en faudrait plus pour qu'il se mette à baliser. Sauf qu'apparemment sa précédente remarque a vexé la jeune femme qui lui colle son poing en plein dans la figure sans qu'il s'y attende. Heureusement qu'elle n'est pas plus costaud physiquement, ou il aurait vraiment pu voir sa mâchoire déplacée. Le coup lui a fait mal, et le fait réagir à juste titre: "Hey! C'est quoi ton problème?" Mais elle a déjà pris la fuite. En plus, elle est peureuse. Il se met à la suivre, lui emboitant le pas furieux, en se tenant la joue. Il la retrouve alors dans la salle de danse, où il l'attrape sans aucune douceur: "Je te préviens, si j'ai un bleu par ta faute, je te colle le même." Il a beau être sportif et prendre des coups, il est aussi doctorant et il se doit d'être présentable.