Bon bah….pour sûr, j’avais réveillé la bête. Et j’étais en train de m’en mordre les doigts. Il m’avouait qu’il m’avait dit ça pour me faire réagir et je lui répondais alors du tac au tac « Bah bravo c’est réussi… » Oh, oui, j’avais réagi ! J’ai été me meurtrir un peu plus loin dans la baignoire, à m’en vouloir d’avoir encore foutu la pagaille avec mes doutes. Et qu’il y a quelques semaines plutôt, je conseillais à ma meilleure amie Amanda de ne pas se sous-estimer face à Echo, pour ma part je ne faisais pas mieux. Mais je le gardais pour moi parce que je savais dans quel état ça mettait Paris. La preuve en est, voilà qu’il me gueulait dessus maintenant! Il m’assurait qu’il se fichait de l’approbation des autres, mais moi je ne voulais pas à ce qu’on le juge par rapport à moi. Je connais le côté un peu borderline, mais solidaire des Dunsters. C’est à la fois la famille pour la vie, et Linge sale en famille…Voilà pourquoi l’idée de passer des vacances avec les Dunster (et Sienna oui c’est vrai) me laissait un peu sceptique. Mais Paris était persuadé que ses amis, les vrais, approuveraient notre relation. Dans un sens je n’en doutais pas ! Après tout, Leanne en était la preuve, non ? Priape également ?!
Je relevais la tête d’entre mes genoux pour affronter Paris, mon visage tout de même fermé à cause de la déception que j’avais ressenti après ces mots douloureux, voyant que Paris avait eu l’envie de se passer une main sur le front. Au lieu de ça, il avait rencontré son plâtre, et en temps normal ça aurait pu me faire sourire…mais à la place, j’eus un bref mouvement – comme un réflexe – prêt à bondir pour venir voir s’il n’avait pas mal, mais finalement je me ravisais et gardais ma place alors que Paris m’enchainait une nouvelle fois, me lançant carrément que je lui faisais payer les conséquences de ses parties de jambes en l’air avec Sienna. Là, je n’étais pas d’accord ! Je n’ai jamais voulu ça. Je fronçais alors le regard et lui répondais vivement : « Je ne cherche pas à te faire payer quoique ce soit d’accord ?! », mais sincèrement, c’était rétorquer pour rien ! Et puis de toute façon, Paris avait envie de vider son sac, je l’avais bien compris. C’est pourquoi à partir de maintenant, je ne disais plus rien. Me contentant de le fixer avec des larmes aux bords des yeux, je me prenais tout dans la tronche sans broncher, bien que j’avais envie de lui dire que c’était plus que vexant de l’entendre me dire que j’étais prête à rompre avec lui pour me « faciliter la vie »…Parce que dans un sens, c’est bien ça qu’il laissait sous-entendre ; que j’étais tellement sûre que Sienna valait mieux que moi, que j’allais limite lui servir Paris sur un plateau, sans me battre !! Je ravalais ma fierté, et ma colère alors que Paris se mettait à déballer tout et n’importe quoi, ne prenant plus de gants avec ses mots. Une partie de moi aurait bien voulu rire au moment il m’annonçait bander comme un taureau en me voyant ou que j’aurais pu lui mettre pleine de Sienna devant lui ce serait toujours à cause de moi qu’il remuerait la queue comme un chien…j’aurais pu en rire, vraiment ! Mais là…il était juste en train de me rappeler que j’étais ridicule et limite chiante avec mes doutes, et je savais pas quoi faire si ce n’est….avouer qu’il avait raison. J’inspirais profondément avant de laisser retomber un peu mes jambes, et croiser mes bras contre ma poitrine, sans lâcher Paris du regard. Son geste près de sa tempe m’inquiétait, et je me rendais compte que j’allais encore être responsable de sa migraine. Et sans le vouloir en plus !!! Bon sang…est-ce qu’on peut faire retour arrière, et revenir au moment où il m’avait posé la question des vacances pour que je lui réponde « oui avec plaisir » ??? Ou non, revenir à ce moment dans la chambre où il avait mal pris cette histoire de plan à 3 parce que là aussi je l’avais blessé, et lui dire que je ne voulais que lui dans ma vie, et lui faire l’amour au moment il en avait eu envie ?...ou tout simplement revenir au moment de son départ pour le Maroc, pour le supplier de ne pas partir, et de rester avec moi ? De ne pas me laisser seule ?...
Je n’écoutais plus vraiment Paris en cet instant. De toute façon, j’avais compris la finalité du message : Je me prenais la tête pour rien, compliquait les choses, et agaçait Paris. Et à sa place, je serais tout autant agacée que lui…il semblait se calmer, et moi je tenais de ravaler mes larmes parce que je ne voulais pas pleurer ; je ne voulais pas qu’il me prenne en victime alors que j’étais coupable de cette situation. Après un moment de silence, Paris concluait, à bout de force qu’il aurait aimé pouvoir me rassurer mais que la seule chose que j’arrivais à faire c’est de ne pas m’ouvrir à lui, et de l’envoyer balader. Je secouais la tête, avant de prendre enfin la parole : « Tu as raison » amorçais-je d’une voix cassée par l’émotion, je me raclais la gorge et reprenais « Tu as raison…mais pas sur le fait que je ne m’ouvre pas à toi. » Je l’implorais du regard pour qu’il puisse me croire qu’il me comprenne. Je me sentais loin de lui en cet instant, physiquement et émotionnellement que ça me faisait peur. Il fallait que je comble le vide entre nous. C’est pourquoi, d’un élan déterminé, je quittais mon côté de la baignoire pour me glisser vers lui et poser mes mains sur lui, sur un bras et sur son abdomen. Le toucher, c’était trouver de quoi respirer, de quoi me sentir en vie là, parce que depuis tout à l’heure – assise dans mon coin à me faire enchainer de plusieurs reproches – je finissais par sombrer. D’une voix douce et calme, je prouvais mon besoin de l’apaiser tout en étant honnête avec lui. « Je t’ai expliqué ce qui faisait que j’étais comme ça…et j’ai compris que tu étais sûr de toi, sûr de tes sentiments pour moi. Je le suis aussi…mais tu ne peux pas me reprocher d’avoir peur…Mon problème ne peut pas disparaître comme ça, d’un coup de baguette magique. J’essaye Paris, je t’assure j’essaye : C’est d’ailleurs pour ça que je ne dis rien par rapport à Sienna, que je me tais. T’as vu dans quel état ça te met ?! » La main qui était sur son bras, s’avançait, tremblante, vers le visage de Paris et je lui caressais la joue en penchant un peu la tête avec attention : « Plus précisément, dans quel état de colère je TE met ? » Je soupirais franchement bien qu’on pouvait entendre mon souffle saccadé par la peur d’avoir été la goutte qui a fait déborder le vase…le point de non-retour à sa colère. Et puis n’y tenant plus, je craquais, me contorsionnant pour me laisser tomber sur lui pour me plaquer contre son corps et entourer son buste de mes bras, ma joue coller contre le haut de son épaule, le visage enfoui dans son cou... « Mon amour, je t’assure que je fais des efforts, que je prends sur moi mais…comprends-moi c’est une chose de respecter la présence de Sienna dans ta vie, mais c’en est une autre de vouloir l’affronter….du moins pas comme ça, pas dans son territoire Dunster. » Je grommelais ensuite dans son cou, me rendant compte que mes paroles allaient sans doute être mal interpréter et du coup je prenais les devants « Je suis désolée, je crois que je m’exprime mal mais…je ne refuse pas des vacances avec toi. Je ne suis…juste pas à l’aise avec l’idée….pour le moment. » Je relevais alors là pour accrocher le regard et de Paris, et hésitante, je venais voler un baiser de trêve, espérant qu’il ne le prenne pas mal, tout en répétant « …..pour le moment… » Ca veut quand même dire que je suis prête à considérer le fait que je pouvais finir par me faire à l’idée que je pouvais avoir ma place dans ce voyage en sa compagnie ?
© charney