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I'm So Sorry
Devoir dormir en ayant ce sentiment qui me tenaillait le ventre, c’était dur…Dormir en sachant Paris derrière moi, sans m’autoriser à me fondre dans ses bras ? Bien plus dur. Mais l’entendre me demander de le laisser s’absenter un instant tout en me suppliant de mettre mes craintes de côté et de ne penser qu’à nous ?? C’était plus qu’insoutenable. Parce que je savais qu’il avait mal…autant que moi ! J’hochais la tête et murmurais un faible « d’accord » sans bouger d’un iota, mais dès qu’il passa la porte et que je l’entendis quitter l’appartement, j’enfonçais ma tête dans l’oreiller pour étouffer un cri ! Je pivotais même pour me retrouver à plat ventre, et taper des pieds contre le matelas ! Bon sang mais comment j’avais envie de me taper en cet instant ! Je venais de tout gâcher. Ma peur me faisait tout gâcher.... Cette soirée était peut-être partie sur les mauvaises bases, en découvrant la vérité sur le métier de Paris, mais sincèrement, tout le reste n’avait été que paradis ! Et voilà que je nous descendais tous les deux en enfer !! Tu parles d’un ange !
Une fois que j’en avais eu marre de hurler dans l’oreiller et de trépigner comme une gamine, je m’étais finalement retourné vivement comme une crêpe pour me mettre sur le dos et je regardais le plafond en collant – par-dessus la couverture – mes deux bras le long du corps. Je laissais échapper un soupir avant de me parler à moi-même « Summer, t’es vraiment pitoyable »
Ma tête : « Oh bah ça m’en parles pas ! Tu viens de me faire vivre le pire »
Mon cœur : « Non ! C’est moi qui viens de vivre le pire. Paris nous dit qu’il n’éprouve des sentiments que pour nous, Et Summer, qu’est-ce qu’elle fait ?! »
Ma tête : « Elle pense à Sienna et fous de le bordel chez moi ! »
Mon cœur : « Exactement ! Et elle me brise en deux parce que moi, maintenant j’ai peur de cette Sienna… »
Ma tête : « Mais tu l’as entendu toi-même, il éprouve juste de la tendresse pour elle »
Mon cœur : « Je sais mais c’est Summer, elle complique les choses… »
Mon corps : « Mais de quoi vous vous plaignez ?! Vous pleurez parce que Summer pense ENCORE au pire et se fait pas confiance ?! Vous finissez par avoir l’habitude, ça lui passera…En attendant moi, combien de temps j’ai dû me priver de Paris ? Combien de temps ?? 3 semaines !!!! et quand je pensais que les choses étaient enfin terminés, que j’allais pouvoir en profiter et me laisser aller dans les bras de ce dieu incroyable, voilà que Mlle casse mon coup !! Elle fait tout foirer et nous prive de… »
Mon bas-ventre : « DE SEXE !!! Putain mais merde quoi…Summer tu fais chier !!»
Mon cœur : « Summer tu m’fais de la peine »
Ma tête : « Summer, tu sais très bien que t’as tort de réagir comme ça »
Mon corps : « Summer tu sais que t’as besoin de lui… »
….
« Bon sang, mais j’suis trop nulle » finissais-je par dire à voix haute, en écho avec tout ce que mon être était en train de me faire savoir. J’étais en contradiction avec moi, et je m’en voulais clairement d’être aussi peu confiante au point d’imaginer que Paris allait un jour se tourner vers Sienna. Enfin non, ce n’était même pas cela que je pensais : Je pensais simplement que j’allais un jour ne plus lui suffire au point qu’il arrive à entrevoir chez Sienna ce qu’il n’avait pas eu avec moi. Voilà ce dont j’avais peur ! J’avais confiance en lui, après tout, il avait fait des exceptions pour moi, il tentait un mode de vie qu’il lui était totalement étranger avec moi…et moi ? En agissant de la sorte, je ne faisais que lui montrer que je ne lui faisais pas confiance, alors que c’était faux.
J’inspirais et expirais fortement, tentant de faire disparaître cette boule que j’avais au ventre, et cette rage que j’avais à mon égard et qui me donnait envie de me taper littéralement. Je posais finalement les mains sur mes yeux et avais clairement envie de pleurer, quand j’entendis la porte de l’appart s’ouvrir et se refermer. La panique me gagnait et après un moment d’hésitation je regardais autour de moi et surtout regardais ma position avant de reprendre ma place initiale en position latérale. Je me forçais ensuite à refouler la boule que j’avais à la gorge, quand Paris pénétra dans la chambre.
Il se plaignait du froid, et je souriais timidement avant de le voir passer de mon côté du lit pour se mettre à genou devant moi et me faire face. Je le regardais d’un air interrogateur tandis qu’il prenait une main dans la sienne Il démarra avec son éternel « Mon ange » et dans ma tête je me disais tout de suite que ce surnom n’était clairement pas mérité tellement je nous faisais du mal…Il s’excusait une nouvelle de m’avoir parlé de Sienna et je lui répondais très vite « Mais non t’as bien fait d’m’en parler… » Mais je parlais en même temps que lui finalement, parce qu’il lui n’en démordais pas: Il avait besoin de me dire quelques choses, où plutôt non, de me prouver que j’avais tort. Il marquait une pause, le temps de me demander de le laisser s’expliquer. Je le regardais droit dans les yeux, comprenant que ce qui allait se passer était plus que sérieux pour lui alors, après avoir reniflé faiblement, je l’autorisais à se lancer « Je t’écoute… » Et à partir de là, tout ce qu’il s’est passé après fut qu’un véritable torrent d’émotions !!! Encore une fois, Paris faisait tous les efforts du monde pour s’ouvrir à moi, et je n’étais même pas foutu d’en faire autant !! Je lui reprochais à demi-mot de me dire la vérité par rapport à Sienna, et l’instant d’après je faisais tout le contraire en le remerciant pour son honnêteté ; bref, je soufflais le chaud et le froid à chaque secondes, alors que Paris, lui, se montrait sous son vrai jour, se transformant en une véritable boule de sentiments et de tendresse que je ne méritais clairement pas !
Il comparait à nouveau ses sentiments pour moi et ceux qu’il avait pour Sienna, et alors que tout à l’heure, j’avais eu du mal à comprendre la différence, cette fois-ci les choses étaient un peu plus claires dans ma tête. Pour être honnête, j’en étais même à dire – enfin PRESQUE – que je n’avais vraiment, mais alors vraiment rien à envier à Sienna ! Après tout, c’est vrai, il venait de le dire lui-même : Paris connaissait Sienna depuis plus longtemps que moi, il la croisait tous les jours, il avait couché plusieurs fois avec elle (ça par contre j’ai encore du mal à m’y faire), jamais il n’avait eu l’envie d’aller plus loin. Jamais il ne lui avait proposé d’être son petit-ami. Alors que pour moi, à peine avais-je quitté Gabin qu’il avait tenté sa chance ? A croire qu’il avait attendu tellement longtemps que je quitte mon ex pour se positionner !! ….Et c’est finalement sous un autre point de vue que je revoyais les choses et que j’étais prête à accepter la fait que je n’avais pas avoir peur…En clair, j’aurais pu me contenter de ces premières paroles que Paris m’avait déjà un peu mieux convaincue. Ça ne m’empêchait pas de penser qu’une femme comme Sienna était clairement redoutable, mais au moins je ne me prenais plus la tête à savoir si Paris aurait pu être plus heureux avec Sienna ; je me prenais plus la tête à me demander si je ne devais pas clairement proposer à Paris de tenter sa chance avec Sienna pour qu’il puisse être sûr de ses sentiments…Oui je sais : cette dernière pensée n’était pas glorieuse, et surtout très risqué ! Mais que voulez-vous, je crois que j’étais suffisamment amoureuse (oui amoureuse je l’ai dit) de Paris pour le laisser être heureux avec une autre.Je dis pas que je l’aurais fait de gaieté de cœur, bien au contraire ! Mais…je n’aurais pas pu rivaliser de toute façon alors…
Bref, je pensais que les choses allaient s’arrêter là et que j’allais pouvoir dire à Paris qu’il m’avais convaincue, et que j’étais désolée de me montrer aussi désespérante, mais lorsque que mon petit-ami évoquait une part de lui qu’il n’avait pas encore offert à qui ce soit et qu’il voulait m’offrir maintenant, j’avais compris que je n’étais pas au bout de mes surprises. Je me redressais alors à l’aide de mon coude pour mieux faire face à Paris et dès qu’il se mit à dire le mot « enfance » cette boule au ventre me prenait à nouveau les tripes et me les retournait sans scrupules ! Je sentais que les choses allaient être dures à dire pour Paris, et dur à entendre pour moi. Et ce même si, maintenant, Paris évoquait un souvenir heureux: sa grand-mère! Et alors qu’il me parlait d’elle, et que je ressentais l’émotion dans sa voix, je craquais littéralement : La boule au ventre se dédoublait pour venir accaparer ma gorge et mes yeux s’humidifiaient à l’évocation des souvenirs de Paris. Mon dieu que j’aurais voulu connaître sa grand-mère pour lui dire à quel point je lui étais reconnaissante d’avoir gardé un œil sur son petit-fils, de l’avoir aimé et chéri comme il le méritait, peu importe la force et le pouvoir avec lesquelles elle avait pu le faire. J’aurais tellement voulu être là en face d’elle et lui dire que son Paris était un homme bon et adorable que j’aimais au plus profond de mon âme…et c’est en regrettant tout cela que les premières larmes se mirent à couler alors que Paris expliquait que sa grand-mère voulait tellement qu’il s’ouvre à l’amour et qu’il puisse un jour aimer comme ELLE, elle avait aimé…Je pressentais ce qu’il essayait de me dire et je voulais lui dire que ce n’était pas nécessaire qu’il pouvait s’arrêter là ! Mais cette boule à la gorge m’empêchait de parler. C’est simple : tant qu’elle ne partirait pas, il me serait impossible de réagir. Paris fouillait alors dans ses poches au moment où il annonçait que sa grand-mère lui avait laissé quelque chose sur son lit de mort, et déposait ce qu’il avait sorti de sa poche dans la paume de ma main. Un pendentif. Et là, je n’étais plus grand-chose, si ce n’est une grosse loque humaine qui lâchait enfin toutes les larmes de son corps.
Un hoquet de surprise mêlé à un soubresaut de pleurs se fit entendre et ma respiration se coupait pour laisser place à un sanglot. Paris continuait son histoire, mais il devenait dur pour moi d’assimiler ses mots, l’émotion qui m’envahissait, et ce pendentif qui me brûlait la main tellement j’avais l’impression de ne pas le mériter. Parce que je n’étais pas idiote : je comprenais bien que Paris était en train de me transmettre le pendentif parce que sa grand-mère lui avait signifié l’importance que cela avait !
Mes sanglots devenaient audibles alors que je m’asseyais dans le lit tout en regardant ma main, paume ouverte avec le pendentif en son centre que je fixais en pleurant comme une madeleine ! Je n’avais même pas remarqué que Paris attendait une réponse de ma part, et lorsqu’il me sortit de mes pensées, je lâchais enfin des yeux ce pendentif, et fixais Paris en pleurant de plus belle en tâchant d’articuler comme je pouvais un « Je suis désolée…Je suis tellement désolée Paris » arrivais-je à dire entre deux sanglots. Ma main se referma sur le pendentif et je me penchais alors vers Paris, tendant mes bras en sa direction pour qu’il m’enlace ! Je me serrais fort contre lui, posant ma tête sur son épaule sans m’arrêter de pleurer « Tu n’avais pas besoin de faire ça. J’m’en veux d’être aussi nulle…Je…Pardon » Je m’écartais de lui et le couvrait d’une multitude de bisous humides sur tout son visage en répétant « Pardon, pardon, pardon, pardon… » Je ne savais pas quoi lui dire d’autre tellement je me sentais coupable. Enfin je me sentais aussi touchée par ses paroles et surtout par son geste, mais j’avais l’impression de ne pas les mériter. Je verrouillais mon regard avec le sien, prenant son visage entre mes mains, malgré le pendentif qui restait dans l’une d’entre elle que je bloquais contre ma paume avec deux doigts qui restait pliés. Un de mes pouces caressait sa joue tandis que je cherchais mes mots pour lui expliquer ma crainte « Je suis désolée…Tu dois te dire que je te fais pas confiance, mais ce n’est pas ça…ce n’est vraiment pas toi le problème, c’est moi. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que je peux te perdre à tout moment, parce que je ne suis pas…Enfin….y’a tellement de femmes qui rêveraient sans doute d’être à ma place, et je me dis que Sienna…enfin…elle est tellement…tellement ! » Je n’arrivais même pas à l’dire tellement ça allait me faire du mal de m’entendre le dire à haute voix. Je soupirais et finalement, laissais ma phrase en suspens ne souhaitant pas me re-marteler que Sienna était mieux que moi, plus belle que moi, plus talentueuse…Comme l’a dit Paris, il fallait que je mette mon cerveau en pause et que je pense à ce que je vivais là, avec lui… « T’étais pas obligé de me prouver que…enfin…j’ai jamais remis en cause les sentiments que tu avais pour moi. C’est juste super compliqué dans ma tête pour tout un tas de raisons, et quand je commence à cogiter, je fais n’importe quoi et je deviens ridicule…Et c’est toi qui en pâtis. Je suis sincèrement désolée. » Je déposais un baiser sur ses lèvres, qui avait un goût salé à cause de mes larmes, et je souriais timidement mon regard alternant entre ses yeux et sa bouche alors que je reprenais la parole « Quant au pendentif, il est magnifique et je suis….mon dieu » Je lâchais son visage pour venir passer une main dans mes cheveux et tenter de souffler pour évacuer les dernières tensions qui m’avaient prises au corps et au cœur. Je rejetais les mèches de devant en arrière et un peu honteuse, j’ajoutais « Je suis touchée par ton geste, mais là, j’suis juste en train de me dire que je ne le mérite pas…Je passe mon temps à douter, alors que toi, tu te bats sans cesse pour me rassurer…T’as le droit de me punir pour ça » finissais-je par lui dire en soufflant mais aussi en riant parce que je me sentais vraiment ridicule. « J’aurais tout ce que je mérite » concluais-je en souriant en coin, formant un petit rictus sur le coin des lèvres qui faisait apparaître une fossette sur la joue. Je reposais alors mes yeux sur le pendentif au moment où je rouvrais la main. Bon sang, qu’est-ce que j’aurais voulu connaître la grand-mère de Paris…Vraiment !
© charney
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