A peine avais-je ouvert la bouche pour poser ma question que je le regrettais déjà….Parce qu’à voir la tête de Paris et la manière dont il se massait la nuque n’annonçait rien de bon. Il donna le nom de demoiselle ainsi que son grade chez les Dunster et je fis très vite le rapprochement avec la seule Sienna que je connaissais…Cette interne en 8ème année ; cette magnifique jeune femme qui n’était plus à présenter. Paris se mettait à m’expliquer la manière dont les choses s’étaient passées, mais je n’écoutais pas vraiment. Enfin, si : j’entendais, j’assimilais, mais une boule se formait dans mon ventre et je me disais qu’il ne valait mieux pas chercher à répondre ou dire carrément à Paris que finalement je ne voulais pas savoir et que je me forçais à ne pas écouter…Oui parce que vraiment, je n’en avais plus envie de savoir. En fait, il avait fallu qu’il prononce le nom de Sienna pour que je réalise que ça allait être dur pour moi. Faut me comprendre : cette fille c’est juste…Je la connais pas intimement mais…je sais qu’elle est talentueuse, qu’elle attire les regards – et à raison d’ailleurs, moi-même je lui reconnais une beauté indéniable – qu'elle est classe, qu'elle est sexy, qu’elle est douée en tant qu’interne…bref, elle a tout pour plaire, et je comprends pourquoi Paris s’est senti attiré par elle. Et c’est justement parce que j’en étais plus que consciente que c’était d’autant plus dur à supporter.
Si ça avait été une autre fille ? Une étudiante banale, ou même une femme de passage, j’aurais sans doute pu prendre sur moi ?...Mais Sienna ? Une Dunster ? Une femme que Paris croisera de ce fait tous les jours ? Une amie à lui ? QU’IL ADORE ? Là…c’est…ça devient plus compliqué….Je tentais de zapper l’information sur la chambre d’hôtel pour éviter d’avoir des images trop présentes dans ma tête ; et instinctivement je pressais la couverture contre moi, crispant mes doigts sur le bord de la couette, comme si j’avais besoin d’un bouclier de protection pour parer à toutes ces attaques émotionnelles. Je me mordais l’intérieur de la joue, prenant sur moi pour écouter Paris me dire qu’il est certes pas amoureux d’elle, mais qu’elle ne le laissait pas indifférent et qu’il éprouvait de la tendresse pour Sienna. A cet instant, je ne pus m’empêcher les mots sortir de ma bouche. « T’as peut-être pas eu l’temps…de tomber amoureux d’elle. Peut-être que si je n’étais pas…enfin laisse tomber. » J’allais m’enfoncer dans une jalousie que je ne voulais pas ressentir, et taper une crise maintenant n’arrangerais de toute façon pas les choses. Surtout que je pouvais au moins reconnaître à Paris son honnêteté : Un autre homme se serait sans doute empressé de dire que cette fille ne représentait rien pour lui, qu’il ne l’avait même pas envisagé, et blablabla, et blablabla…Tandis que Paris lui, ne m’épargnait rien !! Mais alors, RIEN !…Finalement ce n’est pas mieux. Plus honorable oui, mais pas moins douloureux.
Et malgré toute la volonté de Paris à vouloir me dire que j’étais son élue, que Sienna était juste Sienna…moi je n’arrivais pas à me sortir de la tête que cette fille aurait très bien pu être à ma place ; qu’il aurait pu l’aimer…et le fait qu’elle soit une amie pour lui ? Qu’elle fasse toujours partie de sa vie ? C’est tout ce qu’il y a de plus flippant pour moi. J’entendais Paris me dire que je devais le croire quand il dit ne vouloir que moi; et je ne demandais que ça le de croire….Mais il n’avait pas vraiment idée de ce que le mot « rivale » signifie pour moi. Il ne veut pas que je vois Sienna comme telle ? Trop tard…Sienna était une rivale ni plus ni moins. Mais là où pour d’autre fille, Rivale signifie « Concurrente qu’il faut dégager au plus vite de mon chemin ou de celui de mon mec », pour moi ça veut dire « Tu ne gagneras pas contre une fille comme Sienna…alors ne cherche même pas à te battre. Résiste, c’est tout » Parce que, franchement, les choses sont claires non ? Sienna est importante pour Paris, et Paris est important pour moi…si je ne veux pas le perdre, j’ai intérêt de me taire et de laisser Sienna prendre sa place dans le cœur de Paris. C’est lui décide après tout…Qui suis-je moi pour lui dire de ne pas la fréquenter ? Sa petite-amie ? PPffff…ce titre ne m’apportera aucune crédibilité le jour où j’oserais dire à Paris de ne pas fréquenter son amie parce que je ne veux pas qu’elle l’approche…Je serais RI-DI-CULE ! Et puis, comme je l’ai dit : si elle est importante pour lui, je dois le respecter. Mais Bon sang que ça me déchire le cœur de savoir qu’une fille de son entourage qu’il fréquente tous les jours est capable de l’attendrir, de lui soutirer des émotions…Il ne veut pas la perdre, et moi je ne veux pas être celle qui le poussera à le faire…
Voilà pourquoi je n’ai rien dit….Pourquoi je n’ai pas exprimé ma crainte : Paris était en train de me rétorquer que j’étais celle qui avait pu voir le vrai Paris, alors que Sienna n’avait pas eu cette chance, mais quelque chose en moi me poussait à me dire qu’elle avait quand même eu le droit à bien plus qu’une autre. Et plus mon cerveau ressassait les dire de Paris, plus je ressentais une douleur me prendre au cœur. Sienna devenait mon point faible ; cette nouvelle entité qui allait me faire douter en permanence. Je voulais croire Paris. Rectification : JE VEUX croire Paris, je veux y croire… Mais de la même manière que j’ai cru à ma première relation amoureuse sérieuse qui a duré plus d’un an, je sais qu’on est à l’abri de rien, et que demain je peux tout perdre, pour les beaux yeux d’une Sienna…Ma sœur m’en a bien apporté la preuve il y a quelques années, non ?! La Leçon est de ce fait parfaitement assimilée...
J’étais restée silencieuse un instant après les paroles de Paris, et je ne savais vraiment pas comment réagir... J’aurais voulu le prendre dans mes bras, lui dire merci pour ces paroles touchantes qu’il avait eu à mon égard, mais : je me sentais comme clouée au lit, littéralement! Je me pinçais les lèvres et restait allongé sur le dos à regarder partout, sauf Paris. Je ne voulais pas affronter son regard : si je le faisais, il verrait d’office le mien et comprendrait que quelque chose ne va pas…et surtout penserait que je ne croyais pas ce qu’il m’avait dit. Il était de toute façon loin de se douter que les choses étaient bien plus compliquées que cela dans ma tête; qu'il ne s'agissait pas de savoir si je croyais en lui, mais plutôt de savoir si je croyais en MOI. Gardant donc mes yeux focalisés sur un point fixe dans la chambre, je répondais fébrilement « Merci de ton honnêteté… » En parlant d’honnêteté, une autre question, dont la réponse serait autant douloureuse me venait : quitte à savoir que Sienna avait réussi à intéresser Paris, autant savoir à quelle point « Combien de fois ? » Demandais-je le plus calmement du monde, comme si je demandais simplement à quelqu’un s’il pouvait me donner l’heure : « Combien de fois tu as couché avec elle ? ». La réponse de Paris n’est pas venue tout de suite... C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à tourner la tête pour lui faire face, et en voyant son regard j'avais compris: Pas la peine d’aller plus loin. Je fis un geste bref de la main et coupais court « Laisse-tomber, c’est bon, me répond pas. J’ai ma réponse…et c’est « plus d’une fois ». Plus que les autres…. » J’inspirais profondément pour contenir ma nervosité, et surtout pour m’empêcher de hurler ma peur au visage de cet homme qui ne méritait pas du tout que je m’en prenne à lui. Il se montrait honnête, vrai, et rien que pour ça, je me devais de rester calme et rassurée…et pourtant….
Je lançais un dernier regard à Paris, esquissant un sourire timide et ajoutait pour couper court à la discussion « T’inquiète pas…T’as aucun soucis à te faire par rapport Sienna et moi. Je ne serais pas un obstacle à ce que tu ressens pour elle » déclarais-je à moitié sincère, à moitié sceptique…Je désirais vraiment être la petite-amie parfaite qui ne verrait jamais Sienna comme une menace. Mais je savais d’avance qu’au fond de moi, Sienna en représentait déjà une…comme une sorte d’Epée de Damoclès qui me tomberait dessus un jour sans crier gare. « Je comprends que tu veuilles être son ami…elle a l’air d’être quelqu’un de bien » ** Mon dieu, pitié Paris, ne me dis pas que, "Oui elle l’est", en me vantant ses mérites après ça… je supporterais pas ** Un dernier sourire, pour cacher mes craintes et garder espoir, et je me tournais légèrement pour embrasser Paris, posant ma main sur sa joue, le temps du baiser. J’écartais ensuite mon visage de quelques centimètres, gardant les yeux fermés tandis que ma langue passait sur mes lèvres pour récupérer les dernière traces du gout de Paris sur ma bouche ; et je murmurais timidement : « Il est tard…Autant dormir un peu. » Je restais là, sans bouger, la tête toujours aussi proche de la sienne et les yeux fermés, priant intérieurement que pour toute cette histoire ne soit finalement que le fruit de mon imagination et que j’allais me réveiller pour me rendre compte que Sienna et Paris n’avait jamais existé comme étant un duo d’âme qui s’était trouvées et apprivoisées une fois…deux fois…je ne sais combien de fois….; Et finalement, voyant que tout restait bien réelle, je m’écartais définitivement de Paris pour me tourner complètement et adopter une position latérale pour la nuit avant de dire simplement : « Bonne Nuit… ». Je me recroquevillais un peu, attrapant un peu plus les bords de la couverture pour les amener vers mon visage et m’y cacher. Je me sentais mal d’être comme ça…mais le pire, c’est que je me sentais mal à l’idée que Paris puisse se sentir coupable de m’avoir dit la vérité. Car il n’était pas idiot : jamais je n’aurais été soudain si atteinte et distante, si je n’avais pas été touchée par ses aveux. Alors pour rassurer mon petit-ami sur mes sentiments, qui ne s’étaient pas entacher au contraire – qui étaient deux fois plus fort maintenant que je me savais fragilisée par la présence d’une autre femme dans son cœur – je lui demandais, sans pour autant quitter ma position qui lui tournait le dos « Est-ce que tu veux bien me prendre dans tes bras ? » Oui…parce que même si je n’étais pas encore tout à fait sereine à l’idée de me tourner vers lui sans avoir la peur qu’il ne comprenne que j’étais terrorisée par la présence de Sienna dans sa vie, je n’étais clairement pas capable de me passer de ses bras, de son réconfort, et de sa présence à mes côtés. A défauts de pouvoir faire confiance à des mots, je voulais faire confiance à ses bras. Et j’espérais juste que Paris ne me refuse pas cette étreinte, même si je ne lui faisais pas face
charney