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WITHOUT YOU IT'S HARD TO SURVIVE (+) NEMHAM [-18 /!\ HOT]

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I still hear your voice, when you sleep next to me. I still feel your touch in my dream. Forgive me my weakness, but I don't know why... Without you it's hard to survive.

Une épée de Damoclès, j’ai une putain d’épée de Damoclès sur mes épaules et le cœur qui bat anormalement vite. J’ai l’impression d’être revenu trois ans en arrière, lorsque je me retrouvais forcé d’attendre, en panique, que mon père rentre à la maison, la boule au ventre à ne pas savoir ce qui m’attendait. Allais-je prendre une ribambelle de coups à nouveau ? Serait-il à jeun et plus fidèle au père qui m’avait élevé ? Devrais-je prendre pour ma mère et ma sœur afin qu’elles ne soient pas blessées à nouveau ? Cette épée au-dessus de ma tête est une vieille amie, nous avons un passé chargé et ce soir j’aimerais tellement ne pas la revoir. Pourtant force est de constater que j’emprunte cette route à nouveau, comme si c’était hier, les souvenirs sont précis, inhibés de douleur, de peur et de tristesse. L’attente n’est pas la même, les sentiments eux sont semblables. Ce soir je suis celui qui paiera l’addition, chacun son tour, si je ne quitterais pas cette terre mon âme, elle, risque d’y passer. J’attends patiemment, fébrile, assis sur mon canapé qu’il ne daigne me rejoindre et les secondes paraissent être des heures, le temps s’écoule lentement, sadiquement. Le nouvel an est passé, il est à présent derrière-nous, hier soir pour la première fois depuis trois ans j’ai pu voir ma petite sœur en chair et en os, j’ai pu la serrer dans mes bras et mettre fin à une longue époque de communication clandestine par lettres. Elle a profité du week-end en famille de ma mère pour prendre la fuite et me rejoindre, devrais-je m’en vouloir de ne pas avoir été là pour écouter Nemo ? Devrais-je m’en vouloir de ne pas avoir été heureux à deux-cent pourcent à cause de ce qui m’attend ce soir ? Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis le passage à la nouvelle année, il est minuit pile et Nemo n’est toujours pas arrivé. Il m’a prévenu qu’il ne serait pas là très tôt, il est rentré retrouver les siens, le sacrifice pour ne pas avoir assisté à Noël là-bas, sur le Rocher. Je n’ai rien prévu, rien préparé… Il sait ce qui l’attend, je ne le prends pas en traitre, ce soir un chapitre prendra fin, il ne reste plus qu’à définir si l’histoire s’arrêtera là ou si un nouveau chapitre commencera, si une page blanche sera prête à récolter la suite de notre histoire, happy end ? notre futur est incertain. L’orage gronde dehors, il pleut, difficile de ne pas avoir peur qu’il lui soit arrivé quelque chose sur la route. Des phares, une lumière vive traverse ma fenêtre et je ne peux plus attendre davantage, je n’en suis plus capable, la semaine qui s’est écoulée a été infernale, traumatisante, épuisante. Je me rue sur la porte d’entrée et franchi la frontière, pas de retour en arrière. Je suis en t-shirt et en jogging, il fait froid dehors, le vent, armé d’un torrent de gouttelettes de pluie, me fouette le visage. Quelques secondes suffisent à entièrement me recouvrir d’eau, elle dégouline sur ma peau, se fraie un chemin et me glace le sang, il prend son temps pour couper le moteur, il ne descend pas de la voiture… Qu’attend-t-il ? J’ai tellement peur, je n’ai plus eu si peur depuis longtemps. Pourvu que les nouvelles soient bonnes !  
NEMHAM  
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T'avais menti. T'avais promis durant tout ce temps que t'allais réfléchir, pendant chaque jour, chaque minute qu'il avait bien voulu t'accorder selon tes suppliques. Que t'allais mettre les choses à plat dans ta tête et dans ton cœur, et que tu partais avec la détermination de très vite trouver la solution finale, celle qui ne t'engloutira pas de remords nuisibles à la seconde où tu l'auras déclarée de tes lèvres. Et finalement, même en ayant passé le nouvel an chez ta famille, dont la présence devait sans cesse te remémorer de ce foutu dilemme, t'as fais le con et t'as juste voulu oublier une nouvelle fois tes responsabilités. Alors t'as retrouvé avec enthousiasme le soleil et les températures plutôt chaudes pour la saison, de Monaco. T'as retrouvé ta chambre, ta vieille ds, jouant à mario kart jusqu'à pas d'heures le matin. T'as passé énormément de temps avec ton petit-frère et ta petite-soeur, tous deux baignés dans une insouciance que tu aimerais retrouver. T'as profité des bons plats familiaux, préparés avec soin et patience, qui te manquaient tant là-haut. T'as tenté désespérément de taire les voix de ton père qui te rappelait que bientôt tu seras marié depuis un an, et qu'il faudrait peut-être que tu passes un peu en Suède, histoire de. T'as tout fait, sauf ce que tu devais vraiment faire, ton cerveau refusant de coopérer devant deux options qui te conduiront de toutes manières les deux pieds dans la merde. Le pire, c'est qu'avec les événements, t'avais même eu droit à un jour en plus, comme un cadeau tombé du ciel devant ton indécision constante. Et t'en avais rien fait, préférant écouter la musique à fond pour brouiller tes pensées, les yeux rivées sur le hublot de l'avion. Même lorsqu'on était indulgent avec toi, tu trouvais le moyen de merder, comme si lorsque tu rentreras, tous tes problèmes seraient régulés. Ça n'avait jamais marché avant, ça ne sera pas mieux maintenant. Une fois arrivé à l’aéroport tard dans la soirée, tu récupérais ta Maserati, maudissant plus que jamais l'orage et la pluie qui t’accueillait pour cette nouvelle année. Ce n'était pas possibles quelques rayons de soleil pour cette fois, non ? Décidément, plus les années avançaient depuis que tu avais été accepté pour étudier à Harvard, et moins tu supportais le constant froid glacial qui semblant se faire un malin plaisir de s’immiscer jusque contre ta peau, même lorsque tu portais de gros manteaux. Tu prenais ton temps, entre envie de faire demi-tour et précaution sur la route devenue assez dangereuse dans ce noir grondant, tu finissais par tout laisser tomber, tu jetais l'éponge, et tu te disais que comme le mec le moins préparé que tu étais, tu choisirais le moment venu, comme si ta spontanéité ferait le bon choix à ta place. T'avais pas d'autres plans de toutes manières. Tu arrivais bien évidement chez Graham quelques minutes plus tard, trouvant une place pour te garer. Puis tu soupirais, éteignant le contact, ta tête se laissant tomber doucement sur le volant, alors que ton cœur palpitait. Après quelques exercices de respirations, tu faisais attention à ce que ta grosse écharpe soit bien enroulée autour de ton cou, que ton manteau était bien serré, et puis tu ouvrais la porte, sortant rapidement de ta caisse. C'est là que, levant ton visage, tu reconnus malgré la nuit avancée Graham, grâce aux petits lampadaires disposés à égale distantes les uns aux autres. « Qu'est-ce qu'tu fous là ? T'es tombé sur la tête ?! » Tu t'exclamais, l'air horrifié, alors que tu attrapais avec poigne son bras de ta main et que tu le redirigeais rapidement à l'intérieur du bâtiment, protégé par la pluie. « J'montais ! Pourquoi tu m'as pas attendu ?! » Tu insistais, tes yeux fixées sur son maigre t-shirt trempé et son jogging. Il voulait mourir, c'était ça la vraie raison en fait, hein ?

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La gentillesse est une qualité qui me perdra, elle est sur le point de m’amener à ma destruction comme elle l’a déjà habilement fait quatre ans en arrière. Ne pas rendre les coups, supplier, attendre et espérer des jours meilleurs je sais ce que cela fait. Tôt ou tard la situation devient hors de contrôle, le ciel s’assombri au même titre que le destin et ne laisse plus guère de place à un happy end. J’aurais aimé avoir conscience de cela quelques années en arrière, peut-être que cela m’aurait évité bien des aventures, bien des souffrances. Aurais-je pu stopper mon père plus tôt ? Aurais-je fait le nécessaire pour qu’il se fasse soigner et qu’il nous revienne comme je l’avais toujours connu ? J’ignore s’il y avait quelque chose d’autre à faire, s’il aurait vraiment accepté de reconnaitre sa maladie. Il ne nous a pas laissé le choix, il ne m’a pas laissé le choix, il m’a obligé à détruire tout ce que nous avions passé une vie à construire. Des cendres, il ne reste plus que quelques cendres pour représenter une vie entière partie en fumée lorsqu’il m’a poignardé, lorsque j’ai retourné cette lame qui m’aurait été fatale si elle s’était enfoncée une deuxième fois dans ma peau, lorsque cette pointe aiguisée et tranchante s’est prise en lui, empalé et prêt à rendre son dernier souffle. Ce soir je suis le condamné, il n’y a aucune lame dans mon corps, pas la moindre douleur physique et pourtant je me sens essoufflé, à deux doigts du point de rupture. Pourra-t-il comprendre un jour ce que je suis en train de vivre ? Ce qu’il m’a fait endurer par incapacité à prendre une décision ? A-t-il conscience de tout ce qu’il remue en moi, de toute la souffrance qu’il fait ressurgir ? Je ne crois pas, comment le pourrait-il ? Nous n’avons pas les mêmes blessures, pas les mêmes cicatrices, les miennes ne seront jamais totalement refermées, je ne pourrais jamais faire la paix avec cette partie de moi-même, avec un peu de chance j’accepterais, j’oublierais parfois le temps de quelques heures, de quelques jours… Quelques semaines… Comment pourrait-il en avoir la moindre idée, je l’envie de ne pas avoir conscience de tout cela, je l’envie d’être celui en position de force, d’être celui qui a les cartes en mains. J’aimerais tellement être à sa place pour une fois dans ma vie, ne pas être celui qui sera balayé par la foudre, par les conséquences, qui récoltera ce qui a été semé autour de lui. Je frissonne, glacé par l’eau qui continue de s’abattre sur moi et pourtant j’ai l’impression de ne rien ressentir, je reste figé devant la voiture, incapable de bouger, de prendre la parole, de le supplier de sortir, d’ouvrir la porte et de me parler, de mettre fin à mes souffrances. Qu’il abrège cette douleur, qu’il m’aide à mettre fin à mes maux, peut-il faire cela pour moi ? Il sort de la voiture et se rend enfin compte que je suis là, je l’attends, je nous attends. Il tente de m’attraper le bras et de me ramener à l’intérieur mais je me refuse à cette éventualité, hors de question que je le suive à nouveau, plus maintenant, plus jamais. « Non ! » Je m’impose en le toisant froidement du regard, épuisé par cette lutte intérieure, épuisé par tous ces sentiments. « J’ai besoin de savoir… Maintenant ! » J’ignore comment mes jambes font pour me tenir debout, j’ai tellement froid, sur les nerfs, à bout.
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Il était fou de sortir comme ça. Il était tellement fou que t'en oubliais tes soucis, t'en oubliais que sa précipitation était sûrement de ta faute et de ce que ce jour représenterait une fois que tu auras parlé, t'en oubliais qu'il ne tenait peut-être plus en place et qu'il voulait seulement en finir avec toute ce suspens débile et toxique, et tu pensais juste à attraper son bras pour le ramener dans le hall éclairé de son appartement, ou du moins, c'est ce que tu essayais de faire avant qu'il ne décide du contraire, ses pieds refusant d'avancer. Tu le regardais, abasourdi devant son refus qui t'étais incompréhensible pour une chose si anodine, mais tu captais son regard noir qui te faisait redescendre un peu, et tu comprenais qu'il n'était sûrement pas de très bonne humeur. « Graham... On peut faire ça à l'intérieur. » Tu soupirais, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir dans sa manière de s'opposer à toi. T'avais juste envie d'aller au chaud merde, hors de question que tu finisses tout trempé comme il l'était. Il lui avait seulement suffit de t'attendre, t'allais te dépêcher de monter et vous vous seriez retrouvés chez lui sans tout ces problèmes. Il n'y aurait pas eu plus d'attentes, ça n'aurait pas changé grand-chose, vous auriez juste été plus confortable. Pourquoi ça l'importait tant de faire ça dehors ? « Ma réponse ne servira à rien si tu finis mort d'hypothermie doublée d'une pneumonie. » Tu tentais de lui faire comprendre. Les magnifiques déclarations sous la pluie battante c'était bien beau dans les romans, mais dans la vraie vie la romance fictionnée prenait plutôt l'apparence d'une gène constante dans son propre corps et d'une difficulté à se concentrer sur la situation lorsque vous avez froid, que vos vêtements sont trempés, et que la pluie épaisse apparaît comme une brouillard devant vos yeux, rendant difficile de fixer l'être en face. Sans oublier le bruit constant qui bourdonne vos oreilles alors que vous tenter désespérément d'entendre ce que vous dit l'autre. Et que vous savez que durant la semaine qui va venir, votre quotidien sera mouchoir, médicaments et gros plaid pour tenter par tous les moyens de contrer le rhume et les frissons de la fièvre. Pas de doutes, ça recevait tous les awards du glamour et du sexy. « Si tu veux tellement mourir de froid, on peut pas s'réfugier sous un truc quand même ? » Tu insistais un peu plus, haussant un petit sourcil interrogatif, espérant au moins qu'il accepte de se peler les couilles sans l’agacement des gouttes de pluies sur vos visages. « Et puis bonsoir. » Tu finissais par dire, appuyant sur la formule de politesse, parce que ce n'était pas car t'avais un choix qu'il te forçait à faire que vous deviez en perdre le respect et la manière dont on s'adressait à une personne en face de vous. Vous étiez pas devenu des chiens non ?

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J’ai du mal à comprendre comment la vie fonctionne, comment sont choisis ceux sur qui la poisse s’abattra constamment et ceux qui auront la chance de ne pas avoir à traverser un tas de merdes pour espérer aller aussi bien que le commun des mortels. Existe-t-il un barème qui justifie cela ? Je suis tellement en colère contre la vie, contre le destin, contre toutes ces putains de circonstances qui me donnent toujours l’impression d’être la pire des sous-merdes et ne pas mériter l’air que je respire. Suis-je de trop sur cette planète ? Qu’on me le dise, je ne demande qu’à connaitre la vérité pour pouvoir agir en conséquence, suis-je un paria, qu’ai-je fait de mal pour que l’on ne s’arrête jamais de faire s’exploser des arbres au milieu de la route que je souhaite emprunter. Pourquoi suis-je obligé de traverser tous les obstacles, de braver l’adversité et les interdits pour espérer obtenir quelque chose que tant de personnes parviennent à découvrir sans une once de difficulté ! Injustice, le système est une putain d’injustice, la loi un énorme imposteur et rien de tout ce qui se trouve au milieu ne me parait avoir de l’importance. La pluie continue de s’abattre, l’orage gronde, le tonnerre illumine le ciel de ses éclairs et me fait parfois sursauter mais je ne parviens pas pour autant à bouger. Je ne me sens bien nulle part, rejoindre la quiétude de mon appartement n’y changera rien, je préfère être dehors, ne pas lui laisser l’occasion de s’immiscer une fois de plus dans ma vie s’il s’apprête à mettre fin à notre histoire, s’il s’apprête à tout arrêter alors autant qu’il le fasse ici et qu’il se retourne pour ne plus jamais revenir. Plus aucune notion de politesse, plus de gestes humains, je ne suis qu’un animal en fuite, chassé, une proie incapable de se défendre et de tenir tête à cette putain de chaine alimentaire qui veut sa peau. Mes traits se durcissent, mon souffle est anormalement calme contrairement aux pulsations cardiaques qui ne cessent de gagner en ampleur et de menacer ma cage thoracique d’exploser. Le poids des non-dits est dévastateur, je le sens dans son regard, il ne veut pas avoir cette conversation, il ne veut pas se comporter comme un homme, il ne veut pas assumer de prendre une décision qui changera sa vie radicalement. Manque-t-il de force ? Me suis-je trompé le concernant ? Le doute s’immisce et mon palpitant se serre dans ma poitrine, handicapé par une émotion beaucoup trop forte. La pression est trop élevée, il va finir par éclater, par prendre la fuite, par m’abandonner à son tour. Il est le seul qui m’a toujours soutenu, pourquoi le ferait-il encore ? Puisque tout fout le camp pourquoi ne suivrait-il pas le troupeau lui aussi ? « Tu te fiches de moi c’est ça ? Bonsoir ! C’est tout ce que tu trouves à dire, tu veux me reprocher aussi d’exiger de toi une franchise exemplaire ? » Je commence à m’emporter, la voix nouée et éraillée. « Tu vas me reprocher aussi de t’avoir mis ce dilemme sur les épaules ? D’assumer pour toi tes décisions ? Tu ne veux pas prendre cette décision ? PARFAIT, je vais la prendre pour toi ! » OVER, capital letters, nothing more to add, nothing left, ashes… It’s over… The end !

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« Ce que je veux dire par là c'est qu'on peut faire ça comme deux adultes. On est pas obligé d'ce taper d'ssus. » C'était plutôt drôle que tu sortes ça quand on savait que dans l'histoire, c'était toi le gamin. Certes, il n'avait techniquement pas le droit de t'obliger à faire un choix en utilisant la technique de l'ultimatum, mais de ton côté, t'étais aussi fautif de l'obliger à prendre part dans une situation compliquée qui ne lui convenait pas et qui n'était tout simplement pas juste. Et même si t'étais un mec avec un bon fond, un mec sympathique, qui ne voulait pas se prendre la tête, qui savait être sérieux, ça n'effaçait pas tes difficultés à assumer tes actes et à prendre tes responsabilités comme une grande personne. C'était comme avec Charlie, à essayer d'omettre tes erreurs même devant les preuves accablantes, en espérant pouvoir continuer de vivre de la manière que tu voulais dans ton petit monde. Aujourd'hui, ça ne marchera pas comme ça. Moins tu répondais à ce qu'il voulait entendre, et plus Graham devenait furieux, ça se voyait dans sa posture, ça s'entendait dans ses mots. Et tu ne pouvais que secouer pauvrement ton visage à l'écoute de ses interrogations, les bras venant se nouer autour de ta poitrine, avant qu'il prononce la phrase finale qui te faisait lever les yeux vers lui. Tu déglutissais, les lèvres plissées, le regard perdu qui l'observait comme si tu tentais de dissimuler le vrai du faux, si ce qu'il venait de sous-entendre était la vérité. Tu sentais ta bouche trembler, et tu prenais une bonne inspiration comme pour te calmer, péniblement. Parce que t'avais pas envie que Graham s'en aille. T'étais arrivé ici les mains dans les poches, sans vraiment de décisions prises, sans savoir ce qui allait t'attendre ou ce qui allait sortir de ta bouche qui ne serait pas des conneries pour gagner de précieuses minutes, mais la vérité, c'est que tu ne voulais pas te séparer de lui. Et entendre sa voix te dire que si tu continuais de faire l'autruche il allait de toutes manières pas se faire prier pour mettre ses menaces à exécution, ça nouait ta gorge, ça te donnait des nausées, ça te donnait envie de gerber sur le gravier. T'essayais de te reprendre. « Écoute Graham... Je-J'ai pas envie d'me battre avec toi. » Tu murmurais à peine audible sous les trombes de la pluie, approchant d'un faible pas vers lui. Tes yeux ne savaient pas vraiment ou se poser, quoi fixer qui pourrait te permettre de te détendre, et ils finissaient par se poser sur le blond, parce qu'après tout, ce n'était pas le moment pour regarder autre part, il fallait que tu te dépêches de rattraper tes conneries et vite. Ça semblait enfantin dit comme ça, mais tu ne le supporterai pas si après si peu de mois c'était déjà la fin. Tu t'aurais peut-être évité de telles emmerdes si tu avais rencontré un Graham à l'époque. Parce que c'était ça aussi, l'un des problèmes. Tu t'étais retrouvé seul face à une décision qui n'était pas la tienne, et à laquelle tu ne savais pas vraiment comment t'opposer contre tes figures parentales si enthousiastes et pleins d'arguments définitifs. Tu savais que c'était con, que tu n'avais aucune envie de te marier, mais t'avais personne pour qui renoncer, t'avais personne à présenter à tes parents pour faire barrage et se sauver d'un putain de mariage royal retranscrit à la télévision. T'avais pas de but, tu errais sans savoir faire entendre ta voix, sans les arguments pour les convaincre de te laisser tranquille et de te laisser faire ta vie sur le plan amoureux. Mais maintenant, c'était Graham ton but. Tu t'approchais lentement à nouveau, petit pas par petit pas, te retrouvant plus proche et face à lui. Tu soupirais, effleurant à peine sa main de la tienne. « Je... Je veux être sûr que tu saches ce qu'accepter quelque chose comme cela entraîne. Tu commençais par dire, raclant ta gorge pour l'éviter de trembler. Est-ce que toi, de ton côté, t'as réfléchi à ce que ce sera pour toi. Ce ne sera pas quelque chose dont tu pourras te défaire dès que ça deviendra trop gros ou oppressant. La presse connaîtra ton nom, feront des recherches sur toi, te suivront. Ils vont vouloir s'immiscer, te poser des questions, créer des rumeurs. Il n'y a pas que moi et ma relation avec ma famille que ça va impacter. Il y a toi. Est-ce que t'es prêt mentalement à ça ? » Tu demandais, tes dents s'enfonçant doucement dans ta lèvre inférieure, inquiet. T'étais finalement pas le seul à devoir prendre une décision à y regarder de plus près. Est-ce qu'il était prêt à entendre parler de lui, à voir son passé révélé dans les journaux, à voir des conneries écrites sur lui ? Est-ce qu'il était prêt pour qu'il y ai la petite probabilité que certains le reconnaissent, et même que des mecs de prisons seront prêt à déballer des histoires sur ses pires années contre quelques billets verts et leurs noms sur papier glacé ? Est-ce qu'il avait pensé que si il acceptait il valait mieux pour vous deux que ce soit super sérieux, car toute trahison de l'un ou de l'autre se saura bien plus vite qu'à l'accoutumée, et que toute rupture fera jaser ? T'étais pas certains qu'il ai pris le temps de réfléchir à tout ça.

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La semaine a été diablement longue et les simples mots prononcés par Nemo auront suffi à me faire prendre conscience qu’il s’est ouvertement moqué de moi. Je me sens tellement mal, il me manque de respect et ne s’en rend surement pas compte. Comment pourrait-il ? Pour lui il ne s’agit que de repousser l’inévitable au maximum, gagner du temps pour ne pas avoir à affronter la triste réalité : A ce stade il ne peut plus faire l’autruche, il ne peut plus prétendre satisfaire sa famille et me satisfaire parce que nos exigences sont différentes, elles ne se retrouvent pas sur un seul petit point. Il lui faudra faire des sacrifices pour nous laisser une chance ou nous sacrifier à défaut pour contenter ses parents et tous les protocoles plus ridicules les uns que les autres qui font de lui une personnalité très médiatisée et importante pour l’imagine d’une population entière. Je me suis fait beaucoup de mal dernièrement, je surfais sur le web et j’ai décidé tout à coup de taper le nom de Nemo, de cette fameuse Princesse de Suède et je suis tombé sur cette cérémonie diffusée sur une chaine locale, en français… Je n’ai pas tout compris mais les images m’ont brisé le cœur, parce que j’ai pu mettre des mots, des formes sur cette personne censée rendre heureux Nemo, j’ai pu me rendre compte qu’il ne s’agissait pas que d’une mauvaise blague, que tout cela était bien réel et officiel et qu’il n’y avait rien à faire contre cela. Voilà où j’en suis actuellement, à cran, à bout, fatigué par toutes ces histoires qui ne me concernent pas. Pourquoi suis-je tombé sur lui ? Devrais-je regretter d’être fou de cet homme ? Devrais-je m’en vouloir de tout risquer, de prendre le risque de le rendre hargneux s’il décide de me choisir et qu’il se met sa famille à dos ? Pourront-ils comprendre ? Les questions sont nombreuses et je préfère ne pas y penser, pourquoi n’aurais-je pas le droit de jouer à son jeu moi aussi ? Gagner du temps et me dépatouiller avec chaque question l’une après l’autre, en temps venu. Pour l’heure ce qui m’importe c’est qu’il fasse enfin face à ses actes et qu’il prenne une décision, il me connait, il devrait savoir que je ne plaisante pas, je ne parle jamais à la légère et je n’ai pas peur de mouiller le maillot. Contrairement à lui les mauvaises décisions j’ai pris l’habitude de les prendre et de les assumer, on ne pourra pas me reprocher de ne pas m’être battu pour ma vie et je suis prêt à recommencer tout de suite s’il ne décide pas maintenant, sans plus attendre ! Il avance, doucement, pas après pas comme s’il craignait que je ne bondisse sur lui à la moindre occasion. Nous en revenons toujours à cette image, il est la victime et moi le fauve qui au moindre faux pas bondirait sur lui pour lui arracher la vie. J’accepte d’être cet animal, je me fiche des conséquences, je veux juste être libéré d’une manière ou d’une autre. « Que crois-tu ? Contrairement à toi j’ai réfléchi cette semaine ! » Ma voix brise le silence et s’élève contre la pluie, elle me surprend de par sa puissance, sa force, je ne tremble pas, je suis presque serein contrairement au bordel qu’est mon corps. « Je n’ai pas peur d’affronter tout cela parce que JE T’AIME ! » Je m’arrête un bref instant, les yeux grands ouverts. Que viens-je de dire ? Est-ce bien ce que j’ai entendu ? Je ne m’y attendais pas, je n’ai dit je t’aime à une personne qu’une fois dans ma vie, à Leandra… Cinq ans en arrière. Le constat est pathétique, j’aime un homme que je ne pourrais peut-être jamais avoir. « Qu’ils se fassent plaisir, qu’ils ressortent les cadavres dans mes placards, qu’ils fassent du fric avec ma vie et mon passé, qu’ils transforment tout cela et qu’ils me fassent passer pour le plus grand fils de pute du siècle s’ils le veulent, je suis prêt à l’affronter… Je suis suffisamment solide pour le supporter ! »

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Ce qui était sûr et certain, c'était que tu étais encore loin d'avoir la carrure nécessaire pour être un bon prince. Tu passais toujours ton temps à contourner les problèmes que tu avais toi-même créé, à esquiver les charges qu'on te mettait sur le dos, à trouver une tierce personne à qui blâmer et incriminer lorsque tu faisais quelque chose de mal, de non-réfléchi. T'avais pourtant pas la vie la plus difficile du monde, et malgré ça tu gâchais beaucoup de choses par ton incompétence et tes gamineries. Ce n'était pas que tu voulais être méchant, ni manquer de respect à Graham face à la situation. T'avais juste des problèmes de coordinations entre ta tête et ton cœur, entre la raison et le désir. T'étais sûrement pas le premier à être bloqué par ça, tu ne seras sûrement pas le dernier, mais si tu ne trouvais pas un accord avec toi-même très vite, tu finirais par tout perdre, d'un coup. Et peut-être que c'était ça que tu méritais, et peut-être même que Graham était digne d'une personne bien plus solide, bien plus déterminée, une personne qui n'aurait jamais de doutes pour savoir quel chemin prendre dans la vie pour les faire avancer tous les deux. Des choses que toi, tu ne pouvais pas encore offrir. Pourtant tu le voulais, malgré tout, malgré les soucis que ça engendrerait, envie égoïste d'un mec trop gâté par la vie. Et peut-être qu'au fond, ta décision avait toujours été prise. Néanmoins, ce n'était jamais aussi facile qu'un oui ou qu'un non, et tu prenais le temps de lui rappeler tous les mauvais côtés qu'il n'avait peut-être pas pris conscience qu'il y aurait. Comme si t'essayais de lui montrer la dure réalité, comme si t'essayais de lui faire prendre ses jambes à son cou, par la simple peur qu'il ne te quitte quelques semaines seulement après votre union officielle. T'étais peut-être pas aussi connu et recherché que Justin Bieber, mais tu savais que ça n'allait pas s'arrêter pour vous au simple fait de pouvoir se tenir la main en marchant dans la rue. Il y aurait plus, cette contrepartie négative qui pouvait en faire fuir plus d'un, bien plus confortable dans leur intimité anonyme. Mais c'était une nouvelle fois un faux pas, une dégringolade pour ta part, lorsque Graham te répondait de sa voix forte, et tu resserrais ton manteau sur ton corps frêle, la culpabilité d'avoir encore pris ça trop à la légère refaisant surface à cause de ses mots. Cependant il ne s'arrêtait pas là, à un simple reproche, et il continuait de parler, d'une manière si stable et sereine que tu cru au départ avoir mal entendu. Vos deux regards aussi choqués et ouverts, comme des grosses billes, se croisaient, et il ne lui fallait que quelques secondes pour qu'il assimile ce qu'il venait de dire, avant de reprendre, comme pour confirmer son état-d'âme. Et toi tu te remettais à trembler, tes doigts devenus blancs de trop serrer l'épais textile, ton cœur qui s'acharnait pleins de contradictions, de sentiments mêlés. Il venait de te dire qu'il t'aimait. C'était pas la voix lointaine de ton imagination fantasmée, c'était la vérité. C'était une bonne chose, non ? Il était là, face à toi qui était censé avoir toutes les cartes dans les mains, celles qui feraient vivre votre couple ou l’exécutera, et il trouvait le moyen de te dire une telle chose alors qui si t'aurais été à sa place, t'aurais sûrement pas pipé un mot, et encore moins ceux-ci dans une atmosphère si bancale et précaire. T'avais l'impression que son discours entier mettait un peu plus de temps à parvenir de tes oreilles à ton cerveau, comme si t'avais bloqué sur sa déclaration pendant qu'il continuait de parler, et que maintenant à peine, une fois que tu compris ce qu'il venait de dire, ils enchaînaient avec la suite. Comme si t'avais appuyé sur le bouton pause. « Ok, ok... » Tu murmurais, comme une habitude inconsciente que tu avais prise lorsque les choses devenaient trop autour de toi, et qu'il fallait que tu fasses le ménage, que tu éclaircisses tout cela. Il venait d'avouer qu'il t'aimait, et il se disait même prêt à affronter quoi que soit qu'on vous mettrait sur votre chemin, tel le super-héros qu'il était. Re-dis nous encore pourquoi tu continuais à réfléchir et hésiter ? Tu déglutissais une nouvelle fois, comme pour tenter de dissiper l'inconfortable nœud qui bloquait ton œsophage, avant de frotter tes mains contre ton manteau, comme pour les sécher quelque peu à cause de la pluie, puis de lentement attraper les siennes, glacées. « Alors... J'aurais besoin de tes épaules, un petit moment. » Tu murmurais, lui faisant comprendre que t'étais pas encore aussi fort que lui mais que tu ferais des efforts, s'il acceptait que tu te reposes sur lui pour les premiers mètres à parcourir.

NEMHAM  
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Quel est le poids des mots ? Comment interpréter ceux que j’attends désespérément depuis une longue et éreintante semaine. Je ne me vois pas accepter une fin précoce, je suis beaucoup trop attaché à lui pour imaginer une telle chose se produire et pourtant je le garde en tête. Il ne s’agira pas de lui imposer un dilemme et de faire marche arrière s’il décide de trancher défavorablement, de préférer la sécurité accordée par son mariage et sa famille à l’insécurité qu’il sera obligé d’accepter le temps que le public se fasse à l’idée d’un Prince homosexuel et d’un gros plan com’ avec la Princesse de Suède. Il aura beaucoup de pain sur la planche pour se faire pardonner par l’opinion public, par sa propre famille mais j’ai envie de croire en la bonté de ces gens-là. Je serais là pour lui quoiqu’il arrive et qu’il puisse le remettre en cause me fait sortir de mes gonds un peu plus encore. Pourquoi doit-il toujours trouver les mots parfaits pour me blesser et m’énerver ? Serait-ce une preuve du manque de confiance flagrant qu’il a en moi ? Il ne semble pas comprendre l’importance de cette décision que je lui impose de prendre, pas de mon côté en tout cas puisqu’elle n’entrainera pas que des changements dans sa vie. Je l’ai compris dès les premières secondes, je suis prêt à me frotter à tout cela et j’ai conscience de la difficulté que cela représente. Nous allons en baver, la sécurité d’une relation secrète ne sera plus de mise et nous aurons à accepter d’être pris en photo, d’être victimes des paparazzis qui voudront probablement obtenir le plus beau cliché pour leur presse à scandale dégueulasse jusqu’à ce qu’ils finissent par se lasser… Jusqu’à ce qu’un couple princier homosexuel ne fasse plus suffisamment vendre et soit devenu normal. Il nous faudra traverser une mauvaise période le temps que les changements soient acceptés puis tout ira déjà beaucoup mieux, je me sens prêt, suffisamment solide pour accepter de me prêter à un protocole si cela me permet de vivre heureux aux côtés de cet homme que j’imagine de plus en plus au sommet de mon futur. Je t’aime les mots s’échappent sans même avoir pris le temps de me consulter et je me retrouve con, les yeux écarquillés par mon propre comportement, par mes propres confessions. Je ne l’ai jamais formulé ne serait-ce que dans ma tête et pourtant je n’ai jamais aussi rien dit de sincère, mon cœur a parlé, mon âme a parlé, je me suis exprimé comme jamais auparavant et je me sens immensément exposé à présent. Je viens de lui offrir l’arme dont il avait besoin pour me détruire, stupide, je le suis. Mes vêtements me collent à la peau et suivent le mouvement brutal de mes pulsations cardiaques, l’eau ne cesse de s’abattre sur nous deux. L’orage me semble être beaucoup plus virulent encore que tout à l’heure, il gronde avec ferveur mais je ne parviens pas à m’en inquiéter. Fasciné, je reste béat devant Nemo lorsqu’il approche pour m’attraper les mains, il prononce des mots qui mettent une dizaine de secondes à parvenir à mes oreilles. Les mots… Ils n’auront jamais la même résonnance que les actes mais je le prends déjà comme une victoire personnelle. Je devrais être heureux, sauter de joie, lui sauter au cou et pourtant ce n’est pas du tout la réaction que j’ai. J’explose en sanglots, la pression a besoin de s’évacuer avant d’exploser et je ne trouve pas d’autres moyens de la faire sortir. Je n’ai pas honte de pleurer, je suis un homme qui admet son humanité, qui est fier de se livrer tout entier à ses émotions alors qu’il ne l’a pas fait depuis qu’il est entré en prison. Les larmes coulent sur mon visage et se confondent à la pluie, idéal comme camouflage, difficile d’en faire autant avec mes émotions qui me guident et m’aident à briser le mur de glace hissé entre nous deux pour pouvoir le prendre dans mes bras et le serrer fort tandis que mes lèvres retrouvent les siennes. Il m’a tellement manqué, une éternité de chagrin semble être passée entre la dernière fois que je l’ai vu et aujourd’hui. « Je t’aime ! » Je ne peux m’empêcher de répéter contre ses lèvres, abasourdi, épuisé par ce soulagement pourtant si salvateur.
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Tu l'avais choisi lui, et tant pis pour le reste. Enfin, c'était l'état d'esprit que tu devras apprendre à adopter dorénavant, celle qui conviendra à ta décision et à tes mots. Tu savais que pendant un petit moment, tu ressentiras cette gène en toi, cette once de culpabilité que tu battras avant qu'elle ne te ronge. Celle qui apparaîtra lorsque tu repenseras à ta famille et aux responsabilités qu'engendrait le fait que tu en fasses parti, sachant qu'en tournant la roue de la vie, t'étais plutôt bien tombé avec eux et que là, c'était finalement comme si tu les poignardais dans le dos férocement. Ils avaient aussi toujours été assez juste et cool avec toi, t'avais passé ton enfance à voyager, à découvrir des pays, des cultures, des langues, et voilà comment tu leurs rendais cela. Et pourtant tu ne pouvais pas les laisser dicter ta vie sur ce tableau-là. Ce serait se pendre, se suicider, que de les laisser gâcher cette partie de ton être, et tu devais changer ça dès aujourd'hui si tu ne voulais pas te retrouver dans quelques années paumé, dépressif, et le cœur pleins de hargne envers toi-même et le monde. C'était pas ça que tu voulais. Tu voulais pouvoir vivre comme tu l'entendais, aimer qui tu le voulais, être lié avec quelqu'un dont tu avais envie – et qui te voudrait lui aussi. Pas être le dindon d'une farce arrangée.  Alors après ses sincères paroles, après son je t'aime inattendu et choquant, tu fis le premier pas qui t'aiderai à reprendre ta vie en main. Tu glissais tes doigts dans les siens, premier réel contact que vous aviez depuis que tu t'étais garé, et avec tes mots tu lui faisais comprendre que tu étais prêt à faire le grand plongeon, que tu rangeais les suspens et les secrets, et que tu affronterais tout ce qu'il vous tombera dessus si seulement il te soutiendrait, et pourra vous porter tous les deux au tout début, grâce au dos d'une carapace dont tu n'étais pas encore muni. Tes yeux étaient rivés sur son visage, tes cils collés entre eux avec la pluie, et c'est la que tu le voyais craquer. Pendant un instant tu ne savais pas comment réagir, à te demander s'il avait compris tes sous-entendus, si ton message avait été assez clair pour lui, puis enfin ses bras venaient s'entourer de ta taille, et les tiens comme par habitude enlaçaient son cou, alors que vos lèvres se touchaient enfin. C'était un long baisé, peut-être un peu désespéré, et t'essayais de lui faire passer tout ce que tu ne lui avais pas dit, et que pourtant tu ressentais. Tu lâchais un petit rire contre ses lèvres lorsqu'il répétait les trois petits mots magiques qui remplissait ton cœur de milliers de papillons, et tes doigts agrippaient sa nuque, comme si tu n'avais plus jamais envie de le lâcher. « Tu m'as manqué. » Tu répondais, tes yeux observant son visage de plus près, et tu n'étais pas encore prêt pour lui dire à ton tour les mots. Ce n'était pas que tu ne les ressentais pas au fond de toi, mais tu ne pensais pas que c'était le moment de ton côté, ni qu'il les recevrait très bien. Ce n'était finalement que des mots. Mais il méritait de les entendre lorsque tu lui auras vraiment prouvé par tes actes ces affirmations – et malgré ta décision, votre engueulade du début te montrait clairement que ce n'était pas aujourd'hui que tu avais prouvé quoi que ce soit. Tu souriais doucement, une main venant se glisser dans ses cheveux trempés. « On peut rentrer au chaud maintenant ? » Tu demandais, taquin.

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