(azmy) the music between us

Il s’était assit en tailleur, les mains toujours dans les poches. Elle déposa finalement ses yeux sur ceux de Tom et il avait l’impression de la regarder différemment, comme si tout avait changé entre temps. Il savait pas quoi dire, lui aussi. Une partie de lui avait regagné de l’énergie après le baiser, l’autre était tellement épuisée qu’il pouvait s’endormir, là, sur scène, un peu plus à gauche, assit le dos collé au mur. Elle le troublait et l’heure tardive l’empêchait encore plus de se concentrer. ”J’sais pas quoi dire non plus, Az. Je veux juste pas que tu penses que c’est ce que j’avais en tête en t'envoyant un message tout à l'heure, comme si je t’avais utilisé ou quelque chose, tu vois?” Il retira ses mains de ses poches, ne disant rien pendant un moment. ”Peut être qu’il y a rien à expliquer. On est pas obligés de comprendre, si?” Il ne voulait pas lui demander d’en parler plus tard parce qu’il savait que ça n’allait pas arriver, et maintenant que les choses étaient devenues encore plus compliqués il avait peur qu’ils soient trop mal à l’aise pour se revoir à nouveau. Ils devaient enlever le malaise. Maintenant.

Ouais, c'était pas tellement évident de trouver les mots dans ce genre de situation. Parce que vraiment, j'avais aucune idée de quoi lui dire. Peut être que y avait juste pas de mot en fait. Parce que merde, j'étais juste pas capable de me contrôler quand il était trop près et.. Point. C'était tout ce qu'il y avait dire en fait. ”J’sais pas quoi dire non plus, Az. Je veux juste pas que tu penses que c’est ce que j’avais en tête en t'envoyant un message tout à l'heure, comme si je t’avais utilisé ou quelque chose, tu vois?” Je le regardais quelques secondes sans broncher. A vrai dire, j'avais jamais pensé ça. En fait, ça m'avait même pas traversé l'esprit. J'savais bien qu'il avait pas d'arrière pensées, que c'était juste pour la musique et rien de plus. C'était pas sa faute si les choses finissaient par prendre cette tournure au final et je ne pouvais pas le lui reprocher. ”Peut être qu’il y a rien à expliquer. On est pas obligés de comprendre, si?” Ouais. J'en savais rien moi. J'savais pas quoi lui dire sur tout ça et j'avais pas les réponses si c'était ce qu'il attendait de moi. J'sais pas Tommy. On est censé faire quoi ? J'rentre chez moi et on fait comme si de rien était jusqu'à la prochaine fois ? J'quittais finalement ma place préférant me dégourdir les jambes que rester assise comme une conne là. On laisse juste faire les choses et.. On verra ?

Clairement, aucun d’entre eux ne trouvaient les mots et plus le temps passait plus c’était étrange, le malaise ne semblant pas vouloir s’en aller. Elle se leva et il se décala vers la gauche histoire d’avoir le dos contre le mur. Il la regardait marcher sur scène pendant quelques secondes. C’était une mauvaise idée; de laisser tomber et de faire comme si de rien n’était. Mais il savait qu’ils allaient sûrement faire ça. C’était plus facile d’ignorer la réalité. Il se sentit un peu bête d’avoir pensé que ce soir était différent. Il bascula la tête en arrière pour la coller contre le mur froid avant de fermer les yeux, épuisé. ”Ça va être dur d’oublier ça”, et par ça il voulait dire le baiser. Par “faire comme si de rien était”, elle entendait aussi un peu d’oublier ce qui s’était passé. Ça il ne pouvait pas vraiment le faire. Il ouvrit les yeux et lui offrit un sourire doux, léger, perdu. ”On a pas vraiment le choix, pas vrai?” Il ne savait même pas comment il allait faire pour retourner chez lui dans cet état, ça avait été une longue longue journée.

On verra. C'était un peu la philosophie qu'on employait depuis le premier dérapage et pourtant, y avait pas eu vraiment d'évolution à vrai dire. C'était toujours la même rengaine et au fond je savais que cette proposition était la plus nulle de tout les temps. Peut être même qu'on allait tout simplement arrêter de se donner des rendez vous parce qu'on ne savait plus comment agir l'un avec l'autre. ”Ça va être dur d’oublier ça” M'en parle pas. J'poussais un soupir torturant une nouvelle fois mes cheveux comme à chaque fois que j'angoissais. Mais bordel, qu'est ce que j'étais censée faire hein ? C'était pas non plus comme si j'avais un mode d'emploi pour m'expliquer toutes les démarches à suivre. ”On a pas vraiment le choix, pas vrai?” En fait, le choix, on l'avait. On était peut être juste trouillard pour faire quoi que ce soit. Poussant un nouveau soupir, j'venais finalement m'asseoir à côté de lui attrapant sa main avant d'plonger mon regard dans le sien. Si tu veux pas oublier, dis moi ce qu'on fait alors. Ouais. Trouve une solution. Dis ce que tu veux dire. Parce que moi, j'savais juste pas quoi ajouter sur tout ça.

Tom, il ne savait pas ce qu’il allait se passer s'ils arrêtaient de se voir. Si Az avait pas été là ce soir il serait sûrement rentré chez lui pour chercher un truc dans lequel taper, un coussin, un truc, n’importe quoi. Il n'était pas vraiment violent comme gars mais il avait du mal à contrôler sa colère. Maintenant, il ne sentait plus la rage. C’était comme si elle l’avait calmé rien que par sa présence. Il ne savait pas s'il était d’accord de ne plus la revoir à cause de ce qui s’était passé. Après tout, c’était lui qui avait fait le premier pas ce soir. C’était lui qui devait se sentir le plus coupable. Pourtant, il n’était pas sûr que c’était de la culpabilité qu’il ressentait. Elle s’approcha pour s’asseoir à ses côtés et quelque chose en lui criait danger. Lorsqu’elle lui attrapa la main il tourna la tête vers elle, le crâne toujours collé au mur. ”J’sais pas quoi faire, Az”, il lui chuchota, se rapprochant inconsciemment d’elle. Il ne pouvait pas décider pour eux deux. Le soleil allait bientôt se lever et ils ne pouvaient pas prendre de bonnes décisions dans cet état. ”J’crois qu’on est juste tous les deux très fatigués”, fatigués à cause du sommeil, fatigués à cause de la tension qui existait entre eux. Il plongea son regard dans le sien à son tour, le genre de regard qui crie reste, reste à côté de moi, on s’en fout, on qu’à dormir ici, mais si tu pars on risque de plus s’revoir et j’veux pas ça.

Et comme juste avant, j'étais pas vraiment sûre qu'il y ait quelque chose à dire sur tout ça. Parce que parfois, les mots ça suffisait vraiment pas à éclaircir une situation. Parfois, il fallait beaucoup plus que ça. Et.. J'savais vraiment pas comment les choses avaient pu devenir comme ça avec Tommy. Peut être que c'était juste arrivé et qu'on ne pouvait rien y faire mais au fond, j'avais pas envie de ça. J'avais pas envie de perdre mon lien avec lui parce que bordel, j'y tenais quoi. ”J’sais pas quoi faire, Az” Et il disait ça en s'approchant peut être un peu trop. Sauf que moi, je reculais pas. Peut être qu'au fond, je l'aimais un peu trop cette proximité avec lui. Ouais, c'était probablement ça. ”J’crois qu’on est juste tous les deux très fatigués” Et ça, c'était pour s'trouver un échappatoire. Parce que non, y avait pas que la fatigue en jeu. C'était pas la fatigue à chaque fois. Sauf que.. J'savais plus quoi répondre, quoi dire sur ça et je préférais accepter cette sortie de secours plutôt que lancer un énième froid. Et j'me perdais dans son regard finissant par murmurer Alors tu m'en voudras pas si la fatigue m'fais faire ça et je m'approchais un peu plus laissant mon visage à quelques millimètre du sien. Juste assez de temps pour m'imprégner de son souffle avant de l'embrasser à nouveau. Juste une nouvelle fois. Parce que j'en mourrais d'envie depuis la première fois.

Il n'était pas vraiment du genre à se contrôler, à s’asseoir de l’autre côté ou à s’empêcher de l’embrasser quand il en avait envie. Ça lui ressemblait pas vraiment de réfléchir à ce qu’il allait faire mais il était prêt à le faire si ça voulait dire qu’il protégeait leur amitié. Il n'avait jamais imaginé que les choses puissent devenir comme ça avec Azraël et il ne savait pas comment ils en étaient arrivés là. Elle s’approcha encore plus et il savait exactement ce qu’il allait se passer et cette fois il n’allait pas l’arrêter. Elle l'embrassa et les mains de Tom s’étaient posées sur ses cheveux et puis elles avaient glissé sur sa nuque, les deux pouces caressant ses joues. Il l’avait embrassé plus longtemps aussi, ne voulant pas que ce moment se finisse. Et puis ils s’étaient arrêtés, les fronts brûlants collés l’un à l’autre. Il n’avait rien dit. Il n’avait rien à dire. Et puis il leva la tête pendant que celle de la jeune femme glissa sur son torse. Il savait qu’elle pouvait sentir son coeur battre vite dans cette position mais il s’en foutait. Sa peau était électrique sur la sienne. Non, ce n’était pas de la fatigue. Ce n’était définitivement pas la fatigue qui lui avait fait faire ça.

Est ce que c'était mal ? Est ce qu'on allait vraiment arriver à un point de non retour ou quelque chose comme ça ? Peut être bien. En fait, j'en savais rien. C'était ça le problème de la situation. Je ne savais pas et je n'avais aucune idée de comment gérer les choses. J'avais ce gros problème qui faisait que j'aimais avoir le contrôle sur tout et là, je ne l'avais définitivement pas. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'approcher, j'avais pas pu éviter le fait de l'embrasser encore et non, j'avais définitivement aucun contrôle sur tout ça. C'était frustrant, ça m'énervait. Mais je ne pouvais rien faire contre ça. Et de toute façon, il en avait autant envie que moi, j'en étais certaine. Ses mains dans mes cheveux, puis ma nuque, puis mes joues, toutes les actions qu'il pouvait faire le prouvait bien assez. Et puis le moment s'finissait, ma tête glissait contre son torse et je restais juste là, le coeur battant. Et maintenant quoi ? Est ce qu'on reprenait chacun le cours de notre vie ou.. Ou quoi au juste ? Parce que vraiment, j'avais l'impression d'être paumée, de ne pas savoir quoi faire et je détestais ça. Je détestais me sentir impuissante et plutôt que dire le truc qui pourrait tout faire déraper, je restais juste contre lui, les yeux mi-clos, m'habituant aux battements de son coeur contre ma tempe. Ouais, c'était bien aussi comme ça.

Tommy voulait dire quelque chose, n’importe quoi mais il ne trouvait pas les mots. Il ne savait pas quoi en penser non plus. C’était Az. Et lui. Elle avait la tête sur son torse et il ne voulait pas qu’elle s’en aille alors il avait choisi le silence, le son de son coeur et du souffle d’Azraël bourdonnait dans ses oreilles. Il était fatigué. Fatigué et perdu. Il ne l’avait pas senti, les sons se dissiper, les images s’atténuer, les yeux se fermer. Il n’avait pas rêvé, il n’avait vu que l’obscurité l’entourer, l’accompagner. Il ne savait pas combien de temps il avait dormi. Une heure ou trois, il n’était pas sûr. Il avait senti quelque chose heurter sa jambe. Il avait ouvert les yeux. Il faisait jour, Az était blotti contre lui, il avait les bras autour d’elle et elle dormait encore. Devant lui un agent d’entretien du Sanders Theatre tambouriner contre sa jambe avec une manche à balai avant de remarquer que Tom était réveillé et de passer à Azraël. ”Je ne veux pas savoir ce que vous faites ici, mais vous ferez mieux de déguerpir avant que j’appelle la sécurité. La troupe de théâtre arrive dans dix minutes pour les répétitions”. Réalisant tout juste qu’il venait de passer la nuit sur scène avec Az, Tom tourna la tête vers la jeune femme.

En quelque sorte, c'était apaisant. Ouais, c'était apaisant même s'il n y avait toujours pas eu la conversation qu'on devait avoir. Tant pis, une autre. Comme toujours. J'savais pas quoi dire, ça servait à rien de prolonger le malaise. Ni lui ni moi n'étions capable de dire quoi que ce soit de toute façon. Et j'restais collé contre lui, bercé par les battements de son coeur et son souffle sur mes cheveux. Ouais, c'était bien comme ça. Assez bien pour que je m'endorme en tout cas. Du moins, j'avais probablement dormi jusqu'à sentir quelque chose contre moi. Une fois, deux fois, trois fois. Puis une voix. J'râlais à moitié endormi finissant par cligner des yeux à plusieurs reprise remarquant un mec de l'entretien balai à la main. Wait, il venait de me taper avec un balai ? Me libérant de l'étreinte de Tom, j'posais une main au sol pour m'en servir d'appui et me redresser. Connard que je chantonnais à l'attention de monsieur propre. Non mais m'donner des coups de balai, on aura tout vu. Et puis je regardais Tommy une nouvelle fois ma main pour l'inciter à s'lever. Et une fois, j'prenais la direction de la sortie sans vraiment faire attention au reste jusqu'à m'arrêter subitement le stoppant dans sa course. Tu sais, faudra vraiment qu'on parle un jour. De ça, de nous, de tout quoi.