(fb) mais qu'est-ce que tu fous là ? (agathe)

Une bonne nuit de sommeil. J'avais récupéré mes heures de sommeil perdus après avoir enchaîné plusieurs fêtes pendant plusieurs jours. Il fallait absolument que je dorme, car il ne fallait pas que je continue de rater des cours, je n'avais pas envie de redoubler mon année. J'ouvrais doucement les yeux, me réveillant et je me levais pour aller vers la cuisine. J'avais faim et soif. J'allais vers la cuisine, où j'ouvrais le frigo pour me prendre un verre de jus d'orange. J'entendais du bruit derrière moi, mais c'était pas normal, Maxine devrait être au boulot à cet heure-là. Je me retournais et.. Oh. Mon. Dieu. « Agathe ? » demandais-je surpris et perplexe. Ca pouvait pas être elle, elle pouvait pas être là, elle pouvait pas être revenue. C'était juste une putain de blague. « Mais t'es revenue quand ? Qu'est-ce que tu fais ici ? C'est quoi cette blague putain ! » m'exclamais-je en posant le verre sur la table, passant mes mains dans mes cheveux. Je ne savais même pas quoi dire de plus, c'était juste pas possible cette situation. Maxine aurait au moins pu me prévenir, j'allais la tuer elle aussi en passant quand elle rentrerait de son boulot.

À la base je ne voulais pas. C'était adorable de la part de ma soeur de me proposer son hospitalité pour la nuit mais mon orgueil m'interdisait d'accepter. Ce n'est pas parce que nous avions passé une soirée entière à essayer de recoller un peu les morceaux qu'en en clin d'oeil toutes les années passées s'étaient effacées. Mais vous connaissez Maxine, toujours très perspicace et têtue quand elle veut quelque chose. Puis soyons réalistes, j'étais débarquée à Cambridge hier soir, j'avais pas de boulot et j'avais refusé l'argent de mes parents alors l'hôtel c'était impossible. J'avais donc fini par accepter de passer la nuit ici mais une seule et même celle-là était de trop, je l'eu compris très vite en sortant de la chambre pour me faire un café. Bien sur ma chère jumelle adorée avait pris soin de ne pas me mentionner qui était son colocataire. Quand j'entendis mon propre nom sortir de sa bouche je figeai net, moi qui croyais pouvoir l'éviter le plus longtemps possible... « T'es pas content de me voir 'Dri ? » Que je répondis simplement pour cacher le malaise qui avait pris place dans la pièce. Mais ça sonnait tellement faux de l'appeler par son surnom que je lui avais affectueusement donné quand nous étions encore si proche... Aujourd'hui je ne savais même plus ce que nous étions ou n'étions plus. « Je suis revenue tout juste hier soir, je dois terminer mes études. Mais je ne vais pas rester ici t'inquiètes pas faut juste que j'emballe mes affaires. » Je tournai les talons comme pour retourner dans la chambre et faire comme si nous ne venions pas de nous croiser. Seulement j'arrivais pas à avancer, comme si je savais que ça ne pouvais pas être aussi simple. J'avais quand même dormi avec son chandail sur le dos sans le savoir quoi.

Tout pouvait arriver dans la vie et ce qu'il se passait ce matin me le prouvait bien. Mais j'étais pas prêt. J'étais pas prêt à la revoir, j'étais pas prêt à lui reparler, j'étais juste pas prêt pour tout ça. J'aurais voulu être au courant qu'Agathe était revenue et dans ce cas, j'aurais pu me préparer mentalement et je me retrouverais beaucoup moins con que maintenant. J'aurais su quoi lui dire, car j'y aurais réfléchis. « Je ne sais pas si je suis heureux de te voir. » disais-je simplement. J'avais toujours été franc, elle le savait très bien. Et même si c'était certainement pas la plus gentille des phrases à lui dire, c'était la première chose qui était sortie, je n'y pouvais rien. Elle était donc revenue hier. C'était sûrement pour cela que Maxine n'avait pas pu me prévenir, étant donné que j'étais en soirée et que j'étais rentré dans la nuit. « Et, tu vas aller où ? » demandais-je, curieux. Je n'y pouvais rien, j'étais curieux et je voulais savoir quand même ce qu'elle allait faire. « C'est aussi l'appartement de Maxine et si elle veut t'héberger le temps que tu trouves où aller, alors ça ne me dérange pas. » rajoutais-je en haussant les épaules.

 Ce qui me faisait le plus chier dans tout ça c'est qu'il n'aurait même pas eu à le dire, je le savais déjà rien qu'à voir l'expression dans son visage. Putain ce que j'aurais aimer que cette connexion se soit dissipé avec le temps, ça aurait peut-être été moins dur de me retrouver dans la même pièce que lui. Ou si on avait pu se préparer à ça au moins mais ce n'était pas le cas. Je n'avais pas l'intention de rester ici bien longtemps de toute façon, j'allais trouver un moyen, un endroit où dormir la nuit prochaine, n'importe quoi pour ne pas faire durer ce truc. « J'en sais rien mais je vais trouver. » Je finissais toujours par m'arranger de toute manière, malgré mes nombreux défauts on me savait débrouillarde. Je ne dis pas que ça allait être un bon plan tout net, peut-être que j'aurais à user de moyens peu orthodoxes, mais j'allais trouver. N'empêche que j'aimais encore le voir se soucier de moi. « C'est gentil... Mais je ne me vois pas rester là. Ce serait juste... bizarre. Et je sais que tu le penses aussi. » De savoir que je n'aurais qu'à faire quelque pas entre deux pièces pour aussitôt me retrouver dans ton lit, blottit dans tes bras chauds comme avant, c'était trop me demander. Derrière ma carapace j'étais une petite femme fragile et ça n'avait rien de bon, ni pour lui, ni pour moi.

Je n'aurais pas dû lui dire ça. Ce n'était pas obligatoire, puis ça se voyait déjà à ma réaction que je n'étais pas l'homme le plus heureux de la planète. Mais ce n'était pas ma faute, j'avais dû mal, je savais juste pas comment réagir. C'était beaucoup trop étrange. Mais j'essayais de reprendre le contrôle et d'être un peu plus gentil. J'essayais de me rattraper, en clair. « Je ne vais certainement pas te contredire sur cela, c'est clair que ce serait bizarre. Je veux juste pas que tu te retrouves à la rue. » disais-je en haussant les épaules. J'attrapais le jus d'orange et je me remplissais un verre, car c'était quand même pour cela que j'étais dans la cuisine de base, mais j'avais perdu tout mes moyens en la voyant. Et autant dire que je ne perdais jamais mes moyens en temps normal, ce qui prouvait que la situation était étrange. « Du coup, tu vas rester à Harvard longtemps ? » demandais-je en relevant les yeux vers elle. J'étais curieux de savoir si elle comptait encore partir ou si cette fois, elle n'allait pas avoir le choix que de rester ici. Et au fond, je ne savais pas vraiment si je voulais qu'elle reste ou non.

Si dans un premier temps j’étais venu dans la cuisine pour me faire un café, maintenant je n’en avais plus besoin ; j’étais parfaitement réveiller. Pourquoi donc avais-je encore l’impression de rêver ? Adriel et moi nous étions quittés si brutalement qu’il me paraissait improbable qu’il m’adresse encore la parole en cet instant. Je ne le méritais, ni lui, ni sa gentillesse dont il faisait preuve une fois de plus. « Je ne serai pas à la rue, t’en fais pas. » Je souris légèrement, puis me tais pour l’observer de haut en bas. Il n’avait rien de changer comme si nous nous étions quittés hier seulement. À la seule différence que je n’étais plus certaine de pouvoir le considérer comme un ami, mon meilleur ami même. Il n’y a qu’à moi que je ne pouvais en vouloir pour cela. Je tant ensuite le doigt en direction du jus d’orange qu’il venait de se verser comme pour demander si je pouvais en avoir un aussi. J’avais besoin d’un petit remontant et à défaut d’alcool dans la pièce je pourrais au moins me contenter de jus. « Aussi longtemps que ça me prendra pour avoir ce fameux diplôme je crois bien. » C’est pas comme si j’avais tellement le choix de toute façon car si j’abandonnais je me retrouvais direct en tôle. Le suivi policier était beaucoup plus stricte que vous ne pouvez vous l’imaginer. Seulement j’omettais volontairement cette information pour ne pas l’inquiéter à mon sujet, il n’avait pas besoin de ça aujourd’hui. « Je… Tu… Ça va toi ? » Il y avait tellement de mots, de phrases qui se bousculaient dans ma tête et que j’aurais voulu lui dire. Je ne savais même pas par où commencer. Je ne savais plus ce qui était acceptable ou non de lui dire. Putain ce que j’étais nulle pour les relations sociales.

Putain, ce que je pouvais détester me retrouver dans ce genre de situations. Des situations complexes, où on ne sait pas comment réagir, où on ne sait pas si on doit être heureux ou non, où on ne sait pas si on doit être gentils ou si on doit être un connard. J'étais pas préparé à la revoir, en fait. Mais maintenant, c'était trop tard, voilà. Elle était là et je devais faire avec, que je le veuille ou non. « D'accord, c'est le principal. » répondais-je simplement. En même temps, si je laissais la jumelle de Maxine à la rue juste car notre relation est compliquée, elle risquait de me tuer, sans aucun doute même. J'essayais de trouver des sujets de conversations, car je n'aimais pas les silences, surtout entre nous deux. Je préférais parler, même si c'était pour dire de la merde, ce n'était pas grave. « J'espère pour toi que tu arriveras à avoir ton diplôme alors. » disais-je avec un petit sourire. En même temps, je ne lui souhaitais que le meilleur, c'était le principal. Qu'elle soit heureuse, qu'elle soit bien, enfin, les trucs normaux quoi, rien d'extraordinaire. Je n'oubliais pas notre amitié, je n'oubliais pas que l'on été meilleurs amis. Rien ne pourrait changer cela, malgré tout. « Et bien écoute, ça va. Je vis ma petite vie, la routine, il ne se passe rien d'exceptionnel dans ma vie en ce moment. » répondais-je en haussant les épaules. C'était totalement vrai, il ne se passait rien, le calme plat. « Et toi, tout va bien pour toi ? » demandais-je en relevant les yeux vers elle.

Tôt ou tard, ce serait cool que l'un de ses intellectuels pense à écrire une marche à suivre pour pouvoir affronter ce genre de rencontre improbable sans passer pour la pire des connes. Je n'avais pas cessé de penser à lui pendant une seule seconde pendant la dernière année, chaque jour j'avais envie de sauter dans un taxi pour le retrouver. Mais je ne le faisais pas je préférais snifer à la place. c'était plus facile, dans mes cordes. Même si aujourd'hui je lui faisais part de mes intentions ça ne servait plus à rien d'autre que de rendre les choses entre nous encore plus bizarres qu'elles ne l'étaient déjà. « J'en ai la ferme intention cette fois, oui. » J'ai plus envie de foutre en l'air toute ma vie maintenant pour des conneries, je suis capable autant que tous ces étudiants d'obtenir mon diplôme. Il ne suffit que d'un peu de volonté finalement. J'avais aussi envie de savoir ce qu'il devait lui, j'avais l'impression d'avoir face à moi un inconnu. Il devait avoir vécu tellement de choses sans moi, alors que j'aurais dû être là pour le soutenir dans tout ça. « C'est bien non ? Je préfère que ta vie soit calme plutôt que d'apprendre que tu as un cancer. » Car s'il t'arrivait quoi que ce soit je ne pourrais jamais m'en remettre. Notre amitié avait été la chose la plus sincère de toute ma vie et j'avais presque peur d'avoir autant d'attachement envers une seule personne. « Moi ça va, mieux maintenant en tout cas. Je retrouve la bonne voie. » Parce que je présume que Maxine a du te mettre au courant des innombrables conneries que j'avais pu faire et qui l'avait blessée elle aussi. « Si je te dis que je suis désolée, est-ce que tu me crois Adriel ? »

Je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas comment me comporter. On dirait un peu un ado de 15 ans devant la bombe de son lycée sans savoir quoi lui dire. Vous voyez l'image ? C'était un peu ça, ouais. Je souriais alors qu'elle me disait qu'elle avait la ferme intention d'avoir son diplôme. Tant mieux, je l'espérais vraiment pour elle. Ce serait vraiment bien qu'elle arrive à l'avoir. Puis elle me demandait si ça allait et je n'avais pas pu empêcher de rire légèrement après ses paroles. « Effectivement, je préfère aussi dans ce cas. Mais je préférerais qu'elle soit un peu plus animée quand même. Enfin, maintenant, t'es revenue... » disais-je en haussant les épaules. Déjà, ça bouleversait un peu ma vie. C'était ma meilleure amie, la fille la plus importante de ma vie et là, on dirait juste deux putains d'inconnus. « Je suis content si tu vas mieux. » disais-je en fixant le sol. Noooon, j'étais pas du tout mal à l'aise, juste légèrement. Pourquoi tout n'était pas toujours simple ? Mais en plus, comme c'était pas déjà assez compliqué et gênant, Agathe venait de s'excuser. « Ca dépend, t'es désolée de quoi ? D'être partie du jour au lendemain ? D'avoir gâché notre amitié avec ce baiser ? Ou peut-être même de m'avoir embrassé car c'était la dernière chose que tu voulais faire ? » demandais-je en relevant les yeux vers elle. Okay, je voulais pas être aussi sec mais je devais avouer que c'était sortie tout seul..

On aurait quasiment pu croire que ça revenait bien, lui et moi. Qu'on retrouvait notre complicité tous les deux. Certes ce n'était pas comment avant alors que nous étions les meilleurs amis du monde, mais au moins nous arrivions à discuter comme des adultes. À échanger quelques légers rires, à s'informer de la vie de l'un et de l'autre : des banalités quoi. Jusqu'à ce qu'une fois de plus je vienne tout gâcher en voulant m'ouvrir un peu à lui. C'était trop tôt j'aurais bien dû le sentir seulement je n'avais jamais pu lui mentir et je n'avais pas envie de commencer maintenant. Si un jour, peut-être, nous voulions avoir une chance de rebâtir quelque relation que ce soit il fallait au moins qu'il sache que j'étais désolée. Mais il ne réagit pas exactement comme j'avais envie qu'il réagisse. Pouvais-je lui en vouloir ? Je restai bouche-bée face à ces paroles et principalement les dernières. Je ne pouvais pas croire qu'il puisse croire un seul de ces mots. « Laisse tomber j'aurais rien dû dire. Je vais prendre mes trucs et je m'en vais. » Je tournai les talons pour me diriger vers la chambre afin d'attraper le seul sac qui s'y trouvais et quitter cet appartement. Je ne pouvais simplement pas répondre à ça, lui dire que j'avais rêver de l'embrasser depuis le premier jour où je l'avais vu, que je tenais à lui bien au delà de l'amitié et que c'était juste impossible de l'avoir dans ma vie sans penser à tout ça à chaque seconde. Au fond ça servait à quoi qu'il sache ? Il était dans ma famille maintenant, le coloc de ma jumelle et moi l'ex de son meilleur ami.