Une glace au yaourt : Abby

Noah venait de récupérer Abby en bas de chez elle, et se garait prés du glacier où ils souhaitaient aller prendre une collation. Tout deux descendirent de la voiture, il passa son bras autour de son coup affectueusement et entra avec elle dans le restaurant. Il commanda deux glaces au yaourt, laissa Abby choisir son goût, régla l’addition, et alla avec elle s’installa en terrasse. Il la laissa s’asseoir, et se mit face à elle, posant ses lunettes de soleil sur la table et commençant par leur servir à chacun un verre d’eau : « Alors, comment ça se fait que t’ai autant d’animaux maintenant ? »

Noah ne prêtait même plus attention aux gardes qui les suivaient et qui étaient là pour assurer la protection de sa cousine. S’il se concentrait dessus, il allait se sentir mal, alors il préférait faire comme si de rien n’était de manière à ne pas se pourrir la vie et continuer de profiter tranquillement de la vie.

Lorsque sa cousine lui énuméra la quantité d’animaux qu’elle et son petit ami avaient, il fit les gros yeux, c’était tout bonnement hallucinant ! Lui qui détestait les animaux. Enfin, pas détester, c’est juste qu’ils étaient incontrôlables, et comme il était maniaque, c’était presque impossible de le faire s’installer dans la même pièce que des animaux, surtout des chiens. Encore les chats étaient supportables parce qu’ils avaient le même caractère que lui : distant, fier, et solitaire. Il éclata de rire en ajoutant : « Mais vous êtes sérieux ? Vous projetez d’ouvrir un cirque ou comment ça se passe ? »

Noah fut très surpris par les déclarations d’Abby. Décidément, elle n’avait pas réellement changé, elle avait toujours été un peu candide, fille adorée, à vivre de ses rêves, la tête un peu dans les nuages. Il ne put cependant s’empêcher de froncer les sourcils en la regardant, quel drôle d’idée : « Tu es sûre de ton choix ? Je veux dire … c’est si soudain. Je veux bien qu’on aime les animaux, mais en faire ton métier … tu es sûre que c’est ce que tu veux ? Tu repars pour au moins sept ans d’étude, et puis ce n’est pas un travail facile. Tu ne fais pas que soigner les animaux, parfois, t’es obligé de te résigner, de les voir mourir, voir de les piquer toi-même ». Il savait qu’il était dur sur le moment avec elle, mais c’était une manière pour lui de la préparer à ce qui allait se passer, et surtout de voir s’il s’agissait d’une réelle ambition ou d’une simple nouvelle lubie : « C’est mignon, vous formez un vrai petit couple. Mais dis lui bien de faire attention, je ne voudrais pas que ma petite cousine tombe enceinte trop vite », il lui lança un regard de défiance protecteur sur le ton de la plaisanterie, en jouant un peu les machos, grand frère protecteur.

Noah sentait en Abby toute l’essence de l’enfant rebelle qui avait grandit dans un monde doré. C’était réellement une princesse, pas au sens péjoratif du terme, mais une princesse tout court : elle pouvait se permettre d’avoir ce genre d’idées farfelues comme de changer de filière et devenir vétérinaire, parce qu’elle avait raison. Tout ce qu’elle faisait dans la vie n’était que pour le plaisir tant elle avait de l’argent et de quoi assurer son avenir pour toujours : « Ne me crie pas dessus, je ne défens aucune position, je veux juste que tu sois sûre de ce que tu fais. T’as l’air de l’être alors, tu as ma bénédiction. Mais je trouve ça dommage qu’on devienne comme nos parents à toujours se réfugier derrière l’argent ». Il baissa légèrement les yeux un peu mélancolique avant de regarder Abby de nouveau : « Je passe mon temps à dire «j’ai assez d’argent pour faire ce que je veux », comme si mon père m’avait scotché ces mots là à la bouche. Mais sérieux Abby tu sais ce qui me rendrait fier ? », il se pencha légèrement vers elle pour lui parler comme d’une confession : « C’est qu’on arrête de dire ça, qu’on envoie tout valser, et qu’on fasse ce qui nous plait, et qu’on gagne notre vie comme des gens … normaux ». Il se redresse en haussant les épaules : « Mais tu vois, tu me prouve une fois de plus qu’on est pas courageux du tout. Tu te permets de changer de filière en cours de route, parce que tu n’as pas à travailler pour gagner ta vie. Et moi je trouve ça dommage de réfléchir comme ça. Si tu le fais, au moins fais le en te disant « je vais devenir vétérinaire, gagner ma vie et ne plus jamais utiliser l’argent de ma famille », tu vois ? ».

Noah fut soulagé en entendant sa réponse à la question sur Eden et éclata de rire même quelque peu : « Abby avec des enfants, ce serait magiiiiiiique ». Il reprit un ton un peu plus sérieux, voulant vite passer à autre chose, lorsqu’elle fit référence à son oncle et à la situation particulière dans laquelle elle se trouvait.

Noah écoutait sa cousine parler et sentant son ton ferme, parfois légèrement agressif, il décida de détendre l’atmosphère et lui lança sur le ton de la plaisanterie : « Ow … tu es sûre que tu n’es pas enceinte, je ne t’ai jamais vu aussi remontée ! », en riant légèrement, amusé par la situation. « Mais tu as raison de faire ce qui te plait, je ne te dirais jamais l’inverse évidemment. Alors si tu es sûre de toi, je te soutiens à fond, vraiment ». Il mangea quelques bouchées de glace avant d’ajouter, la bouche pleine, en remuant sa cuillère dans la direction d’Abby : « En revanche, il va falloir que je m’habitue à toutes ces bêtes si je veux revenir chez toi un jour ». Il avala ce qu’il avait dans la bouche avant d’ajouter : « D’ailleurs, quand est-ce que tu me le présente cet Eden ? J’aimerais bien lui faire mon numéro de grand frère, du genre (il prit une voix de mafioso italien en sur jouant le rôle) « Maintenant que tu es de la famille, prends bien soin de la petite. Ou tu auras à faire à moi » ».