Si tu crois un jour qu'je t'laisserai tomber.. (Maëlyatt)

Elle pensait que je ne l’avais pas vu. Sans doute, mais là, au milieu de mes potes, elle m’était apparue. M’avait-elle vue ? Aucune idée. De toute manière, elle avait l’air bien trop occupé. Un mec n’arrêtait pas de lui payer des verres et ça depuis qu’elle était arrivée. Pour une raison plus que connue, cela m’agaçait. La voir se trémousser devant un parfait inconnu me rendait dingue. Après plusieurs verres, je m’étais décidé à aller trouver Maëlys. Posant mes yeux bleus à l’endroit où elle s’était tenu, je fus surpris de ne plus la trouver. Du regard, je la cherchais dans la foule. Très vite, je découvrais sa silhouette quitter le bar en compagnie de ce con. La retenir ? Qui j’étais pour faire ça ? D’ailleurs, elle ne voulait même plus me parler. Détournant mes yeux, je prenais une énième gorgée de ma bière, avant de finir par me renfrogner. « Oh et puis merde » marmonnais-je. Mon esprit n’était pas tranquille. Traversant la foule, je poussais la porte du bar. Devant, il n’y avait aucune trace d’elle. Me passant une main dans les cheveux, je soupirais. Me dire qu’elle allait s’envoyer en l’air avec un autre me rendait dingue. Le pire, ce n’était pas de le savoir, mais de le voir de ses propres yeux. Dépité, je m’apprêtais à rejoindre mes amis, lorsque je fus attiré par une voix qui m’était familière. Comme une piqure d’adrénaline, je remontais jusqu’à cette voix. Cette ordure s’apprêtait à donner un coup à Maëlys. Rapidement, je venais me mettre en travers de son chemin. Laissant parler ma colère et ma frustration, je lui mettais un poing. Le faisant fléchir au sol, je l’assenais d’un coup bien placé. « Viens ! » Attrapant sa main, je tirais la jeune femme loin de cette ruelle. Je m’arrêtais uniquement à ma voiture. La plaçant face à moi contre une portière, je finissais par exploser. « Putain, mais t’es con ! Qu’est-ce qui te prend de suivre ce type ! Tu ne le connais même pas ! » Inspirant un grand coup, je finissais par reprendre d’un ton tout aussi sec. « Monte dans la voiture. Je te ramène et pas la peine de discuter. »

Sans un mot de plus, elle accédait à mes ordres en entrant à l’intérieur de la voiture. De mon côté, j’ouvrais la portière pour m’installer sur le siège conducteur. Sortant les miraculeuses clés de ma poche, j’insérais la clé pour démarrer le moteur. Soupirante, Maëlys me demandait si je lui en voulais. Inspirant un coup –non sans cacher mon exaspération-, je commençais à conduire. Pour commencer, je sortais du parking. J’avais bu quatre bières. Prendre le volant n’était donc pas prudent, mais peu importe. Je pouvais bien me faire contrôler et alors ? Je pouvais parfaitement conduire. Ce n’était pas des bières fortes que j’avais prises. Néanmoins, ce n’était pas correct. « Je leur enverrais un sms en arrivant. » Serrant le volant plus fort que la normal, je m’engageais sur la route. Direction mon appartement. Inutile de m’arrêter au campus, les résidences étudiantes étaient truffées de flics. Le contrôle de l’alcool voyez-vous. De cette manière, ils pouvaient dépouillés les petits gosses de riches ou à l’inverse, ceux qui galère. « En fait, je comprends pas. Ça te plait de te faire sauter par des inconnus ? » lui demandais-je froidement en tournant mon visage vers elle. « Oh puis, laisse tomber. Tu fais c’que tu veux. » Qu’est-ce que ça m’agaçait putain ! Elle n’était pas avec moi. Par conséquent, je n’avais pas mon mot à dire. « J’sais pas si tu te rend compte que ça aurait pu mal finir pour toi. » Savait-elle que sans mon intervention, elle aurait pu se faire agresser sexuellement ? En avait-elle seulement l’idée ou était-elle bien trop ivre pour s’en rendre compte ? Aux alentours du bar, il n’y avait que des gens saoulent ou trop centré sur eux-mêmes et leur fatigue pour s’intéresser à une fille camouflé par un mec dix fois plus grand qu’elle.

Elle n’avait pas tort sur ce point. Cela ne me regardait pas. Dans cette histoire, je n’avais pas mon mot à dire. Depuis que je m’étais remis avec Torrey, nous avions mis les choses aux claires. On devait s’éloigner et éviter d’être trop intime. Seulement, je ne pouvais pas m’empêcher d’éprouver ce que je ressentais. Pour elle, mes sentiments étaient bien présents. Alors, comment pourrais-je les ignorer ? Comment allais-je faire pour rendre tout cela platonique ? Rien que de l’imaginer avec un autre me mettait hors de moi. Ne souhaitant pas en dire plus, je continuais de rouler tout en fixant la route sombre. L’habitacle de la voiture laissait un profond malaise, mais qui très vite, fut brisé par l’intervention de Maëlys. Voilà qu’en plus madame me faisait un caprice. Me retenant de lever les yeux aux ciels, j’attendais plusieurs minutes pour lui répondre. « Arrête de parler tout le temps de Torrey ! » Qu’est-ce que cela pouvait m’agacer. C’était comme me rappeler la conversation que j’avais eu avec elle. Être en présence de la cabot aussi tôt, c’était comme la trahi et cela me faisait encore plus culpabiliser. Après un dernier essai, nous nous étions séparés. Il était encore trop tôt pour que j’en parle, car je savais pertinemment que cette fois-ci, c’était la fin. Et ça, c’était la chose la plus dure à accepter. D’ailleurs, je travaillais encore là-dessus.  Reprenant la conversation d’une voix plus calme, j’entrais à l’intérieur de Cambridge. « J’peux pas te ramener à la Cabot, j’ai bu. » Sous-entendu : il y a des flics. Si je pouvais éviter de gâcher encore plus ma soirée en ayant des points en moins. « On va chez moi. » Cela était non négociable. « Inutile de me faire un caprice. Je ne te laisse pas le choix. » Moi autoritaire ? Oui. L’avais-je été avec elle ? Je ne m’en souvenais plus très bien, mais Torrey connaissait suffisamment ce côté pour faire fuir n’importe qu’elle fille.

Surpris par le ton qu’elle venait de prendre, je tournais mon visage vers elle. Légèrement décontenancé, je détournais mon regard après plusieurs secondes. « Très bien. La prochaine fois, tu ne viendras pas pleurer quand tu te seras fait violer ! » Pourquoi est-ce qu’elle me tenait tête comme ça ? Avions-nous notre première vraie dispute ? On dirait bien. Chose plutôt étonnante et pas dans le bon sens du terme. M’engageant dans un chemin que je connaissais par cœur, je ne tardais pas à arriver près de chez moi. Maëlys avait finalement entendu raison en acceptant le fait de dormir chez moi. A mon tour, je détachais ma ceinture. Sans lui répondre, je sortais de ma voiture. Attendant qu’elle en fasse de-même, je ne tardais pas à fermer la voiture à clé. Prenant les devants, je me positionnais devant la porte de mon immeuble. Tapant le code secret, je poussais la porte. La maintenant d’une main, je la laissais entrer la première. Notre prochaine étape, fut de prendre l’ascenseur. Celui qui allait nous mener chez moi. Du trajet de ma voiture à mon appartement, aucuns mots ne fut prononcés. Je m’étais contenté de me taire. De cette manière, je camouflais le flot de colère qui s’était emparé de ma tête. « Je te laisse le lit. Je vais me doucher. » La laissant en plan dans le salon, je filais dans la salle de bain.

Ne pas dormir dans mes draps. A l’entendre, cela sonnait comme une gifle. A croire qu’ils étaient sales. A moins que…Bien sûr, faisait-elle référence au fait que j’avais pu coucher avec Torrey dedans ? Sans doute. Qu’elle se rassure, nous ne l’avions jamais fait ici. La plupart du temps, je venais la voir à sa villa ou alors, nous le faisions ailleurs. Actionnant l’eau chaude de la douche, je m’abstenais de tout commentaire. N’avais-je pas la force de lui répondre ? Faire référence à Torrey était encore trop douloureux pour moi. Me séparant de tout vêtement, je me plongeais sous la douche. Quelques minutes plus tard, j’en ressortais propre. La serviette autours de la taille, je parcourais le cours chemin qui me permettait de rejoindre ma chambre. Un frisson me parcourant le corps, je me dépêchais d’enfiler un jogging et un t-shirt. Puis, d’un pas souple, je rejoignais la jeune femme dans le salon. Les gouttes d’eaux perlant de mes cheveux, s’écrasaient sur mes vêtements secs. Les pupilles bleutées rivées sur sa silhouette assoupie, je ne pouvais m’empêcher de la trouver attirante. Même en colère contre elle, Maëlys me faisait de l’effet. Comment pouvais-je lui en vouloir ? Ignorant d’un clignement d’œil mon envie de lui pardonner, je me renfrognais. Non, j’étais toujours en colère contre elle et cette fois, elle n’allait pas s’en sortir. Seulement, la voir endormie comme ça, me rendait faible. Attendrie, je me rapprochais d’elle. Du bout des doigts, je caressais son visage. Délicatement, je la prenais dans mes bras pour l’emmener dans ma chambre. Sans la réveiller, je la posais doucement sur mon lit. M’attardant sur sa silhouette, je finissais par retirer ses chaussures. Sans doute trop grisé par l’alcool, elle ne se réveillait pas lorsque je retirais sa robe. A présent en lingerie et en collant, j’abandonnais l’idée de lui retirer ses bas. Cela allait sans aucun doute la réveiller. Aussi, je recouvrais son corps de ma couette. Pendant un instant, j’hésitais à la rejoindre, mais après plusieurs minutes de réflexion, je prenais la décision de m’allonger à ses côtés. De mes bras puissants, j’enlaçais sa silhouette. Demain, elle ne s’en souviendrait pas n’est-ce pas ? A moins qu’elle se réveille dans la nuit.