KISS ME HARD IN THE POURING RAIN ₪ ALASKA

Dans le top 10 des choses les plus cons à faire avec une de tes meilleures potes en soirée, on trouve ; enchaîner quinze beershots sans break, sauter tout habillé dans la piscine quitte à choper une rhinopharyngite et commencer à avoir des sentiments pour la pote en question. Cody devrait être plutôt fier de dire que sa consommation d’alcool fut très raisonnable et que ses fringues avaient été épargnées. D’une certaine manière, c’était une bonne chose.
Trois jours étaient passés depuis que le Canada avait scellé un accord avec l’Alaska, un accord un peu flou mais qui avait donné lieu à un baiser. Mais qu’il était con ce Cody. Il aurait dû continuer à faire la gueule, à passer pour un gros ours de la vie et hiberner dans sa tente jusqu’à la fin du Summer Camp. Au lieu de ça, il avait confronté Alaska – ou elle l’avait confronté – et voilà, Bleeker évitait encore plus son amie. Alors qu’il l’adorait. En même temps, c’était ça le problème. Bref, ce soir, Cody décidait qu’il valait mieux briser la glace une bonne fois pour toute. Comme la principale concernée l’avait suggéré la dernière fois, ils aiment beaucoup la bière et la pizza en Alaska. Du coup, Bleeker organisa un genre de petit pique-nique nocturne à base de bières et de pizza – soit de quoi se nourrit uniquement les deux spécimens concernés par la guerre froide – sur un territoire neutre – c’est-à-dire au bord du lac Havasu. Il envoya un texto très amical à Alaska à base de ’bouge ton cul jusqu’au lac les pizza vont être froide’ pour qu’elle accourt le plus vite possible. En attendant, il s’allongea sur le plaide en laine qui servait de drap pour le pique-nique, contemplant silencieusement le ciel étoilé.
 

Me demandez pas pourquoi, mais j'avais mis une robe. Vous savez ce truc que les vraies filles portent pour montrer leurs jolies jambes ? Une robe d'été assez légère et simple, mais une robe quand même. En réalité, j'aimais bien mettre des robes, j'trouvais juste pas ça très pratique. Sauter dans un jean le matin, c'est quand même le pied. Puis, on vois pas vos fesses en plus. Enfin bref. J'avais mis une robe ce soir là parce que j'avais reçu un sms de Cody. Des pizzas ? Au moins, il avait écouté ce que je lui avais dis et j'étais contente de voir qu'il ne m'avait pas totalement oublié. Parce qu'il s'était quand même passé plusieurs jours depuis notre "confrontation". J'me disais donc qu'on allait être avec des amis, qu'ils avaient prévus des pizzas et que l'on pensait à moi pour la soirée. C'était cool, j'avais rien de prévue et j'étais assez excitée à l'idée de croiser de nouveau de beau brun. Sauf que, quand j'arrivais sur place. Le mot RANCARD se mit à clignoter. Un mec qui vous invite manger au bord d'un lac, juste vous deux assis sur un plaid à regarder les étoiles... nan ? Je m'arrêtais quelques secondes, j'avouais que je flippais d'un coup. Et j'me remis à m'avancer vers lui en essayant de paraitre le plus normal possible. J'étais débout et je vins me positionner au dessus de lui. Enfin pas trop, j'voulais pas qu'il voit ma culotte quand même. « Ton étoile est arrivée ! » dis-je avec un large sourire. Bah oui, il ne voyait plus que ma tête en fait.

Qu’elle était longue Alaska. Le camping n’était pas siiii loin du lac, enfin y avait moyen d’y arriver vite si on faisait de grandes foulées. Et puis Alaska n’était pas du genre à se pomponner pendant trois heures avant de sortir voir un de ses potes. Non non, c’était un bonhomme, puis elle n’avait aucune raison de se faire belle pour Cody Bleeker. Il l’avait vu roté une bonne dizaine de fois, donc niveau glamour, elle était rentrée dans le sous-terrain. La seule explication était qu’elle lui avait foutu un lapin, sauf qu’on ne pouvait pas vraiment foutre de lapin à un rendez-vous qui n’était pas un rendez-vous, si ? Vous suivez l’idée ou faut que je répépépète depuis le début ? Non ? OK, parfaaaaait, j’avais la flemme, j’vous aurais dit de relire le RP depuis le début t’façon. La princesse Rebelle fit finalement son apparition dans le champ de vision de Cody, alors qu’il se couchait paisiblement, le regard perdu dans le vide. Il posa sa main sur son front, comme s’il avait le soleil en plein dans la gueule, et répliqua du tac-au-tac ; « T’es quelle étoile, toi ? La Grosse Ourse qui fait éclipse à la lune ? » Et bimmmm. Il se redressa de façon à retrouver une position assise sur le drap et détailla Hamilton de haut en bas. « Tu portes une robe. » Malgré son ton presque sec, il ne faisait qu’un constat. Elle portait une robe. Pourquoi elle porte une robe ? Est-ce que Cody porte un t-shirt propre ? NON. Alors pourquoi elle, elle porte une robe ?
 

J'étais arrivée en retard, mais c'était pas non plus la mort. J'avais pas mis plus de temps à me préparer ou quoi, nan, j'avais surtout fait ma flemmarde sur la route et j'avais bugué en arrivant. En voyant que ce rendez-vous était un rendez-vous, un vrai rendez-vous. Un rancard pour les intimes. Ouais, j'flippais à mort. C'était déjà assez déstabilisant pour moi de discuter sentiments avec un mec, alors quand en plus c'était Cody Bleeker. Bon, fallait que j'arrête de penser. J'arrivais auprès de lui, lui cachant sa vue sur les étoiles. « T’es quelle étoile, toi ? La Grosse Ourse qui fait éclipse à la lune ? » J'haussais les sourcils, il était en mode grincheux ? En fait, j'me demandais pourquoi j'me posais la question, il était resté bloqué sur ce mode depuis bien longtemps déjà. « La GRANDE ours m'aurait suffit ! Mais faut croire que tu penses qu'à mon cul en ce moment pour me parler de cette manière Cody Bleeker ! » Ouais, parce que si j'devais être grosse, c'était forcement à cause de mon cul. Puis, c'était un mec hein. Je m'éloignais alors de lui pour venir m'asseoir sur le plaid tandis que le papi Bleeker se redressait. « Tu portes une robe. » Je le regardais et je le fusillais du regard. « Tu as mis du temps pour retrouver mon numéro ! » m'exclamais-je sur un ton légèrement accusateur, accompagné d'une petite moue boudeuse.

C’était mignon la Grosse Ourse, l’étoile préférée de Cody. Et ça n’avait aucun rapport avec ses fesses. Après on dit que les hommes ont l’esprit mal placé, mais azi vous ne connaissez pas Alaska Hmilton. « Il est pas gros ton cul. » Voilà, pour ton information, Cody Bleeker t’a déjà maté le cul. Et pas qu’une fois en fait, mais il épargnait les détails à la jeune femme, déjà qu’elle commençait à râler sans raison sur le brunet. Calmoooos hein, en plus, elle l’accusait de choses fausses, sans chercher à connaître le fin mot de l’histoire. Heureusement, monsieur avait réponse à tout, un vrai répondeur. « Non, j’ai pas mis du temps à retrouver ton numéro, j’ai pris du temps à envoyer le message. Nuance. » Et là, avant qu’elle ne le prenne pour un handicapé du téléphone – en plus d’être un handicapé du cœur et de la civilisation – il s’empressa d’expliquer ; « Quand je rageais contre toi, j’ai supprimé ton numéro de téléphone. Maiiiis, avant, je l’ai noté quelque part sur une serviette en papier. Sauf que je me suis servi de la serviette en papier pour nettoyer une tâche de bolo, donc les deux derniers chiffres étaient illisibles. Résultat, j’ai envoyé le même texto à 99 numéros, en me disant que le tien se trouverait forcément là-dedans. Et j’ai eu raison. Malin, hein ? » Je sais pas si vous pouvez imaginer la tronche qu’il tirait, un mélange de fierté et de candeur, le gars qui s’impressionnait lui-même par son exploit. Alors qu’on est tous d’accord pour dire que le plus simple aurait été qu’il ne supprime pas le numéro d’Alaska, tout simplement.
 

« Il est pas gros ton cul. » Je riais bêtement tandis que j'allais m'asseoir sur le plaide. Parce qu'il regardait mon cul ? Bizarrement, l'idée me plaisait bien. Allez savoir pourquoi... Mais, je retrouvais bien vite mon humeur ronchon en l'accusant de ne pas m'avoir envoyé de message assez vite. Je l'avais dit, il m'avait embrassé et j'y pensais encore. Mais ça, c'était certainement parce que -contrairement aux apparences- j'étais une fille sentimentale. « Non, j’ai pas mis du temps à retrouver ton numéro, j’ai pris du temps à envoyer le message. Nuance. » Je souriais alors comme une débile. Ouais ce soir, j'étais débile. Et j'avais vite oublié ma mauvaise humeur. J'allais devenir aussi niaise de Bella Swan bientôt. « Quand je rageais contre toi, j’ai supprimé ton numéro de téléphone. Maiiiis, avant, je l’ai noté quelque part sur une serviette en papier. Sauf que je me suis servi de la serviette en papier pour nettoyer une tâche de bolo, donc les deux derniers chiffres étaient illisibles. Résultat, j’ai envoyé le même texto à 99 numéros, en me disant que le tien se trouverait forcément là-dedans. Et j’ai eu raison. Malin, hein ? » Je riais en voyant sa tête de vainqueur. Je le regardais ensuite avec un sourire sans rien dire avant de me remettre à glousser en le regardant toujours. « Je crois que c'est la plus belle déclaration d'amour que l'on m'a jamais faite Cody ! » Bah, il avait quand même interpellé 99 personnes par sms avant de me trouver. Ouais, on pouvait dire qu'il aurait pu venir me voir ou demander mon numéro à quelqu'un d'autre. Mais non, il avait fait ça tout seul, comme un grand. « Juste avec ça, je pourrais tomber follement amoureuse de toi... mais là tout de suite, c'que j'veux... c'est une part de pizza ! » lui dis-je calmement avec une bouille angélique. Il avait pas dit que ça allait refroidir ?

Voilà le topo. Tu dis à Alaska que tu as supprimé son numéro sur un coup de tête et que le boulet que tu es a perdu les deux derniers chiffres. Résultat, tu te retrouves à réécrire manuellement presque une centaine de numéros différents, et elle le prend comme une déclaration d’amour ? Cody pouvait être fier de son coup. Lui qui jouait juste la carte de l’honnêteté – et de la fierté, parce que c’est vrai que sur le coup, il n’avait pas pensé une seule seconde qu’il suffisait de demander son numéro à une connaissance commune – le voilà qui grattait des points dans le cœur d’Alaska. Pas qu’il cherchait à en gagner hein, c’est juste un bonus. Tu achètes pas des P’tit Filous tubes pour les magnets, mais t’es quand même vachement content de pouvoir décorer ton frigo. Vous suivez l’idée ? « Elle est un peu empoisonnée la déclaration d’amour puisque dis-toi que ce soir, on risque d’avoir la visite des 98 autres personnes qui voudront connaître l’identité du mystérieux expéditeur. Va falloir te battre pour ta pizza. » Il fallait qu’elle redescende sur terre, la concurrence sera rude cette nuit. D’ailleurs, en parlant de pizza, la jeune Anglaise rappela qu’elles refroidissaient. Pas con. « On s’en fout, tomber amoureux ça peut attendre. Alors que cette magnifique napolitaine avec supplément bacon et triple fromage, mmmmh, elle, elle n’attendra pas. » s’extasia-t-il en ouvrant la boîte. Il y en avait une seconde, que du fromage, mais elle était surtout pour Cody, il comptait la ramener chez elle après la soirée. Ouais ouais, à défaut de rentrer avec une fille, il rentrera avec une pizza. Il décapsula également les bières et en tendit une à Alaska, histoire de parfaire ce repas très gastronomique.
 

Il n'y avait que Cody pour faire ce genre de truc. Vous savez envoyer 99 sms pour en se disant "comme ça, je suis certain qu'elle l'aura !". C'était pas idiot comme idée, mais c'était pas non plus la plus brillante qu'il avait eu jusqu'ici. Mais ça restait Cody, fidèle à lui faire et c'était ce qui faisait son charme. Et je n'avais pas peur de le lui dire. « Elle est un peu empoisonnée la déclaration d’amour puisque dis-toi que ce soir, on risque d’avoir la visite des 98 autres personnes qui voudront connaître l’identité du mystérieux expéditeur. Va falloir te battre pour ta pizza. » Je ris alors. Je n'avais pas imaginé cela de cette manière et il est clair que ça aurait été surprenant de voir débarquer 98 personnes. « Je suis un ours affamée ! Personne n’essaiera de nous voler notre précieux ! » Ouais, j'étais comme Gollum, j'allais protéger cette pizza quoi qu'il arrive.  « On s’en fout, tomber amoureux ça peut attendre. Alors que cette magnifique napolitaine avec supplément bacon et triple fromage, mmmmh, elle, elle n’attendra pas. » J'avoue que ça faisait envie. J'avais faim et je pourrais manger n'importe quoi, peut-être même Cody, qui sait ! J’attrapais la bière que me tandis le jeune homme et je l'acceptais en le remerciant simplement. Quelque chose me disait que l'on allait être bien ici ce soir. « Le Canada compte prochainement tomber amoureux de l'Alaska ?! » lui demandais-je en gloussant. Moi ? Curieuse ? Noooon. Je me penchais pour attraper une part de pizza et à la première bouchée, je laissais échapper un petit gémissement de satisfaction.

Ça faisait plaisir de voir Alaska dévorer la pizza comme ça. Non vraiment. Pour une fois, Bleeker avait l’impression de réussir quelque chose avec elle, de pas tout foutre en l’air, de marquer des points. Il voulait même prendre en photo la pizza et la poster sur instagram, il voyait déjà le commentaire en dessous style ’on enterre la hache de guerre’, en disposant les morceaux de bacon de façon à faire un H quoi. Jeux de mooots, humoouuuur tulululuuuu. Puis il se rappela que son iPhone était complètement HS donc il se ravisa. Il prit une gorgée de bière, au moment où Alaska demanda si le Canada comptait prochainement tomber amoureux de l’Alaska. Anesthésié par une simple question, il ne contrôla pas sa mâchoire et tout l’alcool ingurgité coula sur le plaide. Il s’en rendit compte et nettoya d’un geste vif de la main ce qui dégoulinait de son menton. Trop sexy. « Je … » Merde. Mais c’est quoi cette question, putain ? Elle le déstabilisait là, il était le steak encore congelé qu’on jetait dans une poêle brûlante. Il ne maîtrisait rien, piqué à vif. Elle n’avait pas le droit de le foutre dans la fosse aux lions sans protection. Du coup, il ne fallait pas qu’elle espère une réponse intelligente. Au contraire. Cody, visiblement mal à l’aise, s’empressa de dire le premier truc qui lui vint à l’esprit ; « … sais faire des pets avec mon bras. »  Sur ce, il enchaîna en mettant sa main sous son aisselle à même la peau et pressa pour que ça fasse des sons. En fait, il ne savait pas du tout les faire, donc ça ressemblait plus à un mec à moitié manchot qui faisait la danse des canards sans musique. Conclusion, il était complètement ridicule et on dit merci quuuuui ? ALASKA. Pourquoi ressentait-elle le besoin de tout gâcher comme ça ? Etait-ce donc une faculté innée chez elle ?
 

Je confirme la chose, c'était une faculté innée de tout foutre en l'air en quelques mots. J'avais apparemment posé la question à cent mille euros et Cody avait échoué. Ou, il n'avait pas prit la peine de me répondre. Non, il avait juste bugé. Je m'étais arrêtée de mâcher, la bouche fermée, les sourcils relevés, je regardais Cody en tenant mon bout de pizza non très loin de ma bouche. Ce que je voyais était assez drôle en fait, enfin, j'hésitais entre drôle et répugnant. Mais, la drôlerie l'emportait dans cette bataille. Cody se mit à recracher sa bière suite à la question que je lui avais posé. J'avais presque envie de lui lécher le menton pour sauver toute cette bière qui coulait à flot et qui allait s'écraser sur le plaid en laine. Je sentais que ça n'allait pas s'arrêter là et que le romantisme de la soirée allait en prendre un coup. « Je … » J'avais envie de lui dire que c'était pas grave, qu'il pouvait oublier ma question, mais j'étais trop occupée à regarder la scène. Disons que mon cerveau faisait rarement le tri dans ce que je disais. La plupart du temps, les choses sortaient comme ça, et de toute façon, si je réfléchissais trop à une phrase, il y avait beaucoup de chance pour que les mots ne sortent pas dans le bon sens. « … sais faire des pets avec mon bras. » Et là, Cody se mit à faire des sons bizarres avec sa main, sous son bras. C'était pas des pets ça ! Je savais pas vraiment ce que c'était, mais c'était pas des pets ! Et la, j'me mis à rire, cachant ma bouche avec ma main. Parce que voir des morceaux de pizza sur les dents d'une fille, c'est pas non plus le truc le plus glamour. Je riais tellement que je m’effondrais sur le plaid et des larmes de crocos commençaient à apparaitre au coins de mes yeux. « Rappelle-moi de ne pas toucher cette main ! » m'exclamais-je hilare en pointant du doigt la main qu'il avait sous son aisselle opposée. Enfin, j'disais surtout ça pour l'emmerder. J'étais pas le genre de fille délicate. Même si j'avais mis une robe. D'ailleurs, ce truc partait un peu dans tous les sens et vu comment j'étais mise, il y avait des chance pour Cody pour qu'il voit mes sous-vêtements plus d'une fois dans la soirée. Mais ça j'm'en foutais à vrai dire. Je retrouvais peu à peu mon calme et je pouvais enfin terminer cette part de pizza. J'étais toujours allongée et j'faisais de mon mieux pour ne pas m'étouffer. Une fois terminée, je me redressais pour reprendre un nouvelle part telle un morfale qui n'avait pas mangé depuis au moins dix ans. J'osais plus trop parler, j'avais peur de le mettre mal à l'aise encore, je savais pas vraiment quoi dire. Alors je me tentais à faire une simple proposition. « On va dans l'eau après ? » lui demandais-je avec une petite voix en faisant mes yeux de biche. Histoire qu'il ne me le refuse pas.