I GOT MY EYES ON YOU ₪ ECHO

Ouais non mais ça n’étonnerait même pas Martin qu’Echo voit un psy. Elle avait l’air totalement jeté cette meuf, le genre d’ado à problème qu’on envoie à Harvard dans l’espoir de se racheter une conduite, mais c’était plutôt mal barré. Pas peu fier d’avoir détourné la conversation sur autre chose que son business, Martin s’amusait bien à vanter ses exploits dans une vie antérieure. Dire qu’il était plutôt du genre à aller à la messe tous les dimanches et s’entraîner au ice-hockey tous les jours sans exception, le voilà à dévoiler son passé de caïd qui semblait attiser la curiosité d’Echo. « ça va, je me sens plus léger. » C’est vrai que 130 grammes en moins, ça pèse sur la balance. C’est pas Echo avec ses trente kilos toute mouillée qui dirait le contraire. Bref, il enchaîna sur sa vie sexuelle, puisque sa carrière d’escort boy intéressait clairement la Mather ; « Non que des femmes. J’vivais dans un ghetto, tu crois quoi ? Y avait plus de demande que d’offre, donc j’avais le droit d’être un tantinet exigeant. » fit-il en se redressant, cherchant à récupérer sa maudite pipe auprès d’Echo qui était en train de se fumer tout le truc. Ohohohoh, déjà qu’elle ne paye pas, fallait pas non plus qu’elle consomme toute la boutique. « C’est qui ta meilleure pote ? Faut que tu me la présentes. » Attends, quoi ? Deux clientes pour le prix d’une ? Martin se ravisa. OK c’est bon elle a gagné son pass pour fumer toute la meth. Il fallait qu’elle ait totalement confiance en lui alors, qu’elle passe la meilleure soirée de sa vie, la plus inoubliable – mais qu’elle oublierait parce qu’elle serait trop fonfon trop fonce-dé CQFD. Il se rapprocha d’elle à pas de loup alors qu’elle était assise sur la table. Il s’insinua entre ses jambes, posant sa main sur le dos de la sienne qu’il referma sur l’objet. « On fait une pause maintenant ? J’crois que tu planes déjà assez. » susurra-t-il en rivant ses prunelles dans les siennes. 

Nazca. Nazca. Nazca. Martin répéta son prénom dans sa tête, espérant le garder quelque part malgré son esprit embrumé par sa meth. C’est vrai que c’était plutôt fort ce qu’il fabriquait. Bon, il connaissait sa came, il connaissait la formule chimique sur le bout des doigts mais parfois, les effets lui échappaient. Donc OK, Nazca, Nazca. Nazca. Il irait l’inviter sur Facebook plus tard, il n’avait plus qu’à prier pour qu’Echo tombe se mette à comater incessamment sous peu. Mais ça ne risquait pas d’arriver maintenant, parce que contrairement à la beuh qui ralentissait les gens, cette merde leur donnait une pêche d’enfer. Ça n’empêcha pas Martin d’exposer sa théorie sur les filles bien ; « Les filles bien sont souvent les pires. Elles sont imprévisibles. A tout moment elles peuvent virer du côté obscur. Regarde Anakin Skywalker ? C’est l’enfant prodige, on ne s’attendait pas à ce qu’il devienne Dark Vador. » Et quand tu citais Star Wars, excuse-moi mais il n’y avait juste pas de contre-argument possible hein. C’est l’argument ultime. STP. Martin tenta donc de se rapprocher d’Echo en se logeant entre ses cuisses alors qu’elle était assise sur la table. En tout bien tout honneur, les pervers qui liraient ce rp. Pour continuer dans sa théorie, monsieur le scientifique ajouta ; « Toi, par exemple, t’es pas une fille bien, donc t’es prévisible. » Ouais, mais en attendant, la galoche il ne la vit pas venir. Quand elle encadra le visage de ses mains, Martin s’imaginait tout, genre une quête d’inspiration pour bâtir un totem à son effigie, un examen buccodentaire improvisé ou n’importe quoi. Dans tous les cas, pas un examen buccodentaire qui nécessitait de mettre sa langue dans sa bouche. Mais Martin se fichait pas mal des bonnes manières, vagabondant même une main dans les cheveux d’Echo pour prolonger. Il conserva quelques secondes son visage près du sien, happant fiévreusement ses lèvres malgré la fin. Et voilà qu’après être devenu l'objet des désirs de Zéphyr, il embrassait Echo. Alexandre allait tuer Martin, c’est officiel. Il pouffa de rire, tout contre Echo ; « C’est quoi la formule magique après ? Tu veux un cocktail Banane-Kiwi ? » C’était pas ce qu’il disait, son pote ?  

J’ai dit que la drogue accélérait les gens ? En fait, ça dépendait des gens. Par exemple, Echo, elle était devenue deux de tension. Il lui avait fallu une galoche et demi pour comprendre la remarque de Martin, comme quoi elle était trop prévisible. Mais là, à présent, il fallait qu’il calcule chacune de ses réponses, parce qu’il était bien là avec Echo et qu’il ne voulait qu’elle fasse grève de baiser pour rien au monde quoi. Enfin ce soir. Après si elle refuse de l’embrasser dans les jours à venir, il en aurait mais alors rien à foutre. « T’es tout ce que tu veux sauf ennuyeuse. » En plus c’était vrai. Il ne se souvenait pas s’être ennuyé une seconde en sa compagnie. En même temps, il était souvent soit a) accompagné d’autres personnes b) bourré c) drogué d) la réponse D. En plus, elle embrassait bien cette gonz, Martin en oubliait qu’ils se trouvaient sur sa terrasse et qu’à tout moment les voisins pouvaient les voir, ou pire, sa psychopathe de squatteuse de Zéphyr. Mais il s’en fichait, s’il y a une réaction chimique que Martin ne maîtrisait pas à la perfection, c’est celle du désir. C’est rapide, fulgurant. Certains le décrivent par des centaines de papillons qu’on libère dans le bas du ventre et qui s’insinuent dans tous tes canaux, tous tes chakras, t’embrouillent la tête, t’enfument les idées. Mais il y avait forcément un processus chimique dans tout ça, à base d’endorphine et de dopamine. Mais Martin étudierait la question plus tard. « On va rentrer, j’veux pas que les complices de CS s’imaginent des choses. » Quoiqu’il n’y avait pas grand-chose à imaginer, puisqu’ils se roulaient des galoches en plein air. Il récupéra ses outils et se dirigea dans la caravane, là où il sortit le jäger et la vodka que Mango lui avait acheté – parce que monsieur n’avait pas l’âge de s’acheter son propre alcool – et posa le tout sur la table pour que madame se serve. « Je n’ai pas de copine, non. Mais t’en auras une de harpie sur le dos si elle nous voit ensemble. C'est juste pas ma copine. Alex me tue direct s'il me voit avec toi, mais cette fille-là ... Elle va te torturer et te regarder agoniser pendant des heures. » Et c’est d’ailleurs pour ça qu’il referma vite fait la porte. Zéphyr devait passer la soirée avec Palmyr, mais on ne sait jamais, elle était imprévisible.  

C’est pas que Martin avait honte d’être vu avec Echo ou quoi, c’est qu’en réalité il ne mélangeait pas le business avec sa vie personnelle, à savoir commerce équitable de meth contre deux nouvelles clientes fidèles et car wash dans la bouche d’Echo. Et comme le car wash l’emportait sur la partie business, Martin préférait rentrer dans la caravane avec elle. Il avait l’impression que tout le camping s’était branché en mode Secret Story et qu’il y avait des caméras partout sauf dans la love room, aka la roulotte de Martin. « Tu veux qu’on parle de ma vie amoureuse pas amoureuse ou on passe aux choses sérieuses ? » À savoir l’alcool, pas le quatorze juillet sous la couette. Martin n’avait pas rentré Echo dans cette optique là, mais ce serait le bonus. C’est comme quand on va au resto ; on espère juste avoir un très bon plat de résistance, et si on a de la place on prend le délicieux fondant au chocolat. Martin avait beaucoup de place. « J’en sais rien, il est dérangé dans sa tête. Il pourrait me voir comme le mec qui a piqué sa meuf alors qu’on parlait juste affaire. T’as pas idée comment les gens interprètent vite mal les choses. » Dans Supernatural, quand les pauvres paumés vendent leur âme au démon, ils roulent une galoche au démon. C’est un peu ça. Il pointa du doigt les bouteilles qu’il venait précédemment de sortir – parce qu’Echo semblait bigleuse, à moins qu’elle faisait exprès de pas les voir pour avoir une excuse et emballer encore Martin – avant d’empoigner l’une d’elle et s’allongea à son tour sur le lit, sur le ventre. Il déboucha la vodka et pouffa de rire à sa dernière remarque. « J'croyais que vous les meufs, vous étiez des pro du multitasking. Mate ce qu'on peut faire aussi. » Prenant une gorgée de cet alcool à vif, il posa la bouteille sur la tablette à côté de son lit avant de se pencher sur Echo. Il encadra son visage de ses bras et rencontra les lèvres de l’Ecossaise qu’il étreignit sensuellement, déversant la potion russe dans son gosier. Puis sensualité rencontra tendresse et Martin perdit sa bouche dans le cou de la jeune femme. Mon dieu, il était complètement défoncé, pas maître de lui-même. Ce soir, c’est clair, ensemble, ils allaient tutoyer les étoiles.

Fallait pas qu’Echo soit un mec. Pas dans le sens physique du terme quoi. Parce que là, si Martin était une casserole remplie d’eau sur le feu, il ferait des bulles et ébouillanterait tous ceux qui risqueraient à s’approcher de lui. Alors imaginez la descente en Antarctique s’il apprenait qu’elle était un mec. Hein hein hein. Après c’est vrai qu’il n’y avait pas grand-chose chez Echo qui montrait que c’était une fille, à part sa voix un peu haut perchée parfois quand elle est défoncée. Mais regardezzz, elle avait un bec de lièvre-iguane, des piqûres de moustique à la place des seins et un prénom qui n’avait même pas de fête sur le calendrier Maya. SVP. Si ça s’trouve, Echo était vraiment un mec, et sa phrase avait pour but de refroidir Martin vite fait bien fait. Mais ce n’était pas franchement efficace. « Tu brises vraiment tous les codes des meufs, toi. » Mais ce n’était pas un reproche, c’était plutôt cool. En débarquant aux USA, il s’attendait à se retrouver entouré de poufs superficielles. Au final, il avait Zéphyr le bonhomme et Echo la toxico. Aaaaaaaaahhhhhh. OK, en fait on l’avait appelé Echo pour que ça rime avec toxico et lui trouver un surnom classieuuux. Tout s’explique. Maintenant que le mystère du prénom était levé, finie la parlotte et passons aux choses sérieuses. Martin instaura une nouvelle façon de boire la vodka, ce qui semblait plaire à Echo qui prit rapidement le dessus, retirant même son t-shirt. Martin pouffa de rire et tendit le bras au-dessus de lui pour allumer le ventilateur au-dessus d’eux ; « Tiens, si t’as trop chaud, je te présente Enrico le Ventilo. C’est mon nouveau poto, ma vie sociale se résume à lui à parfois. » Ou elle pouvait aussi continuer à se déshabiller. Ça convenait tout aussi bien à Martin. A son tour, soumis à la Mather, elle lui fit goûter à l’ivresse de la becquetée version vodka, où ses sens s’échaudaient alors qu’il promena doigts le long de la colonne vertébrale d’Echo, comme slalomant sur parcours imaginaire où la seule médaille serait le plaisir. Il ne se fit pas prier pour dénouer son maillot de bain encore humide de la soirée mousse, alors qu’il embrassa succinctement  la commissure de ses lèvres, sa mâchoire, son cou, sa clavicule … Un vrai tour du monde d’Echo jusqu’à son épaule contre laquelle il posa son front, perdu parmi la chevelure en bataille de la junkie. Il soupira, tirant sur le maillot de sa nouvelle cliente préférée pour le retirer complètement ; « Et on fait comment maintenant, si j’ai envie de toi ? » Ben ouais, il aurait dû penser à prévenir que la merde qu’il vendait donnait la libido de Tiger Woords. Maintenant, ils n’avaient plus trop le choix. Quoique ça ne semblait pas les déplaire non plus.