I GOT MY EYES ON YOU ₪ ECHO

Une fois que Martin eut marre de jouer un des personnages principaux de la Belle et la Bête à la soirée mousse – aka le chandelier entre Echo et Alexandre – ce dernier était rentré dans sa caravane prendre une douche. Je ne sais pas si vous réalisez que ça cocottait ces bubulles, un genre d’odeur de plastique égale à la senteur d’une usine de poupée Barbie en Chine. Du coup, il lui fallut un petit décrassage, décrassage durant lequel il s’en voulut à mort d’avoir laissé passer ce si beau spécimen de poisson entre les mailles de son filet. Je parle bien sûr du poisson-echo, un genre de requin blanc qui aurait copulé avec Nemo. Spécimen rare, avec lequel Martin pensait avoir de quoi marchander. Elle était pleine aux as et avait le cœur à moitié brisé par Alexandre. C’était presque trop facile, mais Martin essayerait de lui refiler un peu de sa came en se faisant passer pour un ami bienveillant. Une fois rhabillé d’un short rouge et d’un t-shirt blanc qu’il sortit randomly de son armoire, il envoya un texto à Echo, lui demandant de passer le voir dans sa caravane si elle ne se sentait pas bien. Elle lui répondit finalement assez vite, ce qui plut à Martin qui était prêt à passer à l’action. Il l’attendit donc sur sa petite terrasse devant sa caravane, assis sur une chaise contre sa petite table, les pieds étendus sur une seconde chaise face à lui. En attendant qu’elle daigne pointer le bout de son nez, il reprit ses notes, ses croquis, à base de formules chimiques que le commun des mortels ne pouvait comprendre. Lui, ça le passionnait. Et ça l’occupait pendant cette attente.   

Echo débarqua finalement comme une fleur jusqu’à la caravane de Martin. Ce dernier posa ses gribouillis sur la table, accueillant sa potentielle future cliente d’un grand sourire. Mais il déchanta vite quand elle lui piqua sa chaise, et que son pied vint buter violemment le bois de la terrasse. Pute. Martin grimaça, avant de se redresser. « Hello Echo. » Elle avait un prénom rigolo, elle se demandait si ses parents n’étaient pas des genres de hippies, ou s’ils n’avaient pas perdu un pari quoi. Parce que pour appeler sa fille Echo … à moins que ses parents soient des militaires, et qu’avec elle, il y ait quatre frères et sœurs s’appelant respectivement ; ’Alpha, Béta, Charlie et Delta’. Mouais, enfin non, des Alpha Béta y en a que dans Teen Wolf. Enfin bref on s’en fout. « Ne surestime pas ton roulage de pelle. Alexandre a la capacité émotionnelle d’un aspirateur sans fil. Suffit de lui toucher la main pour qu’il disjoncte. » Alex était le pote à Martin, mais par moment il le trouvait plutôt con. Ceci dit, il fallait qu’il se mette Echo dans la poche alors il essayait d’aller dans son sens. Mais la future Mather n’était pas du genre à tourner autour du pot, réclamer d’ores et déjà son dû. Alors, Martin ne la fit pas attendre plus longtemps et se leva de sa chaise ; « Crystal meth, tu connais ? » Genre comme dans Breaking Bad. C’était la spécialité du Tchèque qui ne tarda pas à s’engouffrer dans sa caravane, et revenir deux minutes plus tard équipé d’un genre de pipe en verre, une sorte de bang de poche en fait, avec le cristal déjà à l’intérieur, ainsi qu'un briquet. Si elle ne connaissait pas, elle ne tarderait pas à découvrir les effets.

« J’en sais rien, j’peux pas juger ce que je ne connais pas. » s’esclaffa-t-il juste avant de s’en aller dans sa caravane. Pas qu’il cherchait à se faire kisser par Echo, mais Martin ne lui donnerait jamais le titre de meilleure embrasseuse sans avoir tester la chose. Anywayyyy, il ressortit avec une pipe en verre et un briquet, excité de voir qu’Echo ne connaissait pas cette drogue. Wooouuuh, une novice. Ça facilitait encore plus les choses. En général, la meth avait des effets très puissants, le genre de truc qui te propulse dans l’espace en une fraction de seconde, mais qui te fait redescendre tout aussi vite telle une astéroïde quand les effets se dissipent. Dans tous les cas, c’était bon pour ce qu’avait Echo. Elle ne penserait vite plus à Alexandre, elle redécouvrirait ce que c’est que de se sentir bien. En général, Martin ne consommait pas ce qu’il produisait. Mais il se sacrifiait quand il s’agissait d’appâter des jolies filles riches et sans défense. « C’est tout con. » Il porta le mini bang à ses lèvres et, de l’autre main, alluma le briquet pour chauffer le bulbe à l’autre extrémité, là où se trouvait la meth. Il inhala la fumée, puis tendit l’appareil et le briquet à Echo pour qu’elle fasse de même, tout en crachant des ronds de fumée. « ça marche comme une cigarette, sauf que c’est mieux. » Il pouffa de rire en se rasseyant sur sa chaise, posant cette fois-ci les pieds sur la table parce qu'Echo squattait son pose-pied.

Echo flippait pour un rien. Il avait du mal à croire qu’une droguée comme elle qui avait reçu plus de piqûre dans sa vie qu’un diabétique allait pleurer môman parce qu’elle craignait les effets de la meth. En fait, ça partageait pas mal de similarité avec l’ecstasy et quelque chose disait que Hamilton avait déjà testé ça au moins une fois dans sa vie. Au pire, elle le ferait dans sa vie de Mather. Martin avait cru comprendre qu’on ne s’offrait pas que des Michoko à Halloween chez les verts. Il pouffa de rire, se moquant légèrement de la jeune femme ; « Dis tout de suite que t’as peur, Echo. » Ben quoi, à peine si elle ne tremblait pas comme une feuille sur sa chaise. Il la rassura, un minimum. « Tu vas juste oublier tes problèmes. Te sentir détendue. Et t’aurais peut-être envie d’un Big Mac et d’un maxi Coca au bout d’une heure mais c’est comme tout, y a des effets secondaires. » Manque de bol, y avait pas trop de McDo à proximité, et Martin ne se risquerait pas à conduire totalement défoncé. Faudrait qu’elle noie son manque dans autre chose. Et là, le problème fut qu’elle commença à poser plein de questions sur Martin, enfin sur sa consommation, son business. Heureusement, il se disait qu’elle serait moins relou que Zéphyr au moins, pas le genre à envahir tout son espace. D'ailleurs, il espérait qu'elle ne vienne pas squatter chez lui ce soir, il détestait l'avoir dans les pattes quand il était en affaire. « Qu’est-ce que je fais là ? » répondit-il alors qu’il reprit le truc pour en tirer une taffe. « Tout le monde n’a pas la chance d’être né avec une cuillère en or dans la bouche, hein. » Bon, en vrai, c’était son cas à lui. Mais Echo poserait trop d’interrogations s’il s’étalait.  

Si Martin était psychologue, il dirait que son envie trop forte de recueillir des informations ne reflétait que la crainte de toucher à un truc qu’elle ne connaissait pas, parce que plus tôt dans son enfance elle avait connu trop de mauvaises surprises, de gens qui l'abandonnaient sur le bord de la route comme un toutou, ses parents qui refusèrent de lui acheter la nouvelle Barbie hôtesse avec le feu aux fesses blablablaaaaa … Mais comme Martin n’était qu’un dealeur et que la meth agissait vite sur sa matière grise, il se contenta de lâcher du tac-au-tac ; « Ou alors t’as la gueule d’une meuf qui veut se donner un genre en fumant toutes les pelouses de Cambridge mais qui a peur de tirer sur un morceau de cristal. » Ouais ben n’empêche que son morceau cristal, elle le lui piqua vite fait bien fait, ce qui plut à Peček, pas peu fier de voir que la machine était finalement en marche, et bien rodée. Il lui faisait signer maintenant le fichier clientèle ou non ? Noooon, allez, attendons, elle commençait à devenir drôle. « Oh nooooon, comme si j’avais besoin de tout ça pour t’impressionner. » Suffisait qu’il soit dans les parages pour qu’Echo le dévisage comme l’Âne de Shrek sur la maman Dragonne. Il continua le délire de l’Ecossaise en reprenant un ton super sérieux ; « J’ai vu ma famille mourir sur mes yeux et j’ai même vendu mon rein pour survivre un hiver. Et comme ça suffisait pas, j’ai vendu mon corps après. » Et il se redressa, soulevant son t-shirt et se tournant légèrement pour montrer une cicatrice à l’emplacement de ses reins. En vrai, il avait juste eu un accident de voiture quand il était petit et avait traversé un pare-brise, d’où les nombreuses cicatrices un peu partout sur son corps. Mais osef, actor studio mes amiiiis. A son tour, il s’esclaffa en la voyant glousser pire qu’une dinde pour rien du tout, et la pointa du doigt ; « T’es défoncée. » Pas étonnant, c’était plutôt fort son truc.