Flashback Prialya - very first met

« On peut se dire dîner puis ciné, l’an prochain. Celui qui gagne se fait inviter, celui qui perds règle la note… » Voilà, les conditions étaient posées, qu’on puisse boire ou non l’an prochain. La partie pouvait se jouer. Ca sonnait peut être comme un rendez vous, mais la jeune femme ne semblait pas mal à l’aise, c’était même elle qui avait allié mes deux suggestions alors. Et puis à l’origine, c’était un rencard pour l’an prochain, d’ici là il pouvait s’en passer des choses… Talya réussit son premier tir et réclama une autre récompense. J’eus un sourire amusé et j'exigeai une deuxième réussite avant qu’elle ne remporte quoi que ce soit. La jeune femme, ne perdant pas le nord, réclama alors une avancée de notre –rendez vous- à la semaine prochaine. Mon sourire s’élargit. « Ok, deal. Vas y je te regarde… » répondis-je amusé avant de tourner la tête vers la cible pour observer où la fléchette de la jeune femme irait se planter. Je ne savais pas trop comment qualifier ce petit jeu entre nous, ces regards, ces sourires… Je ne m’étais pas autorisé de rapprochement de la sorte avec quelqu’un depuis un moment, mis le dérapage avec Elia qui n’avait rien à voir de toute façon… La sensation était assez plaisante, se découvrir, jouer, flirter… J’avais pas vraiment envie de mettre des mots là dessus, juste de profiter. Quand la demoiselle réussit une nouvelle fois un coup parfait, je sifflais, histoire de montrer que j’étais impressionné. Je m’approchais ensuite, je me penchai vers elle pour récupérer des fléchettes et pouvoir jouer à mon tour, lui soufflant à l’oreille au passage : « Tu es plutôt italien, français, mexicain ? » Je parlais de restau bien sûr.

« Ca me va... Parce que comme je te sens galant que je perde ou que je gagne, il me semble que tu payeras la note même dans un an...» Je lui fais un clin d'oeil et je retourne me mettre en place. Talya calme toi non mais depuis quand on agit comme ça avec un homme qu'on ne connait que depuis quelques minutes. Depuis quand on lui propose aussi d'avancer le rendez vous de l'année prochaine quand on le connaitra surement un peu mieux à la semaine prochaine alors qu'on ne le connait presque pas et que c'est peut être un dangereux psychopathe ? Parce qu'après tout il était le seul à être venu me parler ce soir... Ca cachait peut être quelque chose. Mais en fait, je m'en fichais, je lançais ma deuxième fléchette et elle exprima bien toute ma motivation puisqu'elle alla se planter dans le centre de la cible une nouvelle fois. Priape siffla puis vint prendre les fléchettes dans ma main et me demander quelle était la nationalité que je préférais. Je m'écartais pour le laisser jouer, me mordillant légèrement l'intérieur de la joue : « Grec... ? Priape c'est grec non ? Comme genre dans Troie avec Brad Pitt et le mec qui s'appelle Priape... » Je le taquinais du regard avant de rire et d'ajouter : « Mais pour le restau, je suis fan de la gastronomie française... Si t'as un bon restau où me faire manger des grenouilles je te suis même demain. » Moi friande de bonne bouffe ? On ne dirait surement pas avec ma ligne même si j'ai quelques kilos en plus à cause de ma grossesse très récente, mais c'est pourtant bel et bien le cas, j'aime bien, bien manger.

« Tu me connais mal… J’suis galant mais fauché. C’est pour ça le côté profiteur en fait.» Ha ha si elle voulait se faire inviter dans un quatre étoiles c’était un Eliot qu’il fallait qu’elle défie, pas un dunster. « Mais si ça te dérange pas de dîner devant un hot dog ou un kebab, je t’inviterai…» Je ne marquais surement pas de point là, mais en même temps, je n’allais pas lui faire miroiter je ne sais quoi sur mon compte en banque. Au moins, j’étais sûr que si elle continuait de s’intéresser à moi, c’était vraiment pour moi et pas par intérêt. Le premier coup réussi, le deuxième suivit, tout aussi parfaitement visé. J’étais impressionné, je récupérai les fléchettes en demandant ce que la jeune femme préférait comme type de restau. J'avais changé d'avis : c’était deux trop jolis coups pour s’en tenir à un casse dalle dans un boui boui. Mon sourire s’agrandit quand elle porta son choix pour une suggestion que je n’avais pas faite : grec. Je n’avais plus d’accent depuis longtemps, après les nombreuses années passées sur le sol américain, mais c’était mon prénom qui m’avait trahi. « Troie, Brad Pitt, vas falloir réviser vos classiques en matière de mythologie mademoiselle… » Enfin, si le cinéma permettait de populariser mon pays, moi j'étais pour. « Mais oui, bien vu… » Pour la nourriture, elle rectifia, préférant opter pour un restau français, prête à me suivre dès demain. « Challenge accepted. » Je m’en fichais si ce n’était pas vraiment un défi qu’elle venait de me lancer, moi je le prenais comme tel. Et me tournant fléchette en main, j’essayais de viser et tirer à mon tour. Le missile ricocha sur la cible et tomba au sol. Ri-Di-Cule. « Ok, la star des fléchettes, tu me donnes un cours ? » demandai-je en me retournant vers elle à nouveau avec un petit sourire.

« Ca ne me dérange pas non plus que la séance cinéma se fasse sur un canapé devant une télé ! » S'il voulait tomber sur une fille superficielle qui attache une grande valeur à l'argent et aux belles choses, il devait se rendre chez les cabots, c'était là qu'il avait le plus de chance de trouver une barbie de la sorte même si toutes les filles n'y sont pas comme ça. « Plus de sandwich ? Mon talent mérite au moins de manger dans une assiette ? » Je le défie du regard puis il me taquine sur mes connaissances en histoires. Si mes références sont quelques peu contestables et risibles, elles m'ont quand même permises de cibler correctement ses origines. « Tu sauras comme ça que je suis plus forte en cinéma qu'en histoire mais que j'aime quand même les films sur l'histoire ! » Oula, doucement ça allait devenir compliqué de suivre avec l'alcool dans les veines, j'allais un peu trop me mélanger les pinceaux. En attendant, mon numéro faisait son petit effet. Mon défi relevé il tenta de faire aussi bien que moi avec la cible mais ce fut un échec cuisant et un rire moqueur sorti de ma bouche. C'était l'alcool, d'ordinaire j'étais bien mieux élevée que ça. Cependant, il n'avait pas l'air si vexé que cela, il me demanda de venir l'aider. Je rapprochais un tabouret en bois de lui, je quittais mes talons pour éviter de tomber, je me plaçais juste derrière lui plaçant l'une de mes mains sur son épaule, l'autre sur sa main tenant la fléchette et mon visage juste à côté tu siens. Op je fis semblant de le placer correctement et je soufflais à son oreille parce que nous étions vraiment très proche : « Maintenant tu te concentres et tu tires... »

« Et dans une chambre universitaire à la dunster ? Entre mes deux colocs et moi ? Ca ne dérange pas non plus ? » ajoutai-je en riant alors qu’elle me signifiait qu’elle n’avait pas de trop hautes exigences. Enfin après son double succès plutôt impressionnant, je reconsidérais mes projets : un kebab devant un navet à la dunster avec Charlie et Jasper en chandelles, non ce n’était pas à la hauteur de son talent aux fléchettes. Je pouvais bien casser ma tirelire et l’inviter. J’hochai donc la tête avec un sourire alors qu’elle faisait un petit étalage de ses connaissances en histoire. « Je note, je note… Cinéphile, amatrice de film historique… » Et puis je notais vraiment l’info dans ma tête. Au final, plus je lui parlais, plus j’avais vraiment envie d’en apprendre sur elle. « Quel autre genre de films tu aimes bien ? » Histoire d’éplucher le programme ciné pour trouver celui que je l’emmènerais voir. Un rire s’était échappé de ses lèvres sans que cela ne me vexe, mon tir était un échec cuisant… Et puis, j’étais content si cela me permettait un petit cours dispensé par la blondinette : s’aidant d’un tabouret, elle se plaça derrière moi, sa main corrigeant la façon dont je tenais la fléchette alors que son autre était venue se poser sur mon épaule. Son visage collé au mien, je sentis son souffle contre ma peau alors qu’elle me demandait de me concentrer… « Impossible…» Oui, c’était compliqué de m’appliquer alors qu’elle était si proche de moi. D’ailleurs mon regard dévia un instant sur le côté, cherchant le sien. « …ma prof me déconcentre là. » Un petit sourire étira mes lèvres avant de reporter mon attention sur la cible pour tirer, La fléchette se planta sur l’une des parties externes de l’objectif. « Y’a du mieux… » commentai-je, essayant de positiver mes progrès. Enfin, je sentais que le restau, ça serait pour ma poche…

« Je ne suis pas polygame alors quand même, il faudra trouver de quoi les occuper en dehors de la chambre ! » Mon dieu qu'est ce que l'alcool ne me faisait pas dire. J'étais clairement en train de lui dire de foutre ses colocataires dehors pour qu'on ait la paix lui et moi. Parce que je pensais à lui et moi ? Il fallait que j'arrête de boire surement. « Sur la polygamie je suis un peu chiante mais sur le choix du film je ne le suis pas t'en fais pas tu me mettras ce que tu voudras du truc d'action qui explose dans tous les sens au truc à l'eau de rose qui se termine en - ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants - même si on sait tous que ça ne se passe jamais comme ça dans la réalité. » Cette phrase là était beaucoup annonciatrice de ce qu'il allait se passer. C'était horrible quand on y pensait, j'aurais mieux fait de me taire ce soir là. « Attends avant d'être déconcentré, il manque le bisou de la chance. » Je dépose un baiser sur sa joue, dans son cou, on ne sait plus trop à l'heure qu'il est. Il finit par tirer et paf sa flèche reste dans la cible, pas en plein centre mais quand même. Bisou sur le côté du visage, flèche sur le côté de la cible... Et si bisou en plein milieu ? Flèche en plein milieu ? Je remets en place sa main pour le deuxième tir. Je descends du tabouret après lui avoir demandé de la concentration et je viens me planter devant lui. Je me mets sur la pointe des pieds et op mes lèvres effleurent les siennes l'espace d'un instant. « Là tu devrais la mettre au milieu. »

« De toute façon, t’es pas vraiment le genre de Charlie… Il les préfère plus viriles ses conquetes. Et puis Jasper t’effraie, donc je vais pas avoir d’autre choix que les chasser. » rigolai-je alors qu’on parlait de mes colocs. L’idée d’avoir un petit tête à tête avec la jeune femme aurait surement du me faire plus stresser, surtout si on comptait qu’à part mon dérapage avec Elia, je n’avais eu personne depuis février. Pourtant, avec Talya, c’était simple, fluide, presque naturel… Elle me fit savoir qu’elle n’était pas compliquée en terme de films : action ou à l’eau de rose, un style cinématographique qui lui permit de me faire connaître son pessimisme en terme de fin heureuse. Une petite remarque septique qui me fit aussi penser qu’elle avait du elle aussi traverser une rupture difficile, ne me doutant alors pas que ce qu’elle avait vécu était encore pire que ça. « Ils savent bien embellir les choses au cinéma oui. » La proximité de la blondinette avait le don de me troubler. Et lorsqu’elle déposa ses lèvres sur ma peau, je fus aux combles de la déconcentration. Je réussis malgré tout à planter mon missile en périphérie de la cible. Elle replaça ma main, qui tenait une nouvelle fléchette, prêt à tirer pour un autre essai. « Et mon bisous de la chance. » réclamai-je. Elle descendit alors du tabouret pour venir se placer devant moi et elle vint effleurer mes lèvres des siennes. Ce fut très bref mais cela suffit à faire apparaître un large sourire sur mon visage. Je me concentrais, essayant de ne pas laisser mes pensées divaguer après ce contact éphémère entre nos deux bouches. « J’ai la pression là… » Parce qu’avec un tel porte bonheur, je me devais de réussir. Je fermai un œil, visai avec soin et lançai franchement la fléchette qui alla se planter au centre, à côté des deux siennes. Mon sourire s’élargit encore un peu plus, fier. « T’es une bonne prof Talya. » Je saisis mon verre, l’entrechoquai avec le sien : « Cul sec pour fêter ça. » fis-je avant de descendre ma propre vodka pomme d’une traite. Je marchai jusqu’à la cible, récupérai les fléchettes et revins ensuite vers la jeune femme : « Je crois que la victoire te revient… Et tu sais, je connais un bon petit restau, j’sais pas si ils servent de la grenouille mais on peut tenter d’aller y faire un tour. » Genre de la semaine prochaine, j’avançais ma dette à ce soir. Les dunsters avaient commencé à se disperser, le bar se vidait peu à peu et moi je n’avais juste pas envie que la soirée prenne fin tout de suite.

Charlie, comme ma fille, mais je me gardais bien de lui dire, je ne voulais pas lui dire déjà que j'avais un bébé de quelques semaines sinon il allait surement prendre la fuite. Surtout qu'il avait l'air plutôt partant pour les chasser alors je ne voulais pas louper cela. On parlait ensuite du cinéma, je l'aidais à viser la cible et il ne tarda pas de réclamer son bisou de la chance. Bim en plein dans le mille, est ce qu'il était surpris ? Dérangé ? En voyant le résultat, ce n'était pas possible, il avait mis la fléchette en plein dans le milieux. « C'était une bonne pression... » J'hausse légèrement les sourcils et mon regard se fait charmeur alors que mon sourire s'étend. Mon dieu à quoi est ce que je joue ! « Je suis très bonne au cul sec aussi ! On va dire que je sais motiver les gens ! » Petit clin d'oeil, je trinque avec lui et op ma tête part en arrière et j'avale mon verre. Je referme la bouche et je grimace mais non tout va bien. « Tu veux m'emmener manger là bas maintenant ? Tu crois qu'ils servent encore à cette heure ? » J'étais surprise mais après tout pourquoi pas le suivre, il était ma seule compagnie de la soirée alors je n'allais surement pas refuser de prolonger la soirée. « Mais je te suis. » Je tends mon bras comme pour prendre le sien et qu'il m'entraine.

Ce petit jeu entre nous, probablement favorisé par notre alcoolémie croissante, était loin de me déplaire. « Tu es autorisée à me mettre la pression comme ça aussi souvent que tu en auras envie… » rigolai-je après mon tir réussi grâce à son –bisou de la chance-. Malgré cela : Talya avait remporté la partie, et donc gagné son invitation à dîner. On était peut être au milieu de la nuit, on  allait surement galérer à trouver une table quelque part, mais je lui proposais malgré tout de me suivre et d’honorer ma dette dès maintenant. Le bar se vidait, les étudiants se dispersaient mais moi je n’avais aucune envie que la soirée se termine déjà. « On verra bien. S’ils servent plus je t’entraine dans les cuisines de la DH. Le cuistot Zacharias sert H24. » plaisantai-je avant de me diriger vers la sortie, attrapant son bras pour l’entrainer avec moi. Une fois à l’extérieur, l’air s’était bien refroidi, le frais de la nuit ayant envahi la rue. « T’as froid ? » fis-je en remarquant que la jeune femme n’était pas très couverte. « Tu veux ma veste ? » On avait encore quelques ruelles à parcourir à pied avant d’arriver devant le restaurant que j’avais en tête. « Enfin, t’es peut être réchauffée par la vodka… » la taquinai-je tournant la tête vers elle, mes yeux plongeant un instant dans le siens. Si elle, elle était réchauffée par la vodka, pour la part, c’était sa présence qui m’échauffait, même si les verres que j’avais descendu tout au long de la soirée y étaient peut être pour quelque chose aussi…

Qu'est ce qu'il se passait ? Comment est ce que je pouvais me sentir si naturellement bien avec quelqu'un aussi vite ? Cette question effleura mon esprit quelques secondes avant de le libérer pour qu'il profite du moment. Je souris à sa remarque et je le suivis vers l'extérieur du bar que tout le monde quittait, personne ne remarquerait notre absence ou notre départ ensemble, enfin je l'espérais afin de ne pas entendre trop mon prénom dans les rumeurs. J'ai toujours été discrète je ne voulais pas que cela change maintenant. A la sortie de la boîte je me stoppais et je lui demandais à moitié déjà en train de rire:

- Et qui me dit que tu n'es pas un dangereux psychopathe qui va m'entraîner je ne sais où ?

Il n'en avait pas l'allure mais sait on jamais si c'était une apparence et qu'il attende qu'on sorte pour me menacer avec un couteau ou rien qu'à l'aide de sa force. 

- Si jamais on finit à la DH le cuistot  Zacharias ne va pas m empoisonner?

Ma mère m'a toujours appris à ne pas suivre les inconnus alors même si je le suis tout en parlant je tente quand même de poser des questions, on sait jamais si j'ai des réticences. .. bien cachées bien sûr !

- Il fait pas chaud mais je ne voudrais pas que tu attrapes un rhume par ma faute alors je vais continuer de me laisser légèrement réchauffer par mon amie vodka !

Accepter sa veste c'était accepter qu'il me mette dans son lit en un claquement de doigt, ne montrez aucune résistance et si depuis le début de la soirée c'était bien ce qu'il se passait je comptais bien me reprendre. Mais sans sortir non plus les défenses de guerre.