{FB} I don't care about what you think about me (Ianda)

La prise d'otages avait certainement été un des pires moments de ta vie, ou peut-être le deuxième mauvais moment à passer, tu n'arrivais pas à croire qu'une telle chose avait pu arriver, alors tu avais hésité à quitter Harvard pour une autre fac... Pendant quelques semaines tu avais tenté de faire transférer ton dossier à la fac de NY, Columbia, mais ta demande avait été refusée, alors du coup tu étais finalement restée à Harvard. Ça ne te déplaisais pas totalement, et puis après tout tu t'y étais enfin faite à cette vie à l'université d'Harvard.
C'était clope au bec que tu quittais ton petit appartement à Central Square pour te rendre en cours, tu te doutais qu'après cette prise d'otages, il y aurait probablement beaucoup d'absents, mais toi, comme tu n'avais rien à faire chez toi, tu te pointais quand même sur le campus. Aujourd'hui, t'avais décidé d'y aller en moto, petit blouson en cuir, jean slim, tes bottines cloutées préférées, un haut blanc plus ou moins décolleté et t'arrivais vers 10 heures sur le campus. C'était plus ou moins vide, y'avait encore une drôle d'ambiance, plutôt lourde même, et surtout t'entendais dire que la plupart des cours n'avaient pas encore repris.

La silhouette de Darcy apparaît dans les couloirs, comme un fantôme surgissant de nulle part. Il déambule un instant, évitant les regards indiscrets d'étudiants qui se demandent qu'est-ce qu'un gars comme lui vient faire par ici. Il est clair que sa tête est inconnue de tous, ici. Du moins, pour l'instant. Pour l'instant, il faut se faire discret. Ne pas attirer l'attention, au risque de se faire passer pour un énième terroriste - agresseur - fouteur de merde.

Il soupire. Il ne sait où mettre les pieds. Au loin, un petit blond à lunettes l'aperçoit, et s'approche de lui, souriant. Il a probablement remarqué l'étrange comportement de Ian, le comportement traître qui balance haut et fort que tu es nouveau. « T'es nouveau ? » lui lance-t-il, apparemment impatient d'aider. Instinctivement, la mâchoire de l'anglais se crispe tandis que ses poings éraflés de la veille, se referment sur le plan de l'université qu'il range alors dans la poche intérieure de sa veste. « Non » grogne-t-il avant de s'éloigner en direction d'un banc, où il décide de s'y asseoir afin analyser l'endroit.

Dans ce genre de situation, les nouvelles têtes sont facilement repérables, ou alors ceux qui sont là ça peut être aussi les grosses têtes, les lèches bottes ou alors les fils à papa qui n'ont pas eu le choix de revenir ici sinon pas d'argent de poche en fin de semaine. Rien que cette pensée te fit sourire, toi, t'avais plus ou moins coupé les ponts avec ta famille, alors forcément t'avais pas ce problème d'argent de poche. Non, toi tu gagnais ta vie en chantant tous les soirs ou un soir sur deux au Bukowski Tavern. Ton cours était annulé, tu tapais dans une canette qui traînait sur le sol, elle avait rien demandé à personne cette pauvre canette, puis après avoir exprimé ta colère contre le reste du monde, tu décidais d'aller poser tes fesses sur ton banc. Sauf que pas de bol, y'avait déjà quelqu'un qui avait osé squatter ton banc, lui, il savait pas à qui il avait affaire. Un brun, plutôt canon dans son genre, mais c'était pas le plus important. Tu jetais ton mégot par terre, pas loin de ses pieds. "Oups désolée, j'ai pas fait exprès. tu lui sortais, faussement désolée, mais c'était TON banc.

Son regard, aussi noir qu'une nuit sans étoiles, se fige un instant sur le mégot de cigarette encore chaud avant de dériver lentement sur celle qui se tient désormais debout, face à lui. Il l'examine, doucement, tendrement, dans un silence de mort. Elle est plutôt jolie, pense-t-il avant de lui ébaucher un sourire forcé. « La fumée t'a grillé les neurones ou c'est juste parce que t'es conne ? » siffle-t-il, imperturbable. Il s'étale alors un peu plus sur le banc, cela fait plusieurs secondes maintenant qu'il ne l'a pas quittée des yeux. Mais quelque chose semble avoir changé dans ces mêmes yeux qui, il y a quelques minutes l'observaient avec douceur ; une lueur provocatrice s'y est installée, avide et grandissante. Il n'a pas pour habitude de se montrer irrespectueux envers les femmes, mais celle-ci ne demande que ça, comme si c'était le seul moyen de communication dont elle pouvait faire preuve, comme si c'était plus facile que de poser une simple question. Mais une simple question aurait probablement achevée la conversation, ce qui, étrangement, est loin de ce que désire l'anglais.

Il a ce genre de regard qui te dis clairement que t'es pas le bienvenu dans sa bulle, il a ce regard noir qui t'arrache des frissons, mais pas le genre de frissons que tu pourrais apprécier, mais plus des frissons qui te donnerais envie de partir loin de lui. Pendant quelques secondes tu sens son regard posé sur toi, qui détaille de haut en bas, comme s'il examinait chaque parcelle de ta peau. Et sa voix t'arrache un sourire nerveux, ta main tremble, ça te démange de déjà lui en coller une alors que vous vous ne connaissez que depuis quelques secondes. "Non, c'est juste ta présence ici qui m'a ôté toute envie d'être tendre avec toi." Tu connais ce regard, tu l'as déjà servi plusieurs fois aux flics quand t'étais en cellule de dégrisement, ce regard qui dit que t'es qu'une sale gamine irrespectueuse, comme si y'avait marqué "fuck" sur ton front. "C'est pas très gentleman tout ça, d'me parler comme ça, t'es juste con ou t'as envie de mourir sans avoir connu l'orgasme parfait avec moi?" tu lui fais, provocatrice, ouais t'aime bien jouer. Et lui, il sera ton nouveau cobaye.

« C'est juste ta présence ici qui m'a ôté toute envie d'être tendre avec toi. » lance t-elle, sur la défensive. Ian sourit, il ne peut s'en empêcher. Il aurait bien voulu être tendre avec elle, cela ne l'aurait pas dérangé, la tendresse peut se présenter sous différentes formes. Mais aujourd'hui, et à cet instant plus précisément, il n'y a rien de plus exaltant que de jouer la provocation. Il l'écoute, excédé, sort un paquet de cigarettes de sa poche, en tire une. Il l'allume, tapisse ses poumons de fumée puis exhale un nuage cendré au dessus de son visage. En une fraction de seconde, un nombre incalculable de pensées viennent se bousculer à l'intérieur de son crâne. Cette fille, là, qui se tient debout devant lui, a-t-elle un ego surdimensionné ou bien a-t-elle déjà épuisé tous ses stocks ? Elle pense peut-être qu'elle est la seule ici à pouvoir distribuer des orgasmes parfaits, mais ce qu'elle ignore c'est que Ian n'a pas besoin d'elle pour ça, et que, si elle y tient tant, il va falloir qu'elle s'accroche car elle a double concurrence. « Je n'ai pas besoin d'être gentleman, c'est toi qui viendras vers moi, tout ce que j'aurais à faire c'est de rester assis sur ce banc » lâche-t-il, amusé. Cette situation le divertis. Peut-être qu'il finira par se lasser. Pour l'instant, il profite.

En général, quand tu sors ce genre de phrase, soit ça provoque de la curiosité chez les hommes comme chez les femmes, ou alors ça les surprends de t'entendre parler comme ça, alors qu'on dit que les anglais sont polis, tout ça tout ça quoi. Tu bouges pas, tu le fixes, il sort sa clope à son tour, t'aimes bien l'odeur que dégage la clope en général, mais t'aimes bien aussi l'odeur d'un bon joint. "Moi venir vers toi ? Je sais pas comment font tes conquêtes habituelles pour te supporter, mais crois moi, ça se passera pas comme ça. Je vais certainement pas ramper devant un type comme toi, aussi désagréable en prime." Ouais en gros, t'es aussi agréable que lui, c'est même toi qui l'a cherché, mais t'aimes bien embêter les petits nouveaux. Tu le fixes à ton tour, c'est con qu'il ait un caractère de chiottes, et au fond vous êtes pareils lui et toi. "Quel dommage que tu sois aussi insupportable, on aurait pu passer un bon moment toi et moi..." tu lui faisais, sortant de ton haut un petit joint, l'affichant discrètement sous le regard de cet inconnu du banc. "Sauf si monsieur est trop prude bien sur."

« Ne conjugue pas tes verbes au futur, chérie, tu es déjà en train de venir vers moi, si cela n'était pas le cas nous n'aurions même plus à suivre cette conversation car tu serais déjà loin. » souffle-t-il doucement. Il plisse légèrement les yeux, comme s'il pouvait flâner librement dans l'esprit de celle qui, à l'instant, se veut encore présente. Soudain, la situation prend une toute autre tournure. La voix de la fille vient jusqu'à lui, flottant comme un doux parfum qui met alors tous ses sens en éveil. Lorsqu'elle lui fait entrevoir le bien qu'elle possède, croyant celui-ci assez défendu pour s'autoriser à faire un sous-entendu et jouer la discrétion, il se retient de rire. Sur le moment, il ne peut s'empêcher de la trouver mignonne. Elle lui fait penser à ces enfants qui, à l'école, s'amusent à braver les interdits. « Garde-le, tu en auras très certainement plus besoin que moi .. » dit-il d'une voix saisissante, et implicite, et pourtant chargée de sens. A force d'esquisser des sourires enjoués ou nerveux, une fossette s'est dessinée dans un coin de son visage. « Assieds toi, j'ai l'impression que tu as envie de rester près de moi. » Son ton se veut plus doux, et plus franc que les autres fois. Pour appuyer ses paroles, il se décale légèrement afin de lui faire une place.

Ah, tiens, tu trouves que son regard a changé, c'est peut-être parce que tu viens de lui montrer ton bien, comme si ça l'intéressait, t'avais trouvé un truc qui le rendait un peu plus aimable avec toi. Forcément tu retenais un rire, c'était trop simple de les avoir ces mecs, ceux qui ne fument pas que du tabac, toi aussi, t'es faible devant un joint, alors tu te retrouves un peu en lui. "Plus besoin que toi ?" Qu'est ce qui t'fais dire ça ? Comment ça s'fait que tu sois un type aussi sur de toi et limite arrogant ?" tu lui demandes, alors qu'il te propose ensuite de venir t'assoir à côté de lui. Vraiment ? Il a craqué lui en fait, il sait pas qui tu es et c'est pas après qu'il t'ait insulté que tu vas lui sortir ton plus beau sourire et jouer le bon petit chien à sa mèmère. "T'as craqué mon vieux, t'as vraiment cru que j'allais venir gentiment m'assoir à tes côtés ?" Et pourtant il a ce petit quelque chose qui arrive à t'intriguer, pendant les minutes d'avant son regard était froid, son sourire neutre, mais là, y'a quelque chose de différent, une petite fossette, et toi les fossettes sur un visage de mec, ça te fais toujours un certain effet. Tu passes une main dans tes cheveux blonds, tu l'observes encore pendant quelques secondes, et tu décides finalement de t'allumer ton petit joint bien préparé. La première bouffée est toujours la meilleur, ça te fais facilement planer, mais la fumée, tu la souffles presque sensuellement sur le visage du garçon. "J'viendrais m'assoir quand j'en aurais envie..."

L'intonation de la blonde se fait un tantinet plus agressif. Ses paroles défilent aussi vite qu'une claque qu'on ne voit pas venir, et ses mots perdent alors tous leurs sens pour Ian, qui lui semble s'être perdu dans de sombres pensées. Il ne lui répond pas, il se contente seulement d'emmener la cigarette à ses lèvres afin d'en inspirer un nuage de fumée qui vient alors gonfler ses poumons. Puis il exhale à nouveau, blasé. Ses yeux viennent chercher ceux de celle dont il ignore encore le nom. Lorsque celle-ci s'abaisse légèrement afin de lui tapisser le visage de sa fumée apaisante, ses paupières se mettent à cligner frénétiquement, comme ceux d'un aveugle découvrant le soleil pour la première fois. Sa voix se fait à nouveau entendre, plus douce et à la fois plus provocatrice. Ian esquisse un semblant de sourire, qui s'évapore aussitôt. « Très bien reste debout alors.. » Il jette le mégot au sol et l'écrase de la pointe des pieds. Après quelques minutes passées dans un silence méditatif, Darcy décide de se lever, afin de se mettre à la hauteur de la fille. Il est plus grand qu'elle, et le fait de la voir de haut lui donne un air un peu plus enfantin. Il approche doucement son visage du sien, seulement quelques centimètres les séparent. En l'espace d'un instant, il lui avait semblé que le temps s'était arrêté, laissant leurs deux corps électrisés en suspension. « Au fait, moi c'est Ian.. » susurre-t-il en laissant une nappe de chaleur dans le cou de la fille, avant de s'éloigner.