Oksanna&Misha - In the night

• C'est sombre, j'entends des bruits mais aucun que je peux reconnaître... Ah... Attendez, si... Non, c'est pas possible... J'entends encore ce bruit sourd, pour la troisième fois de ma vie, ce bruit qui m'emporte ailleurs, qui me fait savoir qu'aujourd'hui, c'est peut-être la fin, la fin d'une histoire... Je sais pas ce qui ce passe, mais mon frère est là... Putain non ?! Qu'est-ce qu'il fou là ? Il est censé être mort, merde, bordel, expliquez moi, me laisser pas dans l'indifférence. Oh merde... Je comprends tout, on est dans sa voiture, ce bruit sourd, c'est qu'on vient d'avoir un accident... Putain de merde, c'est un cauchemars mais je n'arrive pas à en sortir. Aidez moi, me laisser pas revivre ça une deuxième fois, j'veux me réveiller, j'veux pas tout revoir... Accident. Feu. Explosion. Bruit sourd. Médecin. Bousculer. Agitement. Blanc. Mur blanc. Stress. Cœur... Mon cœur à cessé de battre. Mort. J'suis mort, et j'me vois en train de partir, j'me vois quitter ce monde mais quelque chose me retire vers mon corps, c'est pas maintenant, c'est pas mon jour. J'me réveil à l'hôpital, le jour où j'suis sorti de ce putain de comas, le jour où j'ai appris que normalement, j'aurais du mourir, mais que mon frère, cliniquement mort, m'a passé son cœur pour que je vive... J'pète un câble, je transpire, et là... J'me réveil. En sueur. Putain, pourquoi y'a t'il fallu que je rêve de ça ? C'est les vacances, j'suis censé oublié tout ça, aller de l'avant, ça remonte à plus de trois ans merde, alors pourquoi j'en fais encore des cauchemars ? J'me lève, j'vais boire un coup, ça tombe bien, c'est l'heure de se lever, je transpire. C'est souvent que ce genre de cauchemars m'arrivent, comme si j'en avais pas encore finit avec tout ça, il fallait que la nuit, ça vienne me hanter, comme pour que je n'oublie jamais par quoi je suis passé, d'où je viens. J'pourrais pas l'oublier, ça, jamais, mais... Je sais pas, quelqu'un avait décidé de me le rappeller l'espace de quelques nuits... J'passe une journée assez basique à vrai dire. Rien de bien bandant, rien qui puisse faire de ma journée une journée exceptionnel. Ce soir, j'avais prévu de sortir, je devais rejoindre Oksanna dans un bar de la ville. Depuis qu'elle était venue à Harvard, j'voulais passer mon temps qu'en sa compagnie, j'oubliais tout ceux qui m'entouraient quand j'étais avec elle, j'oubliais tous mes problèmes. [...] "Bouge de mon chemin putain, j'ai pas le temps abruti !" Dans ma voiture, j'étais en train de gueuler sur le gars devant moi qui roulait comme si y'avait des cratères devant lui qui allait lui faire sauter ces pneus de voiture. S'il continue comme ça, en plus de me prendre tous les feux, j'vais finir par arriver en retard, et, je détestais, arriver en retard. Quand cet abruti décide enfin à rouler un peu plus vite, il finit réellement par crever un pneu... J'crois que là, c'est le pompom... J'ai le choix entre descendre et l'aider, et le contourner et me barrer à toute vitesse... Sauf que j'suis pas vraiment un connard, quand j'vois que c'est un vieux qui va surement mourrir dans l'année, j'me dis que j'peux faire une bonne action. Alors, je descends de ma voiture et j'vais l'aider à changer son pneu, sauf qu'une fois fait, j'me retrouve avec les mains toutes noirs. Je m'arrête donc à la première station essence histoire de me nettoyer tout ça, et, je repars en direction du bar. Quinze minutes de retard, je déteste ça, vraiment, j'ai l'impression d'être une merde. Alors, me pressant, je la vois, là-bas, au comptoir, et, j'vois qu'un autre gars se tient devant elle et qu'il est en train de lui parler. J'm'approche, et, j'me place à côté du gars, faisant comme si de rien était, commandant un verre. Premier mot déplacé, il se prends mon poing dans la gueule. J'sais que c'est pas bien de piéger les gens comme ça, mais, il c'est prit pour qui pour aller lui parler lui ? •

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IN THE NIGHT

OKSANNA & MISHA

C'est toujours toute une histoire quand je dois faire quelque chose qui sort de mes habitudes. En général, mes proches savent qu'il faut toujours me prévenir au moins quelques heures à l'avance s'ils veulent sortir avec moi quelque part, car j'ai tout un rituel avant de pouvoir passer mon nez hors de ma porte. Je veux savoir qui il y aura exactement, où ça, de quelle à quelle heure. Je veux pouvoir avoir le temps de me préparer entièrement, et tout le monde sait que je suis particulièrement lente pour ça. Si toutes ces conditions ne sont pas réunies, je vais sûrement venir, mais je ne me sentirais pas bien, tout simplement. J'angoisse assez rapidement quand je suis prise au dépourvu et j'avoue que c'est quelque chose d'assez handicapant. J'aimerais bien être une personne capable de vivre sa vie au jour le jour, qui n'a peur de rien, qui s'adapte au dernier moment. J'aimerais être cette fille cool qui prévoit ses plans pour la soirée quelques minutes avant de sortir, qui a l'apparence de celle qui a pris du temps pour se préparer alors qu'elle n'a presque rien changé à sa tenue de la journée. En fait, je pense que cela pourrait être mon cas, mais que je me prends toujours trop la tête, comme d'habitude. Faire les choses simplement ne faire pas partie de mon vocabulaire. Avec moi c'est tout ou rien.
Alors quand je me prépare pour rejoindre Misha dans un bar, j'avoue que j'essaye de mettre le paquet. C'est peut-être un peu con car après tout, on va juste boire un verre, mais j'aime montrer que je fais des efforts. D'autant plus que c'est lui et pas un autre simple ami. J'essaye néanmoins de ne pas avoir l'air trop superficielle car je me doute que ce n'est pas vraiment son genre. Vous voyez, je me prends encore la tête. Avec lui, tout devrait être simple, mais je ne peux m'empêcher de tout faire pour que cette soirée soit parfaite. C'est comme ça, on ne me changera pas je suppose. J'enfile donc une robe noire, je me maquille dans les mêmes ton et file jusqu'au bar où nous nous sommes donnés rendez-vous. Une fois arrivée sur place, je décide de m'installer au comptoir en attendant que Misha arrive. Je ne sais pas si c'était un choix très judicieux, car un type un peu chelou vient m'aborder. Je souris. Je fais pas ça pour être polie envers lui, j'en ai rien à faire de ce qu'il pense, mais je fais ça pour garder mon calme, pour rester cool je suppose. Car si je n'essaye pas de garder mon sang froid, je sais que je vais paniquer. Mais l'inconnu en question se fait de plus en plus pressant, il me parle, je comprends pas tout ce qu'il dit car j'ai les oreilles qui commencent à bourdonner. Puis il faut dire que son taux d'alcoolémie ne l'aide pas à se faire comprendre. Puis, il fait l'impardonnable. Il pose sa main sur ma cuisse. Sans attendre, je me précipite en bas de mon tabouret. « Bon, tu dégage maintenant. » je lui lance, incapable de rester calme. C'est un comble pour moi qui déteste les contacts physiques. Je pensais que j'avais réussi à le décourager, mais je vois qu'en réalité je n'ai fait que l'énerver. Je veux jeter un coup d'oeil à ma montre, mais je n'ose pas le quitter des yeux. Que fait Misha ? Je commence à me sentir vraiment mal pour le coup. Mon interlocuteur s'avance alors vers moi et m'attrape le bras. « Lâche moi ! » je lui ordonne, même si je sais que ça ne servira pas à grand chose. Je pense qu'il vient de m'insulter, mais encore une fois, j'arrive pas à rester concentrée car je regarde autour de moi pour une sortie de secours, un moyen de prendre la fuite. Mais tout le monde semble très occupé et pas très intéressé par mon cas.

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• J'étais là, non loin d'elle, je la regardais, j'étais en retard, de toute façon, et, même si je n'aimais pas trop ça, quand je vis ce gars devant elle, je préféra attendre encore un tout petit peu, histoire de voir ce qu'il lui voulait, et surtout, écouter ce qu'il allait lui dire pour surement, lui rentrer dans le lard. Malheureusement, j'avais toujours été comme ça, j'avais toujours foncé tête baissé sans réfléchir aux répercutions de mes putains d'actes. C'est pas comme ça que j'vais évoluer, je le sais bien, mais, au final, je fais déjà un gros travail sur moi même pour être une bonne personne, ou plutôt, essayer de devenir une bonne personne. J'aurais très bien pu y aller, virer le gars poliement et hop, l'affaire était réglée, mais, je savais aussi qu'Oksanna avait une très bonne répartie, et, que lorsque quelque chose n'allait pas, elle le faisait savoir, alors, si ce gars était là pour lui casser les couilles, elle n'allait pas tarder à le virer. Je la regardais du coin de l'oeil, je regardais sa beauté, cette belle robe noir qu'elle avait mis, ces cheveux coiffé parfaitement, son petit maquillage, je regardais ce rayon de soleil qui illuminait le bar, comme une aura qui brillait tout autour d'elle. Et là, je vis que ce gars était loin d'être clean, et, le geste qu'il fait, ça me plaît pas du tout, mais vraiment pas, je vous assure. J'vois sa main se poser sur la cuisse d'Oksanna, certes, elle lui vire aussitôt et lui demande de dégager, mais, c'est le geste de trop. Je sent toute cette haine remonter en moi, je sent cette envie de lui prendre la tête et de lui éclater dans un mur, je vois toutes ces bouteilles autour de moi, et, tout ce que je veux, c'est lui casser sur la gueule. J'ai envie de lui faire du mal, j'ai envie qu'il regrette son geste, alors, j'me redresse et je commence à m'avancer, calmement, car je sais que c'est le seul moment de calme que j'vais avoir pour le moment. Sauf que ce mec, il s'arrête pas là, je le vois aggriper le bras d'Oksanna, comme si il voulait l'emmener avec elle. Alors, sans dire un mot, j'arrive derrière le gars, je l'attrape par la nuque et je lui claque contre le comptoir. Rien à foutre des gens qui nous peuvent être là, tu touches pas à Oksanna. Je garde ma main contre sa nuque, je la sert entre mes doigts, et, sa gueule sur le comptoir, j'me penche vers lui. "J'te laisse deux secondes pour te barrer... Si tu la regardes, si tu la touches, ou juste si t'ouvres ta gueule, t'es mort, ta gueule, je l'éclate contre des murs et j't'égorge. Plus jamais tu refais ça, t'as compris ?" Je l'entends parler dans sa barbe, sans que je ne puisse comprendre ce qu'il est en train de dire. Bon, avec sa bouche contre le comptoir, c'est difficile aussi, donc, je lui relève légèrement. "J't'ai demandé si t'as compris ?!" Avais-je dis un peu plus fort. J'le vois hausser la tête, les yeux baignant dans le sang, il doit pas être là depuis cinq minutes pour être aussi défoncé que ça cette petite merde. J'ai envie de le claquer, de lui refoutre la tête contre cette planche de bois, mais, j'suis pas non plus un sauvage, j'veux pas qu'Oksanna est une mauvaise image de moi, l'image d'un gars un peu trop impulsif et agressif. Alors, j'le lâche, et j'me plante devant lui pour le voir quitter le bar, sauf qu'il commence à ouvrir la bouche. J'ui lance un regard noir, un regard qui veut dire que s'il l'ouvre, il est mort, et, il finit par quitter le bar. J'vois les gens me regarder, mais, je ne dis rien, s'ils ont un problème, ils viendront me voir, c'est tout. "Sert nous deux alcool fort s'teuplait." Avais-je lâché au barman qui était en train de nettoyer un verre, et, j'alla vers Oksanna. Posant ma main contre sa joue, je demanda. "Ça va toi ? Il t'as pas fait mal?" Il a pas intêret à lui avoir fait mal s'il veut pas que j'le retrouve. •

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IN THE NIGHT

OKSANNA & MISHA

Je meurs de chaud. Je ne sais pas si c'est ma colère ou mon agitation, ou encore la main moite de ce sale type sur mon bras, mais j'ai l'impression que mon corps entier prend feu, de mes orteils à mon visage. En passant par mes poumons qui semblent manquer d'air à chaque inspiration. J'ai envie de faire quelque chose, de sortir, d'ouvrir les fenêtres, de pousser les gens qui m'entourent et qui semblent se resserrer sur moi, mais je suis bloquée. D'ailleurs, je n'arrive pas vraiment à réfléchir, à prendre la moindre décision. Demander de l'aide à quelqu'un ? Rester plantée là ? M'évanouir ? De nombreuses possibilités s'offrent à moi et pourtant il m'est impossible de savoir quoi faire. C'est ça paniquer. Avoir le cerveau qui fonctionne tellement vite que c'est comme s'il fonctionnait à l'envers, comme s'il était paralysé. Pas le temps de réfléchir sérieusement, il passe à autre chose, une autre pensée, une autre idée. Et moi, je suis là, comme une conne hébetée, essoufflée. Je regarde mon agresseur, sans vraiment le regarder. Je me sens stupide et inutile et je prie pour qu'on me vienne en aide. Ne fut-ce que me bousculer pourrait m'aider à me mettre les idées en place. Je prie pour qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi, juste que je puisse me sortir de cette situation délicate sans la moindre égratinure. Soudain, je perçois un mouvement, une ombre qui surgit de nulle par. Je plisse les paupières histoire de pouvoir mettre un visage sur cette silhouette, un nom sur ce visage si je le peux. Et je le peux, car c'est Misha qui vient d'arriver et qui attrape l'inconnu par la nuque. J'expire de soulagement. Il est enfin là. Je craignais qu'il n'arrive pas à temps, ou qu'il ne vienne jamais.
Puis tout se passe très vite. Je suis obligée de reculer de quelques pas histoire de ne pas être embarquée dans l'agitation. Mon agresseur finit avec le visage collé au comptoir, menacé par Misha. Je sens les regards autour de nous qui s'attardent sur la scène, mais je m'en fiche. Si Misha n'était pas arrivé, qui sait ce que ce type aurait pu faire. Ce dernier n'a que ce qu'il mérite en réalité. Je préfère néanmoins regarder ailleurs lorsqu'il se lève pour quitter le bar. Le voir dans cet état me met mal à l'aise, je ne sais pas pourquoi. Je ne veux tout simplement plus être mêlée à quoi que ce soit de près ou de loin avec lui. Si je pouvais, je choisirais même de revenir en arrière et arriver un peu en retard, comme Misha. Comme ça nous nous serions retrouvés devant le bar et personne n'aurais pu m'accoster et se montrer violent avec moi. Mais ce n'est bien entendu pas possible, c'est trop tard. Mon attention se retrouve alors détournée par Misha. J'espère qu'il ne s'est pas blessé, qu'il n'a rien. Je m'en voudrais tellement qui lui soit arrivé quelque chose par ma faute. Mais avant que je puisse lui demander quoi que ce soit, il commande deux boissons fortes au serveur et se tourne vers moi pour poser sa main sur ma joue. Je ferme les yeux à son contact. Il me demande si je n'ai rien. Je passe ma main sur mon bras endolori qui aura certainement un bleu demain matin. Mais je secoue la tête négativement en rouvrant les yeux. « Non, je n'ai rien, ça va. » je lui dis pour le rassurer. Malgré la situation un peu dramatique, j'aime voir qu'il se fait du soucis pour moi, qu'il tient à moi. Puis je jette un coup d'oeil général sur sa personne. « Et toi, tout va bien ? » je demande soucieuse. Mais il a l'air d'aller bien. En même temps, l'autre n'a pas vraiment eu le temps de riposter. J'essaye d'ailleurs de chasser au plus vite cette idée de mon esprit. Je n'aurais pas supporté qu'il lui arrive quelque chose et mon coeur se serre rien que d'y penser. Enfin, nos boissons arrivent et je me jette sur la mienne. J'ai soif et j'ai bien besoin d'un remontant.

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• Au fond, j'étais pas quelqu'un de méchant, j'étais pas vraiment un gros chien, un fils de pute de première qui crache sur les passants juste parceque j'aime pas leurs gueules. Non, j'suis quand même gentil, mais, peu de monde le sait, j'laisse pas à beaucoup de personne la chance, ou la malchance, de me connaitre. J'aime pas trop m'attacher, ça m'fait légèrement peur, même si j'aime rigoler, j'suis quelqu'un qui peu parraitre vachement froid et strict quand on ne me connait pas. J'ai pas toujours été comme ça vous savez, j'étais plutôt un garçon turbulent gamin, qui se prenait sans cesse des coups de pieds au cul par son père, mais, ça me dérange pas plus que ça au jour d'aujourd'hui, j'vis bien, j'ai pas à me plaindre. Quoi que si, j'pourrais me plaindre, y'a des jours où j'ai envie de tout casser, de tout retourner jusqu'à ne plus en pouvoir. Y'a des jours, j'voudrais que ma tête explose, que j'arrête enfin de repenser de trop au passé, mais, c'est impossible... C'est la vie qui en a décidé ainsi, et malheureusement, je ne peux que me soumettre, car ouais, je ne l'accepte pas, j'ferme juste ma gueule, et quand ça va pas, je pète mon cable. Toucher à mes proches est la chose à pas faire, tu peux me faire autant de mal que tu veux, j'serais là pour reçevoir et te répondre, mais, oser toucher à mes proches, c'est comme si tu me touchais moi, mais en beaucoup plus fort, en beaucoup plus violent. Alors, essayer d'immaginer un instant ce que j'ai pu ressentir quand j'ai vu ce gars se rapprocher d'un peu trop près d'Oksanna et surtout, quand je l'ai vu lui prendre le bras. Un mélange de haine, de colère, d'envie de meurtre... Toutes les mauvaises choses qui existent sur terre étaient en train de se mélanger en moi, j'ai senti la violence monter, comme si elle était enfermé et qu'elle avait réussi à casser le vérou de sa cage, comme si elle était en folie et qu'elle n'attendait que ça, sortir, se déchaîner. J'ai pas réfléchi, j'ai attrapé ce gars et il c'est passé ce qu'il c'est passé. Jamais il n'aurait du la toucher, j'avais juste envie de le tuer, de le voir souffrir pour son acte, mais, à quoi ça servirait ? Me foutre encore plus dans la merde ? M'enfoncer alors que je remonte seulement la tête de l'eau ? J'ai pas envie de ça, j'veux vivre, juste vivre et laisser le destin faire sa route. Faire la mienne et être accompagné d'Oksanna, c'est ça, que je veux, et pas de la merde. Alors, une fois partie, je vais vers la belle blonde, je lui demande comment elle va, et, j'me dis que c'est de ma faute, que si j'serais pas arrivé en retard, ça ne se serait jamais passé, jamais ce gars l'aurait approché. "J'suis désolé... J'serais arrivé à l'heure, ça ne se serait jamais passé comme ça..." Mais j'avais eu des problèmes sur la route, j'avais du m'arrêter, aider ce gars... Comme quoi, à vouloir être une bonne personne, je n'arrive pas à l'heure... Et si ça avait durer plus longtemps ? Et si ce gars, il en aurait profiter pour aller plus loin, pour essayer de lui faire je ne sais quoi ? Mais bref, oublions ce détail, oublions tout ça, faisont en sorte de passer notre soirée comme c'était prévu. "Allez viens..." J'attrapa sa main et je l'emmena avec moi en direction du table libre au fond du bar, ici, ont seraient au calme, ici, personne ne viendra la faire chier, et, si y'en a un qui la regarde d'un peu trop près, il subbira le même sort que l'autre alcoolique, qui doit être dans un faussé, maintenant... •

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IN THE NIGHT

OKSANNA & MISHA

Voir Misha comme cela était une première fois pour moi. Le voir frapper quelqu'un si violemment, le menacer, devenir presque fous, c'est une partie de lui que je ne connaissais pas, comme un second visage. Je me souviens de lui, quand il était gamin, quand nous nous fréquentions toujours, en Russie. Il était turbulent, il faisait des conneries pour la plupart avec moi et son frère Vitaly, mais il n'était pas violent. Plus d'une fois je m'étais dit qu'il ne ferait jamais de mal à une mouche, qu'il était trop bon pour ça. C'était plutôt son frère qui avait le sang chaud, qui était impulsif et laissait ses sentiments prendre le dessus sur ses actions. Alors revoir Misha après tout ce temps passé loin l'un de l'autre, se comportant comme son frère décédé, cela me fait quelque chose. Je ne saurais vraiment dire quoi. Je n'ai pas peur de lui, je n'ai pas l'impression de faire face à un monstre ou un inconnu. Quand je le regarde dans les yeux, je sais que c'est bien lui, qu'il est toujours le même. Mais il a quand même changé, c'est indéniable. Et c'est étrange de se dire qu'il a changé, qu'il ressemble plus à son frère depuis la dernière fois que je l'ai vu en Russie, et qu'il a reçu une greffe du coeur de son frère. En général, je ne crois pas à ce genre de choses. Vous savez, quand on dit qu'une part de la personne donneuse vient faire partie de celle qui est greffée. Je suis plutôt du genre à me dire que ce n'est qu'un organe, que cela n'a rien à voir avec qui on est ou ce que l'on est. Mais dans le cas de Misha, je ne peux m'empêcher de me dire que ce ne peut être une coïncidence. J'aurais envie de me dire que si Misha a autant changé, c'est parce qu'il a vécu pas mal de choses, mais il y a quelque chose en moi qui me dit que ce n'est pas tout. Et alors je me rappelle de ce qu'il m'avait dit lorsque nous nous étions retrouvés. Que Vitaly était toujours là. Il avait peut-être raison quand il a dit ça. Peut-être que c'est vrai. En même temps, c'était son frère donc je suppose qu'il sera toujours dans son coeur ou dans ses pensées, d'une façon ou d'une autre.
Et c'est alors que je vois à quel point il a pu être mal depuis tout ce temps. C'est alors que je vois qu'il a été brisé intérieurement, profondément. Et je me dis qu'il a autant besoin de moi que j'ai besoin de lui. Il a besoin de quelqu'un qui le connaisse, qui voie le bon en lui. Car en dépi de ce que j'ai pu voir ce soir, je sais qu'il n'y a rien de méchant en lui. Il a fait cela pour moi, car il tient à moi et c'est tout ce que je retiens. Le reste je m'en fiche. Je me fiche qu'il soit impulsif, qu'il ne se contrôle pas toujours, qu'il ne réfléchisse pas forcément avant d'agir. Je le connais et je sais qu'il mérite qu'on lui tende la main. Alors quand il s'excuse pour son retard, mettant la faute sur son dos, je l'arrête immédiatement. « Dis pas ça Misha. C'est un malade, t'y pouvais rien. Mais si tu n'avais pas été là ... » je laisse ma phrase en suspens. J'ai pas vraiment envie de penser à ce qui se serait passé. Ce que je veux dire, c'est que si Misha n'était pas intervenu, j'aurais été dans une situation bien délicate, et que je ne l'en remercierais jamais assez. Puis il prend ma main et m'entraine à travers le bar, à travers la foule qui prend du bon temps. Il nous dirige jusqu'à une table, tout au fond de la salle, au calme. J'y prends place en face de lui, soulagée de pouvoir m'assoir à nouveau et reprendre doucement mes esprits. Je suis un peu chamboulée, mais ça va passer. D'autant plus que le serveur nous apporte les boissons que Misha nous a commandées quelques minutes plus tôt. Voilà de quoi me remettre sur pieds. Je prends le verre entre mes doigts et le lève à hauteur de mon visage. « Santé ! » je dis à Misha, avant d'en boire le liquide d'une traite. L'alcool me brule la gorge et je fais une petite grimace le temps que cela passe. J'ai beau être russe, je n'ai jamais été une très grande buveuse.

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• Je ne pense pas être la seule personne à réagir comme ça. J'pense vraiment pas que je suis le seul gars sur terre qui devient fou quand on touche à un proche, quand on touche à une personne que j'aime. Ouais, c'est évident, Oksanna, je l'aime, et ça, depuis toujours, c'est d'ailleurs surement pour ça que toutes les relations que j'ai pu avoir se sont finit dans le chaos, dans le noir totale, c'est surement pour ça que j'ai jamais vraiment réussi à m'accrocher à quelqu'un, à me dire que j'pourrais crever pour cette personne. Parcequ'au fond de moi, il y a toujours eu cette petite voix qui me rappellait mon passé, cette petite voix qui me disait de ne pas oublier Oksanna, que c'était elle que j'aimais vraiment et pas une autre. Et, même si pendant un temps, je faisais comme si je n'entendais pas cette voix, pour avancer et laisser mon passé derrière moi, elle finissait toujours par revenir, et, j'étais conscient que jamais, jamais je ne pourrais la faire partir, que je finirais par mourir avec cette tristesse de ne pas avoir été jusqu'au bout, d'avoir tout gâché comme le con que je suis. Cette tristesse de savoir que ma vie aurait pu être plus belle, que j'aurais pu avoir quelqu'un à mes côtés, quelqu'un qui me connait vraiment, qui sait qui je suis. Alors putain, comprenez moi que je devienne fou quand je vois un putain d'alcoolique de mes deux, avec une gueule en forme de crocodile, approcher et toucher Oksanna, comprenez moi que j'me foute dans cet état-là. J'sais bien qu'elle ne m'avait jamais vu comme ça, mais, depuis le décès de mon frère, j'avais changé, j'étais toujours ce petit garçon, certes, mais, j'avais pris la décision de ne plus jamais être faible, de ne plus me laisser faire, et, j'étais devenue en quelque sorte la copie de Vitaly quand je m'énervais, impulsif comme lui, rentre dedans comme lui, j'avais hérité de son coeur, mais aussi de son caractère de merde par moment. Mais, je n'étais pas un monstre, j'étais loin d'être un putain de monstre, et, j'voulais pas faire peur à Oksanna, j'voulais pas gâcher notre soirée. Alors, je l'avais pris par la main, le contact de sa petite main douce dans la mienne, et puis, je l'avais guidé jusqu'au fond du bar, pour qu'on puisse être en tête à tête, au calme, et ça, malgré le bruit de la musique qui pouvait retentir entre ces murs. Je m'excuse, car au final, si j'étais venu à l'heure, ce gars n'aurait jamais cherché à l'approcher, mais, elle me dit que je n'y pouvais rien, et, que si je n'étais pas intervenu... Puis, elle ne finit pas sa phrase, j'vois ce qu'elle veut dire, et, j'compte bien la rassurer là-dessus. "Faut que tu saches un truc, jamais j'l'aisserais quelqu'un te faire du mal." Jamais, je lui en ai déjà assez fait comme ça pour qu'un autre abruti vienne et décide de lui en faire, jamais je ne laisserais quelqu'un la toucher, l'atteindre, lui faire mal. Mais, changeons de sujet, faisons comme si rien ne c'était passé, profitons de cette soirée, ce rendez-vous, si on peu appeller ça comme ça, non ? Nos verres venaient d'arrivé que je la vis lever le siens avant de l'avaler d'un trait. La grimace qu'elle fit me fait rire. "Et bah ! Tu peux refaire la tête que tu viens de faire là ?" Avais-je lâché en souriant. Non mais ouais, en fait c'est ça le truc, même en faisant une grimace, elle me plaît comme c'est pas possible, j'trouve ça mignon en fait. Alors, j'prends le mien et bois à mon tour, mais, seulement une gorgée, j'compte pas non plus me retourner la tête, j'veux profiter de ce moment en sa compagnie. "Je t'ai dis que t'es magnifique ce soir ?" Non, mais j'y ai pensé, et ça, dès l'instant où je l'ai vu en entrant dans ce bar. J'crois bien que c'est le premier compliment que je lui fais depuis cinq ans, mais, j'sais pas, j'ai pris la décision de tout lui dire, de ne laisser aucun secret entre nous, aucune barrière, et, ne pas lui dire qu'elle est belle alors que c'est la vérité, ça ne serait pas cool non ? Vous êtes pas d'accord ? •

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IN THE NIGHT

OKSANNA & MISHA

Être en présence de Misha a toujours eu un certain effet sur moi. Petite, il me donnait l'impression d'être extraordinaire, d'être spéciale. Il m'emenait avec lui dans ses aventures et nous devenions deux guerriers, deux aventuriers, deux héros. Je me sentais puissante, invincible avec lui, comme si le monde n'attendait que moi pour le découvrir, comme si j'étais promise à un avenir de merveilles, quelque chose de grand, qui dépasserait l'imaginable. Avec le temps, cette image de moi que j'avais avec lui a évolué, et en grandissant je me suis sentie différente. Il me donnait envie d'être belle pour lui, d'être intelligente. Je voulais qu'il me voie comme une femme et non une enfant, qu'il me regarde autrement que quand nous étions enfants. Je cherchais à l'impressioner car je voulais qu'il n'en voie pas une autre comme moi, que je sois unique à ses yeux, la seule dans son coeur. J'admet que cela ne m'a pas fait prendre les meilleures décisions à cette époque. Il m'a limite rendue folle, cela m'a poussée à exagérer, à abuser et à regretter lorsqu'il en a eu marre. Je me suis trouvée stupide de m'être rendue comme ça, je me suis dit que j'aurais mieux fait de rester moi-même et d'aller lui parler franchement. Rien n'aurait put me faire plus de mal que de le perdre par ma faute. J'ai tellement souffert que j'ai tout mit sur son dos histoire d'avaler la pilule, histoire d'accepter plus facilement. J'avais pas tord, après tout c'est lui qui a écrit cette lettre, qui a réservé ce billet d'avion. Mais j'ai refusé de voir que j'avais ma part de responsabilité dans tout cela.
Aujourd'hui, la présence de Misha a un tout autre effet sur moi. Il me rassure, il m'éveille. Je me sens bien assise en face de lui, en sécurité, surtout quand il me dit qu'il va me protéger. C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai remarqué depuis que nous nous sommes retrouvés. J'ai tendance à être plus douce, plus sereine. Je passe moins de temps à me prendre la tête pour rien, j'évite de réfléchir trop souvent et j'en résulte plus détendue. C'est comme si je reprenais enfin mon souffle après une course efreinée. Il me libère de mes peurs, de mes craintes, avec lui j'oublie tout ce qui a pu me tracasser au cours de la journée. Tout ce à quoi j'arrive encore à penser, c'est au fait que nous soyons tous les deux, et même si ça fait un moment maintenant que nous nous sommes retrouvés, j'ai toujours autant de mal à y croire. Passer du malheur au bonheur en si peu de temps, ça fait un sacré choc. « Ne te moque pas de moi ! » je lui lance en le poussant légèrement. Mais je sais que ce n'est pas méchant, je le vois à son regard, à son sourire. Je le regarde boire une gorgée à son propre verre et ne le quitte toujours pas des yeux lorsqu'il le repose sur la table, ni même lorsqu'il me dit que je suis magnifique. Pourtant ce genre de remarque devrait m'embarrasser un peu, mais je reste là à le dévorer du regard. Je ne sais pas s'il s'en rend compte, mais un tel compliment me fait fondre à cet instant. Je me mords la lèvre en lui souriant à mon tour. « Non pas encore. » je lui réponds même s'il connaissait déjà la réponse en me posant cette question. « Mais merci. Sache que tu n'est pas mal non plus. » je finis par rajouter en laissant mes doigts se mêler aux siens sur la table. Et c'est un euphémisme, car il n'y a pas un jour où je ne le trouverais pas beau. Il m'attirait il y a cinq ans, il m'attire toujours autant maintenant. D'ailleurs je me dis que s'il me fait d'autres compliments, j'aurais bien du mal à faire taire mon envie de poser mes lèvres sur les siennes. En fin de compte, j'aurais peut-être pas du boire mon verre d'une traite.

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• Parfois, il m'arrive de rêver, de rêver du futur. Je sais pas comment je serais plus tard, si j'aurais toujours de l'argent, si je serais enfin plus heureux que je le suis. Peut-être que je serais un peu moins con, plus réfléchis, peut-être que ma vie serait aussi parfaite que je l'aurais espéré. Peut-être bien qu'elle serait encore plus belle, parfaite à un point que je ne pouvais l'imaginer. J'savais pas trop. Peut-être bien que je serais mort même. Mais ça, honnêtement, ça me ferait royalement chier, car putain, j'ai encore pas mal de choses à faire sur cette putain de terre. J'aime la terre, j'aime son odeur, hmmm que ça sent bon l'herbe mouillé, mon cul ouais... J'aime cet endroit où je vis, j'aime les personnes qui m'entourent, j'suis peut-être pas dans un pays ou des putains de poney sont partout et de toutes les couleurs, et bordel, heureusement, j'aurais finit cow boy j'pense, mais, j'aime ma vie. Ou plutôt, j'aime le chemin qu'elle est en train de prendre, j'aime cette route qui est devant moi, cette route ou l'épais brouillard qui y avait élu résidence disparait au fur et à mesure des jours. Depuis qu'Oksanna était arrivé, je pouvais enfin dire que je vivais vraiment, que pour une fois depuis que je suis à Harvard, ma vie avait vraiment un sens, j'avais vraiment un but à suivre, quelque chose à faire, pas juste errer sur cette terre tel un extra-terrestre qui se demanderait qu'est-ce qu'il peu bien faire ici. Oksanna était mon but, elle était la personne qui avait toujours réussi à me donner le sourire quand ça n'allait pas. Elle était cette personne qui me donnait envie d'aller toujours plus loin, de vaincre mes peurs. Et, c'est grâce à elle que petit, nous jouons aux aventuriers, que nous nous lancions dans des aventures que seuls nous pouvaient faire. J'pouvais pas lui dire non, et ça, même si j'avais peur. J'voulais pas passer pour le peureux, même si c'était assez dur par moment, j'voulais lui montrer que moi aussi, j'étais capable de faire ça, que moi aussi j'pouvais faire des trucs de fou, tout comme elle. Elle m'avait toujours poussé à me dépasser, et ça, même si je ne lui ai jamais avoué. Je la protégerais, quoi qu'il arrive, désormais, j'serais toujours là pour elle, et, mes erreurs du passé n'ont plus leurs place désormais. "Moi ? Me moquer de toi ? Jamais !" Jamais ? Bon, peut-être un peu, mais, y'avait rien de méchant, et, elle le savait ça. Et puis, je sais pas, j'avais eu envie de la complimenter sur sa tenue de ce soir, sur cet aura de beauté qu'elle dégageait. Elle était belle Oksanna, et ça, depuis toujours. Elleé tait parfaite, ces beux yeux bleus, ces longs cheveux blonds, son corps, tout, tout était parfait chez elle. Elle était loin d'être conne, elle était intelligente, et je savais qu'elle allait s'en sortir plus tard, je savais qu'elle pourrait faire le métier qu'elle désire, et, j'éspère juste être à ces côtés à ce moment-là. Je sentis sa main s'approcher de la mienne, ces doigts s'entrelacer dans les miens, et, un léger sourire se dessina une fois de plus sur mon visage, gardant sa main dans la mienne, comme un vrai couple pourrait faire. "Tu trouves ? La chemise ça fait pas trop ? Les cheveux tout ça, t'aimes bien?" Avais-je lâché avec un petit rire. Putain, qu'elle était belle. Putain, si seulement ont avaient la chance de pouvoir la vivre, notre putain d'histoire. J'ferais tout pour la rendre heureuse. •

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IN THE NIGHT

OKSANNA & MISHA

Je me connais et je sais qu'il y a quelques temps, j'aurais volontiers échangé ma vie contre celle de n'importe qui sur cette planète. Bien entendu, je n'aurais pas pris celle de celui qui crève de faim dans les bidonvilles, soyons honnêtes. Mais j'admets que je me serais bien vue dans un autre pays, avec une autre famille et d'autres amis. J'aime mes proches, mais je suis passée par une période assez sombre de ma vie dernièrement, qui m'a un peu fait oublié à quel point je tenais à eux. J'avais besoin d'eux quand Misha m'a laissée, quand Vitaly est mort, quand ma mère est morte et j'en passe. Mais je refusais de me l'avouer et à présent je me rends compte que je n'ai pas toujours été des plus tendre avec eux. J'ai voulu faire ma femme forte, faire comme s'ils ne m'étaient d'aucune aide, alors qu'au final, je pense que c'est grâce à eux si j'en suis où je suis. Et dire que je les aurais bien échangés contre des inconnus, juste pour ne plus avoir à subir mon quotidien. Et dire que j'aurais bien effacé mon passé et toute sa souffrance avec afin d'avoir une existence plus paisible. Si j'en avais eu l'occasion, j'aurais pris cet espèce de remède qui fait perdre la mémoire suite à un coeur brisé du style Eternal Sunshine. J'aurais oublié Misha, oublié la lettre, oublié nos bons comme nos mauvais moments.
Et j'aurais fait une grosse erreur. Que dis-je ? Une énorme erreur. La connerie de ma vie sûrement. Bien entendu, je ne m'en serais jamais rendue compte puisque j'aurais vécu le reste de ma vie dans l'ignorance, mais la Oksanna d'aujourd'hui, celle qui se trouve dans un bar avec Misha, moi, je sais que ça aurait été stupide et insensé. En effet, je sais tout ce que j'aurais loupé. J'aurais loupé nos retrouvailles, cet instant que nous sommes en train de vivre, mais aussi ce que nous vivrons dans le futur. Je ne peux pas savoir de quoi ce dernier sera fait, je ne suis pas médium. Mais je sais que je compte faire en sorte qu'il soit beau, qu'il nous appartienne. Je ne prétends pas qu'il sera exactement comme je l'espère qu'il le sera car on est jamais à l'abris d'un imprévu, mais en tout cas je me battrais pour qu'il y ressemble le plus. Je n'abandonnerais pas cette fois, je ne resterais pas sur mon lit à contempler une lettre en attendant que la crise passe. J'irais dans l'oeil de la tornade, dans le creux de la vague. Et c'est ainsi que je sais que ce qui va venir aura valu le coup que je ne me sois pas battue, que je n'ai pas échangé ma vie ou effacé ma mémoire. Si souffrir cinq années durant était le prix pour retrouver Misha aujourd'hui, je suis heureuse de l'avoir payé.
Nos doigts toujours entrelacés, il me demande en riant s'il me plait vraiment ce soir. S'il savait. A chaque fois que je pose les yeux j'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais m'en détacher, comme s'il m'aimantait. J'ai envie de le prendre contre moi, de coller ma joue contre lui, de l'écouter respirer, de me perdre dans ses bras. Je pense que je pourrais l'observer ainsi des jours durant, l'écouter me parler, fixer ses lèvres qui bougent. Et j'aimerais pouvoir lui dire tout ça, mais j'ai pas envie de l'effrayer, j'ai pas envie de passer pour une dingue. « T'inquiète pas, je te trouve parfait. Comme toujours. » je me contente de lui répondre. Ce qui est vrai, car à mes yeux il est et sera toujours parfait. C'est d'ailleurs quelque chose que j'aurais aimé lui avoir dit plus tôt car en fin de compte je pense pas qu'il ait un jour su ce que je ressentais pour lui. A l'époque il devait sûrement penser que je m'en foutais de lui et aujourd'hui je me demande s'il a vraiment conscience de ce qu'il se passe dans ma tête à chaque fois que je le vois. « D'ailleurs, si tu veux tout savoir, t'es sans aucun doute le mec le plus beau de tous ceux présents dans ce bar. » je me surprends à rajouter. C'est pas trop mon genre d'être aussi franche en général et je sens que ma langue se délie, que je me désinhibe un peu. C'est pas plus mal d'un côté. Pourquoi serais-je la seule à recevoir des compliments ce soir ? Car Misha en mérite un paquet, ça c'est certain.

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(Invité)

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