smells like teen spirit ♔ OLIVANDER

Pimpante, rayonnante. C’était le nouveau masque que tu portais, la nouvelle carapace que tu te construisais. Mais sécheuse de cours un jour, sécheuse de cours toujours. Même si la fin de l’année était proche, t’avais décidé de ne pas te rendre à ton dernier cours de la journée. T’en avais profité pour aller voir ton orque et personnaliser ta chambre maintenant que tu t’étais faite à l’idée que ce serait de nouveau chez toi. C’est dans la cuisine de la maison que tu avais terminé ton après-midi, préparant le repas de ce soir. Fallait que tu t’occupes, que tu ne te laisses pas une seule seconde pour broyer du noir. Pimpante, rayonnante. Tu souffles en posant le dernier gâteau sur le plan de travail et en te débarrassant des maniques. Tu vois Alexander passer devant la cuisine et lui adresse un grand sourire. Salut ! Mais il ne te calcule pas et monte les escaliers, s’enfermant dans sa chambre. Oooo-ké. Tu fermes le four, fais rapidement la vaisselle puis monte les escaliers à ton tour, quelques minutes plus tard. Toc toc toc ? dis-tu en poussant la porte de sa chambre. Pimpante, rayonnante. Tu entres sans y avoir été invitée et refermes la porte derrière toi, t’y adossant. Ca va ? demandes-tu en croisant les bras contre ta poitrine, un fin sourire sur les lèvres. « Ca fait un bail ! » as-tu envie d’ajouter.

Le bal et tout ce qui va avec, tout ça c'était derrière moi et je devais avancer. Continuer d'oublier celle que j'avais aimé. Que j'continuais d'ailleurs à aimer malgré tout ce que je faisais pour essayer d'arrêter de penser à elle. Mais je l'avais dans la peau, j'pouvais pas m'arrêter. Elle... C'était con à dire, mais c'était la femme de ma vie, j'en étais persuadé. Certes, on sortait ensemble depuis un peu plus d'un an... un an et demi peut-être ? Un peu moins. Mais j'le sentais dans mes tripes que c'était la bonne et... Non, j'arrivais pas à me faire à l'idée que c'était terminé. Je faisais genre ça m'atteignait pas, je reprenais mes vieilles habitudes de coucher à droite à gauche, arborant alors un masque qui satisfaisait bien des personnes. "Tu vas bien ?" "Mais oui t'inquiète" "Tant mieux alors". Ils n'allaient pas plus loin, et ça m'arrangeait. Mais du coup, y'avait des moments où je m'enfermais dans ma bulle. Canette de bière à la main, récupérée directement du frigo, je remontais dans ma chambre sans faire gaffe au monde qui m'entourait. Seulement voilà, faut croire qu'une personne avait décidé de pénétrer dans ma chambre, sans forcément demander mon avis. « Qu'est-ce que tu fous là ? » disais-je à l'encontre de la Mather alors que j'avais lancé ma console, bien déterminé à geeker pour le reste de la soirée.

Qu'est-ce que tu fous là ? BAM, prends toi ça dans la race Olive. Il semblait vachement ravi d’te voir le Mather. En gentille fille, t’aurais pu sortir de cette chambre et retourner vaguer à tes occupations. Oui mais voilà, t’étais pas une gentille fille et ça tout l’monde le savait. J’suis ravie d’te voir moi aussi, Alexander. réponds-tu en levant les yeux au ciel, t’avançant pour t’installer en tailleurs sur son lit. Comme à la maison quoi. Tu regardes l’écran sur lequel le jeu vidéo commence. Alors c’était quoi les passe-temps du président ? Voiture, guerre ? En attendant, il ne t’avait toujours pas adressé un signe ou quoi qu’ce soit. T’as pas répondu à ma question. Ca va ? redemandes-tu en regardant la chambre du Mather. C’était donc à ça que ressemblait la chambre du président ? Elle était un poil plus grande mais à part ça.. t’avais rien à lui envier quoi.

Non mais si c'est pour encore me taper des vieilles réflexions à deux balles, je passe mon tour, clairement. J'ai passé l'âge pour les gamineries. Si elle n'assume pas tout ce qu'elle a pu faire, et bien tant pis, c'est pas mon problème. Juste, faut pas qu'elle vienne me le reprocher. « Sauf que j'suis pas ravi, Olive. » J'enfonçais le couteau encore plus, histoire qu'elle comprenne bien que je jouais pas dans la même cour qu'elle. Ouais franchement, si elle pouvait se barrer là, ça m'arrangerait très certainement. Lâchant ma manette, je tournais la tête vers la Mather, agacé qu'elle soit encore présente et installée dans mon lit. « Écoute, j'sais pas ce que tu veux ou quoi, mais j'ai pas envie de jouer. Alors tu peux partir maintenant de ton plein gré, soit j'te fais sortir de force. Mais t'arrête de faire genre c'est normal de t'pointer de taper la discut comme t'es en train de le faire, ça marche pas avec moi » Après tout, elle m'avait bien fait comprendre qu'elle me détestait.

Sauf que j'suis pas ravi, Olive. Ca t’étonnais pas, vu la façon dont il t’avais accueillis dans sa chambre. Sauf que tu pigeais pas. S’il était de mauvaise humeur, c’était pas une putain de raison de s’en prendre à toi. T’avais rien fait toi, oh ! Qu’il lâche ses nerfs ailleurs. Alors tu décides de garder ton masque « pimpante, rayonnante », lui posant de nouveau la question à savoir s’il allait bien. Écoute, j'sais pas ce que tu veux ou quoi, mais j'ai pas envie de jouer. Alors tu peux partir maintenant de ton plein gré, soit j'te fais sortir de force. Mais t'arrête de faire genre c'est normal de t'pointer de taper la discut comme t'es en train de le faire, ça marche pas avec moi Tes yeux sont ronds comme des ballons. Vlan, tu venais de te prendre une gifle dans la gueule. Verbalement, c’est possible, oui oui mademoiselle. T’essayes d’analyser ses mots, histoire de comprendre un p’tit truc. Mais rien. Oh, tu vas commencer par redescendre un peu. Et merde, j’ai fait quoi ? Tu m’calcules même pas quand tu passes dans la cuisine et là tu m’envoie chier. Passe tes sales humeurs sur quelqu’un d’autres, mais pas sur moi s’te plait. Aah, merde, toi qu’était de bonne humeur pour une fois.

Olive était, depuis l'histoire des sms, la dernière personne que je voulais voir en ce moment. J'avais assez donné des crises de gamines quand j'étais encore adolescent, je ne vais pas m'infliger cette torture une nouvelle fois. Elle me déteste ? Ça m'fait une belle jambe. D'ailleurs, si elle est là, c'est sûrement parce qu'elle ne se souvient pas un traitre mot de ce qu'elle a pu m'dire. Et forcément, elle ne devait rien comprendre. Ça changeait pas grand chose à la situation. « T'as fait quoi ? Utilise ton portable les lendemains de soirée arrosées sérieux, ça pourrait rafraichir ta mémoire. » J'avais même plus la motivation de jouer, merci Shark. « Et moi j'suis de bonne humeur, faut pas croire. J'veux juste pas t'voir, j'ai pas le temps pour tes crises de gamine des bacs à sable » Ça, c'était dit.

T'as fait quoi ? Utilise ton portable les lendemains de soirée arrosées sérieux, ça pourrait rafraichir ta mémoire. Putain, mais de quoi il parlait ? T’avais pas fait de soirée depuis que.. oh. Depuis le soir où tu t’étais mise minable, seule, au parc. Merde, mais qu’est-ce que t’as bien pu faire pour l’rendre si.. grrr. Y’a rien qui t’revient, putain. Et puis cette nuit là, t’avais laissé ton téléphone au parc lorsque Warren était venu te chercher. Et le lendemain, évidemment, il n’y était plus. Bon sang. Je.. j’t’avais envoyé des textos ? priant pour que tu sois loin d’la vérité. Dieu sait ce que tu pouvais écrire dans tes textos quand t’étais complètement bourrée jusqu’aux dents. Et moi j'suis de bonne humeur, faut pas croire. J'veux juste pas t'voir, j'ai pas le temps pour tes crises de gamine des bacs à sable. Ca t’revient, un peu. Tu t’revois envoyer des textos à tout ton répertoire. Le problème, c’est que t’étais incapable de dire de quoi il s’agissait. Et au vu de son comportement, c’était loin d’être une déclaration enflammée sur vos corps à corps endiablés. Mes crises de gamines ? Ecoute, j’sais pas c’que j’ai bien pu t’dire dans ces textos, mais oublies tout ça d’accord ? J’étais pas.. moi. Quand il est venu m’ramasser, j’étais plus qu’un déchet, Alexander ! Alors… oublie. Quoi qu’j’ai pu dire, j’serais pas là si j’le pensais vraiment, tu crois pas ? Olive ou comment se racheter lamentablement pour un truc dont on ne se rappelle rien.

Sérieux, pourquoi elle ne se barrait pas pour vivre sa vie ailleurs que dans ma chambre? Après tout, elle me détestait et m'avait avoué ne plus vouloir me parler. Et bien grand bien lui fasse, ça allait pas m'empêcher de vivre. Nan mais okay, j'comprends sa vie est détruite et tout.. mais c'est pas une raison de s'en prendre à moi, j'l'ai jamais forcée à coucher avec moi. Deux fois de suite. Ouais je trouve ça important à relever parce que ça voulait bien dire qu'elle avait kiffé la première fois. « Yep » Ouais ouais elle m'avait envoyé des messages et j'ai très bien compris ce qu'elle voulait me faire passer. Alors c'était un peu comme exécuter ses dires que de la foutre à la porte. « Arrête, on sait tous, surtout ici, que quand tu dis un truc bourré, c'est PILE ce que tu penses. J'ai gâché ta vie ? Et bien dégage et puis c'est tout ! » Je n'y allais pas de main morte et je le savais. Cependant, ça me resserrait le coeur de lui parler comme ça, parce que je l'aimais bien cette fille et j'avais pas tellement envie qu'elle se barre. Mais c'est comme ça. Je sortais mon portable de ma poche pour aller dans mes messages, dans la conversation que nous avons eu. « Tiens, regarde par toi-même, histoire de t'faire une idée puisque tu sembles ne plus te souvenir » Je lui balançais mon téléphone, enfin sur le lit à côté d'elle quoi, histoire d'amortir l'atterrissage.

Arf, son Yep te fit grimacer. Tu n’as pas la moindre petite idée de ce que contenaient ces messages qu’il avait reçu. Même pas un touuuut petit mot de rien du tout. C’est comme si.. ça c’était jamais passé quoi. Alors que oui, visiblement. Et ça t’revient petit à petit. Mais le contenue.. nada. Arrête, on sait tous, surtout ici, que quand tu dis un truc bourré, c'est PILE ce que tu penses. J'ai gâché ta vie ? Et bien dégage et puis c'est tout ! Uh. T’avais vraiment dit ça ? Qu’il avait gâché ta vie ? Et pourquoi ça t’emmerdait qu’il te dégage comme ça, comme une vulgaire nana dont il se fichait éperdument. ‘Fin c’était quand même le gars qui t’avais pris sous son aile quand t’étais arrivée dans cette putain d’université. Bref, ça t’fait chier. Mais tu sais pas quoi dire.. tu t’souviens même plus de quoi portent ces sms. Et comme s’il lisait dans ses pensées, son portable atterrit à côté de toi sur le lit. Tiens, regarde par toi-même, histoire de t'faire une idée puisque tu sembles ne plus te souvenir. T’attrapes le téléphone et lit toute la conversation. Putain. Les sms étaient bourrés de fautes, bourrés tout court. Tu semblais tellement lui en vouloir, à ce moment là. Alors que.. non ! T’as même pas envie de repenser à cette putain d’soirée, alors tu laisses tomber son téléphone sur le lit. Je.. C’est faux, ok ? J’étais complètement rongée par l’alcool et la colère, y’avait rien d’vrai là dedans Alex. Si j’le pensais vraiment, est-ce que tu crois que j’serais là à essayer de comprendre ? Tu crois vraiment j’suis c’genre de nana qui pense un truc mais fait la faux-cul devant ? Non, putain non. Arg, comment t’avais pu envoyer des textos pareils ? Et pire, pourquoi il avait répondu ?

Bien sûr que je l'avais mauvaise. Si je couche avec une fille, c'est pas pour ensuite entendre que j'ai bousillé sa vie et qu'elle me déteste, veut plus me voir etc. Surtout qu'à la base, on était assez proche. Alors ouais, ça m'a froissé et la voir dans ma chambre là, ça m'fait forcément chier. J'essaye de l'expulser le plus rapidement possible, histoire qu'elle se barre et me laisse tranquille, mais non, elle s'accroche. En fait, elle s'accroche à moi comme une moule à son rocher. C'était space, mais c'était un peu ça. « J'en sais rien, okay? Moi aussi j'vis une rupture là, moi aussi j'passe des soirées à boire comme un trou mais jamais ô grand jamais j'vais aller m'mettre à t'envoyer des sms en disant que j'veux plus t'voir, en disant que j'te déteste! » Bon, la situation restait différente. Si elle est divorcée, c'est parce qu'elle a couché avec moi. Alors que de mon côté, Billie a juste posé une lettre et s'est cassée. Elle m'a trompé ? J'espère pas. « J'veux pas de prise de tête, j'en ai assez eu dans ma vie. Alors si un jour t'es de nouveau bourrée et tu veux m'envoyer des trucs, le fais pas, c'tout. J'suis pas un d'ces mecs qui restent tout sourire et encaissent les coups. J'les renvoie moi »